Quoiqu'il advienne


    Cette rencontre accordée par l'amour des livres, quelle que soit la suite que la vie y donnera, aura eu sur moi un effet salutaire de sortie de deuil. 

C'est comme après une rupture subie, on ne peut pas (je ne connais qu'un seul cas (grand sourire pour qui se reconnaîtra)) passer directement d'un chagrin affectif à une nouvelle passion (qu'il s'agisse de l'amour des amoureux ou simplement d'une très profonde et intime amitié). Après Livre Sterling qui s'était achevée par une fin la fin de l'endroit lui-même, et donc quelque chose d'absolument irréversible, il était en fait impossible (mais je l'ignorais) de me retrouver pas juste bien (1) mais heureuse, remplie d'allégresse et d'énergie en partant au travail, rieuse le soir en me souvenant des bons moments, oubliant les mauvais quasiment dans l'instant, fatiguée mais fière de l'être. 

Le Rideau Rouge et ses oiseaux auront marqué la charnière, j'étais à nouveau capable de me replacer même provisoirement, dans cette force-là. Se lever dans l'élan et le petit suspens de la journée à venir (Qu'est-ce qu'ils [les fournisseurs, les clients ...] vont [me] faire aujourd'hui ? (air de vieille institutrice devant sa classe de galopins) ?] et non sur la défensive (Pourvu que je tienne le coup malgré les 18 cartons prévus pour l'opé de Pâques), dans le plaisir de retrouver les partenaires et amies de boulot. Seulement c'était sans lendemain possible, et tant mieux puisque ça signifiait le retour de l'absente comme prévu et que tout allait bien.

Et là, voilà. Depuis mercredi je sais qu'à nouveau je peux me sentir à ma place quelque part, que ça n'était pas définitivement fini, ce ressort-là en moi, pas mort. Il fallait, en plus que cet endroit existe, que le temps de deuil travaille et passe.

Cette récupération de facultés que j'avais crues perdues pour toujours et à jamais en a entraîné deux autres, celles d'un chagrin affectif que je peux à présent regarder de loin - je viens d'archiver tous les messages sans un pincement de cœur, c'est bon, c'est clos, c'est du passé - et celles du deuil, celui-là réel et loin d'être achevé mais désormais calme pour Honoré. C'est comme s'il m'avait soufflé, Vas-y n'attends pas, prends le train ! et qu'il s'éloignait doucement, son boulot d'âme de bon copain fait.

Par ricochet j'ai pu m'attaquer avec une efficacité décuplée aux grands rangements nécessaires : je peux revoir des notes de l'époque de l'avenue Franklin Roosevelt, des messages du Grand Belge ou de V. (mais ceux-là, ça fait déjà un moment), des cartes de vœux que Philippe nous dessinait, sans avoir les larmes aux yeux, mais bien plutôt le sourire aux lèvres de qui peut se dire Ç'aura été parfois rude, mais j'ai eu une bonne vie. (et sans un seul instant d'ennui, sauf jadis à "l'Usine").

Il faut à tout prix que je me prépare mentalement pour ne pas retomber dans la peine si finalement les choses ne se font pas. Ou d'autres, mais moins satisfaisantes (2).

 

(1) Comme aux débuts de l'autre librairie avec Anne, Marguerite, Olivier et Sébastien
(2) Ce truc curieux de la vie, toujours vérifié, qui fait que dès lors que quelqu'un quelque part s'intéresse à vous, d'autres qui n'ont rien à voir, aucun lien, le font aussi. Ce qui vient d'arriver également à ma fille qui s'est retrouvée à dédaigner un stage pour une revue prestigieuse tout simplement parce qu'elle avait mieux et que c'était déjà en cours.


Photos d'antan


    Lancée la semaine passée à la recherche du fotolog perdu (1) et même si j'espère en retrouver la plus grande partie grâce aux archives du dépot légal BNF, j'ai replongé dans mes archives photos qui selon les périodes de relatives accalmies ou de difficultés de ma vie sont très bien classées et "étiquetées" ou chaotiques (mais néanmoins existantes). En fait je ne perdrais pas de photos dans l'aventure puisque j'y publiais des images conservées par ailleurs, c'est la sélection elle-même, les textes et les interactions amicales que j'aimerais reconstituer. J'en ai besoin pour des chantiers d'écriture, j'en éprouve le besoin pour jalonner (2). 

En attendant ça m'a fait pour les photos comme lorsqu'on commence à rafraîchir les murs d'une pièce : on se voit soudain par nécessité obligés de faire aussi quelque chose pour le plafond. 

J'ai donc commencé aussi à remettre de l'ordre dans des scans plus ou moins récents (ou récents mais de photos anciennes). Ainsi une image du Burkina Faso prise en 1987 probablement

JF et Gilda Koudougou 1987 probablement

 

Et aussi une photo prise probablement par l'homme de la maison à Bruxelles en juillet 1985.

Gilda Bruxelles juillet 1985

C'est finalement assez réconfortant de les regarder. 

1/ Nous sommes toujours en vie (so far)

2/ On aura quand même, même en étant fatigués et très pris par notre travail rémunéré, bénéficié d'un bon bout de chemin de paix générale, sans souffrir de la faim, ni de la soif, ni du froid (sauf pannes), en ayant un excellent accès à des soins médicaux dès que nécessaire. Nous aurons pu élever deux enfants sans qu'ils ne manquent d'autres choses que de notre temps disponible. Aucun de nos ancêtres respectifs n'avait connu ce qui en d'autres lieux et temps et sans doute à nouveau dans le futur proche sera considéré comme de grands privilèges.

Nous avons eu beaucoup de chance.

La suite risque d'être un peu plus compliquée (et pas seulement pour nous).

 

(1) Il semblerait donc que Fotolog ait été cédé au Grand Rien des Internets
(2) Je le dis grâce à Bree sans doute mieux par ici.


Quelques touites exhumés


Au cours de ma recherche un peu désespérée de traces de mon fotolog, j'ai retrouvé celles de quelques touites. Il y a celui du bon conseil de mon fils alors adolescent et qui ouvre le billet précédent. Il y avait quelques échanges avec La Fille aux Craies que je n'ai pas oubliée. Quelques doux mots d'ami-e-s dont la relecture m'a mis du baume au cœur (note pour plus tard : toujours garder précieusement ce qui nous fait du bien afin de pouvoir s'y réchauffer quand viennent les tempêtes). Et puis quelques trucs #WTF dont celui-ci de mai 2012.  J'avais soupçonné qu'il me ferait sourire un jour (c'est fait) : 

7788658312_f7d197e9ba_oEt pas mal de traces des soucis que je me faisais pour les autres. Ainsi celui-ci (conservé à cause de la période anagrammes dans les pseudos).  

8067387529_802b1e1b7e_oEt ceux-là (dont je ne sais absolument pas pourquoi j'avais gardé la trace, voulais-je tester techniquement quelque chose et que c'était alors les touites les plus récents à ma disposition ?) :

6198027216_4ca0326613_ode 2011 ou 2012 aussi je crois et qui par bonheur me fait sourire aujourd'hui puisque tout va bien et les nouvelles s'échangent à nouveau - le problème vient aussi de moi qui avec mes périodes métro-boulot-dodo ou difficultés quotidiennes, suis une correspondante irrégulière bien malgré moi -. 

Certaines choses vont mieux. C'est déjà ça. 


Fred, Cyd et moi (rien que ça)

(Je croyais être réveillée mais je m'étais rendormie)

Alors je regardais à la télévision ou plutôt sur un Home Cinéma, un vrai (1), et c'était un Fred Astaire - Cyd Charisse que je ne connaissais pas, son titre : "Moustaches" et par moment au court même de danser l'un ou l'autre changeait de tenue, de coiffure, d'aspect. Fred avait différentes sortes de moustaches - d'où sans doute le titre -, mais on le reconnaissait.

Je me dis alors, c'est merveilleux, dans les rêves je retrouve des inédits de vieux films hollywoodiens, il faudrait que je puisse les transmettre à Lobster. Une part de mon cerveau qui est probablement en train de se réveiller, me souffle que je ne pourrai pas car il s'agit de film que je vois dans un rêve.

Alors le neurone actif, me fait me dire, Mais s'il s'agit et d'un rêve et d'un film de Fred et Cyd que je n'ai jamais vu, c'est que je l'invente. Si je l'invente, c'est donc que je suis en train de créer pour eux une chorégraphie.

Et me voilà partie à affiner celle du songe avec une absolue jubilation : rendez-vous compte créer une chorégraphie pour Fred et Cyd !

Pour autant, les rêves étant quantiques par essence, je reste celle qui est en train de regarder le film, d'admiration bouche bée.

Mais la chorégraphe qui cohabite avec la spectatrice extasiée, jubile : avec de tels danseurs aucune limite à se mettre, la technique est de très haute volée et parfaitement maîtrisée. 

Une fois le générique de fin envoyé, le rêve hélas a pris une tout autre tournure, très terre-à-terre, un peu chargée d'inquiétude. 

Il n'empêche qu'au réveil, j'étais tout soutenue par la sensation persistante d'un haut moment de création.

 

 

(1) Sans doute inspiré par celui qu'a chez ses parents un pote de #lefiston qui, ébloui, me l'a décrit.  

 


Une bizarrerie (mes neurones en parallèle)


    Ainsi donc c'est la troisième fois que mon cerveau me fait le coup de disposer de toutes les infos nécessaires pour établir l'évidente connexion entre une personne que je connais et une autre que je connaissais ou un travail d'elle-même qu'elle avait fait et que je connaissais. Un lien qui aurait dû me sembler évident dès la rencontre elle-même et qui pourtant aura mis entre 8 et 24 mois pour s'établir enfin. Et le plus souvent de façon fortuite. Ou plutôt par une conséquence logique mais involontaire.

Pourtant dans la vie, je suis celle qui, délivrée du poids des enfants petits, assoiffée d'apprendre, en perpétuel appétit de bons moments (et les soirées en librairies, ou voir un bon film, le sont) et donc sortant beaucoup, pratiquant aussi l'internet dans sa version chaleureuse de contacts et d'échanges, fait souvent le lien entre les uns et les autres. Avec une vista pour les collaborations fructueuses et autres affinités dont j'aimerais qu'elle puisse un jour s'appliquer à ma propre vie - mais on dirait qu'hélas je suis moi-même exclue du champ de mes propres capacités ; ou bien ma capacité est celle-ci et rien d'autre : présenter les uns aux autres afin qu'ensemble ils puissent progresser -.

Il m'est donc particulièrement troublant de constater à quel point mes neurones ou tout autres éléments impliqués dans les processus de pensée fonctionnent pour moi-même en parallèles sans jamais spontanément se croiser et pour le collectif en très efficace toile qui relie les autres.

Je reste très émue de ce que je viens d'apprendre. Un lien entre un ami relativement récent et d'autres qui datent du temps où je venais de faire la rencontre décisive qui allait bouleverser ma vie. Et une foule d'éléments incompréhensibles isolément prennent harmonieusement place. Dont le fait que je me sente à ce point affectée par la mort de Patrice Chéreau alors que je n'ai fait que parfois le croiser - et apprécier ses travaux, certes, mais d'ordinaire ça ne suffit pas pour avoir du chagrin comme ça -. 

Émue et heureuse de ce que j'ai enfin appris,  mais troublée par mes sortes de micro-aveuglements, voire d'amnésies. Comme un sortilège. Ou un enchantement.

 


Le lent et l'agité

"Quand on travaille normalement, à la banque, on peut pas trop se réfugier". ;-) #confirmé #évadée

 

Je cherchais un autre lien, une bonne vieille chanson. Voulzy. Souchon.

Une amie m'a confié au sujet de l'un d'eux une anecdote jolie. Je me disais j'aimerais bien qu'elle la raconte à Modiano et qu'il l'écrive. Et puis je parlais avec l'homme de la maison et une video s'est enchaînée avec une autre. Et c'était cet entretien. 

Et quelque chose m'a émue alors que je n'entendais qu'en arrière-plan. Vous savez lorsque l'on est en grande tablée avec des amis que les conversations divergent, qu'on est dans l'une et que soudain on capte quelques mots dans celle de nos commensaux et qui nous touchent à cœur.

De toutes façons les chansons de Souchon - Voulzy moins, trop sucré pour moi - auront accompagné ma vie, surtout celles dans lesquelles il saisit quelque chose de l'air du temps. Et ses trois plus récents albums qui collent avec des périodes que je traversais. "La vie Théodore" qui m'a aidée à survivre à cette période 2005/2006 personnelle si terrible, Putain ça penche, J'aimais mieux quand c'était toi, et Et si en plus y a plus personne, prenaient pour moi des sens particuliers. Quand tout s'effondre, chanter, allez je la chante en entier et après je pense à ce que je fais, peut aider. Mais il faut que l'air soutienne, se retienne, et que les mots soient bons. Justes. Un peu costauds mais fins aussi, comme des danseurs capables de nous porter dans les pas de deux un peu risqués. Et alors qu'on n'est pas au mieux de nos gestes allégés.

J'ai été touchée qu'il cite Bashung comme ami qu'il aurait aimé avoir, j'aime leur travail des mots et des sons pourtant très différent. Durant ces vacances, un hasard heureux de chargeurs de CD (pointe de la technique il y a douze ans, vieillot désormais) nous voisinait l'album à deux Souchon - Voulzy et le dernier de Bashung et c'était vraiment bien. L'un des Alain m'a permis d'écouter l'autre sans trop de souvenirs attristés. Du coup ça l'a un peu dépollué d'un chagrin qui en plus de celui de sa mort, mais qui n'avait rien à voir avec lui-même, le mazoutait.

Mon fils qui passait par là (cuisine) après que son père n'y était déjà pas, entendant quelques mots d'Alain Souchon dans lesquels il était question d'écriture, me demande, ça semble aller de soi : 

- C'est un pote à toi ?

 

 

Pote ou pas (encore), je voudrais lui dire merci pour ce qui peut paraître insignifiant aux yeux des plus forts, et qui parce que tu as fredonné si souvent ces mots sans y penser trop, un jour où l'on t'enfonce pire qu'à l'ordinaire d'un sale train-train quotidien te font redresser la tête et dire Mais non, enfin !
Et pour les mots qui consolent quand ça n'est jamais la saison

 

 

 

 


En lisant, en cherchant (un complément d'information)


Je tombe sur cette belle pièce de "légende de la voiture maudite". J'aime beaucoup ce genre d'histoires sans y apporter plus de crédit que nécessaire. Un peu comme Barbey d'Aurevilly, parce qu'il y a "matière à faire".

"La voiture est devenue célèbre malgré elle car non seulement c'est à son volant que la star du cinéma trouva la mort, mais d'autres personnes qui acquirent des éléments de l'épave connurent un destin tragique dans les années qui suivirent et beaucoup de gens crurent dès lors que le véhicule de l’acteur était maudit.

Georges Barris (en), qui a personnalisé la voiture de James Dean, acheta l’épave du véhicule pour 2500 $ et se fractura la jambe quelque temps plus tard.

Peu après, il vendit le moteur et la transmission à deux médecins Troy McHenry et William Eschrid. En faisant la course l’un contre l’autre, l’un mourut en percutant un arbre après avoir perdu le contrôle de sa voiture, tandis que l’autre se blessa sérieusement après que la sienne eut quitté la route.

Barris vendit les pneus de la voiture : l'acheteur eut un accident de voiture bien qu'ils fussent en bon état.

Deux jeunes essayèrent de voler la voiture mais l’un d’eux, en prenant le volant de la Porsche, s’ouvrit le bras à cause d’un morceau de métal déchiqueté. Plus tard, un autre homme se blessa en essayant de voler le siège du conducteur couvert de sang. Enfin, Barris décida de cacher la voiture, qui fut récupérée par la California Highway Patrol pour l’exposer à titre d’exemple sur les accidents de la route.

La première exposition connut un désastre : en effet, un incendie se déclara, détruisant toutes les voitures aux alentours dans le local et seule cette voiture en sortit indemne. Lors de la deuxième, dans un lycée, la voiture tomba et cassa la jambe d’un étudiant. Sur la voie menant à Salinas, le camion qui transportait le véhicule eut un accident et le conducteur se blessa. À deux autres occasions, la voiture s’échappa des camions sans causer d’accidents graves, mais en brisant le pare-brise d’un véhicule.

Finalement, en 1959, ce fut la dernière exposition de la voiture en onze pièces, car en 1960 elle disparut mystérieusement avec le camion dans lequel elle était. On n’a plus jamais revuLittle Bastard."

extrait de la page wikipédia sur James Dean au 01/01/15

 


À 50 ans elle découvre enfin quel est son super-pouvoir

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Nous avons tous au moins une addiction et un super pouvoir. Proserpine, habitante de Clichy la Garenne savait depuis l'âge de 8 ans que son addiction était la lecture. Ce qu'elle n'a découvert qu'à 50 c'est que son super pouvoir était de passer commande à la rue de ce qui lui manquait comme objets courants de la vie quotidienne. Il y avait déjà eu plus d'une fois quelques jolies fortunes d'encombrant. Ainsi ce siège pour poste de travail informatique trouvé 2 jours après s'être fait la remarque que celui du fiston était vraiment trop usé. Une chaise trouvé au surlendemain d'avoir usé jusqu'au vide la paille de la sienne. Un carton plein d'enveloppe à la veille de devoir effectuer un envoi en nombre - pas tout à fait au bon format les enveloppes mais néanmoins utilisables -. Mais la confirmation qu'il ne s'agissait pas simplement de hasard est arrivée en ce 31 juillet.

Elle avait en effet perdu ou égaré son porte-monnaie quelques temps plus tôt. Leur dernier moment commun identifié fut lors que l'affranchissement d'un courrier destiné à la Sécurité Sociale et qu'elle avait cru pouvoir déposer dans la boîte à lettre de cette administration. Cette dernière venait hélas d'être condamnée et il avait fallu filer à la poste afin d'affranchir la lettre. Les derniers centimes du porte-monnaie y étaient passé. Peut-être parce que si vide et devenu trop léger, il avait disparu dans la foulée (tombé sans faire de bruit ?). Il convenait donc d'en racheter un. Comme il n'y avait rien ou peu à mettre dedans dans l'immédiat, elle avait décidé d'attendre le début d'août.

Par ailleurs ayant entrepris quelques rangements et une collection de documents officiels récents à classer elle avait noté la nécessité d'acquérir des pochettes transparentes perforées. L'urgence n'était pas telle qu'il fût impossible d'attendre le début du mois suivant pour engager cette dépense.

Il s'est trouvé que dans une petite poubelle des beaux quartiers, soigneusement déposé près d'une poubelle officielle, un de ces sacs cartonnés de restauration rapide (dans lequel restait aussi canettes et paquets de gâteaux vides et quelques autres vrais déchets, mais propres, de ceux que selon les villes on peut ou non recycler), elle a dégoté très exactement un porte-monnaie (aussi vide que celui enfui, il ne faut pas (trop) rêver, et un sachet au 3/4 pleine de ces pochettes transparentes perforées. Comme si un ange de Wim s'était chargé de la liste de courses et sans attendre le 1er. Le porte-monnaie était usé ce qui pouvait expliquer sa disgrâce mais les pochettes neuves et propres. Qu'est-ce qui peut pousser quelqu'un à jeter dans cet état prêt à l'emploi un tel article de papeterie ?

En attendant de pouvoir résoudre cette épineuse question, Proserpine sait désormais que son super pouvoir est de pouvoir par une simple pensée de bonne ménagère contacter un père noël secret de la cité et le faire en dehors de toute saisonnalité.

 

PS : Le prénom a été modifié

 

*            *             *

 

PS' : Pour un peu je regretterais de n'avoir pas eu de d'achat différé plus ambitieux

Boutade à part, j'ai vraiment trouvé ces deux éléments à la veille d'entreprendre de les acheter car ils manquaient.

Et par ailleurs jeté dans un sac près des poubelles de l'immeuble du lieu de travail, un sac à main, lui aussi légèrement usé mais encore très correct, et qui ressemble de façon troublante à celui que dans un douloureux rêve récurrent de ces denier temps j'hérite avec une sorte de mission de devoir faire bon usage de ce qui est dedans. Celui trouvé ne contenait rien (pas même un carnet rouge), mais c'est vraiment LE sac de ces songes à répétition, par ailleurs assez violents. Si seulement l'avoir trouvé permettait leur disparition ça serait un soulagement. Même de façon onirique, je ne tiens pas tant à me venger du mal qu'on m'a fait. Les états belligérants du moment nous montrent suffisamment quelle spirale infernale s'enclenche dès qu'on s'y laisse aller.

 


Le syndrome du Play it again [m'] a encore frappé

 

C'est un petit billet se rapportant à l'enfance que sur un blog annexe, de ceux que je ne souhaite pas mettre sous clefs mais dont je préfère qu'ils conservent une relative confidentialité (1), j'avais publié. Un de mes amis m'a fait le plaisir d'y déposer un commentaire et qui plus est pour m'informer d'une connivence avec un texte de quelqu'un que j'admire.

Alors j'ai un peu relu ce que j'avais écrit en quelques instants, quand une pensée nous traverse et qu'on souhaite en conserver la trace, mais qu'il faut faire vite parce que le temps presse et que c'est fulgurant.

J'y faisais entre autre allusion à une phrase de Patricia Highsmith, sans en préciser la provenance. J'ai entrepris ce soir de la reprendre précisément. Je la connaissais encore par cœur. Du moins le croyais-je.

Car j'étais intimement persuadée que l'auteure y faisait allusion à l'âge de 12 ans, pris comme moment de référence pour certaines capacités à leur apogée que devenir adulte nous fait perdre. Or une fois le texte original repris en main il s'agissait de 10 ans.

Le syndrome du Play it again a encore frappé.

Cela dit, je persiste à penser, contrairement à Arthur, son narrateur, que c'est à 12 ans et non pas 10 que l'on est au maximum de certaines capacités.

 

(1) En fait j'aimerais qu'il ne soit parcouru que de façon occasionnelle et par des amis ou des inconnus bienveillants. Utopie absolue par les temps qui courent et personnels et généraux.


La fin toute simple d'une amnésie (il suffisait d'aller au supermarché en fait)

 

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La mémoire, généralement, ne me fait pas défaut. Je suis même pour les choses stupides et inutiles à la limite de l'hypermnésie : le nombre de chansonnettes des années 60, 70 et 80 dont je connais encore les paroles par cœur sans jamais les avoir apprises ni même appréciées, mais simplement parce que ça restait scotché me fait honte.

Pour autant je ne suis pas très physionomiste (j'ai le don d'accrocher ma mémoire à des éléments impermanents : typiquement me souvenir d'une personne en tant que femme enceinte (ce qu'elle ne sera plus si tu la croises un an après), ou des lunettes d'une autre, ou d'une couleur de cheveux ...). 

Et par ailleurs ma vie qui depuis environ 10 ans a essuyé quelques grands vents voire même deux ou trois ouragans (affectifs) et un changement professionnel formidablement brutal, a effacé de mon cerveau certaines données. J'ai ainsi perdu la mémoire de ce sur quoi je travaillais en entreprise les trois dernières années, je me souviens seulement que ça n'avait pas vraiment de sens, c'était la structure hiérarchique qui autogénérait des trucs à faire, perpétuellement urgents, mais c'était du boulot de Shadok, inutile au monde et sans enjeu technique (1). 

J'oublie aussi assez facilement le mal qu'on me fait, sauf si c'est particulièrement pervers (auquel cas je m'en souviens pour tenter de ne pas retomber ultérieurement dans de semblables filets) ou que ça porte tort aussi à quelqu'un d'autre et que j'aimais.

Ces oublis-là me semblent salutaires. Je les vis sans regrets.

Enfin arrivent depuis environ cinq ans, et peut-être aussi du fait de mon changement de vie ce que j'appellerais des amnésies d'âge : lorsqu'on connaissait quelque chose ou qu'on pratiquait une activité ou qu'on possédait certaines connaissances fines dans un domaine précis et que l'on n'y est pas retourné depuis fort longtemps, voilà qu'on oublie. Typiquement : la pratique d'un instrument de musique, d'une langue étrangère ou l'étude de la physique quantique. Je ne saurais même plus vous expliquer la théorie de la relativité, alors qu'à 16 ans, sur un tel sujet (qui me passionnait) j'étais capable non seulement de faire comprendre mais aussi de faire rêver. Ça vaut aussi pour ce qui est lié aux sensations. Parfois en très bien : j'ai oublié la souffrance que c'était d'accoucher, ne me souviens plus que des effets induits et que j'ai cru mourir et de l'étonnement qu'à un tel niveau de douleur on en ressorte vivant(e)(s). Parfois en triste, toute une combinaison de circonstances et d'ennuis de santés, m'ayant fait perdre la mémoire d'une part de très bon.

Dans ce lot-là figurent des goûts et des saveurs. Certains produits de mon enfance ont disparu. D'autres existent encore mais ont changé de goût, la production de base étant devenue très industrielle. Lait, beurre, fruits et légumes sont devenus plus difficiles à trouver si l'on recherche les vrais. Les fromages semblent n'avoir pas trop mal résisté. 

Je me suis rendue compte récemment que j'étais parvenue à cet âge où si mon souvenir intellectuel reste précis - je peux ainsi me rappeler avoir bu du Fernet Branca en 1978 chez la très vieille Grand-Tante Maria -, mon souvenir sensuel, gustatif, a foutu le camp depuis bien longtemps.

Pour certains aliments ou boissons, c'est très bien. J'avais ainsi oublié le goût du pied de veau, retenté l'été dernier, je crois que je n'aurais pas envie d'y revenir avant un moment (expérience culinaire étrange). J'ai oublié totalement le goût du Coca : je trouvais ça trop sucré, pas agréable, ne désaltérant pas. J'ai dû en boire la dernière fois en 1989 lors d'un voyage face aux traditionnels symptômes de turista. Je ne sais plus du tout le goût que ça a. 

Et j'en suis presque fière : pour parvenir à éviter cette boisson là il faut une constance presque religieuse. Une abstinence de teetotaler face à l'alcool.

Pour d'autres, j'en suis fort marrie. 

Il en allait ainsi de cet apéritif très français dont les réclames peintes ont bercé mon enfance. Elles dataient peut-être des années 50, il était sans doute déjà passé de mode alors que je grandissais. Mais voilà les bonnes vieilles publicités peintes, entre autre sur les murs de vieilles maisons de villages au crépi par ailleurs gris, avaient de la durée de vie. Il y avait ce jeu de mots inclus et qui me ravissait (2). Et puis surtout : les peintures allaient se nicher même sur les murs des tunnels entre deux stations de métro. Et j'éprouvais gamine la même fascination pour ce que je considérais comme un exploit que pour les bateaux miniatures dans les bouteilles. Comment était-il possible d'arriver jusque-là, de peindre à cet endroit-là (qu'enfant j'estimait totalement inaccessible), comment on peut construire le bateau à l'intérieur ? Preuve que le matraquage publicitaire paie, je n'avais de cesse que d'atteindre l'âge requis pour avoir le droit de goûter à la boisson tant vantée (3). Je me souviens donc bien de quelques fêtes de famille où j'en avais bu, trouvant le goût pas mauvais, plutôt bon. Et que je ne comprenais pas pourquoi on me disait de me méfier car ça me semblait très léger, et pas plus fort que le vin en tout cas (4). 

Seulement voilà, a déboulé alors la terrible mode du Kir, lequel a détronné au passage le Porto (que je n'aimais que dans le melon, pas tant que ça en dehors), et surtout s'est mis à exercer une sorte d'hémémonie absolue. Aux apéritifs des repas festifs non estudiantins, n'était plus servi que ça. Au prétexte que puisque le Crémant ou le vin blanc était débouché, tout le monde suivait.

J'ai donc perdu de vue mon apéritif des murs peints.

Devenue plus tard amateure de whiskies, j'ai fini par ne plus boire que lui du moins quand de bonnes bouteilles étaient proposées et sinon me laisser porter par l'offre - va pour le Kir, 15 ans plus tard : va pour le Mojito - et dès que ça pouvait profiter du fait qu'une excellente bière (sauf à Paris) reste bon marché.

Je crois que c'est en voyant un tag très réussi dans un tunnel de la ligne 13 - et me dire, tiens ils ont fini par supplanter les vieilles pub D... - qu'il y a environ un an et demi j'ai repensé à cet apéritif que j'avais jadis croisé, apprécié puis qui était tombé dans (mon) oubli. J'ai supposé qu'il n'était plus fabriqué. Et me suis prise à espérer que dans le vieux meuble bar d'amis de longues dates, ou un beau jour dans un vieux café j'en retrouverai un fond oublié qui me redonnerait la mémoire. 

J'en ai parlé à plusieurs ami(e)s. Les plus jeunes ne voyaient pas trop de quoi je parlais. Les plus jeunes mais cinéphiles se souvenaient des murs peints entrevus dans quelques "Tontons Flingueurs" (5).

L'une d'elles, que ma quête amusait, a cherché en ma présence sur l'internet pour découvrir très vite qu'il en était toujours produit, selon la même logique commerciale qui il y a plusieurs années (et pour mon grand bonheur, car là aussi j'avais perdu le souvenir de la saveur) a permis de redonner vie à l'Amer Picon. 

C'était moins drôle mais rendait le succès moins improbable. Fin à prévoir de l'amnésie.

Pour autant et depuis, pas un café (6), ni restaurant n'en avait. Ni un hypermarché dans lequel les circonstances m'avaient entrainées. Ni d'autres magasins plus réduits et spécialisés. Ce vieil apéritif semblait bel et bien tombé en désuétude.

Voilà que ce soir, dans la petite ville normande, en l'un de ses magasins où nous allons rarement (en bons parisiens qui prennent peu la voiture - il est excentré -) j'en ai trouvé une bouteille. Même pas cher.

J'ai donc liquidé ma mini-amnésie et retrouvé ce goût amer mais parfumé (moins amer que le Picon, beaucoup moins), vieux vins, vieilles écorces, quelque chose qui sent bon l'antique troquet ou le coin du feu. Je ne (re)deviendrai pas forcément amateure, je bois peu et préfère donc me réserver pour les whiskies rares ou certains fins calva, mais je suis heureuse d'avoir réactivé ma mémoire.

Puisse 2014 marquer aussi la fin de celles de mes amnésies qui ne sont pas souhaitables ni souhaitées.

 

(1) Les premières années de mot boulot alimentaire, je retirais quand même quelques satisfactions de solutions trouvées à des problèmes techniques pas tous faciles et quand je revois certains programmes (car c'était du temps où l'on imprimait) je suis assez espantée du niveau de certains.   

(2) Mon appétence du calembour date du berceau. J'ai dû être une enfant éprouvante.

(3) Dans ma famille le credo était : pas d'alcool tant que tu n'as pas achevé ta croissance. Quelques entorses avec les vins italiens que les oncles allaient chercher dans de magnifiques damigiana et un peu de champagne lorsque quelque chose devait être fêté. Comme je n'étais pas rebelle pour ce qui me semblait soluble dans la patience (il y avait déjà suffisamment de combats à mener comme ça), j'attendais donc patiemment mes 18 ans avec une liste mentale des choses qui avaient éveillé prématurément ma curiosité.

(4) Au début seule la bière m'étourdissait mais parce que j'en buvais avec mon premier amour (c'était lui, l'effet) - assez vite plus du tout (il m'avait quittée) -. Ce n'est que très longtemps plus tard que j'ai compris que j'avais une forme d'imperméabilité aux effets de l'alcool. J'ai traversé toutes les fêtes d'une carrière étudiante à me demander en voyant les autres se comporter étrangement, mais qu'est-ce qui leur prend ? Je croyais jusque-là que les seuls effets de l'alcool étaient de rendre globalement les femmes un peu plus bavardes et certains hommes soudain violents. Mon naturel étant passablement déjanté, je profitais des fêtes pour me laisser aller et dans ces moments-là ça ne surprenait personne, mais je n'étais pas ivre, seulement moi-même sans retenue. C'est en lisant "Le club des incorrigibles optimistes" de Jean-Michel Guenassia que j'ai enfin vraiment compris. 

(5) Lequel n'en comporte pas car c'est une marque italienne qui sponsorisait. Et que l'on voit dans des moments parfois inattendus.

(6) Comme quoi contrairement à ce croi(en)t d'aucun(s) je ne vais pas si souvent au café. 

PS : Véronique, merci !

PS' : Et grâce à ces retrouvailles vous avez échappé à un billet un tantinet moins léger sur les morts de Normandie.

PS" : Et merci à Jean-Marc qui me fait suivre ce lien grâce auquel je sais désormais que j'ai avec la reine d'Angleterre un point commun et que j'ai donc une alliée pour sortir ce charmant apéro de l'oubli ;-)