Anesthésie
20 juin 2023
Il m'est arrivé ce jour une mésaventure fort désagréable, la partager pourra peut-être éviter d'autres personnes d'en être à leur tour victime, car averties elles se méfieront.
Lors d'un week-end récent, j'ai perdu, heureusement en le recrachant à temps un morceau de plombage ou de dents. J'avais donc un creux et d'une couleur à devoir se méfier. Le premier rendez-vous possible était ce lundi chez mon dentiste habituel.
Il était convenu que j'y passais sur le chemin d'aller au travail, puis que j'irai bosser.
Jusqu'à présent les soins dentaires, s'ils m'ont toujours laissée un peu flottante, ne m'empêchaient pas d'être opérationnelle.
Seulement voilà, cette fois, il y avait du nettoyage en profondeur à faire, le dentiste m'a avertie qu'il allait me faire une anesthésie locale, OK. Il avait un peu de retard et probablement pour pouvoir travailler sans tarder a mis la dose.
Et il n'a pas attendu tout à fait assez que le produit fasse son effet ce qui fait que j'ai un tantinet dégusté.
OK.
Mais il a fait vite et d'une certaine façon cela m'arrangeait puisqu'on m'attendait au travail.
Alors sans demander mon reste, j'ai filé bosser. Je me sentais la mâchoire en carton du côté où il avait fallu soigner la dent. Rien de totalement inhabituel après un soin.
Sans avoir à parler à personne je fais le trajet en métro, de chez le dentiste au bureau (je me sentais l'équilibre trop incertain pour le Vélib), puis j'arrive au taf, salue les premiers collègues d'un geste (celleux qui étaient au téléphone ou un bonjour, pas trop fort, car il convient de ne pas gêner les appels en cours). Assez vite on me passe un premier appel. J'articule Oui pour acquiescer de le prendre et là, calamité ! : je m'aperçois qu'entre-temps l'anesthésie s'est déplacée à toute la mâchoire et que je ne parviens plus à articuler. Ni vraiment à vocaliser (1). Je suis péniblement parvenue à plus ou moins chuchoter au client, Envoyez-nous s'il vous plaît un courriel.
Ça fait un très bizarre effet de s'apprêter à parler et que ça ne suit plus.
La consigne a été passée de ne me confier pour le temps de ma panne que des tickets dont la résolution pouvait se faire par écrit. Et 3h30 plus tard, soit en gros après la pause déjeuner, j'ai retrouvé ma voix, quoi que de façon un peu pâteuse (2).
Les tenanciers du petit restaurant Thaï dans lequel je m'approvisionne souvent, avaient été très secourables, pigeant immédiatement et tellement au fait de mes habitudes qu'ils me proposaient les denrées et je n'avais plus qu'à faire Oui de la tête. Quant au repas lui-même, je l'ai pris seulement en partie et puis le reste à la fin de la journée, juste avant de m'en aller.
Bien sûr, une fois que j'ai retrouvé ma voix, j'ai également retrouvé la douleur, ce qui m'a rendue moins inefficace mais pas non plus totalement opérationnelle.
Pour le prochain rendez-vous (la suite de la réparation), d'un commun accord mon chef et moi nous avons inscrit un jour de RTT.
Peut-être que ma réaction physique excessive à l'anesthésie vient aussi du fait qu'au quotidien je ne prends jamais rien de ce style, alors mon organisme réagit avec la force d'une constitution vierge de tout produit similaire.
Moralité : si vous devez subir une anesthésie dentaire, évitez d'enchaîner le boulot juste après.
(1) En même temps je ne ressentais pas les cordes vocales ni la langue comme étant saisies. Je ne comprends pas la conséquence de l'anesthésie sur l'émission du son.
(2) Je crains que mes interlocuteurs n'aient eu l'impression que j'avais fort arrosé mon déjeuner.