Les familles des coupables

    Alors qu'il est probable que la fin de la pandémie et le fait qu'un pays soit désormais aux mains d'extrêmistes - même si effectivement certains mouvements terroristes islamistes sont également leurs ennemis -, risque d'accroître le risque terroriste - il y aura de nouveau des foules à viser -, le sujet qui me taraude depuis des années, celui des familles, des proches de coupables de crimes, revient en force dans mon esprit. 
Je ne perds pas un seul instant de vue la détresse, le chagrin des proches des victimes, d'être une simple amie pas particulièrement intime, juste une amie d'un cercle d'amis joyeux autour d'une librairie, d'un des assassinés du 7 janvier 2015, m'a donné un aperçu de ce que ça pouvait être, de la lutte que c'est pour tenir le coup. 

Il n'empêche que mes pensées vont fréquemment vers les proches des coupables. Certains d'entre eux ont leur part de responsabilités : par exemple dans le cas d'enfants élevés dans des préceptes sectaires et qui finissent par prendre fait et cause au point d'en virer criminels. Il n'empêche que ce qui est frappant c'est à quel point dans la plupart des cas, les proches ont vu la personne qu'ils appréciaient dériver et n'ont rien pu faire (ont tenté en vain de calmer le jeu), ou n'ont carrément rien de rien vu venir. Ces personnes s'en veulent le plus souvent, et passent leur vie ensuite à se poser une foule de question, et à devoir faire face à un double deuil, celui d'avoir perdu leur proche, devenu quelqu'un d'autre puis meurtrier, celui de la tragédie provoquée. Dans le cas des parents, s'y rajoute d'être taraudés par le fait qu'ils ont engendré un monstre, et ils se sentent porteur d'une part de responsabilité, alors qu'ils sont aussi victimes.

À défaut de pouvoir faire quoi que ce soit d'autre tant que je travaille à temps plein et suis épuisée et ne disposant de ce fait plus de temps personnel consacrable à l'écriture, je prends des notes.

- Ici des interviews des filles de Lee Harvey Oswald, lesquelles ont dû porter l'opprobre de l'assassinat de JFK sans même avoir connu leur père ou pour l'aînée si peu (elle n'a sans doute aucun souvenir direct, étant donné l'âge qu'elle avait) ;
- Là un sujet de journal télévisé dans lequel témoigne la famille de Samy Amimour, l'un des tueurs du Bataclan ;

(je complèterai ce billet à mesure des documents que je croiserai).

- bien sûr, la nouvelle enquête-roman de Philippe Jaenada, "Le printemps des monstres" évoque aussi ce sujet là, parmi bien d'autres. Avec la différence que dans le cas du meurtre du petit Luc Taron, un doute solide est permis. 


Conversions et barèmes concernant la course à pied


Fullsizeoutput_1c29   Ceci est un billet d'intendance pure parce qu'à l'occasion du remplacement de mes chaussures de trail qui étaient carrément déchirées d'usure, j'ai découvert que les correspondances de tailles entre tailles européennes, anglaises et US pouvaient varier selon les marques : 

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La liste générale étant sur le site de i-run bien documenté

 

 

Ça ne me concerne pas, je suis bien trop lente, mais je sais que certain·e·s de mes ami·e·s seront intéressé·e·s par les barêmes et tables de cotations de la FFA : 

pour les femmes

pour les hommes  

Ça permet de situer le niveau d'une performance. 


Airs de l'air du temps des early eighties (pour écrivain'e's ou nourrir le #JukeBoxFou)


    En cherchant à m'autoshazamer d'un air que le #JukeBoxFou de dedans ma tête diffusait, je suis tombée sur ce compte youtube qui fait des récaps de tubes par années pour la France, et j'ai trouvé très instructives ses sélections pour qui souhaite écrire (roman ou scénario) qui se passerait dans ces années-là. C'est vraiment leur bande-son telles qu'elles furent.

C'est publié sous le nom de Mister C et pour l'instant je n'ai consulté que trois années, mais d'autres sont en ligne. Il s'agit (sans doute pour des questions de droits, de très brefs extraits de chaque morceau, mais rien n'empêche de rechercher les videos ou les sons intégraux une fois repérés ceux qui nous intéressaient). 

Les tubes de l'année 81

Les tubes de l'année 82

Les tubes de l'année 83

(et à part ça, fors pour quelques airs de chanson française qui ne me disent rien, Juke, le #JukeBoxFou de dedans ma tête connaît toutes les paroles ; peut-être que je devrais m'inscrire à des concours rétros de karaoké).

Côté anglo-saxon, j'ai trouvé cette récap qui est pas mal : les numéros 1 dans les années 80 classés par durée en numéro 1  

 


Quatre ares cinquante centiares


    Moi que les documents administratifs et légaux mettent si mal à l'aise, avec leur langue au sens souvent dévié par rapport aux mêmes mots dans le langage courant, avec leur façon de créer une glaciation de la vie, une lyophilisation réduite aux instants les plus officiels - parfois en si cruels décalages d'avec la réalité charnue -, voilà que je suis tombée en fascination avec ce document. 

La copie n'est pas toujours très lisible, mais il en ressort clairement que mes grands-parents avaient acheté la petite maison, sa cour à l'arrière, son jardinet à l'avant ("Quatre ares cinquante centiares") en février 1943 lors d'une enchère à la bougie sur laquelle ils étaient les seuls enchérisseurs. Le nom de famille de certains des vendeurs - il s'agissait d'une large succession, une veuve morte sur place en 1940 et qui semble-t-il n'avait aucun descendant direct - est celui d'une famille dont ma mère me parlait comme des amis. Qui sait si mes grands-parents, qui avaient économisé en vain pour tenter d'acheter la maison où ils vivaient, au dessus de la boutique sur la place du marché, n'ont pas vu là l'occasion tout en ne laissant pas perdre leurs économie d'aider à dénouer une situation bloquée. 

Le document permet de comprendre qu'un propriétaire précédent détenait la maison depuis 1912. De quand date-t-elle donc ?

L'agrandissement qu'à fait faire mon père, un coin cuisine et une salle d'eau - WC et que je croyais construit d'à partir rien a en fait remplacé un cellier et une rangée de clapiers qui en dur existaient.

Ma grand-mère était probablement à l'origine de la décision, elle tient boutique au centre de la petite ville, une mercerie. Les autres femmes sont mentionnées "occupée au ménage", quant elle est "commerçante". Pour autant la phrase clef "En conséquence, Me Lemeland notaire adjuge [...]" stipule précisément "à monsieur et madame Gigory qui acceptent, la femme autorisée de son mari [...]" (1)

Signes encore plus cruels des temps, parmi les nombreuses personnes concernées par cette succession, trois des hommes étaient "actuellement prisonnier de guerre en Allemagne". L'un d'entre eux y a même un matricule et une adresse "14466 M.Stamlager S.C. [ou S.O., le document est peu lisible] Arbeit Kommando 1317].

Enfin, et le pire : dans les attendus ("Lesquels intervenants ont dit qu'ils se présentent [...], qu'ils sont mariée l'un et l'autre [...], que madame [...] était veuve, [...énumération de tous ceux concernés par la succession qui causait la vente]", cette précision finale : "qu'ils ne sont passibles d'aucune hypothèque légale, que tous les vendeurs sont de nationalité française et aryens." 

En effet à l'époque (2), eussent-ils été juifs, la maison aurait tout bonnement été confiée à un administrateur et certainement pas vendue en leur profit. Il tient donc à cela que la petite maison ait accueilli ma famille : personne n'était d'origine juive. Je tente de m'en accommoder en sachant que dans la petite ville, ce bout de Normandie, personne n'était concerné, que mes ascendants de fait n'ont grillé la place à personne, et que ça n'aurait rien changé, que la mention n'a été faite que parce que la loi inique d'alors le demandait, il n'empêche que ça peine. Me voilà extrêmement consciente que par deux fois dans ma vie, mes origines m'ont accordées un accès au logis (3). Et que c'était si discret que je ne l'ai su, ou n'en ai pris conscience qu'après, tant il est vrai qu'on ne sait par toujours qu'on bénéficie d'une sorte de rente séculaire de domination.

Je regrette de n'avoir pas connu l'existence de ce document auparavant. J'eusse aimé poser à ma mère quelques questions de son vivant. Il est trop tard à présent et un oncle par alliance est le seul survivant de sa génération. 

Le couple qui occupa la maison un moment s'était marié en 1897. Ils ont donc grandi du vivant de Victor Hugo. Comme c'est proche, comme c'est lointain !

Quant aux jeux des circonstances extérieures qui empêche de dérouler son existence, mes grands-parents maternels sont champions loin devant moi : une première guerre mondiale à leur 20 ans, une seconde en leur quarantaine et un achat de maison 1 an et 4 mois avant que la zone ne soit lourdement bombardée. Au fond mes difficultés admissibles ne sont que l'écho atténué perpétuant une tradition familiale. Et je suis plus âgée que ma grand-mère ne l'a jamais été.

 

(1) En revanche les femmes semblent de plein droit quand nécessité l'exige tutrices d'enfants mineurs garçons ou filles.

(2) Les lois "sur le statut des juifs" ont commencé à être prises en France dès octobre 1940. La confiscation de leurs entreprises et bien date d'un ordonnance du 18 octobre 1940 et depuis juin 1942 les arrestations ont commencé sans plus besoin du prétexte d'une infraction commise.

(3) L'autre fois c'était à la cité universitaire d'Antony, nous étions le seul petit couple d'étudiants locaux à demander un studio. Tous les autres, nous l'apprîmes à l'usage étaient occupés par des familles immigrées (avec enfants petits) qui trouvaient là des logis bon marché. Les étudiants français dédaignaient les lieux, réputés mal famés et effectivement très décrépis. La rapidité avec laquelle fut traité notre dossier reste pour moi le signe évident d'une discrimination positive.

PS : Un élément troublant est que la petite maison avait la même valeur chiffrée, à peu de choses près, en francs de 1943 qu'en euros de 2017 

PS' : Une des personnes mentionnée est "sœur naturelle de droit" de l'une des autres. Je ne suis pas certaine du sens de cette expression. 

 


Photos retrouvées (Il nous restera ça)

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Je cherchais à récupérer une information de date sur une prise de notes faite sur mon téléphone malin et suis tombée sur la "galerie" photos qui n'est pas l'interface que j'utilise habituellement pour récupérer mes images. 

Je me suis alors rendue compte que l'appareil avait accès via une appli de messagerie qui y était encore reliée - mais après un changement de nom général - à tout un lot de photos prises pour la plupart en 2008. 

Elles étaient totalement sorties de ma mémoire sauf pour certaines qui concernaient Bruxelles - et qui sont soigneusement archivées par ailleurs -. Il est clair que certaines étaient là en vue d'un partage, d'un envoi.

Je me souviens parfaitement des photos prises à la demande de Camille Renversade lors de sa rencontre au Festival Étonnants Voyageurs le 1er juin 2009 avec Michael Palin (1).  P6010058

 

 

 

 

 

 

 

 

Ou de celles prises pour l'ami Eduardo, par exemple celle-ci alors qu'il recevait Gilles Jacob dans les sous-sol de la Fnac Montparnasse, à présent dévolus au prêt-à-porter. C'était le 21 mars 2009.

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Je me souviens de cette soirée de réveillon, à l'orée de l'année 2009 qui fut pour moi si bouleversante, où nous avions bu du champagne extra-ordinaire. 

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Je me souviens du tram 33 et de ce soir bruxellois où le voyant passer sur le quai où j'en attendais un autre, je n'ai pas pu m'empêcher d'y monter sans même savoir où il allait.

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C'est ce qui s'appelle de l'emprise culturelle

 

 

 

 

 

 

 

Je me souviens bien sûr de la soirée du 28 août 2008 au centre culturel d'Uccle

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Et si je n'avais pas oublié que Claudie Gallay était venue à l'Attrape-Cœurs je ne savais plus que c'était le 11 septembre 2008.  CIMG9706

 Je me souvenais qu'elle avait le même tee-shirt à manche longue que j'avais failli mettre, le même exactement (couleur, taille, marque) (mais I. V. au dernier moment m'en avait dissuadée). 

Nous avions beaucoup ri, il en reste une photo floue, étrangement cadrée.

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Et d'ailleurs c'est l'un des mystères de ces images retrouvées pour la plupart huit ans après, c'est qu'elles ne sont en rien triées, ce qui n'est pas cohérent avec ma première hypothèse qu'elles aient été là pour partage. Figurent parmi elles des silhouettes de type street-view-ghosts, dont je connais la cause (j'évite le plus possible d'utiliser un flash sauf pour certains effets et donc les mouvements pris en lumière basse donnent parfois ces résultats).

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L'autre mystère étant quelques bribes qui sont des copies d'écran, dont celle-ci qui date du 22/09/2013 - quand les photos datent d'entre 2008 et 2011 - et correspond à une demande de mouchardage de la part de FB (à laquelle je n'avais bien sûr pas répondu).

Capture d’écran 2016-02-28 à 21.36.25 Ce qui était drôle était qu'une de mes amies se trouvait alors en déplacement professionnel à Mexico et que la machine me demandait si elle y habitait.

À l'opposé du spectre figurent quelques photos, dont celle qui ouvre ce billet et qui me paraissent trop bien pour avoir été prises par mes soins, sauf que je reconnais l'attribution de titres automatique de mes appareils successifs. Il serait peut-être temps qu'enfin j'apprenne à faire quelque chose de celles qui sont venues bien. En attendant je suis heureuse de les (re)trouver.

P8290067 Bastille again and again_260908_P9260039 Le rêve et le reste_Bastille_260908_P9260046

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La statue venait de poser un bouquet (mais restait chagrinée)_191008PA190030

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien sûr certaines sont drôles, d'où que je crois bien les avoir prises (elles ne font peut-être sourire que moi)

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J'ai également retrouvé une expérimentation du 19 juin 2011 qui me fait chaud au cœur (peu importe le résultat)

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Me revient alors que la photo avec le chien et les personnes attablées en terrasse avait été prise au Palais Royal et que je voulais faire un clin d'œil à Milky (2) qui s'était lancée dans une série New-Yorkaise : les gens avec leurs chiens.

Voilà donc un ricochet étrange de cette époque où nos appareils servent à notre espionnage et peuvent conserver certaines traces à notre insu : le retour de mémoires personnelles imprévues. Comme de regarder les albums photos de quelqu'un qui nous fut cher et qu'on avait un peu perdu de vue. 

L'expérience dans mon cas aura été plutôt plaisante. J'y apprends qu'après les traumatismes personnels (2006) ou collectifs (11/09/2001) une forme d'insouciance peut renaître et à nouveau des sentiments chaleureux. Je me demande ce qu'il en sera pour l'après 2015 (3). Je trouve aux images des années précédentes une légèreté qui me semble désormais inaccessible. Mais elles font du bien à revoir. 

Comme le slamme Grand Corps Malade, il nous restera ça.

 Il est amusant de constater qu'à l'orée d'une nouvelle étape de ma vie, qui se présente plutôt bien et dont la perspective en tout cas me stimule, des éléments extérieurs (la fin annoncée du fotolog, des fichiers en mémoire de mon téléphone retrouvés sans les avoir cherchés) me poussent à faire le point avant de clore le chapitre précédent, ses bonheurs et ses douleurs. Une expression extérieure d'un besoin d'archiver soigneusement pour passer à la suite sans entraves tout en emportant les précieux acquis de celles qui furent mes plus intenses années. Elles m'auront au moins permises d'apprendre un métier que je m'apprête à nouveau à exercer. Je le ressens comme un privilège.

Oui, il nous restera ça.

 

PS : Le bizarre album des retrouvailles est .

PS' : Accessoirement, en tentant de rechercher si j'avais déjà posté cette photo en la documentant un tantinet et alors que j'avais oublié d'ajouter le filtre "your own photostream" (qui en fait n'existe plus), je me suis aperçue que sur flickr on pouvait voir toutes les photos laissées publiques prises par des personnes ayant le même appareil (ou un appareil qui inscrit les photos en mémoire de la même façon) le même jour (mais pas forcément la même année) dont c'était le même numéro d'ordre dans les photos de la journée et qui n'ont pas modifié le titre. Ça me donne des idées (d'écriture). 

 

(1) Rien à voir avec Sarah et tout avec les Monty Python (je mets le lien pour l'intéressant article wikipédia en V.O.)
(2) Je choisis ce lien vers un billet précis car il m'émeut particulièrement. Je suis sous l'emprise de plusieurs mécanismes de ce genre, en particulier après les violences de 2015, et ça atteint l'écriture et aussi les vœux (mais les plus proches d'entre vous avez sans doute remarqué). Et d'ailleurs grâce à Milky il me vient une idée.
(3) Sachant qu'on risque d'encaisser de nouvelles horreurs, qu'on n'en a pas terminé. Mais ce n'est surtout pas une raison pour baisser les bras, ni renoncer par avance à quoi que ce soit.

 

 


Un livre que j'aimerais écrire

La biographie romancée (1) d'Ettore MajoranaO-MAJORANA.jpg

J'avais oublié cette idée, croisée du temps où je me croyais faite pour la recherche (en physique nucléaire et quantique), passion qu'il m'a tenue entre les âges de 13 et 19 ans. Un chagrin d'amour y avait mis fin et je crois que de toutes façons je n'avais ni assez d'intelligence (2) ni assez de santé.

Et puis voilà qu'une citation d'Étienne Klein reprise dans le blog de Karl Vanwelde, toujours si doux à l'âme, m'y ramène.

"Sur une trentaine de feuillets fragilisés par les années, je retrouve la même écriture régulière et constante que dans les Volumetti, mais cette fois il n'y a ni calculs ni équations. Je suis pour ainsi dire aimanté. L'écriture est la façon la plus palpable, la plus corporelle, qu'a un disparu de réapparaître. Un manuscrit autographe est comme une résurrection, un silence calligraphique qui dit presque tout."                                                                 Etienne Klein ("En cherchant Majorana" éd. Folio)

Que ne suis-je libre de mon temps pour pouvoir attaquer le sujet ! (3)

 

(1) Le sujet appelle le romanesque, c'est presque inévitable. Passionnant à creuser.

(2) J'étais capable d'aller assez haut dans les réflexions sur les sujets scientifiques en maths et en physique mais je retombais ensuite épuisée, comme si mes neurones (schématisons) faisaient du trampoline. Et l'éducation que j'avais reçue avait massacré une confiance en moi déjà assez moyenne au départ. 

(3) Le faire dans les conditions actuelles avec seulement au maximum un jour et demi d'efficace par semaine serait voué à l'échec. D'autres que moi, sans doute, y parviendraient. Mais je sais que je ne peux mener à bien une telle tâche qu'au titre de projet principal d'une période donnée. Et dûment pourvue de temps libre pour récupérer.


Tabucchi par surprise

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  Le kiné m'a fait un bien fou. Je ne perds pas de vue qu'il s'agit d'une forme de soin palliatif, ce qui me manque est ailleurs ; mais ce mieux que rien est en fait beaucoup mieux que bien des pas rien.

C'est donc le corps allégé que je gagne la BNF, prête à en découdre avec l'écriture. Même si une fois de plus je devrais me contenter d'étudier - aujourd'hui Roger Leenhardt, très intéressant, malgré que la façon qu'avait la plupart des hommes de cette génération de considérer les femmes m'est devenue insupportable -, et d'écrire du bref, de bloguer. Décidément ma vie de la période est faite de demi-teintes, de limitations des dégats. Non sans panache, non sans éclats, mais si "en-dessous" de ce que je devrais faire. J'avais brisé mes chaînes mais d'autres ont remplacé ce qui m'entravait.

Sur le site de la Grande Bibli, j'avais repéré la mention d'une expo concernant Antonio Tabucchi. Je ne m'attendais pas à la voir, brève, dans une petite salle vers l'ouest. Puisque je la longeais, je me suis accordée le temps d'y entrer. 

J'ai enfin mieux compris pourquoi était légitime cette confusion que je fais parfois entre Pessoa et lui. Le lien est fort. Mais l'un avait un chapeau et l'autre pas ;-).
Les documents et quelques objets rassemblés sont émouvants, même si la présence de ces derniers dans quelque expo que ce soit, concernant le travail de quelqu'un, me laisse toujours un peu perplexe dès lors qu'elle ne touche pas directement à celui-ci. 

Je peux éventuellement être intéressée par l'appareil photo du photographe, qui m'apporte une indication technique sur l'outil ; mais pourquoi les lunettes de l'écrivain ? ce coupe-papier ? cet autre accessoire personnel non directement lié à l'écriture ? J'ai eu la vision d'une expo qui aurait F. pour sujet et de la montre qu'on y verrait. Ainsi que des lunettes qu'il s'efforçait de ne pas utiliser. Y aurait-il aussi ses tablettes de viagra ? (entre-temps on aurait trouvé bien mieux que cela).

L'exposition avait beau ne pas abuser de ce côté exhibition de l'intime, et être construite pour porter à connaissance de manière bienveillante, je m'en suis sentie génée.

Les courriers étaient pour beaucoup instructifs. Seulement là aussi, je me suis mise à la place de qui, tel acteur que je sais encore en vie, tel réalisateur qui pourrait passer là ..., verrait un mot pensé d'usage très personnel montré au grand public dès à présent ainsi. Là aussi, le tri était respectueux. Mais pour un autre auteur et sélectionné par des moins scrupuleux, il pourrait donner d'étranges résultats. Y compris un jour éventuellement pour moi. J'ai songé au délicat roman de Catherine Locandro, "Histoire d'un amour", à ce professeur qui découvre dans le journal 25 ans après les faits tout un pan de sa propre vie dont il ignorait certaines causes et qu'au grand public en même temps qu'à lui-même on dévoilait.
Demande-t-on leur avis aux personnes dont les mots sont cités ?

Avec les correspondances de contemporains, je ne suis jamais à l'aise. Cette sensation d'intrusion.

La voix intérieure moqueuse à alors suggéré : Et si c'était l'inverse qui advenait ? Je dois au moins pour aujourd'hui à Tabucchi de m'être mise au boulot sans tarder. La seule certitude est que le temps m'est compté.

 

PS : Ne pas croire malgré les réserves toutes personnelles que j'y mets que l'expo ne mérite pas le détour. Un homme d'ailleurs prenait des notes avec un sérieux parfait.