California dreamin'


    C'est en lisant ce billet de Fanny Chiarello, et en me remémorant une conversation avec ma petite sœur, qu'il m'est revenu une pensée délicieuse, à savoir que quoi qu'il advienne par la suite et même si j'ai eu mon lot de furieuses difficultés, toutes en mode, quelque chose survient et il convient de faire face, j'aurais eu une vie assez formidable en terme de rêves pas même faits mais réalisés.

Entre autre (il faudra que j'y pense un jour calme), le "rêve" californien. D'où je viens et à l'époque d'avant l'internet où je suis  née, prendre l'avion était un truc de riches, pour nous inenvisageable, et la Californie c'était un truc de dans les films américains, pas en pour de vrai. Ou pour les gens d'un autre monde. Sans doute du fait de ma santé fragile et de nos difficultés quotidiennes, je ne les enviais même pas, j'essayais de bien survivre dans mon petit monde à moi, puisque tel était mon lot. Ça n'était pas non plus de la résignation, mais une force toute féminine de type : voilà notre situation, voilà les choses à faire et mon défi c'est d'y parvenir malgré tout.
Donc la Californie était pour moi un lieu imaginaire, une sorte de Cinecittà d'au loin là-bas.

Et puis un beau jour, une grande amie qui avait émigré, et que j'aime beaucoup même si la vie nous a malgré nous éloignées, nous y a invités mon amoureux et moi. Nous attendions notre premier enfant et j'ai immédiatement pigé que ça serait avant sa naissance ou jamais. Alors hop. J'ai fait un gros trou dans notre compte en banque pour payer l'avion en mode confortable (un vol Air France sans changements) et des cadeaux pour la famille qui si généreusement nous accueillait, et voilà.

Ce ne furent qu'une quinzaine de jours et la grossesse ne m'épargnait pas. Mais nous fûmes heureux et heureux de retrouver les amis et ce temps de joie m'a aidé énormément par la suite, j'y retournais mentalement chaque fois que les coups durs s'enchaînaient. Je me disais, j'ai reçu en cadeau, grâce à des personnes généreuses quelque chose que je n'imaginais pas même possible pour moi.

Dans le même ordre d'idées il y aura eu la chorale qui m'a permis de chanter au Zénith et dans un stade pour Johnny. Ma seule ambition avait été de chanter, malgré une gorge souvent enrouée. Et voilà qu'à chanter je tombais moins malade et que cette opportunité s'était présentée. C'est une expérience qui a changé ma vie, par la suite, je ne me suis plus laissée faire de me résigner à une vie grise, le gagne pain, les trajets, et rentrer le soir lessivée (1) ; et j'ai pu prendre quelques bonnes décisions. Faire de belles rencontres.

Et aussi le comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun, pour lequel je me suis donnée à fond et qui restera en ma mémoire comme le moment de ma vie où j'aurais été utile à une cause collective et qui s'est finie bien. Je l'ai payé cher dans ma petite vie, car les petites gens paient souvent cher leurs engagements et n'ont pas de filets de protection pour la suite, ils sortent des limites que la société leur avait imposée et quand ça se termine ont perdu la petite place de survie qu'ils y avaient. Seulement je n'ai jamais regretté de m'y être lancée de toutes mes forces.

Il y a eu bien d'autres choses. À part le cyclo-cross, je me suis essayée à tout ce qui me semblait me convenir, ou représenter pour moi un défi sportif insurmontable (il m'en reste sous la semelle côté course à pied et triathlon, des aventures à essayer tant que me l'autorise ma santé). La danse en faisait partie. Animer une émission de radio aussi.

La moi de douze ans, si on lui avait dit, Quand tu seras grande, tu feras ça et ça, elle ne l'aurait juste pas cru. Elle n'imaginait rien d'autre qu'une vie de labeur, peut-être d'un certain niveau (de 13 à 19 ans je voulais faire de la recherche en physique nucléaire et quantique, j'avais eu une sorte de bouffée de vocation), mais dans le travail à fond, et rien d'autre.

Je comprends donc très chaleureusement ce que veut dire Fanny dans son billet. Parfois la vie nous accorde un truc qu'enfant on n'osait pas trop pour soi-même imaginer. Ou alors en rêve. Et ça donne une force formidable pour la suite.

 

(1) Ce que pourtant je fais actuellement seulement c'est dans le but déterminé de tenter de sauver une retraite qui serait éthique si je n'effectuais pas cet ultime effort. Et c'est aussi pour ma fille.


dans l'air du temps (les mots abîmés qui sont)

    

Capture d’écran 2022-12-10 à 21.06.01    Une question de Nordy sur Twitter a permis de créer dans les réponses une sorte de catalogue des mots qui sont soit directement laids (tout ce vocabulaire entrepreneurial, par exemple) soit étaient beaux mais se sont faits abîmer parce qu'ils ont été pourris par les usages managériaux ou politiques (bienveillance, humanisme ...).

Au passage, j'ai appris un mot nouveau (pour moi), moraline qui, si j'ai bien compris, a à avoir avec Nietzsche et la moral judéo-chrétienne.

Capture d’écran 2022-12-10 à 21.00.41


La deux chevaux de Dallas


  Capture d’écran 2022-12-09 à 23.28.27  C'est chez l'ami Olivier, au cours de son voyage virtuel du jour, une deux chevaux jaune à Dallas.
Par curiosité j'y suis à mon tour allée voir : elle y était en avril 2022 mais aussi lors des passages de la google car en 2019 et 2018.

Capture d’écran 2022-12-09 à 23.29.26 Capture d’écran 2022-12-09 à 23.29.26En revanche en 2008, en ce même endroit il n'y avait rien, et le petit bâtiment sans étage semblait n'avoir pas le même usage.

Ces bribes de voyages virtuels, à la fin de journées, de semaines de travail qui m'ont épuisée me font un bien fou. Merci Olivier. 
(j'en faisais avant, mais lui à l'art de la régularité et aussi de dénicher des petits trésors du quotidien)


Au revoir l'Astrée


    C'était ce soir la fête de fin de l'Astrée, parce qu'il était hors de question de partir sans s'accorder un dernier au revoir et c'était bien tout le monde était là ou presque, même celui qui vit à Vierzon.

Manquait Honoré, irrémédiablement mais même sans nous le dire nous pensions si fort à lui qu'il était là un peu, aussi.

Claude, trop fatiguée, n'avait pu venir, et deux autres vieux amis qui vivent trop loin alors nous nous sommes causés en direct par téléfonini interposés.

Et c'était plutôt joyeux, dans l'ensemble au lieu d'être triste, des retrouvailles après deux années de presque pas, et des retrouvailles avant que le lieu ne puisse plus devenir lieu d'accueil.

Finir une entreprise est un sacré boulot.

Je suis très reconnaissante à Michèle et Alain de nous avoir rechauffé le cœur pendant tant d'années et offerts tant de soirées mémorables et entre nous de belles amitiés. Je suis très reconnaissante envers celles qui ont été à l'initiative de cette soirée surprise, qui nous ont permis de nous revoir et de dire proprement au revoir. 
Et merci.


Triathlon Deauville avec Levallois triathlon

Images collectives / montage par une de mes camarades de club, afin de garder un souvenir heureux d'un week-end sans triathlon pour moi et les autres du dimanche matin (DO750 annulé pour cause de tempête la veille au soir qui a en quelques minutes tout emporté)

 
 
 
 
 
 
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Une admiration

Un de mes anciens camarades de club de triathlon est à présent de niveau international en duathlon. 

Il y avait un championnat du monde ce week-end en Roumanie.

Je l'ai regardé aujourd'hui, en différé, parce qu'hier je travaillais. 

Capture d’écran 2022-06-12 à 16.09.08 Capture d’écran 2022-06-12 à 16.09.08

Quand on aime le sport, c'est absolument formidable de voir les amis se rapprocher du maximum de leurs capacités.
Ça donne de la force. Et je leur en suis reconnaissant.

Il se trouve que cette compétition avait lieu sur un circuit automobile et que ça donnait un résultat visuel fascinant - grands espaces vides, des grilles, pas de spectateurs -.


Sophie Calle au musée d'Orsay après y avoir squatté l'hôtel vide


    Il est bien tard pour écrire et je suis trop fatiguée, mais je tenais à prendre note de combien j'ai apprécié l'exposition de Sophie Calle au musée d'Orsay sur cette chambre 501 qu'elle squatta en journée alors que les travaux de transformation dans le bâtiment commençaient.

J'ai apprécié de pouvoir revoir ce musée (et le tableau des ravaudeurs de parquet), et retourner voir une exposition pour la première fois depuis la pandémie (et même avant car mes contrats successifs d'alors ne m'en avaient guère laissé le temps)). J'ai aimé aussi recroiser des touristes, le méli-mélo des langues, leur air enthousiastes et contents d'être là (ou las aussi, d'ailleurs).

Pas mal de gens, malgré l'absence d'obligation, persistent à rester masqués. J'en fais partie.


Ça me rappelle Daphnée

Capture d’écran 2022-05-29 à 23.44.07

À un moment de la journée je vois cette image publiée par Matoo sur son compte Instagram, et je songe instantanément à Daphnée du Maurier sans trop savoir pourquoi. 
Sa réaction me pousse à effectuer une recherche - vive les dimanche où l'on est libre de son temps - et à présent je sais pour quelle raison : 

La source est ici
(Les Cornouailles de Daphnée du Maurier).

et je comprends que mon cerveau leur ait trouvé un air de famille, même s'il manque côté breton un bâtiment en bas à droite d'ampleur.


Ferryside_barnacleand_birdphotography

Sinon moment d'amusement : les enfants et moi nous sommes rendus compte que nous regardions le même événement, Le Big 9 et qui consistait en des courses à pieds par équipe en plusieurs round. Je regardais via les sportifs (Baptistes Cartieaux et Lucas Vivin) et les enfants pour les streamers. 

Au passage j'ai pu constater que mon temps de course, ni ma foulée, ne serait ridicules si j'étais une streameuse. À force de fréquenter des athlètes presque pro et des triathlètes, je finis par me sous-estimer. Le fait est que je suis la plus lente des femmes qui à mon âge n'ont pas renoncé à s'entraîner. Ce qui me met pas si mal par rapport à l'ensemble de la population. Merci aux streamers qui m'ont permis de le constater (certaines et certains sont très forts, cela dit et qui étaient sportifs avant de se consacrer aux jeux en ligne).


La notion du temps

 

    C'est Dr Caso dans ce billet en passant qui écrit "J'ai perdu la notion du temps avec la pandémie et je ne l'ai jamais retrouvée". Je m'aperçois que tel est mon cas. Tout ce qui est avant semble d'une époque très ancienne. Tout ce qui a lieu depuis ses débuts entre dans la catégorie "hier" même si comme cela fait plus de deux ans que cela dure, c'est un hier qui peut avoir deux ans.

Par ailleurs ce qui est survenu à des dates plus ancienne me semble éloigné calendairement de façon stupéfiante. Pas un jour sans que je recompte une durée sur mes doigts, tellement le calcul mental automatique qui s'effectuait à l'évocation de tel événement datant de telle date me donne un résultat qui me paraît improbable. 

Dans le même temps, dès que je me penche en pensées sur ce qui est advenu pendant toutes ces années, j'y vois de quoi en avoir occupé le double, ça n'est vraiment pas une sensation de "qu'est-ce que j'ai bien pu faire de tout ce temps", c'est plutôt "Wow, pas étonnant que je sois fatiguée, comment suis-je parvenue à faire (face à) tant de choses". C'est leur nombre qui me sidère, comme un footballeur à qui on annoncerait un cumul de buts marqués faramineux depuis le début de sa carrière alors qu'il n'a jamais pris la peine de les dénombrer.

Le fait que les 3/4 du temps je n'en suis pas maître puisque soumise à des obligations salariales, ou par choix embringuée dans des événements (sportifs à présent, musicaux il fut un temps, culturels quand j'étais libraire) avec horaires et préparations, accroît ma perte de repères. J'espère parvenir un jour à une retraite, qu'elle dure des années avec assez de santé et que je puisse enfin retrouver la notion du temps - je ne doute pas que revenue à mon propre rythme, je la retrouve, paisiblement -. 


Le travail de Florence Aubenas

 

    Alors que je suis en train de préparer ma transmission aux enfants, car la soixantaine approche et que j'aimerais achever mon tour de piste en cette petite planète en étant rassurée sur leur sort (1), je constate que s'il y a une chose et une seule pour laquelle je suis fière de mon passage - à part différentes réalisations à titre personnelle, réussir à passer outre différents petits handicaps que j'avais, ne pas contribuer à la mocheté du monde, ne pas nuire à autrui (ou le moins possible, car on ne sait pas tout) - c'est d'avoir participé en 2005 corps et âme au comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun.

Depuis, j'ai admiré et savouré son travail, en étant si heureuse qu'elle puisse le poursuivre comme elle le fait. Infini respect.

Aujourd'hui je suis un podcast du journal Le Soir où elle est interviewée entre deux déplacements en Ukraine, et quelques articles (2). À lire ses propos, le moral remonte.

"Trump, Bolsonaro, la montée du Front national ont été de grandes surprises. Très clairement, on a des angles morts effrayants ! Il y a des choses qui nous sont invisibles. Il faut aller chercher, aller écouter. Parfois on a du mal à trouver notre place, à aller chercher où se nichent les frayeurs, les colères, les doutes."

Merci à Carl Vanwelde d'avoir par ce billet attiré mon attention sur leur publication.


(1) Autant que faire ce peut car le contexte pandémie + guerre + dérèglement climatique n'est pas bougrement porteur d'espérances.
(2) Pardon s'ils sont réservés aux abonné·e·s.