Double effet Zahir enchâssé

 

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1. De retour de brèves vacances en Normandie, je me suis jetée sur les livres que j'avais regretté de n'y avoir point apportés (1). Parmi ceux-ci "Beauté Parade" de Sylvain Pattieu dont j'avais déjà grandement apprécié "Avant de disparaître" sur le dernier combat des salariés de PSA d'Aulnay pour leur emploi.

Il s'agit d'une plongée dans l'univers des salons de coiffure et de beauté du Xème arrondissement de Paris à l'occasion de la grève dans l'un d'entre eux que son patron a abandonné en laissant deux mois de salaires impayés.

Le livre m'a tout de suite attrapée. Sylvain Pattieu a l'art de donner la parole aux autres tout en s'impliquant juste à bonne hauteur ce qui nous les rend proches et vivants. Une qualité aussi tel un habile réalisateur qui choisirait avec soin plans et arrières-plans de nous confier les détails qui comptent. Aucune description longue, et pourtant les lieux et leurs gens on les voit.

Mais retour de vacances oblige, j'avais un monceau de choses diverses à faire avant de reprendre le boulot, alors j'ai dû le reposer.

2. Depuis sa sortie le fiston et moi avions pour projet d'aller voir Citizen four au ciné. Nous lui avions pour notre première journée en commun possible préféré "ma" comédie croate dont il n'avait pas apprécié l'humour - trop grinçant -. Du coup ça avait mécaniquement reporté à aujourd'hui. Regardant la veille dans quel ciné il passait, déjà très peu en fait, j'avais vu 13h30 au Brady un ciné accueillant du boulevard de Strasbourg. Les autres séances étaient le soir ou trop tôt le matin pour ce que nous devions faire d'autre dans cette dernière journée avant reprise du travail et d'être perpétuellement fatiguée.

3. À table, et parce qu'il avait lu récemment quelque chose sur une bible très ancienne retrouvée (en fait une information fausse qui va et vient sur l'internet depuis 2012 si j'ai bien compris ; en resurgissant épisodiquement comme si elle était neuve, un classique de l'internet), le fiston me demande si j'ai lu la bible. Je lui réponds que dans ma jeunesse j'avais commencé mais que c'était trop violent et guerrier, que j'avais laissé tomber. Je n'ai pas précisé "surtout envers les femmes" mais je l'ai pensé.

4. Nous allons au cinéma à pied, boulevard de Strasbourg nous passons devant les lieux du livre. Comme si ç'avait été un choix délibéré.

5. De retour à la maison, je reprends ma lecture et tombe sur ce passage qui vient de but en blanc entre deux épisodes présents et militants.

"Dans le Deutéronome il est écrit (21,10-12) : "Lorsque tu iras à la guerre contre tes ennemis, si l'Éternel les livre entre tes mains et que tu leur fasses des prisonniers peut-être verras-tu parmi les captives une femme et belle figure, et aurais-tu le désir de la prendre pour femme. "Alors tu l'amèneras dans l'intérieur de ta maison. Elle se rasera la tête et se fera les ongles, "elle quittera les vêtements qu'elle portait quand elle a été prise, elle demeurera dans ta maison, et elle pleurera son père et sa mère pendant un mois." cité donc dans "Beauté Parade" page 76 de l'édition "Plein jour" (2015)

 

C'est quand même curieux comme certains jours les choses s'enchâssent. 

 

(1) Et ça n'était pas faute de m'être bien équipée.

PS : rappel : l'effet Zahir vient de David Madore c'est lui le premier qui l'avait nommé. Je l'utilise dans une acception plus large mais le terme me plaît.


Retour vers le passé du futur


    Et voilà donc qu'avec cette révolution au Burkina Faso déjà mutée en coup d'état, j'ai passé, malgré un travail sans trève, la journée à me débattre contre une sensation mentale d'être en 1987, que vers le soir, enfin ça allait mieux, j'étais de retour en 2014, sans trop de sensation de dé-réalité (1), que j'étais pleinement là pour communiquer avec ma petite famille sur le mode de retour - je cherche un vélib -, que toujours respectueuse de la consigne de la cycliste aguerrie qu'était (qu'est toujours ? À moins qu'elle ne soit passée au taxi) V. "En vélo dans Paris, il faut être attentive", j'étais concentrée sur mon trajet. Bref, j'étais bien vendredi 31 octobre 2014 de plain-pied. Ouf, sauvée (1 3/4).

Puis je suis arrivée au carrefour de la Porte Maillot. Lequel comporte des zones cyclables, certes un peu gymkhana, mais qui protègent du redoutable rond-point. Mais elles possèdent un inconvénient : un des feux rouges est fort long. J'y attendais donc, et regardais le paysage ; je savais avoir le temps.

C'est alors que j'ai vu sur la façade du Palais des Congrés, une immense affiche pour un prochain spectacle de 

CHANTAL GOYA

J'ai cru que j'étais réellement repartie dans les années 80 du siècle passé. Le vélib avec lequel je circulais, je sais leur mise à disposition datant de juillet 2007, m'a sauvée. Ça n'aura duré qu'une fraction de seconde de vaciller. D'être perdue dans le temps. Fractionnée.

Ce bref voyage digne des passagers du chronogyre, m'a rendue en rentrant consciente de façon plus aigüe qu'elle ne l'est déjà, de l'importance que l'écriture a pris dans ma vie, du poids des rencontres décisives (avec V., avec F.) même si elles se sont pour moi terriblement mal finies (2), de l'attachement à mes enfants (dont en 1987 j'ignorais l'existence ultérieure), de quelques très belles expériences qu'il m'a été donné de faire, du bonheur qu'est l'usage de l'internet, cette eau courante du lien au monde et des amitiés nées depuis.

Je n'ai donc pas été si malheureuse d'avoir été destabilisée. Il n'en demeure pas moins qu'ouvrant le petit livre de Sylvain Prudhomme que Frédéric Forte m'a conseillé, "L'affaire Furtif" et tombant d'entrée de jeu sur cette phrase 

"L'amnésie d'une époque n'a d'égale que la brutalité de ses réminiscences"

je me suis sentie, comment dire, en plein dans le mille concernée.

(ce petit bouquin promet)

 

(1) Celle qui est mon lot depuis la rupture subie en juin 2013. Heureusement qu'il y a les amis et les réseaux sociaux, je serais sinon comme un petit bouchon de liège flottant dans l'espace-temps. Bizarrement le boulot n'aide pas, séquelles des années d'"Usine" que j'ai traversées comme des plages de non-vie. 

(1 3/4) Pour les initiés qui s'inquièteraient, il est prévu que je vois lundi Simone. Par précaution.

(2) Et je suis pour l'instant incapable d'en faire quelque chose comme le "Pétronille" d'Amélie Nothomb. En partager les bons moments, et les drôleries, remercier au passage les amis (ce si bel hommage qu'elle offre aux amis de l'Astrée), m'arrêter à l'instant où je me fais flinguer. Garder pour moi les conséquences funestes.


The book you read is watching you

Tu es tassouillée dans ta ligne 13 vers les 9 heures du matin, c'est l'heure d'aller gagner ta vie. Beaucoup de tes concitoyens sont rentrés des vacances si tant est qu'ils en aient prises, et en tout cas ont retrouvé le chemin du travail, si tant est qu'ils en aient. Tu lis ce délicieux et pétillant roman qu'on t'a confié mercredi soir et dont l'auteur te rappelle une amie quand elle était jeune ; en plus libre.

Le début du roman se déroule dans une soirée entre lycéens. A moins que tes conditions de lectures ne t'aient fait louper une marche, rien ne le géolocalise. On est en France probablement. Et ça se passe maintenant.

Le passage que tu abordes malgré ton équilibre instable, sac à dos calé entre tes jambes, prête à saisir la barre en cas de freinage intempestif - tu as raté le coche de te glisser jusqu'aux places du fond appuyées contre la porte côté voies -, a pour cadre le lycée, une salle de classe, la 203.

Trois jeunes s'y racontent une histoire. De princesse. Ils aiment les histoires. Comme toi. Mais toi les princesses, moyen moyen. Ce n'est pas très grave leur histoire est marrante.

Et soudain, sans prévenir :

 

Par exemple au lieu de hurler : "Oh mon Dieu ! je suis coincée ici pour toujours ! Quelle tragique destinée !" en s'effondrant sur un sofa, notre princesse s'était plutôt écriée : "Je suis coincée ici . C'est horrible, le papier peint est extrêmement moche. C'est super je n'ai pas à prendre la ligne 13 à l'heure où les gens vont au boulot. Ah, j'en suis ravie et furieuse !" (1)

Ca vous est déjà arrivé d'avoir l'impression que le bouquin que vous étiez en train de lire vous observait ?

(et d'une certaine façon bienveillante (car ce livre l'est), veillait sur vous).

Si nous n'étions pas que deux aujourd'hui en boutique, je serais tentée d'aller effectuer ma pause déjeuner dans les jardins du Trocadéro, voire si le récit m'y suivrait.

 

  (1) "Faut jouer le jeu" d'Esmé Planchon (Ecole des Loisirs, septembre 2014 p 31)


Le concepteur de la déco d'Issy a vu Le père Noël

 

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Ou alors c'est moi qui ai mauvais esprit. #couldalsobeCapture d’écran 2014-05-08 à 18.38.51

 

addenda de 23h51 : longtemps que je ne m'étais pas mangée un aussi splendide Zahir p30 d'"Intrigue à Giverny" "On va faire sensation. Vous vous souvenez de la scène du Père Noël est une ordure : "Oh, une serpillière, il ne fallait pas ..."? Vous restez pour le dîner [...]". 

Or que ce film soit mentionné dans un roman tissé d'art et de politique et fort loin des comédies françaises contemporaines est passablement #WTF ; ce n'est donc pas comme si le fait de m'apprêter à entamer la lecture du roman avait pu me (re)mettre la puce à l'oreille. 


Pour une fois j'y pense à temps

Demain, samedi 26 mars, de 10h15 à 13h, à la librairie Comme un roman

Marie Desplechin et Jean-Michel Othoniel auquel une rétrospective est en ce moment à Beaubourg consacrée, 

dédicaceront le livre "Mon petit théâtre de Peau d'Âne".

Librairie Comme Un Roman, 39 rue de Bretagne, 75003 Paris . Tel:01.42.77.56.20
Metro: Republique, Temple, Filles du Calvaire

 

Par ailleurs et tant que le lien est accessible et pas encore payant, bel article de Marie  consacré à Cristina Comencini.

Lire la suite "Pour une fois j'y pense à temps" »


Petite collection de coïncidences

à Noël

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J'avais croisé Philippe Caubère plusieurs fois au cours des dernières semaines.

Auparavant, j'avais de lui un souvenir cinématographique impressionné - j'étais allée en 1978 avec ma classe voir son Molière et pour la première fois ce jour-là étais entrée dans une cabine de projectioniste -, un souvenir de théâtre en 2006 mitigé - invitée à une soirée où j'espérais pouvoir revoir Wytejczk, j'avais cependant privilégié une réservation au Rond-Point préalable et n'avais pas su apprécier le spectacle de ce soir-là, trop de "moi je", trop d'attaques envers Ariane Mnouchkine qui n'étaient pas même spirituelles, une partie du public qui riait et moi qui ne comprenais guère pourquoi, un autre moins mauvais - toujours au Rond-Point, l'année d'après -. J'ai découvert un gars qui aime les livres aussi et pas que ça.

C'est tombé comme ça que j'avais en poche quelques sous imprévus (et bienvenus), un brin de temps inattendu aussi.

Je savais qu'il jouait non loin d'où j'étais et suis donc allée voir. L'horaire, ô miracle, coïncidait à l'instant près.

La solitude à Paris n'est pas sans quelque avantage : on peut au débotté assister à ce qui nous plaît, il est rare qu'une entrée et une seule ne se trouve pas.

Je me suis donc trouvée à assister à une courte pièce ou longue lecture dont en entrant j'ignorais le sujet, "Jules et Marcel", ça s'appelait.

Galabru jouait donc Raimu et Philippe, Pagnol. Ils interprétaient leur correspondance, houleuse comme le sont parfois celles des plus belles amitiées. Un troisième larron intervenait parfois pour ressituer, hé oui, en 2010, ce qui était évident pour un public populaire du temps de mon enfance, car alors Raimu et Pagnol étaient des personnes de grande notoriété, longtemps plus tard nécessite des explications envers un public de privilégiés et qu'on peut pré-supposer cultivé. Ça cabotinait d'un peu partout dans les écrits comme leur dire, mais c'était assorti. Et puis il est toujours plaisant pour un public de voir des artistes suffisamment en phase et amusés pour se livrer à de petites improvisations, c'est le bonheur du théâtre, comme de la musique "en vrai".

J'étais émue du sujet. La veille j'avais écrit quelques mots dont certains au sujet du même Marcel, alors que j'ignorais encore et que j'irai au théâtre et quel serait le thème abordé.

Au fond la meilleure façon de lutter contre les chagrins, surtout ceux que nous infligent ceux qu'on aime (1), c'est de mener une vie si belle que leur absence s'éteint.

Je me souviendrai donc du petit bond de bonheur qu'aura fait le cœur en comprenant de qui il s'agissait, de cette émotion particulière qu'il y a à retrouver sur scène celui avec lequel une heure plus tôt on causait surtout pour quelqu'un comme moi qui ne sait pas vivre dans un seul monde à la fois, alors ces changements de dimensions j'aime profondément ça, et de saluer la gosse que j'étais et qui n'aurait jamais pu s'imaginer 32 ans après que le Molière de l'écran en descendrait tout près.

La femme adulte est triste de d'abandons et d'un corps délaissé. La gamine persistante est ébahie de ce qui en grandissant lui est arrivé. C'est au delà de tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Et pas trace de trahison : la seule concession, un job alimentaire pendant plus de 20 ans.

Comme dirait un grand ami du (trop) lointain sud (2) : on n'est pas rendu. Mais néanmoins : On en est là.

(et c'est fichtre pas si mal que ça).

[photo : marché de Noël sur les Champs Elysées, cette année]

(1) À la relecture, cette phrase me paraît bête : qui d'autre pourrait nous en infliger ? Mais c'est venu comme ça, je laisse le premier jet. Je suis trop sentimentale, autant assumer.

(2) En même temps comme je trouve que la Belgique aussi est trop loin, et que Paris est limite déjà trop petite, mes désirs géographiques semblent inconciliables.

PS : Pour infos pratiques, c'est par ici ou par et attention seulement jusqu'au 31 décembre.


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Le Zahir Virginia

Entre samedi et aujourd'hui

 

De plus en plus fréquemment il m'arrive d'écrire quelque chose, quelques mots sur un sujet donné, une sensation, une peine et de retomber peu après dans un livre sur un propos très proche.

Je me dis que c'est un emploi sans doute un peu trop spécifique de l'effet Zahir d'origine, il faudrait peut-être l'intituler. Puisqu'il s'agit de littérature, je serais tentée de parler du Zahir Virginia.

Ainsi alors qu'à une amie qui avait commenté de façon bienveillante ce statut facemuche que j'avais déposé :

- De plus en plus souvent la sensation physique que je n'existe pas.

j'avais répondu ce qui suit :

"Dans mon cas le froid participe de ça : j'ai si froid que l'impression que température du corps = celle de l'extérieur et qu'en fait mon corps n'existe pas, qu'il est un élément englobé dans l'extérieur. Il y a aussi un engourdissement et une perte de la sensation d'être constituée, d'avoir une peau. Il ne reste que le cerveau qui grésille encore un peu."
et déjà dans un message personnel il y a quelque temps quelque chose d'approchant parlant du froid qui venait du dedans aussi, et que c'était lié à la solitude et à l'amour manquant,
voilà que chez Henning Mankell (1), je lis ceci :
"Je me sens toujours plus seul quand il fait froid.
Le froid de l'autre côté de la vitre me rappelle celui qui émane de mon propre corps. Je suis assailli des deux côtés mais je lutte contre le froid et la solitude."
J'ai toujours ressenti avec Mankell, comme d'ailleurs avec Higelin, un fort et ancestral cousinage, mais jusqu'à présent j'ignorais à quel point (de souffrances, de solitude et de chagrins (?)).
 
(1) "Les chaussures italiennes", premières phrases.

Où il est question de bras douloureux (mais pas que)

(encore un doux Zahir)

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Un de ces jours à peine écoulé, un peu loin de Paris, en fort bonne compagnie

Les amis nous parlent d'un accident évité, une de leur connaissance qui par sa présence d'esprit avait sauvé un homme lors d'un cours d'escalade où il s'était mal arrimé. Elle avait eu le réflexe d'entourer très vite d'une corde qui le reliait son poignet et malgré l'écart de poids avait su le retenir alors qu'il tombait.

Quelqu'un ajoute, "Elle avait le bras très marqué".

C'est à midi, au déjeuner.

Le livre (1) que je viens de trouver quand je le croyais rare, me dit "Jean-Baptiste se marre quand David lui dit que l'échafaudage sur lequel il s'engage n'est pas sûr. Ensuite il y a la chute de Jean-Baptiste [...]. Il y a David qui saute qui est là sur la terre mouillée, qui est là à regarder Jean-Baptiste qui tend la main, qui dit "Aide-moi, vite" [...] (2). La dernière image c'est quelque chose d'étrange dans le regard de Jean-Baptiste quand il lui tend la main et commence à tirer, fort, de toutes ses forces. Pour le reste c'est un bruit, un étourdissement, un éclair. C'est quelqu'un qui lui dit dans un hôpital, qu'il s'est brisé le bras et qu'il souffre d'une légère commotion mais qu'il a la vie sauve."

C'est à 16 heures, dans une librairie.

Les effets Zahir possédant leur sismologie particulière, s'accompagnent souvent de répliques secondaires.

Ainsi je me suis très légèrement brûlée le même matin les doigts contre un emballage glacé mais qu'il fallait saisir. Dans le livre un homme aussi qui touche un élément congelé. 

Je me demande où est le sens, si ce n'est que les livres accompagnent. Tout est si étrange parfois en même temps que très doux. Ou très coupant selon les temps qui courent.

En ce moment, pour moi, ça va. N'est-ce pas ?

(1) "La longue promenade avec un cheval mort" de Francis Dannemark

(2) Là je laisse de côté un passage important, mais qui dirait trop et n'était pas indispensable à la compréhension pour ce billet. Lisez plutôt le livre, puisqu'on peut le trouver.

[photo sans rapport direct, je crois]


Oh why oh why can't I ?

à l'instant sur Paris / Clichy et sans doute toute l'Ile (de France)

P7210014 Il est loin, bien loin d'être le plus bel arc-en-ciel que j'ai vu par ici, et je n'ai pas su en photo lui rendre hommage.

Néanmoins la lumière, juste avant juste après fut si belle pour une tombée du soir, et parce que je venais de lire ceci, et je songeais au livre prochain au film ancien quand il est apparu, j'ai été bêtement émue, convertie (1), saisie et toute chantante.

Puis j'ai repris espoir (2).


(1) mais j'ignore à quoi ou à qui.

(2) mais j'ignore en quoi ou en qui.

D'autres photos par là, bien faibles par rapport à la lumière qui s'offrait. Disons que c'est pour se le rappeler.

Pour les plus jeunes ou les moins cinéphiles, l'extrait de film concerné :


Ça a vieilli, oui, je sais. Il n'empêche qu'en son temps, et moi enfant ou adolescente on pouvait encore y être sensible.

Et une spéciale dédicace pour Zvezdo qui, si j'ai bien compris, a fait ce que je n'ai pas osé (sortir voir tellement c'était beau).


Zahir printannier

Le livre est sur une pile qui m'appelle. Je ne crois pas avoir jamais entendu parler de l'auteur ni de ce titre, rien.

La seule chose tangible est qu'il me parle d'un pays qui me plaît, disons-le comme ça.

Et puis page 18


"Répandu raide et froid à même la moquette, un coussin sous la nuque, et les yeux fixés au ciel à travers le plafond vitré, incapable d'un effort, d'un mouvement, d'un spasme, j'étais en train d'écouter pour la troisième fois le "Requiem" de Fauré. À supposer une subite fin du monde, combien de temps après la disparition de l'espèce humaine, qui avait compté dans ses rangs Blaise Pascal et mon oncle Marcus (considérés comme deux extrêmes de la chaîne intellectuelle) retentirait encore cet air sublime sous un ciel sourd ?"

Luc Delisse in "Le testament belge" (éd. Impressions nouvelles)

Rien de particulier pense alors le passant.

Non, mais c'est juste que ce soir à Chartres si tout va bien, ce Requiem nous le chanterons