Bad news for the BNF's books et deux lapins

 

J'ai tout de suite senti en arrivant à la BNF ce midi que quelque chose clochait. J'ai pensé à une grève comme celle du 21 juin dernier qui avait pour moi été à l'origine d'un password fail mémorable qui m'aura fait passer pour une lamentable divulgatrice. Mais tout était calme.

Calme et triste. 

À cause de mon passé professionnel (1) et de l'air sombre du temps j'ai songé à une tragédie survenue à l'un des salariés. Les gens avaient cette façon concernée-non concernée d'être plombés. Exactement quand on apprend une très mauvaise nouvelle mais rapportée à quelqu'un qu'on ne connaît que de loin. Donc on est triste parce que l'on a du cœur et que l'on est humain mais pas malheureux comme si l'on avait perdu personnellement quelqu'un.

Par ailleurs, j'ai bien vu que certaines salles étaient fermées mais comme les travaux sont relativement fréquents, je n'ai pas établi de lien. Je me suis seulement dit, Ah bon, tiens.

C'est en rentrant ce soir que j'ai appris le fin mot de l'histoire. Une inondation du dimanche (la fourbe !) et qui aura touché près de 10000 bouquins.

Fuite d'eau dans les magasins littérature et art

J'espère que des exemplaires uniques et par ailleurs introuvables n'auront pas (ou pas en trop grand nombre) été touchés. 

Moi qui me réjouissais de pouvoir faire un billet tout guilleret parce que dans l'après-midi j'ai enfin vu les lapins du bois intérieur. C'est raté.

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Toutes mes pensées et encouragements @cgenin et ses collègues. Sans compter que d'expérience, quand ce genre de mauvais coup (inondations, incendies, travaux en catastrophe ...) survient lors de périodes de restriction, ils sont l'occasion de renoncements subreptices assez imparables commis sous couvert de l'état d'urgence (2). 

 

(1) Étalés dans le temps, certes (sauf deux, qui ont eu un lien de cause à effet), mais quatre suicides dans les services là où je travaillais. 

(2) Mais bon, j'ai plutôt observé ce phénomène en entreprises privées. Peut-être que là ce sera différent ?

PS : La couleur des photos s'explique car prise au travers de baies vitrées par tout à fait transparentes.


7 janvier

 

P1058491(note en double tu - après tout pourquoi moi aussi je n'essaierais pas ? - pige qui peut)

 

Lui auras-tu envoyé comme tu le faisais chaque année, une carte pour son anniversaire ?

L'avais-tu traitée comme tu l'as fait avec moi et que ça serait en fait toi qui l'as éloignée et non pas elle qui t'aurait à un moment donné, aussi mystérieusement que pour moi, silencé ?

Lui as-tu aussi fait le coup de la porte qui est fermée, pour te précipiter dans d'autres bras peu après ?

Fake women only can offer fake love.

Nous sommes trop naturelles et franches pour toi, qui tiens tant à ce que tout finisse mal.

Et moi qui avais cru que l'un comme l'autre étiez des personnes fiables, aimantes et secourables, je me retrouve avec deux chagrins en forme d'énigmes, sur l'estomac, le cerveau, les bras. 

J'ai joué un rôle franc et donc risqué dans un scénario tarabiscoté ; qui l'était trop pour moi en tout cas. Les liaisons dangereuses au temps du texto. Je n'ai pas vos capacités pour élaborer, ni en moi l'envie de manipuler les autres, ni les séduire volontairement, ni rien faire par calcul en fait. Au plus sauver ma peau.

À tout prendre, c'était quand même mieux de que continuer à pointer "à l'Usine", vous me manquez, j'ai failli y passer, mais puisque je suis toujours là, je ne regrette pas. Et comme je n'ai à me reprocher que ma naïveté, la nuit je dors profond, lorsque je n'écris pas (1). Ce qui n'est peut-être pas tout à fait votre cas.

Bon anniversaire à toi, qui a changé ma vie, il fallait bien ça. La suite a malheureusement été chaotique, mais l'élan initial était merveilleux.

Bon courage pour les mois à venir, j'ai cru comprendre que ça risquait d'être difficile. La solidarité, quoi qu'il advienne, je ne la perds pas. Contrairement à vous autres, confortables bourgeois, je n'ai pas d'argent mais je sais le prix des choses, et que la vie est la seule que l'on possède et que l'on ne récupère pas quand elle s'achève malgré certains combats (courage à L., puisse un nouveau sursis ...).

Quoi qu'il advienne, je ne perdrai pas la reconnaissance envers la principale personne à m'avoir libérée et du poids parental et des murs et des castes inavouées de notre société. Je suis [de] nulle part et d'un peu partout, mais je ne suis plus où j'étais, coincée, assoiffée, enfermée, trop épuisée pour m'échapper, et seule la maladie ou une noire misère ou quelque guerre pourront m'y renvoyer. Je ne me laisserai plus faire, plus jamais.

Belle nouvelle année à toi qui est jadis (déjà) si brutalement partie. Non sans avoir ouvert la porte. Alors quand même, merci.

 

(1) ou que quelqu'un d'autre, la ville, ou une tempête, ne me réveille pas

[photo personnelle d'un tableau de Félix Vallotton, puisque les photos étaient autorisées (sans flash) à l'exposition]

 

 


Projet Relire : y a-t-il du nouveau ?

Pour renseigner une amie je suis retournée voir ce qui se disait sur le projet Relire, le flou sur l'avenir des œuvres numérisées (et ce que les auteurs pourront en espérer), la liste contestable des œuvres considérées comme à numériser car non disponibles (dans certains cas c'était faux) et l'arnaque que constitue un système d'opt out en particulier lorsque certains auteurs concernés peu connectés à l'internet (certains sont âgés) ou vivant à l'étranger ont peu de chance d'être mis au courant de ce qui se trame.

J'oubliais le côté humiliant de l'affaire pour les auteurs d'avoir à prouver qu'ils sont bien eux [=les auteurs de leurs œuvres], sans parler des problèmes que ça pose aux ayant-droits (à ce que j'ai compris certains que les éditeurs considèrent comme tout à fait légitimes et qui le sont, devraient débourser la somme nécessaire à un acte notarié pour pouvoir faire valoir leur droit au refus devant les organismes concernés par le projet).

J'ai trouvé chez Actualittés quelques compléments d'information ainsi qu'une splendide lettre ouverte de Claude Ponti : 

Capture d’écran 2013-12-08 à 17.16.07

Chez Médiapart, cet article en accès libre qui date du printemps dernier et que j'avais peut-être déjà relayé, mais qui résume bien les problèmes posés.

Comme nous sommes à présent en décembre je me demandais s'il y avait eu du nouveau ou si malgré les protestations légitimes des auteurs avertis (1) le projet continue, inchangé et toujours basé sur cette arnaque d'opt out.

 

(1) Ce problème posé par ce système d'opt out est particulièrement fort pour les auteurs étrangers qui eurent un éditeur français n'ont pas à part par relations personnelles de raison d'être au courant de ce tour de passe-passe franco-français. Ils risquent donc un beau jour si un nouvel éditeur s'intéresse à une réédition d'une de leur œuvre tombée dans le projet, ce qu'ils peuvent totalement ignorer puisqu'on ne les en avertit officiellement pas, de s'apercevoir qu'ils n'en détiennent plus les droits.


Tiens, ça faisait longtemps

... que je ne vous avais pas embêtés avec "ma" comédie croate 

  

Svećenikova djeca / The Priest's Children de Vinko Bresan (avec l'irrésistible Krešimir Mikić)

Vous allez voir, ils vont trouver un distributeur français, ça fera un succès phénoménal et vous me remercierez. 
(Après, j'espère seulement que les anti-mariage pour tous qui s'ennuient un peu désormais auprès de leurs bénitiers, ne s'en prendront pas aux cinés qui le diffuseront, car le film nécessite un peu de capacité d'autodérision pour être compris correctement)


Pétition de soutien (RSF - Vietnam - blogueurs emprisonnés)

 

Jean-Marc Manach avait déjà attiré notre attention en février dernier sur ce qui se passait au Vietnam en terme d'absence de liberté d'opinion et de l'exprimer.

À présent sur le même sujet c'est une pétition de Reporters Sans Frontières que l'on peut si l'on veut signer : 

Demande de libération des 35 blogueurs emprisonnés

 


mardi 23 avril 2013 : enfin !

 

Ce mardi-là j'ai regardé du travail le direct de l'assemblée nationale en compagnie du patron aussi ému que moi. Pour la première fois j'ai pleuré d'un vote d'une loi. D'autres avant m'ont réjouie intellectuellement - ainsi l'abolition de la peine de mort -. Mais d'une part nous avions moins d'outils pour nous sentir "auprès", il n'y avait pas moyen, fors d'être sur-place, d'avoir accès aux débats, en tant que simples citoyens nous n'avions accès qu'aux images que consentait à nous accorder la télé, aux reportages radiophoniques, aux articles dans les journaux - au mieux le lendemain matin -. 

D'autre part j'avais cette chance de ne pas être concernée affectivement : peu d'assassins et pas de victimes dans mon entourage.

En revanche le mariage pour tous touche (à moins qu'ils choisissent de ne pas, car se marier n'est pas une obligation, non mais) bon nombre de mes amis, lesquels ont salement morflé ces derniers temps face aux insultes et au comportement rétrograde et primitif, voire criminel, de certains habitants de ce pays.

Alors pour la première fois, au vote d'une loi j'ai été émue.

Mais ensuite je suis rentrée particulièrement épuisée, comme si la tension de tous ces mois d'avoir dû entendre le pire et tant d'absurdités (1), je n'ai rien pu écrire, seulement dormir après m'être douchée, avoir un peu mangé.


Rien ne saurait mieux résumer mes sentiments que ce billet chez Xave et la splendide photo qui l'accompagne : 


Enfin !

 

(1) dont pour l'adoption des objections de la part de parents qui se sont montrés dangereux (même si involontairement et par ricochet de leurs choix, de leurs drames parfois) envers leurs enfants. Comme si c'était les plus imparfaits (aucun de nous ne l'est) qui avaient besoin de conserver un semblant de supériorité sur d'autres types de couples quant aux capacités parentales.

 

 

 

 


Camarades qui écrivez, apprêtez-vous à devoir faire savoir que vous êtes encore en vie

 

Ça pourrait ressembler à un canular, un premier avril anticipé, mais non c'est pour de vrai.

Des accords ont été passés qui rendent apparemment numérisables sans compensation pour leurs auteurs tous "livres sous droits d'auteur, publiés en France avant le 1er janvier 2001, et qui ne sont plus commercialisés."

Si l'un de vos ouvrages apparaît par là : 

registre des livres indisponibles, en réédition électronique

(Il suffit de taper votre nom dans la case "rechercher" et vous saurez combien de titres ont été considérés comme bons à piquer)

vous avez tout intérêt à signaler par là : 

demande d'opposition

que vous êtes encore vivants et peut-être pas tout à fait d'accord pour abandonner tout ou partie de vos droits d'auteur sur la version numérique de vos ouvrages ; ou dans certains cas qu'ils sont moins indisponibles que les instances éditoriales et de la BNF ont l'air de le croire.

Peut-être aussi que vous êtes suffisamment fortunés ou indifférents à l'avenir pour estimer qu'une numérisation à la hussarde est mieux que l'oubli, libre à vous. Peut-être que sans le travail au bord d'être accompli certains ouvrages risqueraient de disparaître à tout jamais ou du moins n'exister plus que sous quelques exemplaires papiers en très fragile état (1).

Mais le système qui a été choisi (appelé opt-out) est que si vous ne vous manifestez pas dans les 6 mois à venir, c'est que vous êtes d'accord, pour ce qui à mes yeux de lectrice pourtant peu hostile aux écrans ressemble à une forme de piratage légal.

 

L'avenir des textes numérisés dans le cadre de cette "gestion collective" selon ce qu'on peut lire sur les sites de la Sofia ou de la BNF, ne me semble pas clair. Sans compter que l'un renvoie sur l'autre qui renvoie "pour plus d'informations" sur le premier. Or mon expérience professionnelle m'a au moins appris ça : quand on vous dit "Ne vous inquiétez pas, on s'occupe de tout", c'est qu'on s'apprête à vous faire l'inverse d'un cadeau. De plus en tant que femme je sais combien peuvent être dangereux les processus basés sur un principe de type "qui ne dit mot consent".


Des explications détaillées par François Bon, lequel est d'autant plus véhément qu'il est également concerné comme  éditeur : certains titres sont déclarés indisponibles alors que sa maison d'édition numérique les a déjà retravaillés et les commercialise - d'une façon respectueuse pour les auteurs : 50% des droits pour eux -.

Pardon si je ne suis pas très claire : je m'apprêtais à aller dormir quand j'ai lu l'article et comme les démarches peuvent être casse-pieds et qu'il y a un délai, il faut prévenir sans tarder le plus de personnes possibles.

 

(1) Je pense entre autre au "Bon sens de l'abbé Meslier" dont l'édition la plus récente que j'ai pu trouver à la BNF datait de 1909 et était assez dégradée (mais encore lisible) (mais pour combien de temps ?).

 

 


Vers la fin du Méliès ? Je le crains

 

Depuis des mois le conflit de sournois et larvé était devenu ouvert. En jeu : le poste de directeur du nouveau complexe multisalles à Montreuil et qui semble enfin prêt à voir le jour après sept ans de lutte acharnée menée par l'équipe du Méliès tel qu'il était encore récemment. L'actuelle municipalité souhaite placer quelqu'un à sa main et s'est donc acharnée sur le directeur en place lequel avait porté le projet, en ferraillant avec rien moins que MK2 et UGC.

Ce matin j'ai lu non sans tristesse que tout espoir de négociation semblait désormais vain.

Stéphanie Goudet a publié ce qui suit pour prévenir les amis du sort qui lui était fait. Je le reproduis avec son autorisation. L'original qui n'est sans doute pas lisible à ceux qui ne sont pas inscrits sur ce réeau social est ici.

 

"J'ai reçu ma lettre de licenciement, moins de 48h après mon entretien préalable. Je suis renvoyé pour faute, donc sans préavis ni indemnité, pour "non dénonciation d'une irrégularité comptable" qui n'a entraîné aucune sortie d'argent de la caisse du Méliès et pour non respect du devoir de réserve. Avec un exemple pour préciser les "insultes subliminales ", dont je me serais rendu coupable : J'ai écrit, je l'avoue, ici-même, après avoir été traîné dans la boue pendant des mois, qu' "en cas de renvoi, nous parlerions d'éducation à l'image, de tarif des salles publiques, de projet culturel, de festival de Cannes, d'acoustique des cinémas, de liberté de programmation, de respect des agents. La réserve est grande ! Sans parler de l'inventaire des pratiques ". La municipalité indique que ce message, entre autres, "met en cause la gestion du cinéma municipal" et porte " atteinte à l'image de la commune "... Je saisis évidemment la justice. A dimanche, à la Parole errante !"

 

Par ailleurs un site de soutien a été ouvert : Soutien au Méliès

et il y aura demain dimanche à 20 h une projection du film de Dominique Cabrera "Ça ne peut pas continuer comme ça" en présence de la réalisatrice. Elle aura lieu à La Parolle Errante 9 rue François Debergue à Montreuil.


Il me paraît si absurde que l'on puisse pour des raisons de tortillage politique se priver d'un directeur et d'une équipe compétents, que je manque d'arguments mais il serait bon que les qualités professionnelles des personnes et les témoignages de reconnaissance de leur travail soient ce qui prime sur tout autres considérations. Nous étions nombreux, je crois à venir à Montreuil et de loin, exprès pour la qualité des rencontres et de la programmation.

PS : Un billet que j'avais écrit en mai lors d'une première alerte, annonce parue pour recruter un directeur alors qu'il y en avait un. C'était déjà d'une élégance rare.

 


Ne faites pas comme moi : lisez les sous-titres,

 
ne pleurez pas,
et n'hésitez pas à lire le livre concerné (1)

 

Enfin, si vous aimez le cinéma, vous pourriez être heureux de lire le blog assorti

 

(1) Francis Dannemark, "La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis" (Ed Robert Laffont)

addenda du 14/09/12 : des extraits par ici en format e-pub (j'aime beaucoup la mention "gratuit" il ne manquerait plus que ça que des extraits ne le soient pas)