Una giornata particolare

 

spéciale dédicace à Florence pour qui ça ne devait pas être évident, ce jour particulier

 

Il y a eu cette profonde mauvaise nouvelle, arrivée dans la nuit, en voir la trace au réveil, s'en douter, le coup de fil du matin qui confirme. Quand on n'est pas directement concernée, si c'est quelqu'un qu'on aime qui l'est, on s'y sent quand même.

 

Il y a du vent, des rafales, de la pluie. Lorsqu'elle se calme c'est une chorale qui profite d'un interstice du programme officiel et enchaîne titres sur titres, alors il faut attendre.

 

Je fais de mon mieux, le livre est un des plus prometteurs de l'année, j'ai froid, le cœur étreint ; des gens malgré le vent sont restés écouter. L'auteure lit fort bien. Et je suis très heureuse d'avoir fait sa connaissance. J'espère que nous nous reverrons.

 

Seul regret : de ne pouvoir s'accorder un peu de temps après. Mais sur le stand c'est non-stop. On a seulement pu partager un verre.

 

Je rêvais d'un vin chaud.

 

Les passants qui viennent remercier le réalisateur pour son film ; j'ai tenté de le faire maladroitement avec mon italien bancal de qui ne va plus assez souvent au pays, car de tous les films vus cet hiver c'est celui qui m'a le plus durablement bouleversée.

 

J'apprends une nouvelle surprenante concernant juillet - à voir -. Trop de dimensions s'affrontent en même temps, je ne parviens plus à passer de l'une à l'autre, mon fils à mon retour m'explique Dr Who et je me dis Y a de ça.

J'apprends un autre truc, plutôt amusant, concernant la réaction intelligente d'une auteure qui attendait.

Il semblerait que les grévistes CGT de la bibliothèque aient joué dans ma vie part tragique le rôle du chœur grec. J'ai corrigé le tir dès qu'on m'a signalé qu'il y avait un problème. Ne sais que penser. Un côté force du destin - fatalité -. Quatre ou cinq heures d'une anomalie et il a fallu que quelqu'un tombe dessus. L'impression de ne pas pouvoir lutter. D'avoir trop souffert pour en plus résister aux vents contraires. Je suis au bord de croire aux dieux de l'Olympe qui règlent leurs propres comptes à travers nos existences de petits humains.

L'argument amical : Si on t'avait fait du bien, ça ne serait pas arrivé. 

Nous parlons longuement de cinéma italien, et finalement moins de brandade de morue (mais c'est un peu dommage) ; Florence n'oublie pas la fontaine penchée.

Des cailloux sur la nappe afin d'empêcher qu'elle ne vole. Des livres posés aussi dans les angles.

Un micro sans pile puis avec une pile, au passage voir le commissariat tout brûlé, bâtiment encore debout, certes, mais ça impressionne. Y reste-t-il la carte d'identité nouvelle qu'un ami devait venir rechercher ? (pire fatalité l'incendie que des grévistes inattendus).

Depuis le vol si absurde de mes clefs, des pastilles pour la gorge et des mouchoirs en papier, je vois des pickpockets partout. Ça n'est pas pour rien dans mon erreur de la veille, vite replier l'ordi, ne pas le laisser sur la table non surveillé.

 

Le cours de danse fut particulièrement fatiguant, notre professeure remarquant immédiatement que j'avais la concentration prise par tout autre chose - les questions, les conditions matérielles de la présentation du livre, malgré le mauvais temps -.

  

Il pleut, il pleut, il pleut tout le temps. Et ce vent. Je range mon chapeau mes cheveux en profitent pour soigner leur indépendance. Renoncer à les discipliner.

  

Je revois un ami un peu perdu au gré de nos trop nombreuses vies. C'est avec lui le cinéma italien aussi.

Un rayon de soleil à l'instant où nous choississons de prendre la parole malgré la-chorale-qui-n'en-finit-pas. Un rayon d'encouragement ?

Je trouve mes questions lourdes, pour certaines un peu bêtes. Difficile ne de pas trop dévoiler pour qui n'a pas encore lu, mais dire assez pour ne pas les rebuter et leur donner envie, sans pour autant trop ennuyer les lecteurs déjà avertis.

 

Il y a ce moment, à la fin de tout, où la fatigue est telle que repartir semble impossible. Mais repartir ensemble, non. Métro. Trois puis deux puis un. Sur l'élan je rejoins mon nord-ouest. N'habiter que là.

  

Je crois que je vais rêver d'une chorale qui ne s'arrête jamais.

  

L'écriture de Jon Kalman Stefànsson me parle à l'âme. J'espère pouvoir relire un passage de son plus récent roman avant de sombrer dans le sommeil. Peut-être qu'alors la chorale chuchoterait. 

 

[billet en vrac et non relu, manque le chauffage]

PS : Pas de photos pour l'instant, ordi saturé.

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Le cinéma des prochaines décennies

 

Vieillir possède, si la souffrance physique ne nous écrase pas, certains charmes très apaisants. En particulier celui de voir les jeunes arriver et se montrer prometteurs, à même de prendre la relève et de faire, quand ils auront atteint leurs capacités maximales et l'expérience qu'il faut, faire des progrès au domaine d'activités humaines qu'ils se seront choisis.

L'existence est parfois sans pitié qui brise dans leur élan les meilleurs (1). Elle peut également et tout soudainement se révéler providentiellement favorable (2). Pour les gars qui ont réalisé ce court-métrage, j'espère que la deuxième option sera au rendez-vous, parce que la grâce y est et semble-t-il aussi la capacité de travail, et de travail d'équipe. Rendez-vous dans une quinzaine d'années, si la planète n'a pas craqué, et puisque ce blog est sérieusement archivé (3), vous pourrez, lecteurs d'aujourd'hui, vous dire que vous aviez déjà entendu parler des jeunes Noé Dannemark, Romain Claes, Nicolas Barriol et Thibault Duvieusart (entre autres, je suis loin de connaître tous les participants à ce projet)

 

 

(1) Je pense en particulier à Matthieu Charter qui avait toutes les qualités pour devenir un réalisateur passionnant. Et puis la maladie ...

(2) Lisez le livre de Caryl Férey "Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale", rarement je n'ai vu si forte illustration du fait que si l'étincelle y est rien ne résiste au travail, que les vents contraintes sont parfois déchaînés et archi-fous, et qu'on n'est jamais non plus tout à fait à l'abri d'un coup de chance.

(3) Pas par mes soins, ce qui est rassurant. Quand tu penses qu'au départ je tenais au côté éphémère et léger.

PS : Et n'oubliez pas que je vous aurais prévenus, par ailleurs mais dans le même ordre d'idées de ces tout jeunes qui possèdent les qualités pour prendre la relève des plus grands, que la jeune Mélusine Mayance pour l'instant principalement connue pour son rôle de Sarah enfant dans "Elle s'appelait Sarah" devrait faire plus tard, à l'instar d'une Jodie Foster, partie de ceux qui compteront pour le cinéma. Puisse-t-elle faire les bons choix.


On a donc fait quelques progrès (à titre musical)

 

En quarante ou cinquante années

 

de ceci : (à 2'58")

(rien à voir mais le rapprochement entre soubrette et fond monétaire international a pris depuis l'an passé un très curieux ... euh ... relief ?)

à cela :  

 

Finalement mon concert de jeudi dernier avec des êtres humains pour tripoter les appareils et pousser la chanson, n'était pas si moderne que ça.


La légende confuse de l'oncle Benito

I can't say when, I just don't know

 

Tout a (re)commencé par un touite de Maître Eolas, que j'ai lu d'abord d'un œil amusé

Image 1

 

 

avant qu'il ne me fasse flipper ma race, car j'ai mauvais esprit : un prénom de fille italien, mais ... Au secours !, Non !, Pas ça !


Une rapide recherche m'a fait comprendre qu'à un u et un i près,  ainsi qu'au soutien du D mon bien-aimé, j'étais sauvée. Je n'ose imaginer l'enfer d'allusions que serait devenue ma vie sinon. Oh putain bordel merde con (1). C'est déjà assez pesant d'être née presque en même temps qu'un président des États-Unis est mort, je n'allais pas en plus porter le même prénom que l'enfant d'un politicien pour lequel j'ai peu d'estime (1bis).

  

Il faut dire qu'à cause de la profonde méconnaissance de ses parents en terme de vie des célébrités un genre d'aventure voisin était arrivée à ma fille, baptisée en toute innocence de la même façon qu'une femme qui se trouva peu après, mais heureusement assez brièvement, sous les feux de la rampe (merci Laeticia). Dès lors un réflexe de type "Ah non, ça va pas recommencer !" était assez compréhensible.

  

Et que cette question des prénoms venait réveiller chez moi un mystérieux et obscur antécédent de la génération d'avant.

  

Mon père était italien, issu d'une nombreuse fratrie dont beaucoup sont morts dès la naissance ou jeunes. Ces dernières années trois parmi les quatre qui s'étaient montrés jusque-là vaillants sont morts de cancers à ces âges précédents le grand âge. Ne reste plus que le benjamin, celui auquel Paul Newman ressemblait. Il n'en demeure pas moins que du vivant des autres, et comme c'est souvent le cas dans les familles nombreuses quand plus de 20 ans séparent le plus jeune de l'aîné, et qu'une dictature plus une guerre mondiale viennent perturber la vie quotidienne, il avait souvent de leurs souvenirs en théorie communs une version divergente. Bien plus optimiste - peut-être qu'au plus petit on ne disait pas tout -, miraluleuse et colorée, héroïque et drôle.

 

Bref, je n'ai plus grand-monde à qui demander une once de vérité.

 

Sans compter que je n'ai appris la langue que par imprégnation estivale, ce qui aux légendes familiales n'aura fait que rajouter des fantaisies de mon cru français.

 

Ainsi j'ignore combien d'enfants ma grand-mère paternelle avait mis au monde, si certains bébés ont un peu vécu, s'ils étaient morts-nés ou perdus à peine esquissés. J'ai cru par recoupements comprendre 16 grossesses dont 13 accouchements, et la seule certitude est que 7 parvinrent malgré la guerre, ses bombes et ses privations, à l'âge adulte - le Dieu de ma Nonna, au fond, était bon -. 

 

Je sais en revanche avec une probabilité tendant vers un que mon grand-père paternel, ancien boulanger du sud reconverti en ouvrier chez Fiat à Turin, a fait de la prison sous Mussolini et pas pour une cause de droit commun. En revanche, impossible d'obtenir une idée fiable de la durée de ce séjour ni de sa cause : selon les interlocuteurs et l'ambiance du repas où les faits furent évoqués, il pouvait s'agir d'une simple rafle de rue, il n'avait pas ses papiers, hop au trou le temps qu'on vérifie, jusqu'à un fait de résistance et qu'on avait craint pour sa vie. Une version intermédiaire me semble la plus plausible : les ouvriers de l'usine étaient réquisitionnés pour aller acclamer le dictateur lors d'un de ses déplacements dans la ville (2) et mon grand-père (peut-être socialiste sinon syndiqué ?) avait décliné l'invitation, ce qui était risqué.

 

À l'opposé, j'ai oui-dire par plusieurs adultes à chaque fois désireux de détourner le sujet si l'on voulait en savoir davantage, qu'aux niveaux intermédiaires de la fratrie, soit dans les années 35 à 45, un jeune Benito serait né. Mon père, placé en pension (3) dès l'âge de 10 ans en un temps où ça ressemblait fort à un internement disciplinaire et où les enfants ne revoyaient leur famille qu'à Noël, Pâques peut-être, et aux grandes vacances, disait qu'il ne savait presque rien de leur vie quand il fut loin, que de toutes façons il n'avait de souvenir de sa mère qu'enceinte, ou plus tard vieille dame au corps sans forme tant il avait servi, des bébés ont pu naître, vivoter et s'en retourner rapidement dans les limbes sans qu'il n'en eût rien su.
D'autres oncles, si l'on posait une question plus avant, répondaient que de toutes façons il n'avait pas vécu (mort tout petit ou bien mort né ?), ce qui rendait le problème superflu. Quelqu'un m'a dit un jour qu'il y avait des mesures propagandistes visant à aider matériellement les familles des enfants ainsi prénommés, que l'appeler ainsi ne marquait pas d'accord politique mais un grand désespoir économique et nourricier. Les aînés, je le sais, avaient souffert de la faim, et bien avant la guerre.

 

N'empêche, ça fait peur. Si des parents en arrivent à considérer qu'il vaut mieux pour leur petit plutôt qu'un ventre vide un prénom importable.

 

Et même si sans doute existe de nos jours dans le même ordre d'idée ici ou là dans le monde, qu'une marque parraine un bébé dûment prénommé et qu'il devienne ainsi par son existence même une vivante publicité. 

 

Je crois donc savoir que s'il avait vécu, j'aurais croisé un Zio Benito, peut-être un type plein d'humour et gentil (4), sans doute entre-temps renommé d'usage Tino, Tito ou tout autre chose.

 

Et ça reste troublant, tant le fait lui-même que la confusion qui règne autour de sa légende d'être inexistant.

 

 

(1) Vulgarité de soulagement.

(1bis) Litote de politesse.

(2) J'en avais trouvé deux dates possibles.

(3) Sur cette question aussi, tant de divergences. Seule certitude : il y fut de 10 à 16 ou 17 ans et en souffrit énormément, la guerre n'arrangeant rien (famine et bombardements)

(4) Défaut familial assez répandu. 

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Un bel incontro (un conte d'automne - enfin presque -)

Père Lachaise, aujourd'hui

PICT0021

  

(à lire en s'équipant d'un tendre, très tendre et doux second degré - sauf pour l'admiration politique qui est des plus sérieuse -)

Dans mon absence de religion tout à fait personnelle, les morts sont courtois, secourables et présents ; comme dans Uncle Boonme d'Apichatpong Weerasethakul . Il convient donc de les tenir un peu au courant de nos aléas de vivants, ça les distrait, ils aiment bien ça. Les pouvoirs que leur confère leur absence d'état font que généralement ils savent tout déjà. Mais ils apprécient qu'on fasse la démarche de les prévenir personnellement. J'ai donc profité de ce beau dimanche pour aller présenter une petite bonne nouvelle à deux ou trois de ceux qui ont comptés pour moi et dont le dernier domicile connu de la carcasse se trouve au Père Lachaise. Après la mort chacun n'est plus présent qu'en bribes de souvenirs dans les mémoires de ceux qu'il croisa vivant ou qui pensent bien fort à lui, même s'ils ne l'ont pas connu, et donc flotte parfois à plusieurs endroits au même instant. Pour donner des nouvelles à nos chers disparus le plus simple est donc de laisser une pensée s'épanouir vers leur lieu de sépulture ou d'incinération. En moins de 140 éléments c'est mieux, comme ça, ils peuvent se la retouiter. Aux vivants d'être pragmatiques pour (d)eux.

Je m'efforce également de passer quelques instants auprès du mur dédié aux victimes de la Commune. Nous d'en bas leur devons.

Mon devoir filial, admiratif, et amical accompli, je me suis promenée au long des allées au prétexte d'une pellicule argentique à terminer. Mais si je l'ignorais, j'avais un rendez-vous.

Avec un turinois de 25 ans, au détour d'une des discrètes allées qui ne font pas partie des circuits touristiques, pas même un jour du patrimoine et de personnes munies d'un questionnaire en forme de jeu de piste (1)(2). Doux cimetière du Père Lachaise où l'on entend des discussions vives et des rires éclatants.


Je ne comprends pas comment il se fait que nous ne nous soyons pas déjà croisés. Ou alors comme pour un certain poète, lui bien vivant, qu'à présent je connais, j'avais lu plusieurs fois son nom sans hélas me le rappeler, ce qui permet une nouvelle chance de première rencontre.

Je viens donc d'apprendre pour la première fois en solide et l'existence et la mort en 1926 d'un militant antifascite turinois, Piero Gobetti, et dont le fils Paolo eut aussi une vie intéressante et utile.

La tombe du premier est bien entretenue et fleurie (3), preuve que tout le monde n'a pas perdu la mémoire, contrairement à ce que certains politiciens croient.

Je me rends compte qu'en me déplaçant au Père Lachaise aujourd'hui j'étais sans doute venue chercher précisément ce réconfort-là.

Sans doute également une forme de rappel à l'ordre :

je ne dois pas laisser tomber les "Récits italiens" entrepris en 2004 / 2005, poursuivis en 2006 malgré l'effondrement qu'il y eut dans ma vie, mais devenus trop noirs, trop sombres, ce qui n'était pas leur couleur d'origine, et de là par chagrin mis de côté. Je dois reprendre la tâche interrompue. Il faut parler de l'Italie des années 30 dans la France d'aujourd'hui. J'ai peut-être perdu la mémoire de l'amour, pas celle de la documentation dans laquelle je m'étais plongée afin d'étayer ces chroniques de vie quotidienne que le projet contenait.

Il faut cesser de pleurer et à sa mesure, lutter. Je peux, je dois, tenter de transmettre ce que je sais. Ceux du temps d'antan n'avaient pas craint de tout risquer, écrire n'est pas grand-chose, il faut au moins le faire.


(1) Les seuls moments ou je regrette de ne pas mentir, même pour rire, et où je suis si je pouvais être crédible fort tentée d'envoyer les admirateurs de Jim sur la tombe de Marcel, ceux de Marcel chez Oscar et certain(e)s chez des anonymes dont je sais qu'ils apprécieraient d'avoir enfin un brin de visites.

(2) Je serais curieuse de savoir quel était l'enjeu, car si jouaient aujourd'hui des enfants, des petites familles, se trouvaient aussi investigateurs et interrogatifs des adultes sans petits pour les accompagner.

(3) Celle du second j'espère aussi mais je la suppose à Torino et je n'en sais rien.

PS : à propos du film d'Apichatpong Weerasethakul quelques mots de Zvezdo


[photo : détail de la tombe

traduction approximative maison

"Turin 1901 - Paris 1926

A Piero Gobetti exilé en France, en souvenir de son défi solitaire envers le fascisme et de sa leçon d'intransigeance éthique et politique

Le comité national pour le centenaire de sa naissance"

 




Ah Federico ! (soupir extatique)

Depuis le mitan de l'après-midi, alors qu'au Petit Palais


PICT0007 Depuis le mitan de l'après-midi, je vois un homme de belle stature, imposant et alors calme.

Son chapeau sur la tête.

Il est dans l'entrée d'un immeuble romain (1).

L'ascenseur descend.

Un de ces ascenseurs d'alors, un de ces ascenseurs d'antan, où l'on voit tout de la cabine au travers d'une cage en ferroneries.

Le marbre assorti (escalier, hall d'entrée).

Le bref mouvement redescendant du rideau des gardiens. À peine un frémissement.

Je vois qu'il voit apparaître les pieds d'une femme, chaussures élégantes, jambes, jupe un peu longue, harmonieuse silhouette. Un air surpris si séduisant.


Elle l'a reconnu, c'est inévitable.
Lui ne la connaît pas, ou l'a croisée une fois.

Il lève son chapeau dans un salut courtois :

- Salite  (2) ?


[photo : là où l'histoire de cet instant m'a été racontée]

Merci infiniment à notre narratrice. Quand elle nous le contait la magie y était.


(1) Au fond je n'en sais rien mais c'est là que je le vois. Il est trop mieux qu'elle se passe à Roma cette scène-là.

(2) Ou plutôt : Andate sù ? En tout cas en français : Vous montez ?


Dans la série on n'est jamais si bien servi que par soi-même

Je n'y avais pas pensé en suggérant le sujet, en fait je cherchais essentiellement à préciser ma pensée, qu'il y a avec les livres de vraies rencontres et une réelle présence, parfois plus qu'avec les êtres humains, mais sur un site ou blog où l'on peut répondre en écrivant sur des thèmes proposés, rien de tel que d'en tenter un soi-même pour y répondre après.

Brève rencontre + 1 livre

Au bout du compte grâce à Martin et Samantdi, me voilà avec deux versants de la même histoire sous deux angles différents.

Le jour d'après trois ans plus tard à peu de choses près

J'ai le sentiment de ne pas encore tenir la bonne versions et qu'ils sont des esquisses en vue d'un tableau ultérieur, plus complexe et complet. Peut-être que ma capacité à le tracer juste n'adviendra que quand je cesserai d'être la fille de trop, comme c'est le cas à nouveau - mais de façon moins incompréhensible, heureusement -. Je ne suis pas assez guérie de tout ce qui s'est passé.

Enfin, pour ceux et celles que l'écriture tient, il devrait bientôt y avoir des billets particulièrement intéressants à lire chez Martin comme suite à celui-là.





Léger travail de correction

hier et aujourd'hui, kitchen workplace

Pour quelqu'un qui m'en avait demandé si gentiment une version en papier ou plutôt celle d'un autre billet mais qui pointait sur celui-ci, j'ai relu non sans déception mon billet
Le jour d'après trois ans plus tard.

Il avait été rédigé dans une forme d'urgence induite par la lecture de celui de Samantdi.
L'émotion y était mais pas la qualité. J'ai apporté quelques corrections à la marge, mais reste déçue d'un récit qui hésite entre sa part intériorisée et son côté relaté, carnet de bord ou journal de voyage, "Aujourd'hui nous sommes allés visiter tel musée.", qui porte normalement une autre utilité et implique assez peu.

Ces questions me bousculent pour le travail en cours et ce poids qui pèse de ce qu'il est possible ou non de relater dès lors que d'autres sont concernés qui ont eu également leur(s) moment(s) de faiblesse qu'ils aimeraient sans doute oublier et qu'en mettant en mots je vais cristalliser. Car si j'ai besoin de faire le travail afin d'enfin clore une partie de ma vie qui m'a vue vaciller, je ne souhaite pas pour les autres rouvrir ou sédimenter "[...] la valise où l'on range pêle-mêle photos fatiguées, feuilles froissées, frissons des histoires d'avant finies pour de bon ou à moitié." (1), n'ai ni revanche à prendre, ni leçons à donner, mais besoin de (mieux) comprendre, d'être peut-être réconfortée, de gagner le sentiment d'être suffisamment avertie des mécanismes enclenchés pour pouvoir m'en défendre s'ils se reproduisaient.

Il existe sans doute un chemin, une façon, un moyen qui permet d'exprimer ET de préserver. Je le cherche à tâtons. Il se devine étroit (très). 

(de plus la solution qui consisterait à écrire puis demander leur avis aux principaux concernés est exclue dans l'un des cas  (bien malgré moi)).


(1) in "La longue course", Francis Dannemark (ed. Le Castor Astral)
 


Pourquoi il est préférable de ne pas être fan de foot avant de devenir amateur d'opéra

Samedi dernier, au Châtelet



Je préfère Verdi et ses hydravions (1) à Massenet et sa subtilité, mais il ne faut pas croire, l'air de Manon (2) et ses hautes altitudes neigeuses et cristallines suivies de silences trompeurs, je les connaissais. Je ne fais pas partie de ces ploucs qui applaudissent en intempestif, non mais !

Est-ce parce que la chanteuse formidable se battait contre un mauvais rhume qui lui mettait des graves enroués et que j'avais peur pour elle ? 

Est-ce parce que j'étais émue au tréfonds des tripes, tout cerveau savant débranché ?

Toujours est-il qu'au premier col (2bis), franchi comme Pantani l'Alpes d'Huez (3), bouche bée, stupéfaite, sidérée, extatique, envolée, j'ai applaudi à tout rompre comme tous et n'importe qui, parce qu'un but en reprise de volée arrière venait soudain d'être marqué à la 89ème minute du match décisif, qu'un homme avait marché sur la lune, que le mur de Berlin était rompu, Obama élu et Mandela libéré. Et si le parterre avait été rempli d'eau au lieu que d'êtres humains du balcon perché j'aurais plongé.

Goooooooooaaaaaaaaaaaaal !

C'était juste pas passé par les neurones, mais directement des oreilles aux mains qui claquaient, je me suis levée, n'en savais plus rien et je dois dire pareil pour mes voisins.

Et puis Elle a fait signe Stop, arrêtez, je n'ai pas terminé, on s'est tu, on a souri, et elle est repartie de plus belle, rien n'avait interrompu l'élan, rien n'aurait pu le faire, ni la grâce nous quitter.

Je ne suis pas fan, non, seulement les miracles me font toujours pleurer. Dans quelques champs du monde qu'ils daignent se pointer.



(1) http://www.finis-africae.net/index.php?post=846
(2) Cours-la-reine, as far as I know
(2bis) Quelques contre-ré ? Dit-on ainsi ?
(3) Quelle comparaison délicate, oui je sais.

Le plus bel effet Zahir qu'il m'ait été donné à ce jour de glaner

(mâtiné d'un brin de plagiat par anticipation, j'ai l'habitude désormais)


mardi dernier, matinée ; dans un billet ici j'écris
"Un. Debout. Laver. Cette sensation d'extériorité. Comme une aide-soignante s'occupant d'un malade, mais j'étais les deux en même temps. Les temps d'après les accouchements quand se relever est impossible. Ceux qui nettoient et vérifient les plaies.
Mais cette fois c'était tout l'intérieur qui saignait transparent. Et il n'existait aucun désinfectant."

mardi dernier, fin de journée :
Sylvie de l'Attrape-coeur me (nous, on était plusieurs) conseille avec des étoiles d'émotions dans les yeux "L'attente du soir" de Tatiana Arfel ... mais qu'elle n'a plus à vendre.

jeudi dernier, milieu de journée :
Je parviens à l'acheter

ce matin, j'y lis :

"Quand il baisse les yeux sur son dessin les gouttes recommencent à tomber. Le môme reste dans une grande stupeur avant de faire comprendre que son coeur a fait pleurer ses yeux. C'est lui, le môme, qui pleure pour la première fois, de retrouver là le petit chien en même temps que son premier geste (1) pour arracher les souvenirs au rien du tout. Il pleure et il se met à sourire, et rire de plus en plus fort parce qu'il est heureux d'être avec le petit chien, parce que l'état terrible a disparu avec les larmes, d'ailleurs il appelera cet état de mal sans couleur l'état transparent, comme les gouttes d'eau de ses yeux qui ont délavé le dessin"
(in "L'attente du soir", Tatiana Arfel, (ed. José Corti page 177))



(1) dessiner


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