Des enfants qui jouent et des cigarettes qui changent [de nom]

 

    Ce matin des enfants du voisinage ont joué sur leur balcon. Comme j'avais la fenêtre ouverte, j'entendais des bribes de leur scénario. Rassurée qu'à l'heure d'une époque où l'on veut que chaque activité soit intentionnelle, la performance permanente et les jeux vidéos le loisir principal des jeunes, il reste encore des mômes pour trouver plaisir à s'imaginer des histoires et les incarner. 

Je me suis demandée, tentant de rassembler mes propres souvenir, d'à quel moment on perdait généralement cette faculté d'imaginer des petites histoires et de (physiquement) s'y projeter. Il me semble qu'être romancière ou romancier, c'est ne pas renoncer à cette capacité. Il n'empêche qu'on la met en mots au lieu de la vivre. 

Reste que certains adultes (relativement fortunés ?) se livrent aux GN et c'est peut-être une façon de prolonger ou retrouver cette capacité.

 

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Je découvre ces jours-ci le métier de buraliste. La réponse à ma question des horreurs photographiques sur les paquets m'est donc parvenue en direct : on s'arrange pour que dans le stockage elles ne soient pas visibles et par la suite lorsqu'on les manipules comme on s'efforce de servir vite le client, on fait la mise au point visuelle sur le nom du produit. Il est évident que le métier devait être infiniment plus facile lorsque les paquets étaient identifiables.

Comme je ne fume pas et n'ai jamais fumé et vis dans un entourage non-fumeur, je suis d'une grande ignorance quant au nom des produits. Je me sens presque un peu comme le héros de Epépé , ou carrément comme Bill Murray dans Lost in translation,  arrivée dans un monde au langage qui ressemble à d'autres que je connais sans pour autant être rien de connu. 

Un des éléments les plus surprenants pour le ou la novice, est que les consommateurs énoncent des noms, le plus souvent anglais qui ne correspondent pas aux noms, le plus souvent anglais, figurant sur les paquets. J'ai fini par capter une bribe d'explication : il y a un paquet de temps les cigarettes surtout celles produites par les fabricants anglo-saxon avaient des noms très chics en anglais. Puis il y eu en France un décret qui obligea à vendre les produits avec un nom français. Alors ils se sont mis avec plus ou moins de bonheur à rebaptiser leurs paquets. Les consommateurs, pour leur part s'en tenaient à l'ancien nom. Par la suite les fabricants durent se plier à la contrainte du paquet unique avec photo pour faire peur mais libérés de la contrainte anti-anglophone. Alors ils ont remis des noms en anglais. Mais pas forcément les mêmes. Quant aux consommateurs, à part les nouveaux candidats à l'encrassage personnalisé de poumons, ils s'en sont toujours tenus à la première dénomination, celle de leurs débuts. Du coup voilà les buralistes devenus champions interprètes, pour lesquels il va de soit qu'une Machin Blue est une Machin Gold, qu'une Bidule Extra est une Bidule Slim. Quand tu débarques là-dedans, il y a de quoi se sentir un tantinet largué·e.

Il n'y a presque plus de fumeurs de pipes. Et pas mal de gens qui prisent. Ce que j'ignorais complètement, croyant cette coutume fixée aux temps des très anciennes chansons. Je n'ai pas osé poser pour l'instant la question du tabac à chiquer. J'ai découvert l'existence des tubes et des machines à intuber (j'ignore si c'est le bon terme), étrange intermédiaire entre les clopes prêtes à porter et celles que l'on roule.

Je serais fort curieuse de voir ce que ça donnerait si la légalisation du cannabis intervenait soudain durant ma période dans ce travail. Voir le côté En direct sur le terrain.

Globalement, je suis surprise par les budgets que l'ensemble des gens parvient à consacrer à fumer, jouer aux jeux d'argent et boire des coups dans les cafés. Comme j'ai toujours gagné par un dur labeur - fors quelques périodes malencontreusement chômées - tout juste de quoi boucler le budget familial au mois le mois, je me demande vraiment comment les autres font. 


La persistance du mystère persistant


C'était un matin du début de cette semaine. J'ai ré-entendu les tondeuses à gazon. Par la fenêtre ouverte de ma cuisine. L'hypothèse des souffle-feuilles est définitivement exclue. Mais où diable peut bien être ce gazon qu'on tond ?

(où alors je vire dingue et j'entends des machines à couper de l'herbe quand d'autres entendent des voix)


La chanson qui tue


    J'ai été réveillée cette nuit vers 4h20 par ce que j'ai d'abord pris pour une blague du juke box fou que j'ai dans la tête

Capture d’écran 2015-03-01 à 15.08.23avant de comprendre qu'il s'agissait des voisins de palier qui n'avaient pas encore terminé leur soirée

Capture d’écran 2015-03-01 à 15.11.27(le é accentué est passé à la trappe entre mon #supertél et Twitter)

Il y avait donc Pierre Bachelet à fond, sa voix si reconnaissable, et un lot de personnes qui braillait allègrement, mais avec toutes les paroles.

L'instant d'après, l'air achevé, grand silence. Pas même ensuite des bruits de départs, porte palière escaliers, ascenseurs. Non, rien. Les Corons puis le silence.

Je me suis demandée si je ne tenais pas là la chanson qui tuait.

 

À part ça, j'ai pu constater que je connaissais les paroles par cœur (pour changer). C'est quoi ce super-pouvoir qui m'a été distribué que d'être hypermnésique de la chansonnette ? (1) Qu'en faire ?

(1) Je précise : sans m'y intéresser spécialement. Connaître par cœur les chansons de Souchon dont j'apprécie les textes, ou Brel, ou Bobby Lapointe, ne me surprends pas, c'est même l'inverse, je trouve que j'oublie des passages. Mais voilà, j'ai dans un coin de la tête que je ne maîtrise pas tout un répertoire des chansons du siècle dernier, a priori entendues seulement aux Numéro Un de Maritie et Gilbert Carpentier et en faisant les courses au supermarché. Comment se fait-il que ça soit resté ?

PS : J'aimais plutôt bien cette chanson, avant qu'elle ne devienne trop entendue et provoque un effet de saturation. En fait j'aimerais être cap d'en faire autant sur ma banlieue d'antan. D'avant le retour des haines et les religions. Le risque de mettre trop de "bleu" dans mon cas est assez faible.
(en fait je rêve toujours d'écrire et d'interpréter un tube qui me fournirait de quoi vivre en paix et pouvoir écrire sul serio et non plus sur des temps sauvés)