Jan Palach, le football, les affaires d'état et le temps disponible

 

    Je lis ces temps-ci "La vie brève de Jan Palach" d'Anthony Sitruk, dont je pense qu'il est une bonne approche contemporaine pour des jeunes qui n'ont rien su du sacrifice du jeune étudiant tchèque en son temps. Le fait d'allier à la reconstitution des faits historiques le présent d'un homme de maintenant et ses interrogations peut rendre le sujet accessible et c'est bien.

Parmi les questions que l'auteur se pose et nous pose, revient celle de notre apathie face à la marche néfaste du monde, ce que Jan Palach par son geste souhaitait réveiller. C'est quelque chose qui me titille moi aussi, et chaque fois que j'ai pu ou ressenti que je devais militer je l'ai par moment fait. Mais bien des fois je n'ai rien fait parce qu'entre mes devoirs familiaux et mes obligations professionnelles, je ne pouvais guère me libérer.  

C'est ce qui nous sauve et ce qui nous entrave. Le quotidien qu'il faut assumer. Que l'on ne peut jamais laisser bien longtemps entre parenthèse lorsque l'on ne fait pas partie de ceux qui ont les moyens et l'aptitude de déléguer à d'autres leurs tâches du quotidien.

En cette période de resdescente d'euphorie après une victoire de l'équipe nationale à la coupe du monde de football, accentuée par le déroulement d'une affaire d'état - j'ai ri aux premiers jours tant une part ubuesque et burlesque s'exprimait, mais je la trouve effarante et très inquiétante, pas d'illusion sur la suite, ce qui est probable c'est qu'après le vacillement, la surveillance et la répression du moindre mouvement de protestation se feront encore plus fortes, dûment pourvues de validations officielles que cette fois le gouvernement aura pris soin de faire préciser par avance,
(J'espère me tromper)
en cette période donc il est particulièrement flagrant d'à quel point lorsque l'on fait partie du menu peuple le moindre jour détaché de la besogne se paie cher en rattrapage à assurer.

Concernant le football c'est particulièrement flagrant. Du moins pour qui s'y intéresse, même sans nécessairement faire partie de qui le suit au jour le jour au fil des ans. 
Les débuts d'une compétition telle que la coupe du monde s'accompagnent d'un regain d'énergie : on met du cœur à son ouvrage sachant que plus tard dans la journée viendra le moment récréatif de suivre un match. 
Puis pour peu qu'aucune catastrophe n'intervienne et que le tournoi soit réussi, ce qui fut splendidement le cas ce coup-ci, du beau jeu, des buts, on est pris par l'événement, voir la suite devient important. On aménage notre emploi du temps, ou l'on regrette de ne pouvoir le faire.
À un moment les choses s'emballent et l'on met sous le boisseau une part de nos corvées afin de parvenir à rester sur la vague, comme sous sa protection. 
Qu'il y ait défaite à un moment donné ou bien victoire tout au bout, la redescente est presque la même : tout ce qui avait été mis sur le côté reprend ses droits. Le travail nous réclame ou si l'on en a pas d'en retrouver afin d'assurer notre subsistance, le travail de la maison ne peut souffrir une trop longue période sans.
La liesse régresse, y compris pour celles et ceux qui peuvent enchaîner sur des congés : il faudra bien que quelqu'un s'y colle de préparer les repas, faire les courses, les vaisselles ou les lessives, ranger et nettoyer. Il faut surveiller les comptes, de plus en plus souvent rester en lien avec le travail qui ne saurait souffrir d'une période prolongée d'absence absolue.

Le phénomène, la joie et la prévisibilité des étapes en moins reste le même pour une affaire d'état : impossible de suivre de près ses développements si les choses se prolongent au delà de quelques jours. Les spin doctors le savent qui poussent à jouer la montre. La précarité de plus en plus généralisée accroit le phénomène : de moins en moins de boulots sont routiniers, on se retrouve requis-e , rentrant chez soi avec la fatigue de la journée sans forcément la force de faire l'effort de se tenir au jus.

Les consciences ne sont pas nécessairement endormies, elles sont accaparées. Sans pouvoir se permettre de se détacher trop longtemps du quotidien qui nous épuise mais fait qu'on tient. 

Je vous laisse, j'ai à faire. Bien obligée.

 


Une allégresse

 

    Une période de ma vie professionnelle va bientôt prendre fin ; compte tenu du contexte - je ne suis toujours pas revenue à mon équilibre après le décès de ma mère couplé à d'autres difficultés sérieuses concernant ma famille au sens large ; j'ai fait ce qui était devant être fait, mais il reste toutes sortes de tâches moins urgentes, pas moins importantes à accomplir - c'est peut-être quoique triste une chance. Tout s'est aussi passé comme si j'avais utilisé un de ces ustensiles d'aide au regonflage quand un pneu de vélo est crevé. OK ça permet de finir le trajet, il n'empêche qu'à un moment il faut bien s'arrêter et vraiment réparer. 

Le temps est bientôt venu de le faire. Vraiment réparer. Ne plus tenir le deuil à distance à coup de sur-occupation professionnelle mais le laisser enfin traverser. Cette perspective, paradoxalement, me remplit d'allégresse.

J'ai bien d'autres projets pour la suite et eu de bonnes nouvelles récentes de ma santé ce qui me laisse croire à un possiblement bel avenir.

Mais d'abord finir les choses bien, puis souffler, faire bien du sport (sans forcer, comme pour une convalescence), prendre enfin le temps de pleurer, écrire, ranger, tenter de remettre enfin d'aplomb l'organisation de la maison.

Et dans le très immédiat, objectif Cublize : parvenir à le boucler, ce triathlon distance M. Malgré qu'entre le travail très prenant et le déménagement des affaires et meubles de mes parents, je n'ai pas pu m'entraîner comme il eût convenu. Et cette allégresse-ci est en forme de défi. 


Tu peux compter sur moi

C'est venu en statut FB mais je le dépose là pour ne pas l'oublier


 C'est impressionnant à quel point derrière chaque réussite dans un travail de création il y a à un moment quelqu'un ou plusieurs qui ont tendu la main à celui ou celle qui avait le quelque chose et l'envie d'y travailler. C'est un parent, un enseignant, un conjoint, un pote d'entre les potes, un autre qui en est passé par là, s'en est sorti et aide les suivants, parfois une relation qui joue le mécène. Ou alors : une fortune familiale qui permettait de n'être pas obligé de perdre sa vie à la gagner.
Depuis que je suis rentrée hier soir, je cherche une exception et n'en trouve aucune ou peut-être un seul mais je pense que sa femme joue un rôle plus important qu'il n'en a conscience (il n'a pas la charge mentale de l'intendance chez lui).
Depuis que je suis rentrée hier soir je me dis aussi qu'il y a des parents formidables à un point que je n'imaginais pas possible.

Le système économique dans lequel nous vivons nous pousse à être individualiste mais y a pas à tortiller, les êtres humains, quand on s'en sort pour des trucs bien (1), c'est toujours collectif quoi qu'on veuille nous inculquer. 
Notre individualité ne compte que dans ce qu'elle permet de contribuer, en étant le réconfort des précédents, la courroie de transmission des suivants, en laissant d'éventuelles traces qui les aideront ou en aidant ceux et celles qui sont à même de le faire. 

 

(1) Je ne parle pas de faire fortune et d'épuiser le monde entier


Courage Kevin !


     19424225_10211140613204256_787983641398322188_nJ'ai assisté le 24 juin (2017) à la victoire de Kevin Maurel au triathlon de Deauville. Il avait surclassé les autres concurrents parmi lesquels certains de haut niveau.

Il se trouve que je prenais des photos près de l'arrivée, pour les camarades de mon club (1).  34790038773_274ecab7ca_o

Alors bien sûr il y avait la joie de la victoire, il s'agissait d'un L (2) finir n'est pas à la portée du premier venu, finir dans les premiers est vraiment gratifiant, mais j'ai perçu quelque chose de plus, dans sa manière élégante de la savourer, dans l'ampleur de l'écart avec qui le suivait, j'ai songé Tiens, c'est quelqu'un qui s'autorise enfin [et développe son talent]. Presque aussitôt je me suis dit qu'il serait temps que j'arrête d'inventer des et les histoires de chaque personne croisée, que ça suffisait de se faire des films, qu'on imagine mal des parents dire à un enfant grandissant, Ne fais pas de triathlon et passe ton bac d'abord.

Il en est simplement resté que j'étais contente pour lui, un peu comme s'il avait été un camarade du club qu'aux entraînements je n'aurais pas beaucoup croisé mais avec lequel il y aurait eu ce lien de même appartenance.

Voilà qu'aujourd'hui, par la grâce d'un lien relayé par une amie, je tombe sur cette interview de l'athlète.

Il y déclare entre autre : 

"Je ne me suis jamais vraiment investi dans le triathlon. J’étais très irrégulier dans mes entrainements et j’avais d’autres préoccupations professionnelles. Pour moi le sport restait un moyen de retrouver mes amis pour passer de bons moments à l’entraînement et m’aérer la tête avant de rentrer à la maison.[...] En juillet 2016 je me suis séparé de mon employeur pour diverses raisons. C’est à ce moment que je me suis investi dans le triathlon. Je me suis laissé 3 mois d’entraînement pour « performer » sur le 70.3 de Vichy. J’y ai pris la 2e place (course réservée aux AG) au scratch. J’ai enchaîné 1 semaine après avec les Trigames, un triathlon LD avec 2000mD+ dont Anthony Pannier et Marcel Zamora étaient les têtes d’affiche. À ma grande surprise, j’ai remporté la course. [...] Après ces 2 résultats, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à tenter et 2017 était  l’année ou jamais. J’ai décidé de me laisser une année pour voir jusqu’où le triathlon pouvait me mener."

Me voilà donc d'autant plus admirative. Mon expérience d'existence m'a rendue d'autant plus sensible aux trajectoires non linéaires et aux succès de ceux qui n'ont pas toujours eu les vents favorables dans leur navigation. 

Je lui souhaite de tout cœur de pouvoir continuer un bon moment au plus haut niveau. J'imagine que comme dans d'autres sports loin du football pour les hommes, être professionnel signifie seulement avoir un emploi aménagé, mais qu'il convient de tenir quand même, et que ça ne doit pas être simple vu l'intensité et la régularité des entraînements requis. 

 

 

(1) que selon ma mauvaise habitude, je n'ai pas encore trouvé le temps de partager entièrement. En fait la plupart des membres du club utilise FB mais ça me gêne toujours autant, au vu de la politique de récupération des données de ce réseau social, d'y partager trop d'images (et aussi parce que les albums importants ne sont pas pratiques à consulter). Une dropbox semble s'être égarée. Je vais sans doute utiliser flickr.

(2) 1,9 km de natation, 85 km de vélo, 21 km de course à pied.


Livin' in a gangsta's paradise

Power and the money, money and the power
Minute after minute, hour after hour
Everybody's running, but half of them ain't lookin'
It's going on in the kitchen, but I don't know what's cookin'

 

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Bien des réactions souvent très drôles (et très soulagées) de la part de ceux que je fréquente sur les réseaux sociaux. C'est le bref moment où l'on peut se marrer avant que les difficultés ne reprennent. 

Pas plus qu'un autre cet homme élu ne pourra faire de miracles, mais peut-être, qui sait, fera-t-il moins de dégâts que nous ne le craignons, voire mêmes quelques bonnes choses en passant. Je sais assez bien dissocier le sort d'une nation à celui de chaque personne, et il se peut fort qu'un dirigeant qui contribue à mettre les gens de mon niveau social dans les difficultés soit bénéfique au pays, à l'ensemble de cette vaste collectivité. Je ne sais. Je tiens celui-ci pour respectueux de la démocratie (et infiniment plus que son adversaire défaite). Espérons qu'il ne nous décevra pas de ce point de vue là.

En attendant parmi toutes les réactions j'ai envie de conserver trace de celle-ci, de Thibault Brock que je ne crois pas connaître mais qui était relayé sur Twitter par des amis.  Elle tient du trait de génie.

L'original de la composition de Coolio est  et l'intégralité des paroles ici.  Vous avouerez que c'est diablement bien vu.

Il paraît qu'en vrai c'était L'hymne à la joie (note aux lecteurs du futur : c'était l'hymne européen en ces temps-là). Et c'était beau et cohérent comme choix (1). 

 

(1) que la politique soit devenue essentiellement de la com' me peine mais quand le staff de com' d'un-e politicien-ne fait du bon boulot, je sais admirer aussi. 

PS : Pendant qu'on y est, il conviendrait qu'il apprenne à poser un peu sa voix vers les graves s'il veut incarner sa nouvelle fonction, ce nouveau président. Plus de profondeur, davantage de respiration. 

PS' : Même si je ne partage pas tout je suis très d'accord avec ce déroulé de Maître Mo, et, oui, le "côté robotique" me met mal à l'aise aussi.  

PS" : Et là tu t'aperçois que Gangsta's paradise date de 1995 et tu te prends, vlan, un chanmé coup de vieux


Nouvelle cour (de récré)


    Ça fait un moment qu'avec les amis on ne se sentait plus chez nous sur Twitter qui tendait à ressembler à FB et puis la pub, non mais.  Alors bien sûr, pour peu que l'on ait un boulot qui demande quand même un tantinet de communiquer (au hasard, libraire, avec des rencontres organisées), on reste sur ces gros réseaux. Et je pense que niveau infos, Twitter restera le plus (ré)actif un moment encore, d'autant plus qu'au fil du temps j'ai les bons fils à suivre - hier encore, hélas, pour Stockholm, bien qu'étant au boulot, et pas à consulter mon téléfonino, j'ai su très vite -. 

Je suis très heureuse d'être sur Framasphere, mais ce quartier s'est révélé être davantage celui de photographes avertis - ça me va aussi -. Seulement force était de constater que la plupart des potes n'avait pas suivi.

Voilà que cette semaine, influence d'un article des Inrocks ?, ou que sais-je, mes ami-e-s des blogs se sont comme une seule femme inscrit sur Mastodon, via une instance qui m'a fait aussitôt me sentir chez moi.

La mayonnaise a pris et je pense que cette fois-ci on tient notre nouvelle cour de récré. Avant qu'elle ne soit gâchée par les réactionnaires, les publicitaires et les néo-fachos peut-être qu'on pourra s'y amuser un brin.

Grand merci à Alda 

Welcome to Mastodon

ainsi qu'à Kozlika qui m'a inscrite car mes horaires étaient peu compatibles avec les fenêtres d'inscriptions et qui comme au bon vieux temps, a écrit LE tuto pour les débutants : 

Mastodon, premiers pas

Longue vie (sans publicité) aux chouettes instances et à tous les mastonautes. 

 

PS : JK, please, attends un peu, les serveurs sont (pour l'instant) fragiles ;-)

  


Life is life, Dylan is Dylan

 

 

Je m'apprêtais à faire un billet rigolard, parce que ça fait du bien de se chamailler au sujet d'un prix Nobel de littérature, c'est presque un peu bon signe, qu'il [nous] reste de l'énergie pour ça, je m'apprêtais à faire un passage rigolard dans le billet rigolard pour dire que c'était idiot mais que le juke box fou de dedans ma tête m'avait, à cause de cette Académie Royale Suédoise qui nous fait des blagues, passé cela en boucle durant toute la fin de journée, et que je ne les remerciais pas.

Et puis, l'homme de la maison en rentrant d'une excellente soirée (1), m'a lâché, de but en blanc : 

- Tu sais quoi, j'ai discuté avec Madame [...], ben le voisin, tu sais, que je m'étonnais de ne plus jamais voir et que sa voiture prenait la poussière, et bien il est mort. Il y a quelques mois. Elle ne sait plus trop quand. On ne sait pas de quoi.

Effectivement il m'avait déjà à plusieurs reprises fait part de ses soupçons. Il le croisait souvent aux petites heures de qui part tôt au boulot. Je n'avais pas les mêmes, je voyais cet homme peu. 
Effectivement, jamais récemment.
Effectivement, il m'avait fait part d'un faisceau d'indices concordant quant à une possible disparition.

J'avoue : j'avais répondu que s'il était mort, on l'aurait su.

Nos relations étaient de simples saluts fors quelques moments conflictuels lorsqu'ils refaisaient faire leur carrelages pour la deuxième fois en trois ans, sans prévenir à l'avance des travaux bruyants. Au demeurant ce voisin était très courtois. Mais en fait nous ne le connaissions pas. Guère plus que se croiser et parfois échanger trois mots, généralement cordiaux.

L'immeuble n'est pas très grand, nous connaissons de vue la plupart des personnes. Qu'une disparition définitive d'un habitant de longue date ait pu à ce point passer inaperçue est étrange et triste.

Dès lors de cette journée marquée par un débat publique houleux mais drôle, ce qui me restera sera plutôt cela : le décès confirmé d'un voisin de tout près, qu'il remonte à plusieurs mois, et que l'on en n'ait absolument rien su (2). Peut-être que sa veuve nous tient rigueur de notre silence alors qu'il n'était dû qu'à l'ignorance. Je regrette un peu cette pratique italienne des grandes affiches, au moins informatives.

Bien sûr il y a une tristesse pour lui. Seulement l'accompagne la perplexité du long délai. Des mois durant lesquels nous ignorions que nous ne le croiserions plus jamais.

Curieuse journée 

 

(1) Un point positif du chômage est qu'on s'aperçoit soudain qu'un homme que l'on croyait terriblement casanier et écourtait systématiquement les quelques sorties qu'il consentait en fait aimait bien la vie culturelle et sociale, que c'était tout simplement la difficulté de rester éveiller au boulot le lendemain qui l'empêchait d'être actif. 

(2) Alors qu'en plus la copropriété emploie une gardienne avec laquelle nous parlons relativement souvent (du moins si nous ne sommes pas en retard à l'heure par exemple de filer travailler).


Eternal sunshine of the spotless mind (Mon côté ...)

 

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Toujours par l'application "Ce jour-là" sur FB, que je n'ai pas si souvent le temps d'aller contempler, et dont je ne saurais dire si je la trouve bienfaisante ou source de tristesses - je suppose que je la trouverai plutôt instructive et utile si je n'avais pas été quittée, si un lieu de travail que j'aimais n'avait pas dû fermer, si des ami-e-s n'avaient pas entre temps disparu-e-s (morts ou changement de vie en mode j'efface tout d'avant), s'il n'y avait pas eu la brisure du 7 janvier 2015, si ... -, je suis retombée sur cette annonce que j'avais passée, il y a six ans, pour tenter d'aider.
J'étais persuadée que ça pourrait aider aussi les personnes intéressées, qu'il était efficace professionnellement et d'une grande qualité humaine. Je suppose que pour le travail il tient encore la route, même si le message qu'il avait (fait ?) diffuser urbi et orbi le 8 janvier 2015 me laisse quelques doutes. Pour le reste, c'est peu dire que j'ai dû déchanter. 

Note pour plus tard : toujours y réfléchir à deux fois avant de recommander quelqu'un. Les êtres humains sont parfois Jekyll and Hyde à un point qui dépasse l'entendement. 

À part ça, il se confirme que FB ou du moins cette appli satellite a bien un côté elle aussi "Eternal sunshine of the spotless mind" : aucune de nos interactions n'est revenue à la surface et si cette annonce a ressurgi c'est probablement que je n'y mentionnais pas son nom. Après, j'ignore si après janvier 2015 il ne s'est pas carrément retiré du réseau (et pas seulement : m'aurait désamitée), je n'ai pas cherché à le savoir, mais ça expliquerait l'effacement des communs (1). Là aussi je ne sais que penser : est-il plus triste ou moins triste de voir des / ne plus voir aucune / traces d'éléments d'un passé commun ? Ne plus voir pour aller de l'avant et passer à la suite de nos existences, même pour la personne laissée sur le carreau, voir pour savoir que malgré une fin brutale et sans ménagement ni respect (euphémisme), du bon, du très bon, avait existé et pouvoir y puiser quelques forces (et se dire que c'est encore possible, peut-être, avec cette fois quelqu'un qui en vaudrait vraiment la peine) ? 

 

(1) Au lieu d'un lien qui, si je cliquais, dirait "Ce contenu ne vous est pas accessible" ou quelque chose de ce genre.


Les sportifs éternels

 

    J'ai longtemps cru et même un peu au delà de l'enfance, que les grands sportifs étaient impérissables ou alors au bout d'un temps très très très long, par exemple quand ils devenaient grands-parents - et encore c'était comme si j'imaginais qu'ils se retiraient volontairement afin de consacrer du temps à leurs petits-enfants -. De la même façon que mes propres parents me semblaient d'un âge adulte stable, je voyais les effets du temps qui passe à l'aune d'une crémaillère : on grimpe sans jamais redescendre sur l'autre versant (on peut toujours mieux faire, sans arrêt progresser), ni beaucoup reculer (ou alors c'est une blessure, une maladie, une méforme passagère). Quand on est enfant on tend vers l'âge adulte sans imaginer que ceux que l'on rejoint pendant ce temps avancent vers le grand âge. Rien n'est figé ou stable, même dans la mort. Tout évolue tout le temps. Ces évidences ne le sont guère pour les enfants. Sans doute qu'eux-mêmes grandissant ont besoin de points de repères qu'ils imaginent stables afin de tendre vers eux.

Et donc les grands champions l'étaient de toute éternité, je pensais que Borg, Mc Enroe et Platini seraient toujours au sommet, Johan Cruijff et Eddy Merckx aussi. Chris Evert allait régner sur le tennis de toute éternité. Puis j'ai vu Mats Wilander suivi de peu par Stefan Edberg devenir grand puis au sommet de son art puis ne plus être aussi brillant, plus tard abandonner ; dans la même période la vie me faisait piger le coup de la gaussienne, toute activité ou production humaine suit une loi normale, une progression, un sommet puis une décroissance (1), parfois avec au sommet un petit plateau au lieu d'un arrondit mais guère davantage. Et bien sûr des effondrements en à-pic toujours possible dus à des éléments extérieurs, éventuellement une fin de vie brutale et avant l'âge d'usure. La gaussienne c'est quand tout se passe bien. 

Ça ne les empêche pas de tourner sympathiques et de rester élégants, mais le très haut niveau peut se terminer assez vite et définitivement.

C'est pourquoi cet article (2), bien écrit, m'a fait sourire. 

Seules les légendes qu'ils auront construites resteront éternelles. Eux non. Et pas forcément mécontent-e-s de retourner à des vies avec moins de tensions.

 

(1) C'est d'ailleurs pourquoi le capitalisme comme tout système économique mais plus encore peut-être est en train de planter, qui ne fonctionne correctement qu'en phase de croissance. La planète est en train de voir ses capacités d'hébergement (appelons ça comme ça) décroitre ça ne va pas pouvoir continuer à cohabiter. 

(2) Even Roger Federer gets old par Brian Phillips pour The New York Times


Un si beau jour d'été

 

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C'était un si beau jour d'été : du boulot, pas mal, mais partagé, et agréable - j'aime la part physique de mon travail, je me demande parfois par quelle erreur d'aiguillage (en fait non, je le sais) j'avais terminé coincée dans un bureau -, une vraie de vraie de belle journée d'été, pas même un orage en soirée, ça me met en forme, je me sens libre.

En rentrant j'ai compris pourquoi : l'affichage alterné horloge - thermomètre de bord de périph oscillait entre 36 et 37°C. La poignée de jours par an où c'est le cas à Paris c'est le repos de ma peau : aucun boulot thermique à assurer, d'un côté comme de l'autre c'est la même chose. Et, à condition d'avoir à boire assez, le fait de n'avoir pas cette régulation à effectuer m'offre un regain d'énergie, comme si l'économie faite de laisser le corps poreux, de n'avoir plus comme job que de le délimiter, permettait de redistribuer une force.

Le hic c'est qu'on respire mal (depuis de nombreuses années en ville chaleur = pollution de l'air renforcée), que les hommes se traînent, que là aussi depuis de nombreuses années, la chaleur estivale semble désormais considérée comme une catastrophe naturelle (1). J'en suis réduite à une jubilation solitaire.

Et puis il se trouve que ce jour aura été assombri par une catastrophe naturelle, une vraie, un fort tremblement de terre en Italie, des pires : en pleine nuit. Les gens dans leur sommeil meurent ensevelis. 

J'étais légèrement inquiète pour une amie - pas nécessairement pile sur zone mais savait-on jamais, parfois on rayonne un peu, lors de villégiatures -, fus finalement rassurée. Ma famille vit plus au nord. Et pour l'instant les uns et les autres semblent à la mer, en Sicile par exemple, voire même en Chine. Pour autant, même sans être directement concernée, je me sens concernée quand même, de tant d'années passée un mois durant au pays, il me reste une proximité, un sentiment de fraternité, plus qu'un cousinage.

Il n'y a rien pour l'instant que je puisse faire, ni aider physiquement, impossible de quitter le travail et à quoi pourrais-je être utile ?, ni financièrement car notre situation actuelle, même sans inquiétude immédiate, est sans visibilité. Il n'y a aucun dieu que je puisse prier. Je pense à eux. Peut-être que quelque chose se dessinera dans les jours à venir, des propositions, des possibilités d'envois. Au moins s'en faire l'écho.

Des pensées sans doute bizarres, alors que ma TL sur Twitter a fait se voisiner des images de villes syriennes fraîchement bombardées et de villages italiens effondrés : à quel point une fois écroulées nos lieux de logements humains se ressemblaient. Peu de couleurs vives (à se demander où passent nos objets en plastique lors tout s'éboule), pas de signe de modernité. La différence : l'absence de femmes dans l'un des deux cas, alors que dans l'autre on en voit parmi les secouristes mêmes. Et puis cette autre, totalement incongrue, et mal venue - pourquoi penser à ça, pourquoi penser à moi dans un moment pareil ? -, mais qui s'est faufilée : les deux personnes qui m'ont quittée avec brutalité, repensent-elles à moi lorsque survient quelque chose qui ramène mon deuxième pays dans l'actualité, ce pays qu'elles semblaient aimer (2). Quelle place occupe encore dans celui qui l'efface, la personne effacée ? J'ai beau traîner mes guêtres sur cette planète depuis un demi siècle, je n'en ai aucune idée. Il est grand temps que mes ami-e-s reviennent. Je pense un peu trop aux absents.

Plus tard je me rappellerai sans doute de ce jour comme étant également celui où des photos ont fait le tour des réseaux qui montraient ce que donnaient au concret ses décrets interdisants les vêtements tout habillés pour les femmes sur les plages, au prétexte de lutter contre l'islamisation - comme si le terrorisme tenait à ça -. J'avais mal compris, n'ayant suivi que de loin les débats, et cru qu'il s'agissait de ces tenues dans lesquelles les femmes sont entièrement camouflées, parfois même les yeux derrière une sorte de grillage de tissus. Pour moi, question de sécurité générale, personne, homme ou femme ne doit sur l'espace public circuler masqué à moins de forces armées casquées ou forces de protections en interventions - ou cas médicaux très particuliers -. Il faut qu'on voie le visage de qui on a en face. C'est du bon sens élémentaire. Mais pour le reste, on en serait donc là : dicter aux gens et aux femmes particulièrement comment s'habiller ?
Et quelle violence, ces hommes armés en train de demander à une femme qu'elle se dévête ne serait-ce qu'un peu. En plein soleil, alors que sa tenue, au fond, y est adaptée et que ce sont les gens dévêtus (attention : je ne réprouve en rien la nudité, c'est notre état naturel, c'est simplement souvent moche et pas des masses pratique) qui s'exposent à un danger qu'on semble persister à ignorer (3). 

Enfin, on se souviendra peut-être qu'il y avait l'annonce de la découverte d'une exoplanète potentiellement habitable. L'impression que ça n'est pas la première fois qu'on nous parle de quelque chose comme ça. Et que peut-être ça ne serait pas un cadeau pour cet endroit de l'univers si une part de nos représentants futurs s'y établissaient. 
Et d'ailleurs, comment devraient-ils et elles s'habiller ? (pour commencer).

Tant qu'on en est dans la vêture, noter pour en sourire plus tard ou au dur de l'hiver tenter de garder la mémoire de l'été, que j'ai revêtu pour dormir ma chemise de nuit de Californie. Photo du 24-08-2016 à 23.47 

En fait un très très long tee-shirt acheté sur place en novembre 1989, coton de qualité qui en vingt-sept ans n'a pas bougé, et que je ne mets (j'ai conservé mes habitudes du temps où j'avais froid) que les nuits des jours où même la nuit est chaude. Le coton confortable absorbe la transpiration.

Le souvenir de notre dernier grand voyage (rendu possible par mon amie Carole et sa famille), juste quelques mois avant que naisse notre premier enfant, ce si beau moment de nos vies, ajoute au bonheur des temps chaleureux.

 

 

(1) Mes souvenirs de 1976 sont qu'on ne se paniquait pas de la chaleur qui semblait normale (c'était l'été) mais bien de la sécheresse : les cultures dépérissaient, il y eut un impôt pour financer des indemnisations et aussi des rationnements d'eau ; plus le droit d'arroser son gazon, ni de nettoyer sa voiture, du moins dans quelques régions. Mais les habitants étaient encore considérés comme des adultes responsables capables de boire et se mettre à l'ombre sans qu'on n'ait à le leur dire.  

(2) Au point pour l'un d'y faire s'achever un de ses derniers romans, le dernier avant l'effacement.

(3) Ou du moins on croit que des produits à étaler sur la peau en protège alors qu'ils sont certainement porteurs d'autres toxicités.