Anesthésie


    Il m'est arrivé ce jour une mésaventure fort désagréable, la partager pourra peut-être éviter d'autres personnes d'en être à leur tour victime, car averties elles se méfieront.

Lors d'un week-end récent, j'ai perdu, heureusement en le recrachant à temps un morceau de plombage ou de dents. J'avais donc un creux et d'une couleur à devoir se méfier. Le premier rendez-vous possible était ce lundi chez mon dentiste habituel.
Il était convenu que j'y passais sur le chemin d'aller au travail, puis que j'irai bosser. 

Jusqu'à présent les soins dentaires, s'ils m'ont toujours laissée un peu flottante, ne m'empêchaient pas d'être opérationnelle.

Seulement voilà, cette fois, il y avait du nettoyage en profondeur à faire, le dentiste m'a avertie qu'il allait me faire une anesthésie locale, OK. Il avait un peu de retard et probablement pour pouvoir travailler sans tarder a mis la dose. 
Et il n'a pas attendu tout à fait assez que le produit fasse son effet ce qui fait que j'ai un tantinet dégusté.
OK.

Mais il a fait vite et d'une certaine façon cela m'arrangeait puisqu'on m'attendait au travail. 

Alors sans demander mon reste, j'ai filé bosser. Je me sentais la mâchoire en carton du côté où il avait fallu soigner la dent. Rien de totalement inhabituel après un soin.
Sans avoir à parler à personne je fais le trajet en métro, de chez le dentiste au bureau (je me sentais l'équilibre trop incertain pour le Vélib), puis j'arrive au taf, salue les premiers collègues d'un geste (celleux qui étaient au téléphone ou un bonjour, pas trop fort, car il convient de ne pas gêner les appels en cours). Assez vite on me passe un premier appel. J'articule Oui pour acquiescer de le prendre et là, calamité ! : je m'aperçois qu'entre-temps l'anesthésie s'est déplacée à toute la mâchoire et que je ne parviens plus à articuler. Ni vraiment à vocaliser (1). Je suis péniblement parvenue à plus ou moins chuchoter au client, Envoyez-nous s'il vous plaît un courriel.

Ça fait un très bizarre effet de s'apprêter à parler et que ça ne suit plus.

La consigne a été passée de ne me confier pour le temps de ma panne que des tickets dont la résolution pouvait se faire par écrit. Et 3h30 plus tard, soit en gros après la pause déjeuner, j'ai retrouvé ma voix, quoi que de façon un peu pâteuse (2).
Les tenanciers du petit restaurant Thaï dans lequel je m'approvisionne souvent, avaient été très secourables, pigeant immédiatement et tellement au fait de mes habitudes qu'ils me proposaient les denrées et je n'avais plus qu'à faire Oui de la tête. Quant au repas lui-même, je l'ai pris seulement en partie et puis le reste à la fin de la journée, juste avant de m'en aller.

Bien sûr, une fois que j'ai retrouvé ma voix, j'ai également retrouvé la douleur, ce qui m'a rendue moins inefficace mais pas non plus totalement opérationnelle.

Pour le prochain rendez-vous (la suite de la réparation), d'un commun accord mon chef et moi nous avons inscrit un jour de RTT.
Peut-être que ma réaction physique excessive à l'anesthésie vient aussi du fait qu'au quotidien je ne prends jamais rien de ce style, alors mon organisme réagit avec la force d'une constitution vierge de tout produit similaire.

Moralité : si vous devez subir une anesthésie dentaire, évitez d'enchaîner le boulot juste après. 

 

(1) En même temps je ne ressentais pas les cordes vocales ni la langue comme étant saisies. Je ne comprends pas la conséquence de l'anesthésie sur l'émission du son.  

(2) Je crains que mes interlocuteurs n'aient eu l'impression que j'avais fort arrosé mon déjeuner.


Première punition


    Je lis chez Oncle Tom un billet sur [Sa] première heure de colle, pour un motif qu'il n'avait pas vraiment compris. Le monde des adultes avait décidé qu'un passe-temps discret au collège était interdit, le puni et ses amis n'en savaient rien sur qui la foudre de l'autorité s'est abattue leur donnant, puisqu'ils n'avaient pas été avertis que c'était interdit, un sentiment d'injustice, de ceux qui changent une vie, ou au moins une façon de voir les choses.

C'est amusant car en lisant des articles sur l'obligations désormais de la scolarité à 3 ans, j'avais repensé, moi aussi, à ma première punition. C'était en maternelle et je devais avoir ça comme âge, 3 ans ou 3 ans 1/2. Ma mère comme j'étais de la fin de l'année avait sans doute procédé à mon inscription en cours de celle-ci car à 2 ans 1/2 j'étais trop petite je crois. Je débarquais dans un monde inconnu où les adultes criaient des ordres, où l'on nous demandait de faire des choses bêtes et où j'avais du mal à comprendre le parler-enfants de mes petits camarades. On n'apprenait pas à lire, rien de tout ces trucs de grands que j'entrevoyais quand la famille avec les cousins et cousines plus âgé·e·s venaient à la maison ou qu'on allait chez eux. On nous demandait de dessiner des choses obligées, par exemple une châtaigne, un marron. Moi, j'avais envie de dessiner ce qui me plaisait. 
Et voilà que très vite ma première punition (je crois qu'il fallait aller au coin le dos tourné à la classe) m'était tombée dessus : j'avais bavardé.
Or, j'ignorais totalement que ce fût interdit. Peut-être parce que j'arrivais en cours de route, personne ne m'avait dit : ici quand on fait le dessin obligé, on se tait, je n'avais pas de grand frère ou grande sœur pour me tenir au courant de la discipline scolaire, les parents ne m'avaient pas briefée autrement qu'en me disant Sois sage. Visiblement le Être sage de l'école n'était pas celui de la maison. 

Je garde de cette punition à mes yeux inexplicable le sentiment que l'ordre de ceux qui décide n'est pas forcément le bon, une sorte d'inquiétude diffuse qui ne m'a jamais lâchée (Est-ce qu'on devient bête en devenant grand ? Remplacée plus tard par "en devenant vieux" ?), tant il était évident à mes yeux que l'institutrice avait tort, et qu'on dessinait beaucoup mieux en parlant.

Et puis de toutes façons une école où l'on n'apprenait pas à lire, qui était, je l'avais saisi LE secret magique des grands, c'était nul. 

Bonne rentrée ou la moins mauvaise possible à toutes celles et tous ceux que le rythme scolaire concerne et qui redémarrent cette semaine.  

 


Une tragédie et ailleurs un retour

 

    Après une journée bien remplie j'étais en train de récupérer en attendant l'heure de bricoler et manger un dîner, quand parce que depuis le tour de France et The Cycling Podcast, je suis un certain nombre de cyclistes sur Twitter, j'ai vu apparaître les premières alertes au sujet d'un accident grave sur le tour de Pologne. Le nom de Bjorg Lambrecht apparaissait en trending topics en Belgique, et très vite des touites indiquaient, héliporté à l'hôpital (ce qui fut l'intention mais n'eut pas lieu d'après ce que j'ai lu après), réanimation et très vite après le très vite des touites de personnes qui avaient visiblement appris la pire mauvaise nouvelle mais tentaient d'apprendre qu'elle était fausse, n'y pouvant croire. Un touite de l'équipe ou de la direction de la course qui disait il est à l'hôpital, opération en cours (ou envisagée, je ne sais plus, je me souviens d'avoir pensé, incurable optimiste que c'était bon signe dans le terrible, que ça signifiait qu'il pouvait peut-être ou sans doute être sauvé) et  

puis 

Capture d’écran 2019-08-05 à 23.37.01

 

 

 

 

 

C'était un touite de son équipe, le compte semblait bien le leur de façon peu contestable, plus aucun doute hélas ni espoir n'étaient permis.

J'ai cherché à en apprendre un peu plus, mais que faire à part penser à ses proches, famille, ami·e·s ou collègues et parmi eux coéquipiers. Je me souvenais d'autres décès prématurés de cyclistes. Bjorg Lambrecht semblait particulièrement prometteur et si jeune, même sans le connaître son sort peinait.

Je n'étais pas la seule à me souvenir, quelqu'un a émis une sorte de touite récapitulatif comme un RIP général et un ancien coureur (je crois ?) a alors ajouté quelque chose comme Sans parler des blessés si graves qu'on les a cru perdu, ou qu'ils le sont pour le sport professionnel et il a cité Stig Broeckx, si gravement accidenté en 2016 qu'on l'avait cru perdu, à ceci près qu'il était revenu d'un coma de plus de six mois, et depuis, ce que j'ignorais, progresse pas à pas pour recouvrer des capacités. J'ai même trouvé une video récente, où il est présent lors d'un prix créé à son nom afin de récolter des fonds pour les structures de soins ou rééducation, et c'est impressionnant comme il semble énergique et compréhensible pour quelqu'un revenu de si loin. 

Il est dit dans l'article qu'il avait un black out total de ses souvenirs des cinq années précédent son accident et qu'une conséquence de l'accident avait été la séparation d'avec sa compagne devenue pour lui une inconnue (1).

Quoiqu'il en soit, le voilà sauvé au moins pour un temps. Ça faisait du bien de le constater.

Chance que n'aura pas eue son compatriote. Et c'était une autre terrible étrangeté que d'apprendre de relativement bonnes nouvelles de l'un par ricochet de la pire mauvaise nouvelle de l'autre. 

Je pense aux proches de Bjorg Lambrecht, ce soir, et aimerais tant pouvoir faire quelque chose qui permettrait de soulager leur douleur. Mais il n'y a rien qui me vient. À part témoigner ici d'une sorte de chagrin commun à qui apprécie le sport qui était sa passion mais l'a finalement tué.

 

(1) un autre reportage le montre pourtant avec quelqu'un ; mais ça doit effectivement être profondément étrange de trouver des personnes pour qui on semble compter mais dont on n'a pas le souvenir. 

PS : Deux de mes amies traversent des jours difficiles et je ne sais, non plus, comment les aider dans ces moments si rudes à traverser. Que faire au concret ?

 


Se prendre en compte

 

    Il aura donc fallu un vol stupéfiant (1) et qu'on me demande si j'avais des factures pour que je prenne conscience d'à quel point soucieuse de ne pas dépenser de l'argent que je n'avais pas, ni de surconsommer, aimant aussi trouver une utilité aux objets qui m'échoient, je me traitais un peu mal et qu'il était grand temps que je pense à moi. 

Je faisais durer depuis des mois mon petit Mac Book Air parce qu'il avait une valeur affective et par souci d'économie, mais de fait je me privais d'un fonctionnement normal, ça faisait longtemps que je n'avais pas sérieusement "développé" mes photos parce qu'il saturait. L'écran était devenu trop petit pour ma vue déclinante.
Je faisais durer depuis des mois mon sac à dos d'ordi. Je l'avais obtenu dans le cadre d'un programme de fidélité de ma banque à présent changé pour un système de cashback qui ne me sert pas, puisque j'achète peu ou par nécessité immédiate et donc sans choisir où. Il était troué en dessous, les fermetures éclair se rouvraient.  Il n'était plus tout à fait sûr. 
Des pochettes qu'il contenait, une seule correspondait à un achat - elle était si pratique et je la regrette -. Les autres étaient plus ou moins des petites trousses publicitaires. L'une imperméable venait de chez ma mère. Dommage, sa seconde vie n'aura pas duré. 
Le portefeuille était une réclame d'il y a des années. J'en avais pris l'usage en 2009 lorsque je m'étais fait voler un autre que j'avais et que j'aimais bien.
Le cordon du téléfonino qui m'a été volé correspondait à mon nouvel appareil qui est un "faux gratuit" de mon opérateur.

Bon, la souris de l'ordi. était aussi un achat mais depuis quelques temps elle avait un faux contact, par moments. 

Mon fils a pu me dépanner fort gentiment d'un ordi immédiatement. Il s'était facilement offert ce que je reportais pour moi. Certes, il gagne sa vie depuis qu'il est apprenti et participe volontiers aux frais de fonctionnement de la maisonnée, mais pourquoi est-ce que j'admettais de me priver d'un outil en pleine forme alors que nous sommes quatre dans ce même logis. 

Mes autres objets achetés et volés étaient des livres mais c'est aussi lié à mon métier. Pas des achats de fantaisie, même s'ils me font plaisir.

J'avais la même paire de lunettes depuis plus de 5 ans. Certes c'est parce que ma vue de loin n'a pas franchement baissé mais quand même. Dès que j'ai à nouveau une mutuelle, je prends rendez-vous chez l'ophtalmo, il me fallait le faire de toutes façons.

Nous allons devoir changer la serrure de la porte. Des années que par moments elle se bloque ou avec certaines de nos clefs. Mais l'homme de la maison freinait pour la changer.  

C'est effarant à quel point je suis formatée pour ne pas dépenser. Des années de manque d'aisance. Des années de vie avec quelqu'un qui n'a pas une relation normale avec l'argent. Les fins de mois difficiles ont fini par avoir raison de ma résistance à son trouble.
Cela dit, par souci écologique et de ne pas surconsommer, c'est moi et moi seule qui suis incapable de remplacer quelque chose qui fonctionne et fait bon usage par un autre modèle simplement parce qu'il est plus joli ou plus à jour des dernières spécificités. Mais il est temps que j'intègre qu'il ne faut pas traîner avec un matériel qui commence à être défaillant sous prétexte d'être raisonnable. On se complique la vie et on facilite le non-remboursement pour cause d'obsolescence par une assurance éventuelle en cas de problème.

Il est temps que j'apprenne à avoir envers moi un minimum de respect. À prendre en compte mes besoins, à ne pas toujours les reporter à des jours meilleurs qui ne viendront peut-être jamais.

En attendant le nouvel ordi, vif, rapide, lisible, agréable, me réjouit. J'en éprouve un regain d'appétit de travail, d'énergie.

 

(1) que je n'aie rien senti ne m'étonne pas : depuis le 7 janvier 2015 je ne ressens plus les présences à l'arrière, ni n'ai conscience de regards posés sur moi si je ne vois pas la personne qui me voit. En revanche que les personnes à ma table n'aient rien vu alors qu'elles étaient en face ou juste à côté de moi m'étonne. Je ne m'étais pas même absentée le temps d'aller aux toilettes. 


L'héroïque James Lee

 

    La malédiction de la fuite d'eau invisible a donc retrouvé ma trace, de tous les lieux que j'ai longuement fréquentés seule Livre Sterling aura été épargnée mais peut-être parce que la malédiction date d'après. Au Connétable c'était seulement les cartes postales qui mises dehors certains jours se faisaient doucher sans que l'on ne sache trop d'où ça venait. À la librairie près du Trocadéro le mystère avait été résolu (en fait il en eu plusieurs différents) et le voisin arroseur nous avait confectionné en guise d'excuse un délicieux tiramisu.

Et donc arrivant pour ouvrir la boutique j'ai découvert aujourd'hui des morceaux de plafond tombés sur une table où nous présentons des bouquins et des gouttes qui de là tombaient sur ceux situés sur les étagères immédiatement sous le plafond. J'ai d'abord cru que seuls les livres de la table avaient morflés avant de constater que ceux d'en haut pour certains étaient gorgés d'eau. C'était le rayon Rivages / noir, ce qui après tout n'était pas sans sens : même s'il y a parfois de l'eau jusqu'aux seuils et qu'aux soirs d'orage en ville l'asphalte est détrempée, ce sont le plus souvent les rivages qu'une crue inonde.
Parmi ceux-ci le comportement héroïque des ouvrages de James Lee Burke, qui se gonflèrent comme des éponges, permirent à leurs camarades des étages inférieurs d'être bien moins touchés, certains même sauvés, au gré de l'alphabet.

En soirée un homme que je n'avais je crois jamais déjà servi est entré, s'est dirigé presque immédiatement vers la part de rayon Rivages/noir restants et à ma proposition de l'aider m'a demandé si nous avions par hasard des romans de James Lee Burke. Il cherchait Black Cherry Blues. 

Ça n'est pas si souvent que l'on nous demande de ses romans. La coïncidence était assez stupéfiante. 

Le petit dieu des livres, qui trouvait que son collègue le démon de la fuite d'eau avait un peu abusé a alors procédé à un miracle léger : il a placé l'ouvrage parmi ceux restés intacts quoi qu'un peu difficiles à retrouver (1), ce qui fait que notre client précis a pu être comblé malgré les dégâts sur les œuvres de son auteur préféré.

Ce fut somme toute, un bon moment de librairie. Il s'en souviendra sans doute et nous aussi.

Demain, retour aux corvées afférentes à ce genre de fastidieux incidents de la vie, assurances, propriétaires des locaux et plomberie. La fuite n'étant pas nette, et les voisins du dessus absents, je crains de longues complications. 

Puissions-nous plus tard n'avoir à nous souvenir que de l'héroïsme de James Lee !

 

 

(1) Dans la précipitation j'ai tout rabattu n'importe comment dans les interstices d'autres parties de la librairie. Mais contrairement aux humains les bouquins sont tous très accueillants envers leurs congénères réfugiés.


Test d'étanchéité

 

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Pour mon avant dernier jour là haut sur la colline, le ciel nous a fait le coup de la grosse grosse drache qui se prépare pour mieux se libérer pile à l'heure de la sortie et n'en faire surtout pas le meilleur moment de la journée-é-euh .

J'avoue, elle a bien fait le métier, ne nous a pas ratées,  20170518_191958

. Comme je ne suis pas née de la dernière pluie, j'avais prévu mon coup, non mais.

Seulement ce fut si fort et si durable, que les équipements furent soumis à rude épreuve.

Un test d'étanchéité de toute efficacité.

Afin de m'en servir pour de prochaines intempéries : 

  • le blouson-veste noir imperméable l'est en pour de vrai, avec une faiblesse toute parisienne aux jointures des épaules.

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  • le sac à dos vélo compatible est assez remarquablement costaud. Il ne fut que vaguement humide sur le haut vers la fin (dernier tronçon Porte de Clichy - maison)

20170518_201237- les anciennes chaussures amphibies, le sont davantage et donc (nettement) moins

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  • la capuche de mon blouson belge (bon sang, quand retournerais-je acheter quelques habits chez le boutiquier hypermnésique ?) était trempée intérieur compris mais dessous mes cheveux étaient restés secs.
  • Ma montre de sport que j'avais oubliée de retirer après l'entraînement de natation, est étanche et l'a encore prouvé 

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Bientôt je n'aurais plus à me préoccuper de la météo que pour le sport et de très courts trajets métro - lieu de destination. Peut-être est-ce cela qui me fera le plus drôle, même si je peux me faire confiance pour me faire drincher lors de parcours que je ferai à vélo.

Je n'ai pu m'empêcher de me souvenir de ce jour de juillet 2012 où j'allais chercher des livres à convoyer et où il pleuvait autant et où par égard pour mon degré de trempage, le chauffage avait été allumé (oui, en juillet).

Curieusement, le fait d'être rentrée douchée, m'a comme dispensée du travail (administratif et ménager) d'en ce moment du soir. Je ne sais pas expliquer pourquoi, un bizarre sentiment du devoir accompli, un comme évident "Ça suffit pour aujourd'hui". 

Alors, au lit !


Late


    Le réveil du téléfonino avait sonné, tu l'avais éteint sans tarder malgré un rêve fort prenant qu'il interrompait (1). Finalement malgré la fatigue [de la période surchargée] ça n'était pas si difficile de se lever. 

Au radio réveil tu croyais écouter la fin de Paso Doble (avec Bastien Vivès) ou François Angelier, mais c'était déjà Jacques Munier. Il était question des 100 jours de Trump qui faisait visiter le bureau ovale à tout va y compris à de vieux rockers racistes et Sarah Palin et qu'il s'amusait à appuyer sur le bouton rouge qui fait venir un majordome avec une bouteille de Coca. Tu t'es demandée si tu n'étais pas en train de dormir parce que quand même ça n'était pas très plausible tout ça. Mais tu avais déjà enfilé un jean et des chaussettes et tu vérifiais que dans ton sac de piscine le maillot y était. C'était un début de journée tout ce qu'il y a de plus normal en fait.

C'est quand tu as enfilé le porte-clefs de cou avec celles des antivols du VTT que tu savais en réalité vraie avoir laissé dormir dans la réserve de la librairie de Montmorency que tu t'es réveillée. Sortie de ce sommeil paradoxal dans lequel tu avais si parfaitement songé à ce que tu étais censée déjà avoir fait.

Le seul fait avéré était que tu avais scrupuleusement éteint le réveil du téléfonino.

[résultat : 30 minutes de retard sur un entraînement d'une heure, la honte]

 

(1) vague souvenir de sillonner la ville sur un double-decker bus sans doute par conjonction d'en avoir croisé un dans Paris récemment et qu'un membre de ta petite famille soit à Londres pour quelques jours.

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Ils s'appelleront comment, les vélibs si c'est plus des Vélib's ?

 

    Parfois je me souviens qu'à l'origine j'avais ouvert ce blog pour raconter des "choses vues" à Paris ou dans la banlieue proche. Il se sera passé quand même un certain nombre de trucs qui m'ont fait copieusement dévier. En particulier la crise de l'environnement politique avec des responsables qui ne pensent qu'à leurs avantages personnels et méprisent le bien commun, solidement entamée en France sous Sarkozy, un peu calmée sous Hollande - lui n'aura été malhonnête, semble-t-il que dans sa vie privée ; le grief est plutôt à son encontre d'avoir fait tout le contraire sauf pour le mariage pour tous, que ce qu'il s'était engagé à accomplir si on l'élisait -. Du coup je ne peux pas m'empêcher de parler de politique alors que je ne me sens pas qualifiée et souhaiterait ne pas tant devoir y prêter attention.

Ce que je voulais partager concernait la vie quotidienne. Ce dont je souhaitais témoigner. 

J'y retourne donc ce soir à l'occasion de cette annonce, qui avait déjà quelque peu fuité : 

à partir de 2018 la filiale de Decaux qui fait les Vélibs serait supplantée par Smoove pour le marché des vélos urbains en (quasi) libre-service.

A priori je trouve ça assez sain que le marché soit ouvert. Mais au concret de l'affaire je me pose plein de questions. On dirait que je ne suis pas la seule : 

Vélib, trois questions entre Decaux et Smoove

N'est-ce pas bien peu écologique une fois que tous les investissements sont faits de devoir tout rechanger, les bornes les connexions, tout ? à commencer par les bicyclettes ?

Que deviendront les salariés ? Bien sûr j'imagine qu'on leur proposera des reclassements à l'intérieur du groupe (JCDecaux) ; sauf que s'occuper des vélos, c'était spécifique. Ils font faire quoi après ça ? Coller des affiches ? Passer des engins nettoyants ? Ça risque d'être un brin déprimant.

Les vélibs commençaient à rudement bien fonctionner à part des soucis de saturation / vide des stations. Il y avait eu pas mal de bugs au début. À présent que ça fonctionnait enfin bien il va falloir redevenir les cobayes d'un nouvel opérateur ?

Que vont devenir les abonnements en cours à l'heure du basculement ?

Est-ce que les autres modèles auront (enfin) une vitesse 4 ?

J'ai cru comprendre que pour être rentable le futur nouveau système devra proposer les abonnements beaucoup plus chers. Euh, les usagers ont-ils leur mot à dire ?

Est-ce que quelque chose qui tient du service public (il s'agit certes d'un mode de déplacement individuel mais qui relève des transports en commun, si l'on y pense), ne devrait pas être public et assumé tel ? Histoire qu'il y ait pérennité du fonctionnement.

Que deviendront les biclous réformés ?

Bref, je serai peut-être super contente de disposer de Smoove, il seront peut-être mieux. Mais en attendant, j'ai l'impression qu'on va vers l'arrêt d'un service qui en rendait et avait enfin atteint le meilleur de son mode de fonctionnement. 

Et puis ils s'appelleront comment les vélibs, si c'est plus Vélib's ?

 

 

 

 


Un petit tracas de temps (tic tac)


    J'ai toujours eu un problème avec le temps qui passe, et je pense que c'est à cause de ça qu'enfant j'ai commencé à écrire : le besoin d'un ancrage (encrage ?) face à son défilement affolant. Entre deux phases de longues heures de salles d'attentes ou de maladie, des bons moments qui filaient et qu'on se retrouvait au mauvais moment suivant, la vie cette grosse arnaque organisée par les grands. 
Devenue adulte à mon tour, je n'ai jamais sauf aux périodes de maladies (personnelles ou les plus graves des plus proches) trouvé le temps long. Ou si : à l'Usine une fois saisie par l'écriture et alors que ça correspondait à une époque de flicage de tous les instants et donc impossible de prendre une respiration, devoir aller aux toilettes jeter sur un calepin quelques notes - souvent les trouver illisibles au soir -, les journées de boulot n'en finissaient pas. Mais les soirs d'écritures une fois accomplie la présence et les devoirs familiaux passaient comme un éclair.

Ces derniers temps j'ai remarqué que j'avais comme un tracas avec la fin des années 80 et les années 90 du siècle passé. J'ai bien intégré que jusqu'en 1986, en gros mon enfance et ma jeunesse, l'âge venant, il s'agit d'un "autrefois". Le pays n'est plus le même, les mœurs, les façons de vivre ont évolué, les objets (irrésistible gif chez @sandiet), Capture d’écran 2017-03-19 à 22.13.06 pour certains ne sont depuis si longtemps plus utilisés que des adolescents d'à présent ignorent comment s'en servir si d'aventure ils en croisent.

Mais voilà :

Je ressens bien au quotidien que ma jeunesse est loin et ça y est j'ai parfaitement admis d'être d'un autre temps. Lorsque je regarde des images des années 60 que j'ai traversées bébé et petit enfant, c'est terriblement flagrant - une grande accélération des choses, que l'on croyait alors progrès, ayant eu lieu durant la décennie 70 -. Ce qui fait qu'en plus d'être assez amusant, on a l'impression d'être une survivante de temps anciens, c'est tout à fait digéré.

En revanche, et d'autant plus du fait de ma libération en 2009 d'un environnement professionnel qui n'avait aucun sens pour moi sinon permettre de payer notre logement, je n'arrive pas à admettre enregistrer que les débuts de ma vie d'adulte, l'air de rien, ont trente ans. Pour moi c'était hier, vraiment. Exactement comme si vingt ans n'avaient pas eu lieu et que je venais de commencer - ce qui n'est pas totalement incohérent, en tant que libraire mon expérience est de sept ans -. Je suis donc stupéfaite en constatant que les années 80 et même 90 nécessitent dans les films une reconstitution, que c'était même d'autres vêtements (1), qu'une video de 1987, que je perçois comme toute récente (je me souviens fort bien de ce que je faisais alors) date d'il y a trente ans, 30 ans, TRENTE !

J'ignore combien de temps perdurera cette stupéfaction. 

 

(1) Bon, ça c'est aussi que je m'habille sans modes. Et que depuis ma #viedelibraire et son manque d'argent je pratique le streetwear.