Hugues et Philip, une grande amitié (imaginée)

 

    À part un vague doute en parcourant ma messagerie, un titre entrevu et compris seulement après coup, je n'ai découvert la nouvelle du décès du Prince Philip que vers la fin de Tout le sport, voire pendant la météo qui suivait, quand une annonce a été faite d'un documentaire diffusé en hommage.
C'est assez surprenant pour être noté, en 2021, ce décalage entre l'annonce à un moment dans la journée et le moment où je l'ai appris. Un délai à l'ancienne, comme du temps où l'on ne savait trop rien de ce qui se passait dans le monde avant un flash d'info à la radio ou le prochain journal télévisé, souvent celui du soir.

Sur l'élan, et parce que j'étais trop épuisée pour faire quoi que ce soit d'autre, je me suis laissée embarquer dans le documentaire, finalement pas intéressant, tant cette vie aura été traversée de près par les tournants historiques de l'Histoire récente.
Mais le sommeil est toujours le plus fort qui m'a saisie vers les 2/3 du film sans que je m'en rende compte. 
L'ordi est resté bien calé sur mes genoux.
Je me suis réveillée probablement 20 minutes plus tard, sans me rendre compte que je me réveillais - ce qui est plutôt logique puisque je n'avais pas senti le sommeil me saisir -.

Et voilà que c'était l'émission d'après, seulement je n'en savais rien. 

J'y voyais Hugues Auffray, âgé, chantant Céline avec émotion, accompagné par un pianiste bienveillant. 

Un instant j'ai vraiment cru qu'il y avait eu une amitié entre Hugues Aufray et le Prince Philip, cet homme spécialiste des sorties à l'emporte-pièce, ah la complicité prend parfois des chemins étonnants, détournés, et que Céline avait peut-être quelque chose à voir avec l'existence du Royals' Anglais.

Puis j'ai regardé l'heure et constaté qu'il y avait une fois de plus un trou dans mon tissu de temps que le sommeil avait croqué.
J'ai ri de bon cœur. 

 


Juste ciel ! (Simone Biles)

Un grand un immense merci @Kozlika qui a déposé une séquence de ceci sur Twitter ce matin :

 

[vidéo : U.S. Gymnastics Championships in Kansas City, Simone Biles enchaînement de gym au sol incluant un triple-double soit un triple-twisting double-flip (double salto arrière avec trois vrilles dans les airs)]

C'est le genre d'exploit qui me fait pleurer. L'humanité capable de repousser les limites sans arrêt. Ça va bien au delà de réussir un mouvement de gymnastique.

Grand grand grand respect à elle. Les heures de boulot et de souffrances qu'il lui aura fallu endurer, même en étant extra-douée (1), quand bien même elle carburerait à n'importe quel produit dopant pour avoir la force et l'énergie de tant travailler ou la récupération facilitée, je continuerai à l'admirer.

Le plus fou étant qu'après ce saut triple à couper le souffle, elle produit un enchaînement aux nombreuses difficultés, dont elle semble se jouer. Même en admettant que quelqu'un d'autre devienne capable de reproduite la première difficulté technique, pouvoir continuer sans avoir les muscles tétanisés par l'effort infini fourni est en soi un exploit.

PS : La sortie sur la poutre, est pas mal non plus (2)

[vidéo : U.S. Gymnastics Championships in Kansas City, Simone Biles à la poutre avec une sortie en double-double (double salto, double vrille)]

(1) J'aime la pratique sportive mais je peine à faire une roulade, une roue, un virage en natation, ce qu'elle fait demande outre une détente de folie, une capacité d'orientation dans l'espace en mouvement extraordinaire.

(2) euphémisme, bien sûr


Un souvenir de Cerisy

 

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Nous approchons du mois d'août, nos comptes en banque crient famine, et mon avenir professionnel, même si j'ai trouvé le local qui irait bien pour une librairie que je pourrais tenir, reste fort incertain. Alors je me rappelle les bons souvenirs et parmi eux celui-ci : le colloque Hélène Bessette fin août à Cerisy. 

J'ai failli connaître un bonheur d'une semaine, mais le décès d'une de mes tantes aura brièvement interrompu l'élan. Revoir les cousins et les cousines était pas mal non plus, même si deux hommes manquaient qui ont préféré tenter la vie auprès d'autres femmes, incapables qu'ils furent de faire face aux diminutions naturelles de leurs propres capacités physiques. 

Il n'empêche que cette semaine restera pour moi une parenthèse magique et probablement unique car mes finances ne permettent pas de telles folies, ni mes emplois, lorsque j'en ai, de choisir mes dates d'absence.

Je me souviens fort bien de tout ce que j'ai appris et du bonheur que c'était de découvrir certains textes inédits ou devenus des raretés, je me souviens de moments magiques, d'une grande balade à vélo vers la mer, d'une soirée de lectures à voix haute au grenier - ces moments pas si fréquents je crois, même dans une bonne vie, où l'on a la sensation d'être au bon endroit au bon moment et qu'on ne serait nulle par ailleurs aussi bien, aussi précisément en adéquation (1) -, des belles rencontres que j'y ai faites.

Seulement ce qui me revient en premier, lorsque je ne réfléchis pas, ce sont deux éléments fort peu littéraires : 

Mon peu de goût à être servie, cet embarras dans lequel ça me met. Nous étions à chaque repas servis personne par personne à table par des jeunes femmes en livrée, nombreuses, et qui passaient même pour proposer du plat principal une seconde fois. Je n'aurais pas voulu être à leur place, mais je n'étais pour autant pas à ma place à la mienne.

L'absence totale de clefs. Je n'étais pas tout à fait tranquille concernant mon ordi - le vol de mon sac fin 2017, la volatilisation de mon téléfonino quelques mois plus tôt lors d'une assemblée de libraires, et les vols à répétitions dans la maison de Normandie la même année, m'ont rendue intranquille à ce sujet -, que la plupart du temps je m'arrangeais pour conserver près de moi ; seulement pour le reste, quel infini et formidable sensation de liberté. Pendant une semaine ne pas avoir à se préoccuper de serrures et de clefs et d'ouvrir et de fermer, et de vérifier qu'on avait bien sur soi des clefs, pendant une semaine vivre naturellement, se faire confiance. C'était si bon. Et rassurant. 

Je m'étais alors souvenu qu'en banlieue de Paris, dans mon enfance, on ne fermait à clef une maison que lorsque l'on s'absentait, faisant suffisamment confiance au monde pour laisser ouvert les accès en notre présence, sans avoir à craindre d'intrusions (2). On ne fermait présents que pour la nuit. Et c'était le cas pour les voitures aussi. Les portes n'étaient pas blindées, les grillages bas, les portails bouclés seulement si une famille s'en allait en congés.

Voilà ce qui reste de plus marquant, malgré de fortes et belles émotions et stimulations intellectuelles : les clefs, la belle vie que c'est sans. 

 

(1) L'amour fait ça également, lorsqu'on a un temps d'intimité qui nous est accordé et dans un lieu que l'on apprécie ou que l'on découvre, enchantés.
(2) Jusqu'au jour où Philippe, le mauvais garçon du quartier, est tombé dans l'héroïne et que lui ou ses fréquentations ont commis des larcins vite fait, dans les maisons, abusant de la confiance collective que les habitants avaient. 

 


Stimulant (confort et veille de course)

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J'adore les veilles de courses, quand on met de côté toutes les difficultés de la vie quotidienne pour se concentrer sur un objectif élémentaire : parcourir x km en moins de y heures (peu importe si uniquement sur un mode ou pour le triathlon sur trois, le principe est le même : un déplacement à accomplir). On ne sait pas encore comment on sera, quelle sera notre forme, il y a une légère tension mais elle est joyeuse et stimulante. En tout cas pour moi. Et j'adore ça.

Comme nous prenons peu de vacances et qu'elles sont généralement en Normandie, avec de fait des choses sérieuses à faire, de celles qu'on fait dans un chez soi, c'est un bonheur et un réel congé du quotidien que d'aller quelque part pour une course. 

Et pour cette fois j'avais opté pour une petite folie (raisonnable) financière : l'hébergement dans le complexe sportif et hôtelier qui fait partie de l'organisation de la course. Départ sur place !

Une chambre spacieuse et belle comme nous en connaissons rarement 20190712_173552

une vraie piscine dans le complexe même - le luxe inouï de quasi descendre en maillot de bain, et pour une vraie piscine où l'on peut nager pas seulement faire trempette -. 

Nous fêtons ainsi nos trente ans de mariage. J'espère que la course sera une fête aussi. J'appréhende la longue distance, mais j'ai envie de m'y confronter. 

J'eusse aimé avoir une vie de nomade du sport, avec la santé fragile de ma jeunesse et la béta-thalassémie même mineure, ça n'était pas envisageable. D'autant plus que "mon" sport était le football et qu'il commence seulement plus de quarante ans plus tard à être reconnu pour les dames. Alors je me rattrape sur le tard, à petite échelle mais beaucoup mieux que rien, grâce au triathlon et à la course à pied. L'air de rien, à bas bruit, en attendant mon heure, j'en aurais accompli des espoirs de ma vie. 

Peut-être qu'il y a là une force à transmettre : si quelque chose nous tient profondément à cœur, et dépend de nous que ça devienne possible en assez grande partie, il convient de ne pas la perdre de vue et de porter son effort dans sa réalisation dès qu'elle devient accessible. Parfois, ça prend quarante ans. C'est tout. 

À part ça, il y a toujours cet effet en arrivant en Belgique de rentrer chez moi. Peut-être faudra-t-il qu'enfin un jour je coïncide. 


Sympathique spectacle mais légèrement décevant (sur la fin)

 

    Une de mes amies habite près du Monfort et prend parfois la peine de réserver pour certains spectacles et de m'y inviter. C'est toujours un bonheur.

Ce soir il s'agissait du spectacle "Le gros sabotage" par la compagnie La mondiale générale. La première partie comportait des acrobaties sur bois debout puis du travail avec des cerceaux. 

C'était impressionnant. 

Puis il y eut une scène de changements de vêtements, une oraison funèbre  et  un gars qui imitait Elvis Presley.

Nous avons pensé qu'ils et elle prenaient leur souffle avant de nous offrir un nouvel aperçu de leur travail acrobatique. Et puis, non.

Alors nous sommes restées un tantinet sur notre fin. 
(ou alors il y a quelque chose que nous n'avons pas compris)

 


Des casques au chant et puis un très beau billet chez un ami

 

    Mes journées de travail sont intenses et belles (sauf celle du mois où je dois faire la déclaration de TVA, je me sens totalement en erreur de casting sur ce coup-là, même si, si c'est bien ce que j'ai compris qu'on fait, ça n'est en rien compliqué), je ne vois pas le temps passer, à la radio je mets FIP et ses brefs flashs d'infos à tous les 50 d'une heure et j'ai toujours l'impression que je viens d'en entendre un quand le suivant survient.

Du coup lors d'un des trajets - pour certains éditeurs on est aussi un peu nos propres coursiers -, j'ai eu un petit endormissement de métro, avec un rêve, ce qui est rare, comme une sorte de vision.

Les dangers d'attentats venaient désormais dans les grandes villes des cieux (1) : les types mettaient des sortes de grenades à retardement sur des drones bon marché et larguaient ça n'importe où. Alors on avait pris l'habitude de ne jamais sortir dans Paris sans sur la tête un casque de vélo. On avait aussi pris le pli de se balader avec des ballons à hélium, comme des ballons d'enfants, auxquels étaient attachés des coussins (2) ; ça rendait la ville curieuse, tout le monde ressemblait à des enfants dont les parents auraient été des paranoïaques de la prudence (3). Et puis très vite il y avait eu de la fantaisie, et dans les casques et dans les coussins-ballons ce qui mettait plein de touches de couleurs. La ville n'avait jamais été si dangereuse fors en temps de guerres ouvertes, mais n'avait jamais eu l'air si insouciante (4).
De cette évolution des risques il ressortait que le métro était devenu le mode de transport le plus sûr. On s'y bousculait (5). 

J'arrivais, je me suis réveillée, je n'en saurai donc pas davantage.

Mais ce rêve, même s'il n'y ressemblait pas, en fait, m'a rappelé celui du billet Le chant du canari qu'avait écrit en février l'ami Le Roncier, durant cette campagne électorale affolante et affligeante que nous avons traversée. 
Je crois que c'est parce qu'il tente aussi, ce micro-songe, d'avertir de quelque chose qui ne sera pas entendu (et d'ailleurs, par qui ?)

*            *            *

J'ai lu sur le même blog dès lors de plus récents billets que ma vie trop chargée m'avait fait manquer.

Parmi eux, celui-ci : L'ïle des Morts.

Je ne sais rien dire de plus que Allez voir, lisez. Il part de la sortie d'un film qui se passe à Paris au début des années 90 et fait revivre cette période durant laquelle Act-up tentait de secouer l'inertie de la société.

Je ne pense pas que j'irai le voir : la mise en fiction de périodes et lieux que j'ai connus ou événement que j'ai vécus (6) me pèse, il y a donc un grand risque d'être exaspérée, désespérée, horripilée - et encore je ne fais pas partie de ceux qui ont connu le mouvement d'au plus près -. Néanmoins ce film, s'il a du succès, pourra avoir un bon rôle pédagogique auprès des populations qui ne se croient pas concernées et pourraient de fait sans l'existence de telles passerelles pour eux accessibles, se laisser séduire par les fausses affirmations des groupes réactionnaires qui sont si frétillants depuis plusieurs années. 

Wait and see (or not)

En attendant et une nouvelle fois, toute ma gratitude envers Le Roncier pour ce qu'il écrit.

 

(1) Probablement car la circulation de véhicules particuliers était interdite intramuros sauf cas particuliers. Et que toute zone piétonne était protégée par des plots, des murets. 
(2) Une fois sortie du rêve je ne comprends pas trop ce que ça empêchait - mais sur le moment ça semblait imparable et parfaitement cohérent -.
(3) J'ai eu une amie comme ça autrefois, faire une balade avec ses enfants petits et elle était épuisant. Elle était sans arrêt en train de leur crier des appels de prudence (alors qu'ils étaient plutôt du modèle enfants sages et raisonnables).
(4) J'ai dû lire trop d'articles sur Paris 2024 et les J.O. (sujet au sujet duquel je ne parviens pas à me forger une opinion).
(5) Ça, ça vient tout droit de "L'étoile jaune de Sadorski" de Romain Slocombe, lu pour la rentrée, avec (entre autre) ses scènes de métro surchargé pendant l'occupation
(6) Je me dis que ça nous pend au nez qu'un réalisateur se saisisse du sujet formidable que ferait l'aventure du comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun, que c'est l'affaire d'une petite poignée d'années avant que ça fasse un truc super bankable, genre belle aventure humaine qui en plus fini bien, avec des tractations en hauts lieux et ce que font les petites gens. Et je sais que sauf si c'est [Bip] ou [Bip bip] ou Félix van Groeningen, qui revenu de ses (més)aventures hollywoodiennes voudra renouer avec le "vrai" ciné, ça va m'horripiler. 
En revanche si quelqu'un de respectueux et d'honnête décide de faire un documentaire, je serais ravie d'y contribuer. Elles ne sont pas si fréquentes en ce début de XXIème siècle les luttes collectives victorieuses.


La vitesse à laquelle ça va (le peloton pro du tour de France)

C'est filmé comme ça peut, le téléfonino à bout de bras avec des hommes devant moi : j'avais participé au petit parcours des dames et une fois repassée, non sans peine, du côté des Champs Élysées vers l'ancienne librairie, et l'homme de la maison retrouvé, nous étions finalement restés à l'intérieur du périmètre (l'idée étant un peu : tant qu'à faire d'y être entrés).

Alors nous avons pu admirer les pros. Leur allure (aux deux sens du terme). Ça va vite, vraiment très très (et comme j'avais fait la boucle le midi même, j'étais bien placée pour savoir, ainsi que mes camarades sportives, combien ces pavés n'étaient pas si simples à négocier).

Et puis il y avait cette joie ineffable de renouer avec des souvenirs d'enfance, des souvenirs "congés payés", des joies de voir en pour de vrai ceux qu'on suivait à la télé, l'impression que mon père s'y connaissait (et c'était bon d'avoir un motif d'admiration).

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Première semaine

 

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Il est vraiment troublant de constater à quel point la vie nous met par moment des accélérations inouïes.

Me voilà déjà libraire chez Charybde depuis une semaine, qui fut plutôt de formation car je dois apprendre les spécificités locales, il y en a toujours, et une part d'activités administratives. Il y aura inévitablement des surprises au fil de l'eau, il y en a déjà eu une et de taille, et qui risque de bien nous compliquer la vie, mais la passation de consignes sur fond de dossiers bien tenus me rappelle lorsque j'avais pris à "l'Usine" la succession une fois d'un gars très compétent, méthodique et organisé : tout y était clair et net, avec de la logique. Je pense donc que la période d'adaptation sera intense mais peut-être pas si longue. La clef sera de rapidement trouver un rythme pour les différentes tâches. 

Pour la première fois durant ma seconde vie professionnelle, j'arrive dans un endroit que je connais déjà, c'est très troublant de débuter tout en s'y sentant à ce point chez soi, et dont un certain nombre des habitués sont déjà des connaissances voire des amis. 

Alors cette première semaine est passée comme dans un rêve, à une vitesse folle, d'autant plus que ma vie personnelle dans le même temps combinait premier triathlon et grenier (de la maison où vécurent mes parents) à vider et travaux à préparer. Je vais enfin pouvoir et devoir vivre à ma pleine vitesse. Tenter que coïncident l'énergie d'entreprendre qui est en moi avec l'énergie physique nécessaire pour que l'action ait lieu. Ce défi me rend heureuse.

Il n'est pas raisonnable de mener l'ensemble de front. Mais je n'ai pas du tout été maître de la coordination. Pourquoi a-t-il fallu que la maladie puis la mort de ma mère coïncide avec mes débuts en triathlon (alors que j'avais tenté de m'inscrire l'année qui précédait et y songeait depuis octobre 2011), et que ces deux éléments tombent exactement au moment où la librairie Charybde avait besoin d'une personne pour remplacer l'amie qui regagnait son premier métier, elle-même contrainte par un calendrier légal de dates limites de mise en disponibilité ?

Je crois que s'il n'y avait le deuil, et combien il est dur de faire face à ses conséquences (1), je serais heureuse comme du temps de la préparation des répétitions de chorale pour les concerts avec Johnny ou comme le "juste après" de la période du Comité de soutien (2).

Bizarrement, les présidentielles qui m'ont tant souciée, me semblent dater d'une ou trois éternités. Comme si le quinquennat était déjà bien avancé. Parvenue à saturation avec cette campagne comme je n'en avais jamais vu, je ne parviens pas à m'en inquiéter. 

 

(1) pour autant pas si malheureuses, je ne veux surtout pas me plaindre. 

(2) à Florence Aubenas et Hussein Hanoun


Late


    Le réveil du téléfonino avait sonné, tu l'avais éteint sans tarder malgré un rêve fort prenant qu'il interrompait (1). Finalement malgré la fatigue [de la période surchargée] ça n'était pas si difficile de se lever. 

Au radio réveil tu croyais écouter la fin de Paso Doble (avec Bastien Vivès) ou François Angelier, mais c'était déjà Jacques Munier. Il était question des 100 jours de Trump qui faisait visiter le bureau ovale à tout va y compris à de vieux rockers racistes et Sarah Palin et qu'il s'amusait à appuyer sur le bouton rouge qui fait venir un majordome avec une bouteille de Coca. Tu t'es demandée si tu n'étais pas en train de dormir parce que quand même ça n'était pas très plausible tout ça. Mais tu avais déjà enfilé un jean et des chaussettes et tu vérifiais que dans ton sac de piscine le maillot y était. C'était un début de journée tout ce qu'il y a de plus normal en fait.

C'est quand tu as enfilé le porte-clefs de cou avec celles des antivols du VTT que tu savais en réalité vraie avoir laissé dormir dans la réserve de la librairie de Montmorency que tu t'es réveillée. Sortie de ce sommeil paradoxal dans lequel tu avais si parfaitement songé à ce que tu étais censée déjà avoir fait.

Le seul fait avéré était que tu avais scrupuleusement éteint le réveil du téléfonino.

[résultat : 30 minutes de retard sur un entraînement d'une heure, la honte]

 

(1) vague souvenir de sillonner la ville sur un double-decker bus sans doute par conjonction d'en avoir croisé un dans Paris récemment et qu'un membre de ta petite famille soit à Londres pour quelques jours.

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Ça démarrait mal, ça finit fort bien

 

    Curieuse journée, débutée comme un little bad karma day, certes des broutilles mais qui dès 8 heures s'étaient accumulées et qui s'achève par une soirée où la vie revêt une part de magie, et des retrouvailles avec une femme que j'admire, une des personnes auxquelles je pense pour prendre courage lorsque la vie devient violente, jusqu'au vélibs qui le matin étaient en sort contraire (pas moyen de trouver où reposer celui que j'avais sans sinon être très en retard à l'entraînement où j'allais), et le soir étaient en mode Il n'en reste qu'un il est pour toi (au départ), il ne reste qu'une place elle est pour toi (à l'arrivée). Bref, j'ai eu le vélib magique.

Entre les deux il y aura eu ce démarrage étrange avec au radio réveil une voix d'homme qui prononçait ces mots 

"Certains ouragans qui viennent n'auront pris personne en traitre"

Ne voyant que trop bien ce qu'il voulait dire, j'ai songé qu'on pouvait peut-être faire meilleure mise en jambes.

Plus tard, une journée fort sympathique de librairie, avec l'exacte bonne dose d'animation - ce qui est rare : du monde mais jamais trop de personnes d'un seul coup ce qui fait qu'on n'a pas de temps morts mais que l'on peut s'occuper bien de chaque client -.

Il y aura eu ce film documentaire sur Pierre Bergounioux entomologiste (1), et son intervention personnelle qui suivait. J'étais déjà émue, et voilà donc qu'au petit verre offert après, il y a ces belles retrouvailles, ce qui m'a permis d'exprimer une nouvelle fois ma gratitude, j'espère pas trop lourdement, d'autant plus que j'apprends à cette occasion le prochain projet et qu'il renforce encore mon admiration - mais c'est peu dire qu'il ne me surprend guère -.

Je suis repartie sur un tel petit nuage d'exultation (ce n'est pas le mot exact, mais joie est trop faible ; elation), que j'en ai oublié de remercier l'éditrice qui m'avait invitée et de saluer d'autres personnes.

Les lieux étaient il faut l'avouer, très impressionnants. C'est un charme de la #vieparisienne : pour un motif pour un autre on peut passer des quartiers les plus modestes à des locaux faramineux. Je crois que peu de villes permettent aux mêmes personnes, pas nécessairement d'une caste privilégiée, de circuler avec une telle amplitude ; il ne faut simplement pas se leurrer, dans les très très beaux quartiers nous ne sommes admis qu'en simple passage.
Ils valent le coup d'œil. Et l'on peut trouver une forme de réconfort dans le fait que la richesse n'est pas nécessairement mésusée, mais débouche au contraire dans certains cas sur des zones d'harmonie.

La soirée fut si intéressante et riche en réflexion (matière à) que j'en ai oublié un temps l'état du monde et ses catastrophes potentielles prochaines. On en était revenu à un état de relative stabilité, il avait ses problèmes dont certains très graves, des guerres par trop d'endroits, famines et maladies, mais rien du chaos actuel qui, accentué par certains dirigeants cinglés, ne cesse de se préciser. C'était de nouveau l'illusion d'un endroit où la création avait sa place et non la seule survie. 

Pour couronner le tout il y aura eu le geste d'une gentillesse stupéfiante, d'un conducteur de gros scooter, qui à un feu rouge près d'une zone en chantier où les voitures étaient pressées contre les deux roues, la voie très rétrécie, voyant que j'attendais derrière lui, s'est reculé afin que je passe en premier et ne respire pas les gaz d'échappement de son engin à plein nez. Je n'en suis pas encore revenue. Quelle classe ! (2)

Moralité : il ne faut jamais désespérer d'une journée. Ça démarre parfois mal, ça peut finir fort bien.

 

(1) La capture de Geoffrey Lachassagne 
(2) Et puis ce qu'il y a de bien à mon âge c'est qu'on ne peut soupçonner les hommes qui ont envers nous des gestes élégants d'arrière-pensées séductives.

PS : J'oubliais, pour couronner le tout il a fait beau et chaud (de 18 à 19°c dans l'après-midi), c'était le premier jour de la nouvelle année où l'on pouvait par moment tomber le manteau et même au soir sortir dans la (somptueuse) cour intérieure de l'immeuble qui nous accueillait sans avoir à se couvrir. Il y a toujours un bonheur particulier lié à cette journée, celle où l'on se dit J'ai encore réussi à passer l'hiver.

Enfin j'ai reçu ma nouvelle carte d'électrice, ce qui fait toujours plaisir eût égard aux générations d'aïeules qui n'ont pas eu le droit de voter et au fait que mon père venait d'un autre pays.