Curieuse journée, débutée comme un little bad karma day, certes des broutilles mais qui dès 8 heures s'étaient accumulées et qui s'achève par une soirée où la vie revêt une part de magie, et des retrouvailles avec une femme que j'admire, une des personnes auxquelles je pense pour prendre courage lorsque la vie devient violente, jusqu'au vélibs qui le matin étaient en sort contraire (pas moyen de trouver où reposer celui que j'avais sans sinon être très en retard à l'entraînement où j'allais), et le soir étaient en mode Il n'en reste qu'un il est pour toi (au départ), il ne reste qu'une place elle est pour toi (à l'arrivée). Bref, j'ai eu le vélib magique.
Entre les deux il y aura eu ce démarrage étrange avec au radio réveil une voix d'homme qui prononçait ces mots
"Certains ouragans qui viennent n'auront pris personne en traitre"
Ne voyant que trop bien ce qu'il voulait dire, j'ai songé qu'on pouvait peut-être faire meilleure mise en jambes.
Plus tard, une journée fort sympathique de librairie, avec l'exacte bonne dose d'animation - ce qui est rare : du monde mais jamais trop de personnes d'un seul coup ce qui fait qu'on n'a pas de temps morts mais que l'on peut s'occuper bien de chaque client -.
Il y aura eu ce film documentaire sur Pierre Bergounioux entomologiste (1), et son intervention personnelle qui suivait. J'étais déjà émue, et voilà donc qu'au petit verre offert après, il y a ces belles retrouvailles, ce qui m'a permis d'exprimer une nouvelle fois ma gratitude, j'espère pas trop lourdement, d'autant plus que j'apprends à cette occasion le prochain projet et qu'il renforce encore mon admiration - mais c'est peu dire qu'il ne me surprend guère -.
Je suis repartie sur un tel petit nuage d'exultation (ce n'est pas le mot exact, mais joie est trop faible ; elation), que j'en ai oublié de remercier l'éditrice qui m'avait invitée et de saluer d'autres personnes.
Les lieux étaient il faut l'avouer, très impressionnants. C'est un charme de la #vieparisienne : pour un motif pour un autre on peut passer des quartiers les plus modestes à des locaux faramineux. Je crois que peu de villes permettent aux mêmes personnes, pas nécessairement d'une caste privilégiée, de circuler avec une telle amplitude ; il ne faut simplement pas se leurrer, dans les très très beaux quartiers nous ne sommes admis qu'en simple passage.
Ils valent le coup d'œil. Et l'on peut trouver une forme de réconfort dans le fait que la richesse n'est pas nécessairement mésusée, mais débouche au contraire dans certains cas sur des zones d'harmonie.
La soirée fut si intéressante et riche en réflexion (matière à) que j'en ai oublié un temps l'état du monde et ses catastrophes potentielles prochaines. On en était revenu à un état de relative stabilité, il avait ses problèmes dont certains très graves, des guerres par trop d'endroits, famines et maladies, mais rien du chaos actuel qui, accentué par certains dirigeants cinglés, ne cesse de se préciser. C'était de nouveau l'illusion d'un endroit où la création avait sa place et non la seule survie.
Pour couronner le tout il y aura eu le geste d'une gentillesse stupéfiante, d'un conducteur de gros scooter, qui à un feu rouge près d'une zone en chantier où les voitures étaient pressées contre les deux roues, la voie très rétrécie, voyant que j'attendais derrière lui, s'est reculé afin que je passe en premier et ne respire pas les gaz d'échappement de son engin à plein nez. Je n'en suis pas encore revenue. Quelle classe ! (2)
Moralité : il ne faut jamais désespérer d'une journée. Ça démarre parfois mal, ça peut finir fort bien.
(1) La capture de Geoffrey Lachassagne
(2) Et puis ce qu'il y a de bien à mon âge c'est qu'on ne peut soupçonner les hommes qui ont envers nous des gestes élégants d'arrière-pensées séductives.
PS : J'oubliais, pour couronner le tout il a fait beau et chaud (de 18 à 19°c dans l'après-midi), c'était le premier jour de la nouvelle année où l'on pouvait par moment tomber le manteau et même au soir sortir dans la (somptueuse) cour intérieure de l'immeuble qui nous accueillait sans avoir à se couvrir. Il y a toujours un bonheur particulier lié à cette journée, celle où l'on se dit J'ai encore réussi à passer l'hiver.
Enfin j'ai reçu ma nouvelle carte d'électrice, ce qui fait toujours plaisir eût égard aux générations d'aïeules qui n'ont pas eu le droit de voter et au fait que mon père venait d'un autre pays.