Ce qu'une absence de nouvelles cache hélas parfois


    C'est l'un des trucs tristes du fait de vieillir : la disparition des proches, des ami·e·s, des nouvelles qui ne sont plus des Qu'est-ce qu'il (ou elle) devient mais des annonces de disparitions définitives, lesquelles créent des dernières fois qui nous laissent dans une stupéfaction triste.

Par les effets cumulés d'une période aux localisations d'emplois variées, d'une subtilisation de téléphone portable suivie quelques mois plus tard du vol d'un sac contenant et l'ordi et l'agenda et carnet d'adresses papier, de la maladie puis du décès de ma mère, suivis d'une longue période de vider la maison qui fut celle des parents, de la pandémie de Covid 19 suivie pour moi d'une reconversion professionnelle vers un emploi à gros plein temps avec 2h30 quotidiens de déplacement, et à présent d'un effet d'âge qui rend mes soirées trop courtes aux jours et veilles de jours travaillés (1), j'ai perdu de vue grand nombre de proches (famille ou ami·e·s). 

Et dans un nombre désolant de cas, les nouvelles qui me parviennent un jour sont des nouvelles de type Tu ne savais pas ? Mais c'est fini depuis x mois pour lui. S'ensuivent quelques mots évoquant un accident, une maladie, ou depuis quelque temps le grand âge (2).

Alors ce billet de Fanny Chiarello sur Silence radieux, un hommage à quelqu'un avec qui elle appréciait travailler et qui ne donnait plus de nouvelles, m'a profondément émue.
"Je me suis souvent demandé, depuis, pourquoi je n’avais plus de tes nouvelles. Avais-tu été accaparé par d’autres projets ? La compositrice en question avait-elle décliné l’invitation ? C’est Amélie qui, ce matin, par hasard, m’a appris la terrible nouvelle de l’accident, qui remonte à juillet dernier. Nous avions échangé plusieurs fois entre temps, mais elle pensait que je savais."

C'est tellement ça, presque à chaque fois.
Je lui suis reconnaissante pour mettre les mots élégamment, sur cette peine particulière. 

Et je repense soudain avec gratitude à Carl Vanwelde dont le très réconfortant Entre café et journal, une pensée m'avait permis un jour d'apprendre le décès, pour moi totalement inattendu car je ne le savais pas malade, de quelqu'un qui avait beaucoup compté pour moi. Et de l'apprendre par connaissance commune, plutôt qu'au boulot via une régulière veille médiatique pro.
Les tristes nouvelles font mal quand même. Il est toutefois des circonstances, des lieux et des vecteurs de transmission qui font plus mal que d'autres. 

En attendant, en survivant, il faut qu'on avance.

 

(1) La journée de boulot engloutit toutes mes forces, je parviens à peine à sauver pour partie la pratique sportive, laquelle m'est indispensable pour avoir la condition physique de continuer.
(2) Désormais des ami·e·s "un peu plus âgés" que moi, avec ma façon très relative de percevoir le temps qui passe, et qui peuvent avoir allez, vingt ans de plus, pas grand chose à mes yeux dès lors qu'il s'agit d'amitié, hé bien voilà, ils ou elles sont vraiment âgés et parvenu·e·s à l'étape où une fin de vie peut survenir simplement parce que c'est fini. Les rides je m'en fous, les cheveux blancs, c'est juste normal, la fatigue et le ralentissement, je fais avec, mais ça, je ne m'y fais pas.


Voilà, c'est fait (marathon réussi)

 

    Deuxième tentative, première réussite, même si je suis déçue par mon temps, puisqu'à partir du 29ème km j'ai alterné marche et course.

Pour autant : tout s'est passé pour le mieux, zéro moment de doutes (Je savais qu'au pire en marchant je terminerai), une orga parfaite et ma petite orga personnelle au sein de la grande orga réussie aussi : les ravitos, l'hydratation, les pauses pipi (1).
La météo était absolument idéale : ni trop chaud, ni trop froid, pas de pluie, du gris et un peu de soleil, exactement ce qu'il fallait. Une petite brise pas de grand vent.

L'ambiance était bonne même si j'ai été bousculée plusieurs fois par des hommes déboulant de l'arrière (donc sans que je puisse les esquiver) : soit ils me voyaient plus fine que je ne l'étais soit ils s'estimaient moins gros qu'ils ne le sont en réalité. Et une meneuse d'allure au départ, probablement peu habituée à porter une flèche (appelons ça comme ça) a eu de derrière moi un mouvement pour se pencher (comme pour renouer un lacet), manquant de très peu de me cogner avec la hampe de l'étendard. Ç'eût été un DNF peu banal : assommée par une meneuse d'allure peu après le départ.

Je me suis régalée de Paris, Paris de long en large, d'un Bois à l'autre.
La seule ombre au tableau aura été des flashs de lumière, vers le 29ème km dans un des tunnels des voies sur berges, alors que je commençais à ressentir la fatigue, l'animation qui dans ce tunnel était constituée de flashs lumineux et forte techno a failli me mettre à terre et à partir de là, craignant la défaillance je n'ai plus oser forcer et me suis contentée d'alterner marche et course.

Big up à Corentin de la bande à Cerno qui était sur le bord de la route comme un miracle, juste après et qui, trottinant un temps à mes côtés m'a aidée à repartir.

Note pour une prochaine fois : effectuer un premier semi moins conservateur, me munir de lunettes de soleil pour me protéger des flashs tunnels, sauter un ravito sur deux pour le solide - Je me sentais un peu gavée de bananes sur la fin - et éviter les stands boissons électrolytes : en boire m'a juste ... assoiffée.

Et puis je sais désormais que je peux compter sur moi, sauf défaillance inattendue, jusqu'à 30 kilomètres, que c'est une distance qu'en allant à mon rythme je parcours désormais sans avoir à trop puiser. 

Je sais également qu'en alternant marche et course je peux parcourir 50 km dans une journée (2). Ce qui signifie qu'en six jours je serais capable de rallier #MaNormandie. Cette pensée me rassure : sans transports, sans matériel particulier, seulement de l'eau et quelques vivres, ça pourrait être envisageable.
Parfois je me demande si je ne me suis pas lancée dans le triathlon afin d'être capable de fuir ou rejoindre. L'air sombre des temps gagne même le sport.

En attendant, c'est bon, je suis marathonienne.
Achievement unlocked.
Et grand merci @Tarquine, @mgzallp et à Pablo the runner, qui m'avaient montré la voie quand je la pensais inaccessible pour moi. 

PS : Last but not least, non seulement terminé sans problème mais en une soirée, les douleurs aux jambes avaient disparu, dès le mardi soir dans l'absolu j'aurais pu recourir (bon OK j'avais eu le lundi une séance de kiné, grand merci au praticien efficace), et ne restait que la fatigue générale à écluser.

(1) Le marathon de Paris est nickel équipé niveaux toilettes partout. Pas d'angoisses à avoir de ce côté-là.
(2) J'en ai fait 48 en comptant les trajets pour me rendre du domicile au départ et de l'arrivée au domicile. J'aurais pu sans problèmes continuer à marcher.


Le biais féminin

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Je rentrais d'un box de stockage où je tente éperdument de trier les livres qui de part mon addiction à la lecture (et l'écriture ?) ont envahi l'appartement, quand j'ai vu cette allée que je n'avais encore jamais remarquée. Elle conduit à l'entrée à un immeuble ou un groupe d'immeuble et est d'accès privé.

Il n'empêche : ma première idée a été que je n'aimerais pas y habiter et avoir à passer là, en particulier une fois la nuit tombée. D'une façon générale, moi qui ne suis pas une craintive de la vie, j'ai un redoublement de qui-vive lorsque je me trouve dans des passages, des couloirs ou des rues sans voies transversales, et de hauts murs ou grilles de part et d'autres, et qu'ils font plus de 50 m de long (1).
Je me suis dit qu'un homme n'y penserait même pas.

Toutes autant que nous sommes, nous portons lourd au quotidien, en terme de devoir prêter attention de façon permanente, quand un homme ne penserait même pas qu'il faudrait éventuellement envisager de penser à peut-être faire un peu gaffe (2).

Ça en fait de la fatigue en plus, au fil d'une vie, l'air de rien. Y compris quand il ne se passe finalement rien.

En passant, une pensée pour Andrea Bescond qui sur son compte Insta principal annonce devoir arrêter ses posts dans lesquels elle recensait les violences faites aux femmes, celles des agresseurs, mais également celles d'un système judiciaire encore trop en panne quand il s'agit de considérer celles-ci dans toute leur mesure, sans trouver sans arrêt des circonstances atténuantes aux messieurs ou leur impact souvent terriblement durable sur les agressées. J'aimerais pouvoir lui démontrer concrètement ma gratitude pour tout ce qu'elle a fait pour nous toutes, jusqu'à mettre sa propre santé en danger - sans parler des menaces subies -.


 

(1) Distance approximative sur laquelle je m'estime capable de n'être pas rattrapée au sprint par un homme non sportif, sur 50 à 60 m, je peux encore pour l'instant filer à l'allure marathon de Kipchoge (mais vraiment pas sur plus), et je porte toujours des chaussures et des vêtements qui me permettent si nécessaire de cavaler.

(2) Ce n'est en aucun cas un reproche, juste la constatation que les hommes, du moins cishets, dans la plupart des cas, n'ont pas à se tracasser.

 


Essayer pour admirer

 

    Les algos de Youtube qui sont ma principale source involontaire de récréation (1) depuis que j'ai le boulot nourricier qui est le mien depuis le premier confinement, m'ont ce soir fournit ceci : 

Just how fast are race walkers walking

Le youtubeur semble s'être fait spécialité de tester des trucs de sport en se comparant aux pros et pour faire voir combien s'est difficile.
J'ai bien ri en regardant la vidéo, il faut dire qu'il y met l'humour qu'il faut et je me suis dit, J'aime bien la démarche.

Puis je me suis dit, Ben tu m'étonnes que t'aimes bien, t'as juste passé ta vie à faire ça.
J'ai fait du chant, de la danse, je pratique le triathlon, j'ai essayé tous les sports pas trop casse-cou que l'on me proposait d'essayer, joué du piano, appris des rudiments de violon, fait de la figuration dans des films et la cueillette des prunes dans le Val d'Oise (jadis), et toutes sortes d'activités (par exemple : des claquettes et du run archery) quand l'opportunité s'en présentait.
Et même : du bénévolat olympique.

Tout ça au fond pour me rendre compte de la difficulté. Ce qui en retour m'offre des moments d'émotions absolues, de grâces, de larmes de beauté quand j'admire les très grands et très grandes pratiquer leur art (bon, pas pour la cueillette des prunes, OK). 

Je regarde sur une retransmission Jakob Ingebrigtsen courir 3 000 m en 7'17'' et quelques poussières, en récupérant d'avoir couru 15 km en 7'26'' du kilomètre, et je me représente bien qu'il court 3 fois plus vite que moi, j'imagine, je ressens assez précisément l'effet fait par une telle allure, trois fois plus vite, alors je suis éperdue d'admiration en connaissance de cause et émue et contente qu'un humain en soit capable, ait su repousser ses limites comme ça.

Si je ne m'étais jamais confrontée au truc je me serais simplement dit Ah oui, ils ont l'air d'aller vite. Mais l'impression d'aisance qu'ils dégagent m'aurait trompée. Ça semble atteignable, ça ne l'est pas.

Tentez des trucs, ça donnera d'autant plus de bonheur ensuite face à celles et ceux qui les réussissent à la perfection, parce que vous en mesurerez d'autant mieux la beauté.

 

(1) Selon un rite involontaire presque immuable : je rentre décalquée du taf, je lance une vidéo de quelqu'un que je suis (donc : souvent de la course à pied, ou de la gymnastique, ou parfois un documentaire commencé la veille au soir et sur lequel je m'étais endormie) pendant que je dîne, souvent seule car je rentre du boulot après mon mari du sien, et que claqué lui aussi, il se met au lit à peine après avoir grignoté un truc et s'endort comme une bûche. C'est dur de tenir le rythme, passé 60 ans.
Comme j'ai quand même des trucs à faire (ne serait-ce que débarrasser après avoir dîner, souvent quelque paperasse, ou une lessive à lancer ou à étendre, les poubelles à descendre dans celles collectives de l'immeuble, or few others glamorous things, je me lève, pensant revenir dans un instant et reprendre le fil de ce que je regardais et bim lorsque je reviens, me retrouve avec en cours un tout autre sujet. Et de m'intéresser soudain à quelque chose d'inattendu me détend le cerveau comme peu de choses le fond. Alors je me laisse faire.

 

 

  


En triathlon de la vie


    Fin de semaine en forme de triathlon de la vie, je dois passer d'une épreuve l'autre avec à peine le temps d'effectuer les transitions. Le prochain moment où je pourrai me poser si tout va bien sera dimanche après-midi.
Entre temps, deux moments festifs (dont un professionnel, pas trop de possibilité d'y déroger ; et l'autre avec des personnes qui ont une force exceptionnelle pour me remonter le moral), un enterrement, un jour et demi de travail, un rendez-vous médical (pour le bras douloureux et ce soupçon de tendinite à l'épaule qui pourrait être la cause de cette douleur) et si possible deux séances de course à pied (c'est pas gagné).

Il me faut toute mon expérience de triathlète pour parvenir à enchaîner, sur fond de profond chagrin. Et les courses d'endurance où l'on lutte contre la douleur et la fatigue préparent aussi à ça. Je n'en avais que vaguement conscience jusque là, je le sens aujourd'hui. Si je tiens bon jusqu'à dimanche à l'heure de pouvoir enfin faire la sieste et pleurer ma peine en paix, ça sera bien grâce à ça.

La farandole des coïncidences jolies ne s'arrête pas avec les deuils. Elle se poursuit.
Ainsi le neveu par alliance qui est un ami d'enfance d'un des libraires avec lequel j'ai travaillé, l'ami prêtre d'une paroisse proche de là où la cérémonie avait lieu (localisation que j'ignorais jusqu'à avant-hier) et une des proches de l'amie défunte qui est la tante d'un ancien jeune tennisman auquel j'avais dans ma propre jeunesse demandé un autographe sur un cahier de brouillon de maths, sans savoir qui il était, ni rien de l'exploit accompli, simplement parce qu'il rayonnait de bonheur d'être sollicité par des personnes qui venaient le féliciter. Et puis le bonheur doux amer de faire ou refaire connaissance avec des personnes qu'auprès de celle qui n'est plus de ce monde nous avions croisées, ou dont elle nous avait parlé.

Et puis se trouver chaleureusement remerciée pour avoir été la personne qui avait rendu possible la communication par SMS. Ça risque de rester un élément de ma vie dont je tirerai jusqu'à ma propre mort une fierté démesurée.  

Indépendamment de ce mérite logistique, reste que je suis toujours en stupéfaction de découvrir que je tiens ou ai tenu, une place dans la vie d'autres personnes, alors que j'ai tant de difficultés à tenir ma propre place dans la mienne, en permanente survie et négociation face à la fatigue, l'épuisement.
Je suis toujours honorée de la confiance que l'on m'accorde.
C'est sans doute lié au fait que ce que j'aime le plus au monde, dans la mesure de mes limites physiques, c'est me rendre utile. Je me sens là pour ça.
Me rendre utile et faire rigoler. 

À présent il est l'heure de laisser faire calmement le chagrin et de penser aux heureux moments partagés.



J'ai connu la fin du Rêve


    Après une soirée émouvante et délicate à la librairie de l'Attrape-Cœurs à l'occasion de la parution du nouveau roman de Karine Reysset "Dans la maison familiale" (avec lecture à trois voix + chansons, + mise en musique par Gilles Marchand), je suis rentrée en prenant conscience que ce sont les bibliothécaires du Crédit Lyonnais dans les années 1998 à 2000 qui en agissant un tantinet d'autorité envers moi :

"C'est le fils d'un collègue et c'est un vrai écrivain, tu verras" (et Françoise d'autorité m'enregistre "Je vais bien ne t'en fais pas" d'Olivier Adam sur ma carte et me colle le bouquin entre les mains)

"Tu y vas 5 minutes, tu pars après, mais tu y vas" pour m'obliger à aller à la rencontre avec Marie Desplechin alors que j'avais une réunion pour une méchante urgence pro.

qui ont changé (en beaucoup plus vif) le cours de ma vie.
Sans parler de la toute première rencontre, celle avec Nicolas Bouvier qui m'avait donnée les capacités pour réfléchir à ma vie autrement.

Ce soir, brièvement car j'étais éreintée après une journée de travail chargée de devoir répondre comme suite à des problèmes généraux auxquels je ne pouvais rien que servir de courroie de transmission pour les informations entre ceux qui pouvaient le résoudre et ceux qui en pâtissaient, j'ai savouré que ma vie avait été rendue belle, quoique rude, et qu'il en restait les échos actifs, braises vives prêtes à être rallumées dès que je serai maître d'un peu de mon temps.

PS : Le titre de ce billet, c'est une phrase que j'ai réellement prononcée dans une conversation de la soirée et qui est vraie.


Aujourd'hui j'ai appris

Aujourd'hui j'ai appris, grâce à La Souris, qui partageait un lien vers le blog Les Écumes, dont je sens que je vais devenir lectrice, j'y retrouve la moi de 2006, de 2013 et quelques autres sombres périodes où des personnes qui comptaient pour moi avaient foutu le camp, que praemolestia signifiait colère ressentie d'avance (1), mais en mieux écrit que je ne savais le faire en ces périodes de désarroi. 

Merci donc à La Souris et à Mathilde des Écumes.

 

(1) im Voraus empfundener Ärger en allemand.


La chute

(domenica)

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Il avait pourtant bien commencé ce sunday morning run, avec une destination "pour changer", le train sans changement pour aller à Maisons Laffitte, pour courir un temps parfait quoiqu'un peu venteux, mais vers 18°c, du soleil et des nuages et puis au début de la session, vers les haras, un rassemblement de vieilles voitures et c'était chouette - j'ai un faible pour les vieilles voitures alors que je suis plutôt anti-bagnoles excessives pour des raisons environnementales et de qualité de vie - ; nous nous sommes arrêtés voir c'était plutôt sympathique 

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et des cyclistes faisaient comme nous. 
Plus tard nous avons passé les haras et nous sommes engagés sur une route qui semblait aller vers les bords de Seine et longer des stations d'épurations. Elle commençait avec une belle bidir et de l'autre côté une bordure peinte assez large et vers laquelle un panneau piéton adulte donnant la main à un piéton enfant nous indiquait que les humains non véhiculés semblaient aussi les bienvenus.

Las, quelques kilomètres plus loin, le dispositif s'étiolait et nous étions de courir en bordure de la route ou sur l'herbe. Il y avait fort peu de circulation, une auto-école et quelqu'un qui visiblement apprenait avec quelqu'un d'autre, sinon des vélos, toutes et tous très respectueux. Tout allait bien.

Jusqu'à une portion de bitume fraîchement refaite, le bitume bien épais, la bordure avec l'herbe haute comme un bord de trottoir, et à ce moment un cycliste est passé, j'ai jeté un coup d'œil prête à me déplacer vers l'herbe mais croyais visiblement être davantage côté route que je ne l'étais, mon pied droit (je suppose) était déjà bordure et qui se l'est prise, et je n'ai rien vu venir, j'étais à terre. Aucune ambiguïté quant à la cause de la chute contrairement à celle que j'avais subie dans la forêt de Montmorency, mais aucun instant de voir venir comme lors du trail de la Chouffe où j'avais eu le temps d'esquisser un mouvement vers une amorce de roulade. Alors je me suis fort rapée contre le bitume frais y compris l'auriculaire de la main droite qui saignait abondamment, et sinon coude droit et dessous du genou droit lequel venait de cicatricer du trail de La Chouffe pas de chance.

Le cycliste dont je crois me rappeler qu'il avait la tenue AG2R d'une certaine époque où Romain Bardet brillait, est revenu vers moi, et même si tout allait bien, je lui en sais gré (1). Le Joueur de Pétanque revenait sur ses pas.
Old maillot AG2R

Je me suis relevée assez vite, je crois. Avec la certitude peut-être un peu optimiste que rien n'était cassé mais en revanche, ça saignait. J'ai su qu'il fallait continuer à s'activer, calmer le poul, reprendre la course dès que possible afin d'arriver jusqu'à une gare, un transport qui permettrait de rentrer.

L'air de rien j'ai quand même bouclé ma séance, alors que dans ma confusion j'ai cru l'avoir écourtée : 

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Nous avons été bien renseignés par deux cyclistes au moment où nous cherchions comment passer vers Conflans car le pont n'était qu'autoroute. Et que la passerelle sur mon plan de téléphone ne s'en distinguait pas assez.

Repas dans une crêperie moyenne mais qui avait le mérite d'être sur la partie jolie de Conflans, bord de l'eau, et ouverte un dimanche de fin juillet.

Retour en train, beau parcours, que nous pratiquons peu.

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Et pour finir une fois de retour à Clichy, une glace au Sicilien. Nous avons même pu échanger quelques mots, ils devaient fermer ce soir même pour congés longs, et elle exprimait son épuisement (mais avec une sorte de joie de qui a tenu jusque là, pas pour se plaindre).

Au fond, un bon dimanche.
À ceci près que malgré une bonne petite sieste devant la dernière étape du tour de France féminin, je suis à l'heure où j'écris dans la fatigue et la douleur et me demande comment je pourrais faire pour aller travailler le lendemain. 

 

(1) Oui je suis la fille qui quand elle se fait renverser à vélo par un automobiliste, se relève et pense Oh la belle vieille MG, et qui quand un cycliste vient vers moi pour me porter secours alors que je suis tombée pense Oh le maillot d'avant de Romain Bardet. Et qui quand un fou fait un demi-tour sans prévenir avenue de Clichy alors que je descends à bonne vitesse à vélo derrière a cette possiblement ultime pensée : Par dessus ça peut pas ; tout en se pensant déjà morte. Grâce soit rendue à la conductrice qui arrivait en face et a pilé dans un réflexe instantané et puissant qui lui aura permis d'éviter le chauffard tout en m'offrant la chance de ma survie, zigzaguer et me faufiler entre les deux véhicules. Olé !

 

[TW : plaie ]

 

 

 

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