Voilà, c'est fait (marathon réussi)

 

    Deuxième tentative, première réussite, même si je suis déçue par mon temps, puisqu'à partir du 29ème km j'ai alterné marche et course.

Pour autant : tout s'est passé pour le mieux, zéro moment de doutes (Je savais qu'au pire en marchant je terminerai), une orga parfaite et ma petite orga personnelle au sein de la grande orga réussie aussi : les ravitos, l'hydratation, les pauses pipi (1).
La météo était absolument idéale : ni trop chaud, ni trop froid, pas de pluie, du gris et un peu de soleil, exactement ce qu'il fallait. Une petite brise pas de grand vent.

L'ambiance était bonne même si j'ai été bousculée plusieurs fois par des hommes déboulant de l'arrière (donc sans que je puisse les esquiver) : soit ils me voyaient plus fine que je ne l'étais soit ils s'estimaient moins gros qu'ils ne le sont en réalité. Et une meneuse d'allure au départ, probablement peu habituée à porter une flèche (appelons ça comme ça) a eu de derrière moi un mouvement pour se pencher (comme pour renouer un lacet), manquant de très peu de me cogner avec la hampe de l'étendard. Ç'eût été un DNF peu banal : assommée par une meneuse d'allure peu après le départ.

Je me suis régalée de Paris, Paris de long en large, d'un Bois à l'autre.
La seule ombre au tableau aura été des flashs de lumière, vers le 29ème km dans un des tunnels des voies sur berges, alors que je commençais à ressentir la fatigue, l'animation qui dans ce tunnel était constituée de flashs lumineux et forte techno a failli me mettre à terre et à partir de là, craignant la défaillance je n'ai plus oser forcer et me suis contentée d'alterner marche et course.

Big up à Corentin de la bande à Cerno qui était sur le bord de la route comme un miracle, juste après et qui, trottinant un temps à mes côtés m'a aidée à repartir.

Note pour une prochaine fois : effectuer un premier semi moins conservateur, me munir de lunettes de soleil pour me protéger des flashs tunnels, sauter un ravito sur deux pour le solide - Je me sentais un peu gavée de bananes sur la fin - et éviter les stands boissons électrolytes : en boire m'a juste ... assoiffée.

Et puis je sais désormais que je peux compter sur moi, sauf défaillance inattendue, jusqu'à 30 kilomètres, que c'est une distance qu'en allant à mon rythme je parcours désormais sans avoir à trop puiser. 

Je sais également qu'en alternant marche et course je peux parcourir 50 km dans une journée (2). Ce qui signifie qu'en six jours je serais capable de rallier #MaNormandie. Cette pensée me rassure : sans transports, sans matériel particulier, seulement de l'eau et quelques vivres, ça pourrait être envisageable.
Parfois je me demande si je ne me suis pas lancée dans le triathlon afin d'être capable de fuir ou rejoindre. L'air sombre des temps gagne même le sport.

En attendant, c'est bon, je suis marathonienne.
Achievement unlocked.
Et grand merci @Tarquine, @mgzallp et à Pablo the runner, qui m'avaient montré la voie quand je la pensais inaccessible pour moi. 

PS : Last but not least, non seulement terminé sans problème mais en une soirée, les douleurs aux jambes avaient disparu, dès le mardi soir dans l'absolu j'aurais pu recourir (bon OK j'avais eu le lundi une séance de kiné, grand merci au praticien efficace), et ne restait que la fatigue générale à écluser.

(1) Le marathon de Paris est nickel équipé niveaux toilettes partout. Pas d'angoisses à avoir de ce côté-là.
(2) J'en ai fait 48 en comptant les trajets pour me rendre du domicile au départ et de l'arrivée au domicile. J'aurais pu sans problèmes continuer à marcher.


Un vélotaf de retour absolument somptueux

                Un peu triste du passage à l'heure d'été, qui accroît ma fatigue, j'ai décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur et d'en profiter pour m'accorder, puisqu'il faisait jour, un vélotaf de retour dont les touristes rêveraient. J'en ai croisé d'ailleurs bien plus qu'en temps normal.

Pour la première fois, j'ai prêté attention aux noms des grands scientifiques d'antan qui étaient inscrits sur la Tour Eiffel vers le premier étage : Lavoisier, Chaptal, Dulong ...

Seul bémol, deux à trois passages peu fréquentables pour les vélos, du moins de façon raisonnablement sûre. Alors j'ai dû jouer les super-piétons, ce qui est le plus sûr mais coupe bien l'élan.

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Un petit bonheur supplémentaire eut lieu alors que j'arrivais et que les lumières de l'éclairage urbain se sont enclenchées à ce moment précis. Comme un salut.

À part ça, ce que les photos n'indiquent pas, c'est qu'il faisait frisquet (un peu moins de 10°c).


Billet pour dames (les hommes sont paraît-ils moins concernés)


    Je devais aujourd'hui passer une osthéodensitométrie de contrôle, conseillée par mon médecin traitant.
C'était simplement parce que je suis ménopausée depuis environ huit ans. La ménopause qui reste pour moi un mystère dans la mesure où je n'en ai éprouvé aucun symptôme, et suis au contraire beaucoup plus en forme depuis.

D'où ma stupéfaction à la question qui est souvent posée aux dames de mon âge lors de rendez-vous médicaux : - Prenez-vous un traitement contre les effets de la ménopause ?

À laquelle j'ai envie de répondre Ah mais surtout pas, je me sens beaucoup mieux !
Bref, mystère.

Et voilà que l'examen révèle une densité osseuse de 30 ans de moins que moi. 
Vous pratiquez une activité physique ? me demande la radiologue 
Ben oui, du triathlon.
Ah (j'ai adoré ce Ah en mode Tout s'explique !) alors continuez ça vous réussit bien.

Les filles, faites du sport ! 



PS : L'alimentation joue peut-être un rôle, et c'est vrai que je suis assez consommatrice de produits laitiers, même si j'ai mauvaise conscience depuis qu'un dialogue au coin d'un film m'a appris que bien des fromages, en particulier français devaient leur fabrication à l'utilisation de la présure animale que l'on trouve entre autre dans la caillette de veau. Je crois que les fromages traditionnels seront l'élément de l'alimentation d'antan dont j'aurais le plus de mal à me passer, si je vis assez vieille pour que nos pratiques polluantes et prédatrices aient été bannies entre temps (1).
De toutes façons, d'ici quelques temps l'enjeu pourrait être déjà simplement d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent. 
On survivra comme on pourra.

(1) Je pense que le bannissement se fera de façon capitaliste plus que militante : les produits deviendront hors de prix, leur production restreinte. Seuls les ultra-riches pourront continuer à manger d'anciens plats, et encore pas tous car certains mettront un point d'honneur à consommer les eux aussi très chers produits de substitution, aux goûts voisins des goûts d'antan.


Fêter Noël

 

    Pour des raisons de disponibilité des uns et des autres, grippe, et colocation où l'on évite d'encombrer les colocataires avec ses vieux parents, nous avons fêté Noël ce soir, chez le Fiston.
Et à part d'avoir à se dire qu'il ne fallait pas s'attarder car il y avait boulot le lendemain, qu'est-ce que c'était bien !

En plus que Le Fiston étant doté du même #MauvaisEsprit que moi, il a tendance à viser juste lorsqu'il me fait des cadeaux, c'est un bonheur.


Films des années 80


    Sans l'avoir vraiment recherché, j'ai revu récemment deux films du tout début des années 80, que j'avais je pense revus une fois dans l'intervalle.

Il s'agit de "Diva" et de "Le père Noël est une ordure". Il y a un plaisir qui n'y était jadis pas, de revoir les extérieurs de l'époque. J'étais à un âge qui m'équipait d'une impression de Maintenant c'est comme ça, sans imagination d'un moment où les modes de vie et modèles de voiture seraient radicalement différents.
J'aime bien revoir le Paris tel que mon cerveau l'avait estampillé d'immuable.

Et il y a un étonnement. Si ma mémoire de certaines scènes et dialogues est restée parfaitement fidèle à l'œuvre d'origine, dans les deux cas il y a un grand pan de l'histoire qui était totalement passé aux oubliettes.

Pour Diva, toute la partie de l'intrigue concernant la cassette de confession qui peut compromettre le commissaire ripoux.
Pour Le père Noël, toute la partie concernant le réparateur d'ascenseur et la scène pourtant assez longue, au zoo de Vincennes.

Ce qui est drôle c'est que dans les deux cas, le cut opéré par ma mémoire laisse un film cohérent : un peu comme si mon cerveau faisait impeccablement le taf de raccourcir l'œuvre pour qu'elle soit conforme à une durée souhaitée.

Et si ça tombe, "ma" version serait mieux, sans pesanteur dans un cas, et moins violente dans les deux.
On en fait toujours trop.

(Après, s'il faut attendre 40 ans (?!!!!?) de décantation mémorielle pour obtenir l'œuvre parfaite, on n'est pas rendus)

 


La reprise des courses


    C'était la première course en réel à laquelle nous participions depuis février 2020 et le Maxi Trail de Bouffémont. 
J'avais oublié ces moments de bon petit bonheur dans l'effort. Le seul enjeu pour moi est ... de faire mieux que moi : entre l'âge qui ne pèse pour l'instant pas trop mais dont il faut tenir compte (1) et la thalassémie, même si je m'entraînais à plein temps je ne pourrais prétendre aux meilleures places. 

J'avais oublié l'effet stimulant de la joie collective, même si je savais toujours son existence.

Bref, tout ça nous a fait infiniment de bien, nous laisse entrevoir une fin de pandémie possible, un jour, peut-être au printemps.

Pour parachever le bonheur de cette journée, une splendide victoire de Julian Alaphilippe aux mondiaux de cyclisme sur route hommes, avec la joie quand la victoire va à quelqu'un qui semble le mériter si fort.

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242909867_10226713308001650_1706150435222589748_nCrédit Photo : Marco Sauviat, grand merci à lui et aux camarades du club venus encourager et qui en plus pour plusieurs d'entre elles et eux s'alignaient ensuite sur le 5 km.

 

 

(1) au niveau du rythme cardiaque notamment. Et de la récupération, pour l'instant principal domaine où "C'est plus comme avant".


Be careful please

Jakob Ingebrigtsen's european record à Liévin

 

 

Comme souvent The runner fait une analyse fort juste de la situation. Je crois que tout en étant estomaqués mais pas si surpris - ça fait des années qu'on le suit ce garçon, et sa fratrie (1) -, connaissant les cycles de performances optimales des athlètes de haut niveau chez lesquels tout tient de l'ordre du réglage très fin, nous nous inquiétons pour lui d'un début de saison à ce point en fanfare.

Peut-être qu'effectivement on peut mettre cette ultra-performance sur le compte de son jeune âge et de sa frustration de ne pas avoir eu assez de compétitions en 2020 et de subir tant d'incertitudes pour 2021. Il n'empêche, be careful, please, man.

Cela dit, quelle perfection dans la foulée. Si l'athlétisme comportait une note comme en gymnastique, il aurait The perfect ten, comme Nadia Comaneci à Montréal. 

 

(1) Ingrid promet beaucoup. Si aucun problème de santé ne survient, elle fera des étincelles. 


Chroniques du confinement jour 62 : Les pieds dans l'eau ! (comme une victoire)

Déconfinement officiel 1 jour 7

Alors un peu de sport : courir jusqu'à la barrière 4 et noter que ça fait 7 km. Comme nous ne nous étions pas levés si tôt que ça, la fin de matinée est arrivée très vite après. 

Il faisait un temps merveilleux. Longtemps plus tard on se rappellera ça, du moins si l'on y survit : pendant l'épidémie de #Covid_19 il faisait beau presque tout le temps, et puis sinon un peu de vent et à Paris un gros orage, très ponctuellement. 

Après la sieste, comme j'avais lu sur le site de La Haye du Puits que les plages de la communauté de communes de La Haye avait réouvert au public, nous sommes allés à Surville. Il n'y avait presque personne et nous avons marché un bon moment. J'avais prévu le coup : j'étais en short et sandales que j'ai ôtées pour pouvoir marcher les pieds dans l'eau et alors c'était une solide bouffée de bonheur d'être arrivée jusque-là - même s'il y a une frustration de la non-baignade, d'autant plus qu'en arrivant nous avions croisé quelqu'un qui en sortait (avec combi) -. 
Je me sentais heureuse comme on peut l'être grand enfant : capable de ressentir les choses en les analysant mais pas encore bouffé par les désirs qui compliquent plus tard les choses, ni en charge mentale de lourdes responsabilités (du moins quand tout va bien). Après tout ça correspond à ma situation actuelle, puisque j'ai la chance d'être entre deux boulots, et que je suis suffisamment âgée pour que le corps désormais me laisse en paix - une paix heureuse puisque de la tendresse y est -. 

C'était comme une victoire d'avoir tenu le coup jusque là. 

Restait que ce bonheur parfait était enchassé dans un malheur collectif immense. Pour une fois je suis parvenue à me dire que n'y pouvant rien et ayant fait de mon mieux pour avertir les autres d'informations qui n'étaient alors pas suffisamment partager, je pouvais peut-être m'autoriser le temps de quelques kilomètres de marche à pied, à n'y plus tant penser. Il faut bien qu'il y ait quelques compensations au fait de n'avoir ni forte fortune ni pouvoir, ni même responsabilités agissantes potentielles. 

La sieste avait été tardive car la taille de la haie côté rue nous avait occupés entre 12h et 14h (un peu moins en fait). Très volontairement effectuée un dimanche, jour de moindre circulation. Un piéton peut désormais normalement passer. Reste le risque car le trottoir, haie ou pas, est étroit, qu'un fou du volant frôle quelqu'un et le mette en danger. 

En fin de soirée un brin de tracas pour Le Fiston qu'une tique a piqué m'aura accaparée un moment (j'essayais de retrouver une photo vue sur la TL de Doc Arnica pour identifier un érythème migrant et par ailleurs de lui envoyer quelques liens). Il semblait avoir fait ce qu'il fallait. 
Je n'ai alors pas suivi les infos italiennes ni même écrit directement ici (rattrapage ultérieur), car le sommeil déboulait. Il faut dire qu'il était quand même 0:45.

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
(pas eu le temps de noter les comptage de cette journée)


Chroniques du confinement jour 45 : préparer l'après et tenter de se ménager un long week-end calme


    C'est jour de sport : le legal short morning run du matin à 8h, ce qui fait que nous n'avons croisé qu'un homme pressé et l'homme au petit chien blanc, avec pour moi à nouveau une séance Moneghetti, c'est à présent bien au point pour moi (1), le défi abdos - squats - pompes (35 - 25 -15 ; ça commence à devenir rude pour les abdos) et au soir une belle séance de Tabata orientée abdos, sans défi (j'aime autant) et que nous sommes parvenus à suivre entièrement. Même si certains mouvements pour moi faisaient mal aux poignets (2). Ça fait un bien fou, la famille Pourrat met une bonne ambiance et Romain est bon pédagogue, pratiquant l'humour, la bienveillance (3) et les encouragements.

La matinée est sérieuse : j'envoie les quelques messages destinés à préparer l'Après, avertis que je ne rentrerai a priori pas avant le 8 juin, garde le contact pour mon petit projet atrebate, renonce aux emplois que j'avais eu en vue, mais qui risquaient de ne pas pouvoir se concrétiser, tandis que j'en ai un prévu qui se voit confirmé sauf à ce que l'épidémie vire encore plus à la catastrophe ou que j'y laisse à mon tour la santé. Et présente une part de défi, de relance, de nouveauté, qui me plaît. 

Beaucoup de personnes poussent à déconfiner, désormais, y compris certaines qui ne sont pas dans l'urgence économique directe. Je crois qu'une partie de ça vient d'une obscure croyance - ni plus ni moins rationnelle que celle qui me tient selon laquelle le virus devrait être moins meurtrier une fois atteint l'été (intellectuellement je sais que c'est faux, des pays chauds sont en pleine pandémie eux aussi ; mais mon cerveau est conditionné par les grippes, gros rhumes et autres angines dont j'ai souffert au fil des années) - qu'ils ont que Non, pas eux, qu'en faisant bien attention, ou par un effort de leur volonté ou que sais-je, ils passeront à côté. Un peu la même chose que : d'accord j'ai bien compris qu'il fallait rester chez soi, mais bon quand même, si on prend l'apéro avec Jean-Mi, ça ne peut pas faire de mal (variante : oui mais il faut que je voie mes parents). 
À l'autre bout du spectre de pensées, je sais avec calme et lucidité que la contagion peut toucher n'importe qui et que les ravages que fera ou non la maladie n'ont rien à voir avec qui l'on était. Tout au plus y a-t-il des facteurs aggravants (de co-morbidité comme disent les soignants), et tout au plus quelqu'un qui a un fort statut social peut espérer en retirer quelque avantage en cas d'embouteillage et de places de soins intensifs limitées. Mais c'est tout. Quelqu'un peut ne prendre aucune précautions et n'être pas atteint, quelqu'un d'autre l'être sans savoir par quel biais. Il y a seulement des pourcentages de risques plus ou moins élevés. Et cette éternelle condition nécessaire mais pas suffisante : il est presque certain qu'une conduite à risque mènera à tomber malade. Mais une conduite de toute prudence ne garantit en rien de ne l'être pas. 

S'y ajoute que bien des gens refusent de voir leur aliénation à la société telle qu'elle est. Ils réclament la levée des confinements comme s'ils étaient une atteinte à leur liberté. C'est simplement une limitation temporaire de leur opportunité de jouer leur rôle social habituel. Lequel pour beaucoup d'entre eux, n'est que de faire le pantin pour d'autres qui tirent les ficelles. 
Je ne suis pas riche, n'ai su devenir ni artiste reconnue, ni cheffe d'entreprise, je dois donc louer mon temps, et ma force de travail, pour gagner ma subsistance. Enfant et adolescente puis étudiante, je devais suivre les rythmes scolaires, même si c'était pour mon bien, une contrainte qui ferait de moins un bon futur pantin mais me permettait et m'a permis d'avoir accès aux savoirs. Jamais de ma vie je n'ai été aussi libre qu'en ce moment. Certes pas géographiquement. Mais pour la première fois je dispose de mon temps sur un nombre consécutif de journées conséquent. Jamais de ma vie je n'ai été aussi efficace dans ce que j'avais à faire et pour autant aussi peu fatiguée : ce que c'est que d'avoir le choix du rythme, des tâches et de leur organisation.
Il est évident que je n'en dirais pas autant si j'étais astreinte au télétravail ; d'autant plus que pour une partie d'entre les personnes concernées, notamment les enseignants ou ceux dont les employeurs par panique d'absence de contrôle direct possible en rajoutent, il est harassant.  

 Sur l'un des blogs de Médiapart, je lis "De moindre mal en moindre mal" qui relate comment une vieille dame s'est trouvée séparée de son mari, coupée d'avoir même des nouvelles de lui du fait qu'il était en Ehpad et tombé malade. Ce qui est particulièrement intéressant c'est la description d'une descente aux enfers par petites étapes, jusqu'au moment où tout est fini ; avec justice rendue aux différentes personnes qui auront tenté à leur niveau d'humaniser les choses mais les unes après les autres, dépassées - dont une des soignantes qui prenait sur elle de faire le lien, mais ne le peut plus, une fois tombée malade à son tour -. 

Il y a aussi ce texte de Fatoumata Sissi Ngom : "Quand le coronavirus entrera dans le champ de nos souvenirs", impressionnant de lucidité - concernant l'Afrique, et toute l'humanité -.

À mesure qu'en France le déconfinement se rapproche, avec cette date du 11 mai choisie pour des critères qui ne sont pas ou fort peu liés à l'évolution de l'épidémie, on voit à quel point tout cela n'a pas été vraiment pensé. Les questions fusent. Les gens de bonne volonté ne savent pas à quels saints se vouer. En Italie c'est le bazar aussi mais de façon plus logique : le gouvernement suit une ligne  1/ la santé d'abord 2/ tenter de sauver économiquement ce qui peut l'être et propose des mesures qui ne sont pas sans cohérence. Les régions et l'opposition et tous les gens qui sont dans des situations financières difficiles protestent, agissent, ne respectent pas. Le bazar vient des difficultés financières et de la vivacité de la démocratie. En France le bazar vient de l'incompétence gouvernementale et d'une assez faible capacité d'obéissance des gens (ainsi que des difficultés aussi, d'accord). 
Si j'étais parent d'enfants d'âge scolaire, je serais très paniquée à l'idée de les remettre à l'école dès maintenant sauf à ce que dans la famille nous ayons déjà tous été malades puis guéris. 

Beaucoup d'amis, surtout en région parisienne où le déconfinement n'est pratiquement pas possible dans des conditions de sécurité sanitaire minimales, souhaitent poursuivre en télétravail. C'est intéressant de constater qu'il y eut une époque où l'on a regroupé les gens dans des bureaux, certes parce que ça permettait de contrôler leur travail et garder tout pouvoir mais aussi pour qu'étant dans de meilleures conditions de travail que sur un coin de table chez eux, ils soient plus (+) productifs. Puis est venu le temps des open space, dont presque tout le monde se plaint pour se qui est de bosser bien, celui aussi des entreprises où les personnes n'ont pas vraiment d'emplacements fixe. Voilà qu'on en est revenu au point de départ : sauf à avoir un minot à surveiller en même temps la plupart des salariés du tertiaire est mieux installée chez elle pour bosser que dans l'entreprise et s'y trouve plus efficace. Et préférerait donc, toute fatigue des transports épargnée, choisir de rester chez elle pour bosser.

Moment amusant et un peu troublant : deux anciens collègues et amis dont j'avais rêvé vers le matin, ce qui n'est pas habituel - en gros on bossait ensemble comme au "bon vieux temps" (je mets des guillemets parce qu'en dehors du fait de bosser ensemble et qu'on s'entendait bien il n'était pas si bon que ça, ce temps-là) - m'ont donné de leurs nouvelles alors que ça n'est pas si fréquent. L'un d'eux m'annonçait qu'il était officiellement en retraite alors qu'en théorie c'était prévu dans quelques mois ; seulement voilà, risques pour sa santé, et s'était compliqué de lui organiser du télétravail, la grande entreprise qui l'emploie a préféré lui payer les quelques mois sans obligation de travail effectif et voilà. Pour lui, l'épidémie, à condition de n'en être pas victime, aura été un bienfait. Je le note car je ne me lasse pas des à-côtés qui surprennent. 

Visiblement les services postaux ont repris, ou du moins tournent moins au ralenti. Et les gens commandent des objets et des denrées sans plus de soucis pour qui est amené à bosser en prenant des risques. Ça se comprend, grosse pression commerciale et les services de livraisons sont disponibles, donc ça pousse à y avoir recours. La date du déconfinement est proche et encore tant de personnes semblent croire que ça rimera avec Bon alors il n'y a plus tant de danger que ça.

Pour ma part sauf nécessité vraiment particulière, pas de commandes avant la mi-juin, voire fin juin. Ni regroupements collectifs.

La nouvelle est tombée en soirée que la piscine de Clichy ne rouvrirait pas avant septembre. Ça me semblait évident. Seulement de la même façon, le gouvernement ayant dit, Le 11 mai la France redémarre, il y a de la part des sportifs de l'incompréhension. Comment ça, retourner au travail, prendre les transports en commun on nous dit C'est bon vous pouvez et il faut y aller, et les activités sportives collectives restent dangereuses ? Où se trouve la vérité ? (question rhétorique, on a tous bien l'impression qu'on nous prend pour des cons).

Il aura fait un temps très beau (à voir) bien tempétueux avec des moments de sombres et d'autres extrêmement lumineux. C'était un bonheur que d'observer ces variations.

J'ai poursuivi avec délectation lecture de "The Beatles tune in" de Mark Lewisohn. Avec un thé. Dans le lit au moment de la sieste. Dans le fauteuil vert ensuite. Tandis que mon co-confiné prenait des paris avec lui-même quant au(x) coupable(s) de l'Agatha Christie qu'il lisait. 

Bonnes nouvelles de notre fille qui nous propose une très louable participation aux frais. Je le note car je pense aux familles, tant pour qui le confinement aura signifié des frais en plus, quand pour d'autres ç'aura été des frais en moins. 
(dans notre cas : plutôt en moins : économie des frais de repas du midi à l'extérieur)

Nous avons regardé la deuxième partie de cette magnifique série de documentaires de Stan Neumann sur Arte : Le temps des ouvriers . C'est un régal. 

Vers 22h un hélicoptère est passé vers l'est, bien proche, bien grondant, inquiétant. En période d'épidémie on se demande toujours s'il ne s'agit pas d'un transport urgent de personne gravement atteinte. 
(en période générale ça me rappelle Genova 2001, même si je n'y étais pas, et ça me fait flipper également) 

Je suis sur Rai News 24 les infos de minuit

Comme j'ai bien bossé au matin et bien avancé mes lectures pour le comité de lecture auquel je participais avant le confinement, je pourrais m'accorder un vrai premier mai non travaillé (y compris travail personnel) et un week-end sans tracas particulier concernant ce qui dépend de moi, ce que j'ai à faire. 

 

(1) 4,44 km et une moyenne entre les intervalles à ma vitesse "vite" et ceux à ma vitesse "semi" de 7'15'' au km. J'aimerais atteindre le 6'30'' sur des 10 km à terme. 
(2) Mes bras sont désormais raisonnablement musclés, seulement mes poignets restent tout petits, j'ai les attaches fines, et arrive un moment où mécaniquement la charge n'est pas répartie sur une surface suffisante, surtout si la pression s'effectue en appui, poignet plié.
(3) Je sais, ce terme est désormais galvaudé mais par quoi le remplacer lorsqu'il s'agit vraiment de ça. 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
3 295 880 cas (dont : 233 411 morts (63 535 aux USA, soit semblerait-il bientôt autant que d'Américaines morts lors de la guerre du Vietnam) et 1 034 773 guéris) 


Chroniques du confinement jour 38 : chaise longue et pas de Tabata

 

    Ça devait être une journée de sport et ça avait commencé comme ça. Seulement la séance de Tabata du soir a été reportée : notre jeune coach doit préparer son avenir  et oui, cette période n'est pas de totale liberté, y compris pour les personnes que leur travail ou ce qu'il reste de leurs études n'obligent pas à n'être pas confinées. La façon dont nous nous sommes sentis brièvement désemparés prouvait à quel point ces séances nous font du bien. Elles structurent clairement une de nos soirées sur deux, la transformant en un moment actif et récréatif qui rompt l'isolement. L'horaire choisi (19h10 à 20h, un peu avant) permet de ne pas engloutir toute la soirée. Et à ceux qui travaillent de rentrer du boulot. 

Dès lors, je suis pour ma part passée en mode, lecture à fond, d'autant plus que l'ouvrage en cours me captive (1) et que j'ai sorti une chaise longue étrangement neuve, venue (aux scotchs qui la maintenaient, toujours présents deux ans après) du déménagement de Taverny. Elle remplaçait avantageusement, car possédant ce dispositif pour reposer les pieds que l'ancienne n'avait pas, celle que le voisin voleur nous avait subtilisée, et dont j'ai encore la nostalgie pour sa toile à rayures vertes, classique et simple. Celle-ci semble moins solide, seulement elle a le mérite d'être là. 

Il aura fait un temps divin toute la journée et j'en ai profité (short et tee-shirt) pour prendre le soleil : le risque de brûler ma peau (déjà un peu amarinée par la course à pied) m'a semblé inférieur à celui de manquer de vitamine D en cette étrange sortie d'hiver. Le troglodyte mignon s'en donnait à cœur joie, les mésanges semblent ne plus craindre ma présence (si je ne fais ni geste brusque ni mouvement de rapprochement), j'étais dans un petit paradis. Lire ainsi au jardin durant la matinée puis en lever de sieste aura été un grand moment qui faisait du bien.

Il en fallait, les nouvelles semi-générales, j'entends par là, celles qui concernent des personnes que je connais mais sont liées à l'actualité (et en l'occurrence, la pandémie de #Covid_19 ), n'étaient pas très bonnes. Après un début de semaine qui vu de ma lorgnette pouvait donner l'illusion que l'épidémie s'était bien tassée, c'est reparti d'apprendre qu'un père vient de mourir, qu'une amie sort à peine de la phase où la maladie met HS (y compris les cas censés être les plus légers ne nécessitants pas hospitalisation) et survit grâce aux bons soins de ses voisins, que la mère d'une amie proche a été testée Covid + (2). Bref, le pire est peut-être passé mais rien n'est résolu. 

Le gouvernement en France semble vraiment dépassé. Tandis qu'en Allemagne Angela Merkel dit les choses clairement, qu'en Belgique une jeune femme, Sophie Wilmès, qui se retrouvait au pouvoir le temps de gérer les affaires courantes, parce que ces messieurs n'étaient pas parvenus à se mettre d'accord, semble faire face correctement, qu'en Nouvelle Zélande, Jacinda Ardern, est en passe de réussir à ce que son pays soit le plus épargné possible, et qu'en Italie le tandem Conte - Mattarella limitent les dégâts en donnant le meilleur d'eux-mêmes (3), en France, on nous ment ouvertement (l'exemple des masques "qui ne servent à rien"), on nous parle comme à des enfants immatures, une porte-parole dit des choses absurdes à répétition, et les ministres donnent l'impression qu'il n'y a aucune concertation. Ainsi le ministre de l'éducation nationale avait annoncé des dispositions pour le déconfinement scolaire annoncé par Président Macron au 11 mai, mais il a été démenti aujourd'hui par le premier ministre en mode On se calme ce ne sont que des hypothèses de travail.
À différents échanges au fil de la journée je me rends compte qu'alors que le confinement est en place depuis plus d'un mois, les personnes de bonnes volontés qui souhaitent le respecter sont encore perplexes quant à ce qui est ou non autorisé. Il faut dire que selon les localités et les contrôleurs des interprétations fort différentes semblent en être faites. 

Bref, ce pays devra probablement faire face à une sévère deuxième vague tant tout part dans tous les sens. 

Mon T.I.L. (Today I Learned) concerne les vaches : je sais à présent, grâce à Antoine Thibault,  ce que sont ces sortes de cloches qui n'en sont plus, autour de leur cou. 

Capture d’écran 2020-04-23 à 19.55.58

 

Et j'ai aussi compris grâce à lui pourquoi les six vaches du champ derrière le jardin ne sont apparues que tout récemment.  

La fin de journée, j'entends après la sieste, est passée à toute allure encore plus qu'à l'ordinaire. Quelques échanges familiaux, mais qui ne prirent pas tant de temps. Un peu d'observation au jardin, mais pas si longues non plus. 

Soudain il fut 22h30. 
Je crois que j'ai été victime de l'illusion que Oh il n'y a pas de séance de Tabata, j'ai du temps.

Mon bonheur de ce soir, cette conversation matheuse, que je ne suis plus capable de comprendre pleinement mais dont la survenance me ravit. 

 

Comme dab Lt partial et incomplet des infos italiennes sur Rai News 24

 

(1) Toujours "Feu de tout bois" d'Élisabeth Horem à présent à Doha avec quelques voyages et la présence grave de la guerre civile en Syrie.
(2) Même si elle est asymptômatique pour l'instant et peut tout à fait s'en sortir ainsi et en plus immunisée, c'est une forte inquiétude. 
(3) Je ne crois pas que l'on pourra leur reprocher grand-chose, l'Italie a eu du retard à l'allumage et comme la France partait d'une situation hospitalière dégradée, mais ensuite ils ont souqué ferme. Et zéro mépris de leur peuple, des encouragements et de la pédagogie. Des remerciements. 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
2 709 949 cas (dont : 190 098 morts (49 648 aux USA) et 742 255 guéris) 
Ce qui me tracasse c'est que le palier observé en Italie (l'Espagne et la France suivant de peu) s'éternise. Il y a toujours entre 400 et 500 morts par jour. Alors bien sûr, rien à voir avec l'horreur du pic mais doit-on s'habituer à avoir comme ça dans nos pays 400 morts par jour dont soudain nous ou nos proches pouvons faire partie.