Double effet Zahir enchâssé
28 avril 2015
1. De retour de brèves vacances en Normandie, je me suis jetée sur les livres que j'avais regretté de n'y avoir point apportés (1). Parmi ceux-ci "Beauté Parade" de Sylvain Pattieu dont j'avais déjà grandement apprécié "Avant de disparaître" sur le dernier combat des salariés de PSA d'Aulnay pour leur emploi.
Il s'agit d'une plongée dans l'univers des salons de coiffure et de beauté du Xème arrondissement de Paris à l'occasion de la grève dans l'un d'entre eux que son patron a abandonné en laissant deux mois de salaires impayés.
Le livre m'a tout de suite attrapée. Sylvain Pattieu a l'art de donner la parole aux autres tout en s'impliquant juste à bonne hauteur ce qui nous les rend proches et vivants. Une qualité aussi tel un habile réalisateur qui choisirait avec soin plans et arrières-plans de nous confier les détails qui comptent. Aucune description longue, et pourtant les lieux et leurs gens on les voit.
Mais retour de vacances oblige, j'avais un monceau de choses diverses à faire avant de reprendre le boulot, alors j'ai dû le reposer.
2. Depuis sa sortie le fiston et moi avions pour projet d'aller voir Citizen four au ciné. Nous lui avions pour notre première journée en commun possible préféré "ma" comédie croate dont il n'avait pas apprécié l'humour - trop grinçant -. Du coup ça avait mécaniquement reporté à aujourd'hui. Regardant la veille dans quel ciné il passait, déjà très peu en fait, j'avais vu 13h30 au Brady un ciné accueillant du boulevard de Strasbourg. Les autres séances étaient le soir ou trop tôt le matin pour ce que nous devions faire d'autre dans cette dernière journée avant reprise du travail et d'être perpétuellement fatiguée.
3. À table, et parce qu'il avait lu récemment quelque chose sur une bible très ancienne retrouvée (en fait une information fausse qui va et vient sur l'internet depuis 2012 si j'ai bien compris ; en resurgissant épisodiquement comme si elle était neuve, un classique de l'internet), le fiston me demande si j'ai lu la bible. Je lui réponds que dans ma jeunesse j'avais commencé mais que c'était trop violent et guerrier, que j'avais laissé tomber. Je n'ai pas précisé "surtout envers les femmes" mais je l'ai pensé.
4. Nous allons au cinéma à pied, boulevard de Strasbourg nous passons devant les lieux du livre. Comme si ç'avait été un choix délibéré.
5. De retour à la maison, je reprends ma lecture et tombe sur ce passage qui vient de but en blanc entre deux épisodes présents et militants.
"Dans le Deutéronome il est écrit (21,10-12) : "Lorsque tu iras à la guerre contre tes ennemis, si l'Éternel les livre entre tes mains et que tu leur fasses des prisonniers peut-être verras-tu parmi les captives une femme et belle figure, et aurais-tu le désir de la prendre pour femme. "Alors tu l'amèneras dans l'intérieur de ta maison. Elle se rasera la tête et se fera les ongles, "elle quittera les vêtements qu'elle portait quand elle a été prise, elle demeurera dans ta maison, et elle pleurera son père et sa mère pendant un mois." cité donc dans "Beauté Parade" page 76 de l'édition "Plein jour" (2015)
C'est quand même curieux comme certains jours les choses s'enchâssent.
(1) Et ça n'était pas faute de m'être bien équipée.
PS : rappel : l'effet Zahir vient de David Madore c'est lui le premier qui l'avait nommé. Je l'utilise dans une acception plus large mais le terme me plaît.