Première punition


    Je lis chez Oncle Tom un billet sur [Sa] première heure de colle, pour un motif qu'il n'avait pas vraiment compris. Le monde des adultes avait décidé qu'un passe-temps discret au collège était interdit, le puni et ses amis n'en savaient rien sur qui la foudre de l'autorité s'est abattue leur donnant, puisqu'ils n'avaient pas été avertis que c'était interdit, un sentiment d'injustice, de ceux qui changent une vie, ou au moins une façon de voir les choses.

C'est amusant car en lisant des articles sur l'obligations désormais de la scolarité à 3 ans, j'avais repensé, moi aussi, à ma première punition. C'était en maternelle et je devais avoir ça comme âge, 3 ans ou 3 ans 1/2. Ma mère comme j'étais de la fin de l'année avait sans doute procédé à mon inscription en cours de celle-ci car à 2 ans 1/2 j'étais trop petite je crois. Je débarquais dans un monde inconnu où les adultes criaient des ordres, où l'on nous demandait de faire des choses bêtes et où j'avais du mal à comprendre le parler-enfants de mes petits camarades. On n'apprenait pas à lire, rien de tout ces trucs de grands que j'entrevoyais quand la famille avec les cousins et cousines plus âgé·e·s venaient à la maison ou qu'on allait chez eux. On nous demandait de dessiner des choses obligées, par exemple une châtaigne, un marron. Moi, j'avais envie de dessiner ce qui me plaisait. 
Et voilà que très vite ma première punition (je crois qu'il fallait aller au coin le dos tourné à la classe) m'était tombée dessus : j'avais bavardé.
Or, j'ignorais totalement que ce fût interdit. Peut-être parce que j'arrivais en cours de route, personne ne m'avait dit : ici quand on fait le dessin obligé, on se tait, je n'avais pas de grand frère ou grande sœur pour me tenir au courant de la discipline scolaire, les parents ne m'avaient pas briefée autrement qu'en me disant Sois sage. Visiblement le Être sage de l'école n'était pas celui de la maison. 

Je garde de cette punition à mes yeux inexplicable le sentiment que l'ordre de ceux qui décide n'est pas forcément le bon, une sorte d'inquiétude diffuse qui ne m'a jamais lâchée (Est-ce qu'on devient bête en devenant grand ? Remplacée plus tard par "en devenant vieux" ?), tant il était évident à mes yeux que l'institutrice avait tort, et qu'on dessinait beaucoup mieux en parlant.

Et puis de toutes façons une école où l'on n'apprenait pas à lire, qui était, je l'avais saisi LE secret magique des grands, c'était nul. 

Bonne rentrée ou la moins mauvaise possible à toutes celles et tous ceux que le rythme scolaire concerne et qui redémarrent cette semaine.  

 


Parfois longtemps plus tard la résolution d'une micro question


    Je me souviens qu'au début du succès intersidéral de Daft Punk, les entrevoyant avec leur casque sur un écran télé (sans doute dans un de ces cafés où des clips défilent sur un écran tandis que le fond sonore est différent), je m'étais dit que ça me rappelait quelque chose, mais sans me rappeler ce que ça me rappelait mais ça me rappelle quelque chose n'empêche.

J'avais quelques autres bricoles pour m'occuper l'esprit et je ne suis pas spécialement intéressée par ce style de musique (2), ça c'est mis dans un grenier du cerveau, dans le coin voisin de celui occupé par les questions enfantines (1).

Et puis voilà que je re-rencontre un gars qui parle de pochettes de disques, de Gagarine et de Didier Marouani et du groupe Space et puis ça m'est revenu (3), les casques sur la tête pendant le clip, c'était Space vers 1977, un peu avant quand même.

Bon, voilà un élément de moins dans le buffer des Ça-me-rappelle-quelque-chose-mais-quoi ?, basculé désormais dans l'endroit bien rangé des questions résolues qui ne changent rien au quotidien où il prendra paisiblement la poussière. Petit musée intime des connaissances inutiles.

J'aurais mis dans les vingt-cinq ans. Ça rend jubilatoire le moindre dénouement. Merci à celui qui sans connaître celle-ci de mes questions m'a mise pile sur la piste de sa résolution.

 


Space (Didier Marouani) - Magic Fly par scopitones

 

 

(1) Dans ma tête c'est un peu Les p'tits bateaux sans mollir malgré les ans.
(2) Gamine j'ai eu ma phase Kraftwerk et puis bon voilà.
(3) En fait peut-être qu'entre temps j'avais déjà fait la jonction mais à nouveau oublié ; car l'ensemble de la conversation avait par moment a sense of déjà-vu


J'ai une poupééééée

Un moment entre 9h et 10h du matin, conversation sur twitter au sujet des rengaines entendues dans l'enfance et dont on ne perçoit pas sur le moment le sous-texte adulte, ou bien la lecture différente qu'on en fait parce qu'enfant.

Ainsi pour moi qui avais 3 ou 4 ans Michel Polnareff jouait réellement à la poupée et je trouvais ça plutôt bien, qu'un adulte prenne le temps de jouer - quant au côté genré de l'affaire il m'échappait totalement -, et Sheila était tout heureuse quand venait l'heure de sortir de l'école - je voyais Sheila un peu comme mes grandes cousines, et donc elles allaient à l'école des grands où l'on apprenait plein de choses que j'avais hâte d'apprendre à mon tour -. 


NFTN - La chute


    Il m'arrive souvent d'avoir ce que Pennac dans son "Journal d'un corps" a appelé des bouffées d'enfance : j'oublie que mon corps est celui d'une femme déjà plus si jeune. Rien à voir (so far) avec un quelconque vestige de sexualité, mais plutôt avec des trucs que j'oublie ne plus pouvoir faire comme à douze ou quatorze ans.

Ainsi ce matin, alors que nous avions couru aussi sur la face sud de l'île et qu'il nous fallait remonter au niveau des rues, nous sommes-nous trouvé arrêtés par une barrière fermée. L'homme de la maison sportif format léger est passé par dessus sans encombre, en mode appuyé sauté. Je n'aimais pas trop la configuration : grille en haut d'un escalier raide donnant sur une mince piste de ciment que borde la Seine. Si tu tombes en arrière sans te fracasser le crâne, tu finis dans l'eau (sale), mais la barrière n'était pas haute, il était facile d'effectuer un rétablissement. Seulement j'ai eu ensuite un peu d'appréhension à passer les jambes entre les bras, ai tenté un passage d'une jambe par le côté (facile) et de glisser la seconde dans le triangle ainsi formé, mais j'ai mal évalué l'intervalle de passage, mon pied droit s'est pris dans quelque chose et j'ai vu le sol soudain se rapprocher, le temps de penser "C'est pas grave c'est de la terre, tu es du bon côté" et aussi "Roule". Ce que j'ai fait pour me remettre sur mes jambes après une providentielle culbute et dans le même mouvement. L'idée m'a vaguement effleurée d'effectuer un salut comme en gymnastique.

Pour rester pliée de rire : ça faisait bien trente-cinq ans que je n'étais pas tombée de cette façon. Adulte, on perd généralement l'habitude de franchir des barrières, du moins tant qu'aucune frontière hostile ne nous est opposée.

Un homme qui sur un banc lisait se retenait poliment de rigoler.

Une fois rentrée je me suis documentée, la prochaine fois j'essaierai la technique du pompier qui salue son agrès. #présomptueuse