Getting old (et combien c'est parfois flippant)

 

Observant d'un œil vague pendant ma pause café dans l'une des quatre pièces d'angle à la BNF du rez-de-jardin, un homme plutôt beau qui effectuait quelques étirements ; ceux de qui est resté trop longtemps concentré assis ; me demandant combien de temps il me faudrait avant de ne pouvoir m'empêcher de comparer bien malgré moi ceux que je croisais avec Celui qui, et trouver sempiternellement qu'ils ne franchissaient pas la barre (1) tout en étant parfaitement consciente que par dessus le marché pour eux je n'existais pas, j'ai soudain bondi (intérieurement).

Elle venait d'entrer. 

Lourde de silhouette, les cheveux gris et longs, rassemblés en chignon, des lunettes cerclées de métal, une jupe classique, des chaussures plates, un cardigan. 

Et qui s'est installée sans mollesse mais comme qui est très fatiguée sur l'un des fauteuils près de l'entrée. A entrepris de se servir à un thermos.

Je savais que ça n'était pas elle, la vieille amie de ma nuit des temps, perdue par la suite d'une bouffée de haine qu'elle fit de l'internet, si incohérente que j'avais préféré faire comme si je n'avais rien reçu, attendre le message d'excuses et une explication pour cet épisode délirant. Message qui n'était pas venu, tandis que ma vie était bousculée plus que jamais ce qui fit que je n'avais pas même eu le loisir de me poser la question de ce qu'il convenait de faire pour (éventuellement) sauver cette amitié.
Plus tard il fut trop tard. Et contrairement à V. et à Celui qui, ou à mon meilleur ami lorsqu'il reste trop longtemps sans libérer de son temps, elle ne me manque guère. Nous avons été victimes d'évolutions divergentes comme l'existence en fournit parfois. Celle d'avec ma mère, par exemple, me perturbe beaucoup plus que celle-là.

Il n'empêche que la personne qui venait se reposer ressemblait très exactement à ce que mon ancienne amie aurait pu devenir si depuis les quelques années qu'elle s'était fâchée elle avait suivi sa pente naturelle (2). Et que cette personne, je l'aurais moi-même décrite comme une femme assez âgée, une quasi vieille dame, une retraitée.

Elle était mon aînée. Mais pas de l'écart entier d'une génération. Son changement de catégorie était aussi le mien.

J'ai décidément ces derniers temps beaucoup de mal à intégrer mon âge réel. Et bizarrement le chagrin en cours qui en fut la première alerte - eussé-je été plus jeune, j'aurais peut-être été quittée, mais non sans un brin de respect -, ne change rien à l'affaire. Je ne me perçois pas ou plus comme je suis, mais suis décalée d'une quinzaine d'années (3).

C'est une sensation fort curieuse dont je ne sais pas quoi penser. Consciente cependant que le prochain grand sale coup que je me prendrai sur la tête me propulsera en avant de 30 ans. Et que ma confiance en les autres, à de moins en moins d'exceptions près, est depuis juin passé celle d'une centenaire qui aurait revendu il y a déjà longtemps son logis en viager.

 

(1) fors Kreso Mikić et Nicolaj Koppel ce qui n'aide en rien et fait peu pour 11 mois 

(2) Mais peut-être a-t-elle rencontré un ancien Punk Suisse reconverti dans l'art contemporain conceptuel, richissime grâce à des tableaux sur lesquels il peint une tâche bleue, qu'elle vit désormais à New-York, maigre, joyeuse et déjantée avec des cheveux courts dressés sur la tête et orange fluo. Que deviennent les gens quand de nos vies ils sortent tout droit alors qu'ils sont encore vivants ?

(3) Peu ou prou le temps que j'ai passé à l"'Usine" en souffrant au travail parce qu'il avait perdu tout son intérêt et que j'ai ressenti comme un enfermement. Quelque chose d'organique en moi perçoit ces années comme nulles et non avenues, comme n'ayant pas eu lieu. Comme si j'avais repris le fil physique de ma vie là où j'en étais resté. Ce qui correspond également au retard avec lequel j'ai appris une rupture, laquelle ne s'est pas concrétisée, sans doute à cause de l'ampleur de "l'après coup", mais qui affectivement a pour moi bien eu lieu. Tout se passe comme si je refusais d'intégrer ces années fausses (sous un travail qui n'était pas un "vrai" travail pour moi que j'accomplissais sans m'y reconnaître, et pourvue d'un amour qui n'était pas ce que je croyais). D'où que je me sens en permanence bien un peu jet-lagguée.


Canards mystères

 

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Après avoir reçu ce que l'on peut considérer comme une bonne nouvelle et qui rendait inutile un déplacement vers Reuilly Diderot, j'ai donc pris le chemin de la BNF une fois libérée de librairie.

En fin de journée on croise dans La Grande Bibli plutôt des gens pressés : ceux qui y ont travaillé, lu, écrit, étudié tout au long de la journée et qui ont hâte de retrouver qui une petite famille, qui des potes, qui un conjoint ; ceux qui ont un gagne-pain par ailleurs et qui, c'était mon cas, se dépêchent de grapiller avant la fin de la journée quelques heures studieuses personnelles. 

Mais tout était très étrange aujourd'hui. Au lieu de filer, les lecteurs scrutaient le bois intérieur, l'air amusé ou attendri. "Je vais prendre une photo pour mes enfants !" s'est exclamée une dame. J'ai pensé que j'allais en faire autant sans invoquer le moindre prétexte, assumant mon attendrissement devant le spectacle séculaire d'une cane et de ses canetons. Ils étaient d'autant plus touchants qu'ils cheminaient en file indienne comme à la parade, rappelant certains jouets d'enfants - un ressort que l'on remontait et des petits canards mécaniques qui se dandinaient à la queue leu leu -.

Puis une femme a rompu le charme avec cette question de bon sens : 

- Mais, ils ont un plan d'eau ?

Et nous avons bien dû constater que le jardin du rez-de-jardin étant interdit d'accès aucun de nous n'en savait rien. Mais aussi en conclure que peut-être la présence des palmipèdes attestait de celle d'une mare, vers le milieu, là où des couloirs on ne peut rien voir.

Nous nous étions les uns et les autres suffisamment sevré de hâte, il était temps de revenir vers notre très humaine agitation. Chacun a donc repris son chemin sur ces considérations, non sans un dernier regard sur la petite troupe qui poursuivait son parcours.

Arrivée par la ligne 6, j'avais déposé mes affaires à l'ouest. Mais comme j'avais consulté un film en plus de mes lectures studieuses du moment, j'avais travaillé en salle P, autrement dit à l'est. Remontée par cet accès, j'ai donc eu quelques heures plus tard tout loisir de longer en rez-de-chaussé le jardin du sous-sol. J'avais donc sur lui une parfaite vue plongeante. Bien sûr les feuillages peuvent cacher des points d'eau, il n'en demeure pas moins que je n'ai aperçu aucun étang, pas même une mare. D'où pouvaient donc sortir cette cane et ses canetons ?

La BNF est décidément un lieu plein de mini-mystères. J'attends de pieds fermes les elfes et la licorne. Ou l'inévitable raton-laveur que l'absence de Jacques déçoit.

 

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Désormais ce souvenir (impossible d'y échapper)

 

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J'avais pris cette photo une semaine plus tôt, remarquant pour la première fois, sur les quais près des salles du rez de chaussée, ces ensembles chaises et tables design, où l'on pouvait à défaut d'autres endroits plus calmes, moins fréquentés, se poser pour travailler.

J'ignorais que j'allais profiter des services de l'une d'elles, pas si longtemps après.

Pour recevoir un appel téléphonique qui m'avait fait une des plus fortes fausses-joies que j'aie pu éprouver - encore que, l'homme de la maison soit un expert, alors disons : que j'aie pu éprouver comme suite à un coup de fil -.

Je venais en effet, épuisée par les trois derniers mois (deux mois de pré-fêtes en librairie intenses puis un mois à faire l'inventaire tout en tenant boutique), et pressentant que Celui qui (1), après avoir eu quelque geste tendre lors d'une de nos rares rencontres à nouveau s'éloignait, qu'il avait sans doute une fois de plus "une amie" - mais que faut-il diable faire pour qu'il daigne honorer ? -, de poster un statut FB puéril car désespéré. Nos ennuis financiers empêchaient que je puisse me déplacer et je ne voyais pas le bout du tunnel : travailler à deux, vivre à quatre, ne plus avoir de traites à payer et pour autant ne pas boucler [les fins de mois]. J'aidais les autres très volontiers et c'était une rude période (des deuils, des chagrins, des ennuis professionnels chez les unes ou les uns), mais personne n'était là pour que je puisse parfois à mon tour poser les armes. Surchargé de travail et sans doute un peu las, mon grand frère électif n'était qu'aux abonnés intermittents.

Et voilà que j'avais pris en main mon téléphone (remisé dans un des sacs pour cause de passage au contrôle), et que comme souvent quand j'ai ce geste étrangement prémonitoire, il s'est mis à sonner. 

C'était toi. C'était lui.

J'ai eu le temps en décrochant d'éprouver une bouffée de bonheur : il avait compris aux messages de mes derniers jours, et à ce statut stupide, que j'allais mal, que j'avais besoin de lui, il appelait peut-être pour me proposer de passer enfin un week-end auprès de lui.

Las, c'était de travail qu'il s'agissait, il l'avait dit tout de suite "Je suis en réunion", un service à lui rendre, ainsi qu'à une auteure qu'il souhaitait promouvoir, rien de personnel au fond. Je m'étais alors assise à l'une de ces places songeant que j'allais avoir peut-être des infos à noter ou mon carnet d'adresses à sortir de mon sac. J'écoutais sa voix qui me servait une persuasion usuelle - le livre est exceptionnel, il faudrait une soirée littéraire -, j'écoutais ta voix sa voix, après tout assez rare, je me disais de profiter au moins de cela puisqu'au fond c'était tout ce qui m'était offert. Et puis il y eut cette phrase la condamnant à ses yeux, un "pas mon genre" vigoureux et que j'avais ressentie comme si elle me concernait moi, en quelque sorte la version habillée d'un très trivial, Pour des femmes comme vous (2) je ne banderai jamais.

Je m'étais cramponnée au positif de l'affaire, peut-être une occasion de se voir, avais indiqué quelques pistes, ne pouvant guère faire davantage : comment faire confiance à quelqu'un qui fait assez régulièrement faux bonds ?, et puis j'étais si peu pour lui, et il m'avait rendue malheureuse, ma vie sexuelle était tombée au fond d'un puits en partie à cause de lui, il n'était pas possible de trouver l'énergie pour faire des miracles et convaincre les gens. Il avait l'air content, mais j'ignorais de quoi. Peut-être parce que je n'avais pas prononcé le Vafan auquel il avait légitimement droit. De toutes façons dans aucune librairie je n'étais décisionnaire. Je ne pouvais que suggérer, tout en mettant en garde (qui diable paierait les frais ?).

 

Il m'avait fallu du temps ensuite pour m'installer au travail, être opérationnelle. Ce scénario était si courant dans ma vie : la femme qu'on néglige, qu'on ignore en tant que telle, voire qu'on blesse mais à laquelle on pense immédiatement lorsqu'il s'agit de demander un service, un travail non payé (ou très peu), celle que l'on considère trop gentille, et donc bien un peu bête, pour savoir dire non.

Sauf qu'à force d'être traitée mal, je ne pouvais plus en état d'aider quand bien même mon incurable gentillesse m'y poussait.

 

Dans l'après-midi, plus tard, j'avais pu travailler. Un "je t'embrasse" encore en tête, peu possible à enlever.

  

Les petites places de travail venaient d'être annexées par ce souvenir mitigé. Je savais parfaitement qu'en attendant le prochain amour ou la prochaine embellie de l'amour (3), ou d'être devenue trop vieille ou trop malade pour avoir envie d'y rêver, je ne pourrais plus croiser ces chaises sans penser à lui, sans entendre sa voix, les mots qu'il avait prononcés et les quintaux de non-dits qui alors subsistaient.

Heureusement, entre temps, les choses se sont (un peu) arrangées.

 

(1) Le copyright de cette appellation est il me semble pour Anne Savelli. 

(2) La personne concernée était du sud aussi.

(3) Je ne désespère jamais des amours précédents, c'est mon problème et ma qualité. 


Comme tout change (tandis qu'au fond rien n'a changé)

 

 

Partie au festival d'Arras puis requise par différentes contraintes, occupée aussi à déposer ici ou là mon CV - très difficile de chercher un emploi après une rupture subie, cette sensation profonde que de toute façon on n'est plus LA bonne personne pour personne -, je n'étais pas venue à la BNF depuis le 7 novembre. Entre-temps l'accès Est est ouvert à nouveau. Deux ascenseurs et des escaliers remplacent les rampes glissantes et malcommodes qui n'étaient pas tout à fait assez larges pour que deux personnes de front puissent passer. 

Ça sera mieux. 

On dirait cependant qu'une sorte de malédiction préside à tous les choix systématiquement : l'escalier est fait de grilles métalliques c'est transparent on voit le sol. Je ne suis pas concernée sauf aux jours de tension vraiment trop basse, mais je plains ceux et celles qui sont sujets au  vertige. Les portiques de contrôle pour l'instant ne sont pas bien réglés. Trop sensibles ils sonnent on ignore bien pourquoi. J'ai eu beau vider mes poches, les retourner, je faisais sonner d'alarme. Un jeune homme avant moi connut le même tracas. De guerre lasse et parce que d'autres attendaient, il a bien fallu nous laisser passer. Peut-être y aurait-il une part métallique au chagrin et que lui aussi (il avait l'air triste) en serait atteint ?

Le nouveau système de réservation s'est débarrassé du bug qui obligeait à s'y reprendre à deux fois pour les postes audiovisuels. Finalement pouvoir en arrivant choisir une place dont l'internet est disponible (puisque que le wi-fi n'y est pas et qu'un poste sur deux seulement est équipé) se révèle plutôt pratique même si devoir demander une place en arrivant fait perdre un peu de temps.

Étrange de retrouver ces lieux qu'il y a encore quelques mois j'occupais entre mes journées salariées et dûment accompagnée de la lointainte présence d'un correspondant bien-aimé. Les commentaires de films qu'on pouvait s'échanger. À présent, un grand vide, même si même sans guide je ne manque pas d'idées de classiques à rattraper.

Comme tout change ! Ce n'est plus la même façon d'habiter ces lieux. Comme rien n'a changé ! Je retrouve les places habituelles, la connexion filaire, mes documents en cours d'étude que je n'ai pas lâchés. Depuis ce sombre été, j'ai tout continué sur ma lancée, mais l'élan n'y est plus. Vis ta vie a écrit celui que j'ai aussi soutenu. Je suis une femme jetable, qui aide les autres à aller mieux, dont on se débarrasse après. Que puis-je changer ?

J'aimerais pouvoir venir tous les jours sans avoir sur d'autres tâches à me disperser (1). J'aimerais au moins pouvoir écrire en paix.

 

(1) Bon, éplucher les haricots verts comme la veille je veux bien et même les cuisiner. Mais devoir me rendre à d'inutiles convocations, ou traverser la ville pour remettre un CV dont j'ignore à cette heure s'il a seulement été regardé ou bien directement jeté (réponse obtenue mais en insistant), c'est absurde. La période est pour moi suffisamment pénible, je n'ai pas besoin que l'on vienne me charger d'autres contraintes et corvées, d'efforts non reconnus.

 


Una giornata particolare

 

spéciale dédicace à Florence pour qui ça ne devait pas être évident, ce jour particulier

 

Il y a eu cette profonde mauvaise nouvelle, arrivée dans la nuit, en voir la trace au réveil, s'en douter, le coup de fil du matin qui confirme. Quand on n'est pas directement concernée, si c'est quelqu'un qu'on aime qui l'est, on s'y sent quand même.

 

Il y a du vent, des rafales, de la pluie. Lorsqu'elle se calme c'est une chorale qui profite d'un interstice du programme officiel et enchaîne titres sur titres, alors il faut attendre.

 

Je fais de mon mieux, le livre est un des plus prometteurs de l'année, j'ai froid, le cœur étreint ; des gens malgré le vent sont restés écouter. L'auteure lit fort bien. Et je suis très heureuse d'avoir fait sa connaissance. J'espère que nous nous reverrons.

 

Seul regret : de ne pouvoir s'accorder un peu de temps après. Mais sur le stand c'est non-stop. On a seulement pu partager un verre.

 

Je rêvais d'un vin chaud.

 

Les passants qui viennent remercier le réalisateur pour son film ; j'ai tenté de le faire maladroitement avec mon italien bancal de qui ne va plus assez souvent au pays, car de tous les films vus cet hiver c'est celui qui m'a le plus durablement bouleversée.

 

J'apprends une nouvelle surprenante concernant juillet - à voir -. Trop de dimensions s'affrontent en même temps, je ne parviens plus à passer de l'une à l'autre, mon fils à mon retour m'explique Dr Who et je me dis Y a de ça.

J'apprends un autre truc, plutôt amusant, concernant la réaction intelligente d'une auteure qui attendait.

Il semblerait que les grévistes CGT de la bibliothèque aient joué dans ma vie part tragique le rôle du chœur grec. J'ai corrigé le tir dès qu'on m'a signalé qu'il y avait un problème. Ne sais que penser. Un côté force du destin - fatalité -. Quatre ou cinq heures d'une anomalie et il a fallu que quelqu'un tombe dessus. L'impression de ne pas pouvoir lutter. D'avoir trop souffert pour en plus résister aux vents contraires. Je suis au bord de croire aux dieux de l'Olympe qui règlent leurs propres comptes à travers nos existences de petits humains.

L'argument amical : Si on t'avait fait du bien, ça ne serait pas arrivé. 

Nous parlons longuement de cinéma italien, et finalement moins de brandade de morue (mais c'est un peu dommage) ; Florence n'oublie pas la fontaine penchée.

Des cailloux sur la nappe afin d'empêcher qu'elle ne vole. Des livres posés aussi dans les angles.

Un micro sans pile puis avec une pile, au passage voir le commissariat tout brûlé, bâtiment encore debout, certes, mais ça impressionne. Y reste-t-il la carte d'identité nouvelle qu'un ami devait venir rechercher ? (pire fatalité l'incendie que des grévistes inattendus).

Depuis le vol si absurde de mes clefs, des pastilles pour la gorge et des mouchoirs en papier, je vois des pickpockets partout. Ça n'est pas pour rien dans mon erreur de la veille, vite replier l'ordi, ne pas le laisser sur la table non surveillé.

 

Le cours de danse fut particulièrement fatiguant, notre professeure remarquant immédiatement que j'avais la concentration prise par tout autre chose - les questions, les conditions matérielles de la présentation du livre, malgré le mauvais temps -.

  

Il pleut, il pleut, il pleut tout le temps. Et ce vent. Je range mon chapeau mes cheveux en profitent pour soigner leur indépendance. Renoncer à les discipliner.

  

Je revois un ami un peu perdu au gré de nos trop nombreuses vies. C'est avec lui le cinéma italien aussi.

Un rayon de soleil à l'instant où nous choississons de prendre la parole malgré la-chorale-qui-n'en-finit-pas. Un rayon d'encouragement ?

Je trouve mes questions lourdes, pour certaines un peu bêtes. Difficile ne de pas trop dévoiler pour qui n'a pas encore lu, mais dire assez pour ne pas les rebuter et leur donner envie, sans pour autant trop ennuyer les lecteurs déjà avertis.

 

Il y a ce moment, à la fin de tout, où la fatigue est telle que repartir semble impossible. Mais repartir ensemble, non. Métro. Trois puis deux puis un. Sur l'élan je rejoins mon nord-ouest. N'habiter que là.

  

Je crois que je vais rêver d'une chorale qui ne s'arrête jamais.

  

L'écriture de Jon Kalman Stefànsson me parle à l'âme. J'espère pouvoir relire un passage de son plus récent roman avant de sombrer dans le sommeil. Peut-être qu'alors la chorale chuchoterait. 

 

[billet en vrac et non relu, manque le chauffage]

PS : Pas de photos pour l'instant, ordi saturé.

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Mai le joli mai

 

P5062794Lorsqu'il fait beau au printemps, et qu'aucun chagrin ne m'oppresse, me reviennent comme une chanson, les vers d'Apollinaire

Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ? (1) 

Je m'étais réveillée le rire de F. en tête ; une soirée était prévue à La Libreria, c'était une belle journée.
Cela fait vingt-quatre ans que JF et moi sommes mariés, dix-sept ans qu'a brûlé le siège du Crédit Lyonnais, un an qu'Hollande est président (2). 

[photo : lundi 5 mai 2013 en quittant la BNF]

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(1) L'intégralité du poème, issu d'Alcools, par ici

(2) Mais à part le mariage pour tous aucune bonne nouvelle pour l'instant.

 

 


À la BNF 100 photos

 

Intéressante expo photos à la BNF, jusqu'au 17 février, à condition de ne pas trop s'attendre à des chefs d'œuvre, justement. J'ai un peu l'impression que le thème réel était "100 photos que par coup de chance on peut vous montrer".

Certaines sont inoubliables, certaines sont déjà archi-connues, par exemple l'enfant à la grenade de Diane Arbus, la plupart ne sont connues que par le nom du photographe ou le nom du photographié.

   

En fait l'expo est un curieux bric-à-brac d'images entre :

- celles, les plus nombreuses, dont l'intérêt est technique, expérimentations du XIXème siècle, images impressionantes de voyages parfois lointains et pour lesquelles on n'ose imaginer la peine qu'ils se donnaient à trimballer le matériel nécessaire, alors forcément fragile et volumineux. Des essais en extérieur, du matériel agricole, un paysage ;

- celles dont l'intérêt est la notoriété du photographe, par exemple ce Grand nu renversé en arrière de Man Ray (qu'on a connu mieux inspiré ; mais peut-être que pour un homme hétérosexuel en bonne santé cette image présente un certain intérêt) ; 

- celles dont l'intérêt est la notoriété du photographié (à la mémoire et entre autre : une où figure Fernand Léger) ; 

- celles qui sont d'authentiques chefs d'œuvre qu'on passerait des heures à contempler (ainsi une Sarah Bernardt dans un drapé noir) ;

- quelques bonnes images de street-photography à l'Américaine. Pourquoi ne pas en faire un thème pour une expo à part entière ?

- celles dont on se demandent pourquoi elles ont été sélectionnées (ainsi un paysage en noir et blanc de 1986, je n'ai pas compris en quoi résidait sa spécificité) ;

- celles qui à part pour les initiés ne présentent aucun intérêt : un "ciel rosé" qui n'est qu'une feuille rosée un peu en mode Mon imprimante était mal réglée : un nu microscopique sur un grand fond noir et dont il est précisé qu'il s'agit de la femme du photographe vue de dos, ce qu'on a cru sur parole. Je pense qu'elle était là pour faire sourire par contraste avec sa voisine, un nu féminin vu de dos mais d'une taille normale (l'auteur était connu pour ses "nus de grande taille" était-il précisé, ce qui par rapport au cliché voisin, n'était pas usurpé) ; 

- Émile Zola.

 

Mon fiston, dont une bouffée d'envie culturelle était à l'origine du déplacement, posait les bonnes questions (auxquelles je savais assez peu répondre je l'avoue), et sa présence a fait de cette visite un moment épatant. 

Il n'empêche que l'éclectisme échevelé de l'ensemble laisse un peu dans l'attente : on eût aimé peut-être des séries plus repérables, certains thèmes plus étoffés. En même temps l'aspect #WTF de l'ensemble est amusant, titille la curiosité, donne envie d'en voir et d'en savoir plus sur certains des photographes ou de leurs sujets.

Bref, un bon moment.

D'autant que j'y ai croisé comme par surprise Maman Woolf (1) photographiée par Julia Margaret Cameron et qu'une expo qui vous accorde un instant d'extase stupéfaite n'est jamais perdue.

PS : Il y a même une photo prise par Auguste Vacquerie, un proche de Victor Hugo et qui avant 1855 invente le concept du #Pitichat si cher @Tarvalanion.

(Ce qui au passage tendrait à confirmer ce que j'ai toujours pensé : Hugo à l'époque de l'internet trop comment il se serait éclaté, blogué son exil, touité ses succès ...)

 

 

Une sélection des images par ici (site Time Out Paris)

Un article d'Édouard Launet dans Libé et qui m'apprend qu' "éclectisme échevelé" et #WTF se disent "valorisés par une scénographie astucieuse" dans les milieux autorisés.

à signaler : gratuit si vous avez la carte d'entrée à la bibliothèque, totalement gratuit si vous avez moins de 18 ans et dans ce cas pas même besoin de faire la queue à la billeterie, sur votre air juvénile ou la présentation d'une pièce d'identité si l'allure offre un doute de majorité, le préposé à l'entrée de l'expo vous ouvrira le tourniquet. Sinon c'est 7 ou 5 € ce qui reste raisonnable. En revanche vu le nombre d'image dont le charge réside dans la technique ou l'ancienneté et pas dans ce qu'on voit, peu indiqué pour des enfants petits en plus qu'on est dans le noir et que les images sont à hauteur d'au moins 8 ans.

(1) sinon cette image-même, du moins sa cousine et une ressemblance frappante avec ce portrait-ci de celle de ses filles devenue écrivain.