Dormir en plein jour

Capture d’écran 2021-08-14 à 12.11.59

Ce sont ces deux touites apparus sur ma TL ce matin qui m'y ont fait repenser alors que ça ne m'était pas arrivé depuis des années.

J'aime pour ça les réseaux sociaux, leur fréquentation peut être assez stimulante surtout si on a une vie professionnelle qui ne nous laisse pas le loisir de nous déplacer dans différents milieux humains variés.

Enfant, je détestais faire la sieste que l'on tentait souvent de m'imposer - jusqu'au moment où étant certains que je n'en profiterais pas pour faire des bêtises les adultes m'ont laissée vivre ma vie aux heures de début d'après-midi - et j'avais besoin qu'il fasse noir pour dormir. Ma mère qui s'efforçait de bien faire, même si c'était parfois avec l'effet inverse de l'intention, avait fini par dénicher des double-rideaux marrons foncés et chaque soir je fermais volets de bois et double-rideaux.

En fait ça n'était pas la lumière qui m'empêchait de dormir mais qu'on exigeait de moi d'être au lit à 20:30 ; en ces temps-là, avec le sommeil des enfants ça ne rigolait pas. Seulement à l'époque je croyais que c'était pareil partout, qu'un·e enfant devait dormir à 20:30, sauf les soirs de grands matchs de football, que c'était une loi immuable de l'humanité. Alors je croyais que c'était moi qui n'allait pas, de ne pas parvenir dès 20:30 à fermer l'œil.
(et puis j'avais envie de lire, toujours, et je rallumais la lumière après, mais ça, c'est une autre histoire)

Je ne sais plus quand c'est venu, probablement avec les classes prépa pendant lesquelles on ne pouvait dormir que peu, puisqu'il y avait la journée de cours et la journée nocturne de travail scolaire personnel. C'était ce coucher entre 01:00 et 02:00 du matin pour se lever entre 06:30 et 07:00
Le sommeil venait instantanément, quelle que soit la luminosité ; il était d'épuisement.

Ensuite sont venus des logis, dont un studio en cité U, pas nécessairement équipés de volets, ni de double-rideaux et puis on s'en foutait et on pionçait.
Bien plus tard, chez nous un jour les double-rideaux ont lâché et nous les avons enlevés et puis on a eu plein d'autres choses à faire (dont : se lever tôt, aller bosser et quand on rentre on est crevés, beaucoup de jours, bien plus que de jours à la maison) et on a pris l'habitude sans.

À présent non seulement je m'en passe, mais je crois que je dormirais plutôt moins bien dans le noir, j'aime être réveillée à la lueur du jour, je suis capable de m'endormir instantanément partout sauf dans la proximité immédiate d'un marteau piqueur, le niveaux d'ombre et de lumière n'a plus aucune importance. Et j'apprécie particulièrement lorsque de loin en loin (1) je loge dans des chambres où du lit on a une vue. Ainsi l'appartement lyonnais provisoire du Joueur de Pétanque qui offrait une vue urbaine dégagée et le ciel c'était du bonheur ; et au Guilvinec une chambre d'un petit hôtel qui permettait du lit d'ouvrir les yeux sur l'océan c'était pour moi le nirvana (2).

Au bout du compte, c'est intéressant de constater combien au cours d'une vie l'on peut évoluer. Et combien la perception des choses peut-être différente d'une personne à l'autre.

Au passage, notez que le secret des couples qui durent est sans doute, bien avant toute considération sexuelle, d'avoir des modes de sommeils compatibles, volets et fenêtres ouverts ou fermés, noir total ou lumière comme elle est, pièce plutôt chaude ou plutôt fraîche ...

(reconnaissance renouvelée au Joueur de Pétanque capable de dormir alors que ma lumière de chevet reste allumée pour lire)

 

 

 

(1) De chez moi je vois : le mur de brique de l'immeuble en face et une bande étroite de ciel ou en Normandie un grand arbre et son bout de ciel par une petite fenêtre.
(2) N'y suis pas allée souvent, pas exactement dans mes moyens et puis les ami·e·s sur place proposent souvent l'hébergement et ça aussi c'est le bonheur : se lever et être entourée dès le début de la journée par des personnes bienveillantes et bien-aimées sans avoir à faire de déplacement pour se rejoindre.


Un indicateur de fatigue

 

    Longtemps le radio-réveil fut calé sur 6h30, heure qui permettait aux un·e·s et aux autres de la famille de se préparer qui pour l'école puis le collège puis le lycée puis la fac, qui pour le bureau, plus tard aussi la librairie. Quand j'ai repris la natation en 2004, après avoir été contrainte à 10 ans à restreindre cette activité pour cause de rhumes récidivants, j'ai calé l'heure de l'enclenchement plus tôt. Après m'être inscrite au club de triathlon, encore un peu plus tôt. Le réveil est désormais à 6h17.

J'ai eu des 6h15 aussi, du temps heureux où nous participions certains vendredi à des files d'attentes collectives pour l'Opéra de Paris, avant qu'elles ne fussent de facto réduites à néant par les réservations en ligne et l'augmentation des tarifs pour les places abordables mais bonnes que nous convoitions.

Mon bref #NouveauBoulot a requis des réveils à 6h voire 5h45 pour les matins où j'ai embauché à 7h15 ou 7h30.

J'aime bien me lever tôt, davantage s'il s'agit d'aller nager que de filer à un boulot, il faut bien l'avouer, mais ça ne me pose pas de problèmes, dès lors que je n'ai pas veillé trop tard. Le tout est de pouvoir intégrer une sieste en début d'après-midi.

La différence se fait à la fin des contraintes. C'est là qu'on voit si elles nous faisaient mal ou pas. Cette année écoulée, où j'ai vécu de remplacements et où j'ai travaillé, en pure perte hélas, à un projet de reprise d'une librairie puis un projet de création dans ma ville, j'ai pu respecter mon sommeil, mes rythmes et même sans le recours à un réveil, étais calée sur 6h30 sauf le dimanche.

À présent que je reprends pied dans ma vie, après un mois et demi de travail à grand temps, je m'aperçois que du radio réveil qui s'enclenche à 6h17 je n'entends au mieux en premier lieu qu'une chronique qui se tient à 6h58. L'épuisement est si fort que le son pourtant proche met plus d'une demi-heure avant de parvenir jusqu'à mon cerveau.

La première émission que j'entends est un bon indicateur de fatigue. Est-elle proche du déclenchement ?, je n'ai pas trop de soucis à me faire pour ma santé.

J'ai jusqu'à la fin des congés scolaires et la reprise des entraînements pour retrouver mes réveils (presque) naturels matinaux. Et une fois mes forces reconstituées, me remettre à chercher du boulot (ou une solide subvention d'écriture).

 


Les heures de sommeil

 

    En 2015 et jusqu'en juin 2017, et alors que j'avais déjà des tendances (je peux m'endormir brièvement à toute heure à volonté, il me suffit de m'allonger, me sentir suffisamment peu menacée et fermer les yeux), j'ai été atteinte d'une forme légère de narcolepsie. Je suis parvenue à mener ma vie à coup de violents efforts contre les endormissements et d'organisation (1). 

Depuis, et malgré une vie quotidienne trop remplie, ça va nettement mieux. J'en conservais néanmoins la conviction que j'étais une grosse dormeuse. Mon rythme idéal, je le connais depuis longtemps : se lever à 6h30 se coucher peu après 23h30 si possible, et faire une sieste de 40 minutes en début d'après-midi. 

Le rythme requis par le travail dans notre société à notre époque n'est pas tout à fait celui-ci. Le capitalisme débridé nous pousse de toutes façons à consommer le plus possible et donc à dormir peu, étant donné que l'air n'est pas encore payant (2) et que c'est la seule chose, avec un système de chauffage l'hiver, que l'on consomme en dormant.

Il aura fallu ce cadeau d'anniversaire d'une montre pour le triathlon qui mesure les phases de sommeil et que par curiosité je voie ce que cela donnait pour que je prenne conscience qu'en réalité j'étais plutôt petite dormeuse, ce qui continue de me surprendre. Une semaine normale, pas spécialement par choix mais parce qu'il y a le travail, au matin tôt les entraînements et au soir en rentrant des choses à faire et le besoin irrépressible d'un peu de temps réveillé en roue libre, à prendre des nouvelles du monde et des copains, de temps de lecture aussi, je ne dors qu'environ 5h à 5h30 par nuit.

Du coup je comprends mieux pourquoi je ne souffre pas d'insomnie, je tombe littéralement de sommeil à peine couchée et me réveille sous les injonctions combinées du radio-réveil et du réveil de mon téléfonino. 

Ce dimanche, une cheville en délicatesse faisait qu'aller courir n'était pas une option, tout au plus un peu de vélo, dans l'après-midi. Donc pas de réveil extérieur. Et voir ce que ça donnait. 

Dormir de tout mon saoul, ça donne donc 8h de sommeil 

Capture d’écran 2019-04-07 à 12.12.38Il faudrait pouvoir faire ça chaque jour. Seulement ma vie quotidienne requiert un lever à 6h30, ce qui signifierait se coucher à 22h30. Quand on rentre du boulot vers 20h30 à 21h c'est impossible : il faut dîner, se laver, il y a un minimum de choses à faire pour la maison et il me faut pour le travail du temps un peu pour lire. Sans même parler de partager un moment avec les membres de la famille. Sans même parler de temps humain nécessaire à de la décompression (lire des bêtises, rigoler avec les ami·e·s, faire des jeux idiots, regarder une série ...) car l'être humain n'est pas fait pour être un efficace permanent.

Je me demande quelle solution trouver, comment ménager ce qui s'impose (il faut gagner sa vie, travailler d'arrache-pied pour rapporter quelque argent) et ce dont le corps et l'esprit ont besoin pour fonctionner au meilleur d'eux. Quelque chose me dit que je suis loin d'être la seule et que pour notre société et notre époque, c'est collectivement un réel enjeu. 

 

(1) Entre autre : j'arrivais plus tôt dans ma zone de travail pour pouvoir faire une sieste préventive d'un quart d'heure dans un parc voisin avant d'attaquer mon service qui heureusement n'était en général que les après-midi.

(2) Ça le deviendra hélas certainement, l'air du dehors devenant de plus en plus irrespirable. Il y aura donc des dispositifs pour que nous puissions disposer de temps d'air pur, inévitablement payant. Les riches auront des équipements légers et permanents, les pauvres, de plus encombrants et seulement par moment. Les pauvres tousseront. Les riches peut-être aussi mais en s'intoxiquant volontairement avec des substances entre autre tabagiques. 

 


Day off mais pas tant que ça

 

    Réveillée avec le rhume. En fait je l'avais tenu en respect jusqu'à mercredi soir pour l'émission GRP qui me tenait tant à cœur et voilà que ça a encore tenu un peu le jeudi et puis le vendredi, effet de la fatigue, le corps a baissé la garde et voilà. 

Je n'avais pas de remplacement en librairie à assurer aujourd'hui. 

Ça tombait bien.

Je me suis dit, allez, je ne fais rien, je récupère, je dors, j'accomplis ma fièvre et ma toussoterie sous la couette et peut-être que comme ça, ça ira mieux demain et après-demain pour un gros, très gros week-end de rangements urgents (changement de ballon d'eau chaude prévu lundi, il faut entièrement dégager le cagibi pour éviter les risques d'incendie). 

Donc je n'ai rien fait. 

Enfin, du rien de comme une femme.

C'est-à-dire ranger une lessive sèche en lancer une nouvelle et l'étendre sur le séchoir. M'occuper d'un repas - Ok en mode flemme mais quand même -. Lire un livre (du plaisir, certes, mais pour le boulot). Préparer trois nouveaux cartons de livres pour le box de stockage et les y apporter à diable (avec une aide de l'homme à mi-parcours mais néanmoins). Enfin scanner la facture des pompes fu pour la restauration de la tombe des arrière-grands-parents et avertir les membres de la famille qui avaient annoncé qu'ils participeraient financièrement au projet. Vérifier ma reprise d'abonnement Vélib. Nous inscrire, l'homme et moi, pour les 10 km des Foulées de Clichy (j'aimerais bien faire un temps, pour une fois). Et finalement commencer le début du gros du rangement, même si je m'étais dit que m'occuper d'écluser un max du rhume d'abord était la meilleure idée. 

L'ensemble saupoudré de visions de videos de sportives et sportifs de haut niveau, parce que ça aide à se motiver pour bouger lorsque le corps suggère de rester au lit, et pas du tout pour des coquineries. Ça tombait bien, un des Norvégiens que j'admire et son amie ont décidé de se mettre à vloguer. C'est fou comme avec eux ça a l'air facile, juste quelques anicroches de vols annulés et correspondances d'avions en courant et de bagages du frère égarés, de remporter un championnat d'Europe en CAP. Intéressant aussi : un très bon n'est pas stressé, il est excité à l'idée d'enfin être au jour J au moment M. Ça me rappelle certains souvenirs scolaires ou plus récemment des rencontres en librairies, bien préparée, vient l'envie d'être à pied d'œuvre.

Pour conclure notre propre journée, nous avons trouvé moyen d'intercaler un petit dîner dans un restaurant capverdien du quartier, puisqu'à la maison rien n'était prêt et qu'il convenait de manger. 

Somme toute, ce fut du rien bien rempli.


C'est quoi ce rhume ?


    Jeudi soir nous recevons Gilles Marchand à la librairie, et c'est un moment où je fais partie de ceux qui présentent, je me sens bien, je suis à l'intérieur de l'action, aucune subroutine du cerveau qui part dans d'autres directions (1). Tout au plus lors d'un bref passage que je lisais à voix haute ai-je eu l'impression que ma voix était légèrement voilée, pas comme d'habitude. Le genre de choses que l'on se dit après coup, mais qui sur le moment se remarquent à peine.

Vendredi matin réveil pourvue d'un gros rhume déjà bien avancé, tous les symptômes y sont, nez qui coule, état fiévreux, voix rauque, toux, respiration avec efforts. C'était comme si d'un seul coup j'étais au 3ème jour d'un mal déjà déclaré.

Vendredi et samedi, capable de bosser mais sans élan, avec du mal à parler (sympa pour les clients), la fièvre facilement tenue en respect par les anti-rhumes courants.
Dimanche matin, sans doute un accès de fièvre si fort que je suis au bord du malaise - passé l'étourdissement et un moment de sommeil je me réveille comme si le rhume n'était qu'un mauvais souvenir -. Je parle encore un peu du nez, le son de la voix voilé.
Dimanche et lundi à part un peu de toux au réveil le lundi matin et qui disparaît avec la verticalité, je me sens certes un peu fatiguée comme après avoir été malade, mais guérie. Comme si le rhume avait une semaine.

Mardi matin à nouveau l'état grippal, comme si j'en étais revenue au samedi, comme si les deux jours de mieux n'avaient pas eu lieu. Pas pu pratiquer de sport, et d'ailleurs des courbatures même sans. Je me hasarde jusqu'au stade où j'aurais dû avoir un entraînement de course à pied, mais rien que de parcourir en marchant les 800 m qui m'en séparent, j'ai la tête qui tourne. Les jambes sont en coton douloureux depuis le matin.

Les autres membres de la famille depuis ce week-end sont tous aussi plus ou moins toussoteux. Rhinopharyngite a dit le médecin à celle qui est allée le voir.  Je nous suppose atteints par la même affection. 

En attendant c'est quoi ce rhume qui va qui vient, qui s'abat d'un coup, semble guéri mais non ? 
Je suis allée voir mon kiné, il m'a au moins remis le corps dans l'ordre (2).

J'irai bosser demain, pas question de ne pas. Mais dans quel état ?
(je crois que je suis en train de payer l'absence de repos lors de mes brèves vacances liée au voisin voleur ; et le cumul familial des chagrins, les révélations successives (qui ne la concernent pas directement) autour de la mort de ma mère, du simple fait que les obsèques ont fait qu'on devait les uns et les autres se voir, les personnes dont je croyais qu'elles allaient bien que leur vie suivait leur petit bonhomme de chemin alors que non, que pas du tout)

 

(1) En période de deuils c'est toujours un risque
(2) La fièvre, les états grippaux me donnent souvent l'impression d'avoir les vertèbres dans le désordre, les membres ailleurs qu'à leur place, d'être un Picasso tardif ambulant


Late


    Le réveil du téléfonino avait sonné, tu l'avais éteint sans tarder malgré un rêve fort prenant qu'il interrompait (1). Finalement malgré la fatigue [de la période surchargée] ça n'était pas si difficile de se lever. 

Au radio réveil tu croyais écouter la fin de Paso Doble (avec Bastien Vivès) ou François Angelier, mais c'était déjà Jacques Munier. Il était question des 100 jours de Trump qui faisait visiter le bureau ovale à tout va y compris à de vieux rockers racistes et Sarah Palin et qu'il s'amusait à appuyer sur le bouton rouge qui fait venir un majordome avec une bouteille de Coca. Tu t'es demandée si tu n'étais pas en train de dormir parce que quand même ça n'était pas très plausible tout ça. Mais tu avais déjà enfilé un jean et des chaussettes et tu vérifiais que dans ton sac de piscine le maillot y était. C'était un début de journée tout ce qu'il y a de plus normal en fait.

C'est quand tu as enfilé le porte-clefs de cou avec celles des antivols du VTT que tu savais en réalité vraie avoir laissé dormir dans la réserve de la librairie de Montmorency que tu t'es réveillée. Sortie de ce sommeil paradoxal dans lequel tu avais si parfaitement songé à ce que tu étais censée déjà avoir fait.

Le seul fait avéré était que tu avais scrupuleusement éteint le réveil du téléfonino.

[résultat : 30 minutes de retard sur un entraînement d'une heure, la honte]

 

(1) vague souvenir de sillonner la ville sur un double-decker bus sans doute par conjonction d'en avoir croisé un dans Paris récemment et qu'un membre de ta petite famille soit à Londres pour quelques jours.

Lire la suite "Late " »


Un cynisme glaçant (mais au moins pas de réelle folie)

Tirée du sommeil ce matin par le radio-réveil sur la matinale de France-Culture, j'ai entendu avant les paroles apaisantes d'Ariane Mnouchkine, des infos concernant Trump qui annulait les expulsions de diplomates russes décidées par Obama et sans doute d'autres choses le concernant. 

Ce qui aura donné ce dernier rêve avant le réveil.

Journaliste ou consultante (?) je faisais partie d'une petite équipe "embedded" pour un temps limité (ouf) auprès de Donald Trump.  Nous constations qu'il menait le pays comme une entreprise avec un dynamisme fou - sans tenir compte de l'inertie d'immense cargo que peut avoir un pays d'où une tendance à tout enfoncer sur son passage et un risque d'échouage inouï - et zéro notion des relations historiques ni de la géopolitique préalable. Il n'était pas fou du tout, les trucs délirants qu'il disait c'était pour se faire élire puis aduler par les cons. Il faisait preuve d'un pragmatisme absolu comme s'il incarnait l'esprit même du capitalisme qui trouve à générer du profit (2) sur tout ce que produisent les mouvements mêmes de qui s'oppose à lui. J'étais rassurée - ça n'était pas un vrai cinglé, juste un cynique parfait exploitant le fait que le monde l'était, il risquait moins de faire pèter la planète que je ne l'aurais cru -, j'avais même un doute que tiens peut-être ça n'amènera pas que des horreurs : certains ennemis surpris et charmés de n'être plus considérés comme tels se montraient prêts à ne plus l'être. Mais on allait droit vers la fin des classes moyennes. Et pas parce qu'elles auraient eu accès au niveau supérieur.

(1) aux infos, pas Mnouchkine
(2) et donc se renforcer, accroître son emprise

Je préférais nettement quand je rêvais de Barack Obama.


Le rêve de la Manche glacée

 

     20160305_074813

C'est un dernier rêve avant le réveil, mais à l'empreinte forte, je ne parviens pas à m'en départir, l'écrire devrait aider. Il vient tout droit d'un réveil samedi matin devant une étendue enneigée, des infos où l'on parlait de la crise des réfugiés (qu'on appelle migrants dans les médias histoire de faire croire que c'est d'eux qu'est venue ex nihilo leur envie de bouger, pourquoi pas touristes pendant qu'on y est ?), et d'un week-end de ciné-club ce qui rend le truc plus scénarisé qu'un rêve standard.

Scène 1

Je suis en surplomb de la Manche gelée, probablement vers Arromanches, on voit des vestiges de Mulberries. Mon ami Pierrot est près de moi, il contemple aussi. La mer est gelée entièrement et recouverte de neige par dessus. Plein de petites silhouettes noires se déplacent, certaines en files indiennes, certaines à luges, d'autres à ski, on voit même un traîneau avec des chiens. Elles vont vers l'Angleterre. 

Pierrot me demande : 
- Tu l'as vendue ?
Je hausse les épaules, en mode bien sûr que non : 
- Je l'ai donnée. Peut-être à l'heure qu'il est qu'ils approchent de l'arrivée.

J'oubliais : nous sommes tous les deux jeunes comme à l'époque où nous avions fait connaissance. Avec nos vies devant nous.

[plan de coupes sur les silhouettes qui avancent]

Scène 2 (flashback) - printemps 2017

On voit des flashs d'infos, il est question d'une importante glaciation. Beaucoup d'agitation consécutive dans les zones près de Calais, certains ont compris, certaines associations d'aide aussi, que la frontière avec l'Angleterre allait s'ouvrir, par la force des choses, qu'on pourrait aller à pied. Beaucoup ont parcouru la moitié de l'Europe et du Moyen-Orient à la marche où sur des engins de fortune, et par tous les temps. Ce ne sont pas quelques dizaines de kilomètres qui vont les effrayer.

On voit les plus réactifs des réfugiés et des associatifs, prendre tous véhicules à leur disposition pour filer plus au sud : ils ont compris que des surveillances seraient mises en place là où le passage est bref, mais qu'en contournant le problème il serait possible de passer avant que toute la côte ne soit surveillée.

Scène 3 (suite du flashback)

Je devais partir en Normandie, c'était de toutes façons mon projet. Mais je fais le crochet par chez ma mère et j'y récupère ma vieille belle luge d'enfance, cadeau de Noël de l'année 1971 (il avait beaucoup neigé) et qui servit de par la météo clémente des hivers d'après, finalement assez peu. Je me doute qu'elle fera des heureux.

Il reste de ce rêve l'image des petites silhouettes progressant sur la mer glacée et enneigée.

Qu'on voyait aussi partir des Français, comme par effet d'entraînement. 
Et peut-être aussi parce que la crise est telle ici qu'ils cherchaient eux aussi à s'en sortir.
Qu'on voyait des gens aider les réfugiés à s'équiper mais pour la plus mauvaise raison qui soit : s'en débarrasser au plus vite. (souvenir de la manifestation du 11 janvier 2015, certains n'étaient là que pour le cocorico et d'être anti-arabes et ils entonnaient des Marseillaises avec des trémolos puants).
Que pas mal de personnes donnaient sans regret leurs équipements de ski, Nous ne pourrons plus y aller, il n'y a plus d'argent.

Il y avait par ailleurs ce réconfort de n'être pas seule, d'avoir quelqu'un qui compte à mes côtés. Joint à la beauté de la scène des marcheurs sur la mer, ça faisait de ce songe un rêve pas trop mauvais, et presque beau. Mais sur un fond contextuel effarant. 

Et tous risquaient que la glace se brise avant d'être arrivés.

 

PS : de façon presque amusante j'ai constaté après coup qu'un élément de ce rêve était une sorte de prémonition.