Béquille mémorielle


    Quelques blogueuses et blogueurs historiques comprendront de quoi je veux parler : 

Ce soir nous fêtions à retardement (pour des raisons géographiques et de disponibilités) en petite famille la nouvelle année, et Le Joueur de Pétanque avait prévu du champagne et nous avons exhumé quelques flûtes d'un placard. 
Sur l'une d'elle était écrit "Renault fête ses 100 ans".

Nous sommes deux à avoir un vague souvenir d'un vague événement.
Recherche effectuée via quelque moteur de recherche, l'événement devait dater de 1998.
J'ai pensé, je vais regarder sur mon blog avant de Ben non bien sûr 1998 c'est trop tôt pour le mien.
L'événement eût-il existé après l'été 2005 que j'aurais pu nous rafraîchir la mémoire.

Bloguer est au fond (aussi) une activité d'utilité familiale. 

À moins que je ne retrouve un vieil agenda, ou des carnets de papiers datant de cette époque-là, nous allons nous endormir avec ce micro mystère : 
les 100 ans de Renault dont il nous reste une flûte à champagne, c'était quoi ?


Journée de la loose des transports

(venerdi)

Il neigeotait. J'avais encore le mollet gauche douloureux d'une crampe de la veille au matin, lors d'un entraînement de natation.
Alors j'avais décidé de ne pas vélotafer. 

Un bon petit ligne 14 + ligne 4 ferait l'affaire pour l'aller et peut-être un vélib au retour quand je pourrais me permettre de rouler lentement si l'ombre résiduelle de la violente crampe me gênait.

Et puis.

J'arrive en haut des escaliers vers le quai de la 14, une rame est là, j'accélère même si ça tire un peu du côté de la douleur existante, parviens à monter, avec cette gamine petite joie, I made it.
Erreur de débutante. 
Ça n'est pas moi qui étais parvenue à aller vite mais la rame qui avait tardé.
Un incident était annoncé concernant l'autre direction. Voyageurs de l'autre sens nous ne nous sentions guère concernés.
Des minutes passent. L'annonce est répétée. 
J'avais une petite marge, je commence à me dire que j'arriverai juste-juste au boulot.
Puis vient l'annonce "trafic totalement interrompu ligne 14 entre Saint Lazare et Saint Ouen dans les deux sens. Reprise du trafic prévue vers 09:50".
Comme tant d'autre je bondis vers la ligne 13, déjà à l'ordinaire suffisamment chargée pour que ça vire à la foire d'empoigne. Je ne m'en sens pas la force. Un RER C est annoncé dans les 5 mn, je cours l'attraper.
Grand confort (rame 9), pas surpeuplée, le bonheur du francilien.
À Saint Michel j'entends sauter dans le RER B, au bout du compte j'aurais sans doute 12 minutes de retard - j'ai déjà averti le bureau de mon retard inévitable -.
Et sur les panneaux d'affichage : 10 mn avant le prochain, Retardé, Retardé comme commentaires sur les suivants.
Alors je cours attraper la ligne 4, laquelle, même en fonctionnant sans incident, ne m'a guère permis d'arriver à moins de 25 minutes de l'horaire théorique.

Je suis restée 45 minutes plus tard que mon horaire théorique, pour compenser.

Il faisait un froid hivernal (3°c et du vent du nord), mais j'étais prête à rentrer à vélib. Ils étaient nombreux à la station la plus proche du lieu de travail. Mais voilà que mon pass navigo ne déclenche pas la libération du biclou. Me revient en mémoire un mail attestant de la fin au 31 mars de mon abonnement et de l'absence de possibilité de renouvellement automatique for some reason.

Je suis finalement rentrée en ligne 4 puis ligne 14, laquelle entre temps s'était refait une santé.
Et donc la propension au bavardage inutile pour une fois au lieu de m'agacer m'a fait sourire

"Cher voyageur des chutes de neige sont prévues à Paris. Ceci n'est pas un poisson d'avril" 

Ce n'était pas un poisson d'avril, mais niveau trajets de travail, ça n'avait pas été ma journée.

 

 

PS : J'ai appris à grand retardement, via un post instagram de l'ami François, le décès de Richard Moore, que j'écoutais au cycling podcast. Je ne le connaissais pas personnellement mais j'appréciais ses commentaires de course. Et il laisse beaucoup de gens atterrés parmi qui le suivait de plus près que je ne le faisais, voire le connaissaient "en pour de vrai". Tristesse.
(et confirmation que je travaille trop).

PS' : Des jours de congés nous ont été payés car impossibles à caser compte-tenu de l'augmentation de la charge de travail. Me voilà pourvue du salaire que je ressentirais comme motivant s'il m'était versé chaque mois. Toute ma vie professionnelle, ce même sentiment sauf une fois ... alors que mon employeur peinait à me verser les sommes dues (autrement dit : quand j'ai un salaire en lien avec l'effort fourni, son paiement n'est pas garanti). C'est décourageant.

 


Fascination des tutos

(venerdi)

 

 

Je m'étais promis d'utiliser cette journée de récupération du samedi précédent travaillé afin d'aller nager (il y a un entraînement possible le vendredi matin) puis de me reposer.

Le réveil fut raté, par épuisement, et au bout du compte je n'ai pas su rester sans rien faire, alors je suis allée remplacer le diable que le joueur de pétanque, impatient, avait, après des années de bons et loyaux services, dans un accès de rage de ne pas arriver à le replier ou déplier démantelé. Je me suis fait plaisir, pour une fois, d'acheter sans barguigner un modèle un peu luxueux mais pile conforme à mon usage de trimballeuse de cartons de bouquins.

Mes gestes de libraire me sont revenus en automatisme, des années des mêmes gestes ne se perdent pas si vite, c'est réconfortant. En revanche j'ai du faire un effort pour le replier, encouragée par une réponse en commentaire d'un article et que je me permets de reproduire ci-dessous parce que je sens que régulièrement je me reposerai la question.

Bonjour,

Je n’arrive pas à replier mon ts 850, bien que je fasse comme sur les vidéos

Luke B.(Auteur de l'article)

Bonjour,

Pour replier votre diable, appuyez sur le bouton vert afin d’abaisser la poignée, puis remonter d’un coup sec la barre transversale qui se situe entre les roues.

 
Je note également un point qui me sera sans doute utile quand je me (re)poserai la question de la capacité de l'appareil :
Le Wolfcraft TS 850 est un diable pliant robuste qui peut parfaitement convenir dans le cadre d’un déménagement. Par contre il est important de ne pas dépasser la charge maximale : 100 kg sur sol plat et 50 kg dans les escaliers.
 
 
Et je ris une de ces vidéos Youtube dans lesquels des êtres humains effectuent avec une aisance confondante des manipulations pour lesquelles on a soi-même peiné. Je serai capable d'en regarder pendant des heures (si je disposais d'heures libres) tant est grande ma fascination.
Celles de mécanique vélo sont particulièrement redoutables. 

Je suis revenue à pied, diable déplié, du lieu dans Paris où je l'avais acquis, constatant une fois de plus, toujours aussi espantée alors que j'en suis conscience depuis plusieurs années, d'à quel point nous avions déménagé sur place tant les environs, les proches quartiers et le nôtre ont changé. La densification est impressionnante. Le ciel s'est rétréci. 
Des installations collectives se sont améliorées. Et de vieux bâtiments ont disparu, ce qui n'est pas un mal quand ils étaient dégradés.
 
M'épate aussi le fait que durant mes jeunes années puis les années de jeunes parents, à part certains circuits habituels, nous explorions peu les environs, malgré que parfois je calais des chasses-photos et que nous aimons marcher. Je déniche encore parfois une ou deux rues jamais arpentées. Charme des grandes villes.
 
 
PS : Je ne suis pas sponsorisée pour écrire ce billet, j'ai acheté le bidule qui convenait à mon usage et qui était disponible au jour que j'avais de liberté. Et s'il est OK pour moi, il ne le sera pas forcément pour quelqu'un d'autre qui aura une autre nécessité.
 
 
 
 
 
 

De blogs en blogs (comme au bon vieux temps ?)


    Ma propension à l'épuisement en ce moment me rend comme absente au monde, j'assure le boulot, je mets les entraînements de course à pied en priorité 1 juste après cette nécessité, et pour le reste je pare au plus pressé, j'essaie de ne pas passer tout le temps non travaillé à dormir (ou regarder du sport à la télé, parce qu'on peut faire ça dans un état de très grosse fatigue en piquant de loin en loin de bon petits roupillons et en se passionnant au réveil).

Alors j'ai bien aimé, vraiment beaucoup aimé quand retrouvant le bureau (table) du salon d'où je peux écrire dans un confort normal (1), j'ai pu lire qu'un de mes billets avait eu un écho proustien chez Alice sur lequel Matoo avait rebondi
Parce que bon, je suis loin d'avoir tout lu chez le remarquable Marcel, il n'empêche que c'est une admiration profonde, un réconfort quand je m'y remets, une sorte d'histoire d'amour. 

Les ami·e·s, vous m'avez fait chaud au cœur. 
Ça serait bien que je trouve le temps d'en causer à Véronique Aubouy, la réalisatrice qui avait entrepris ce projet formidable et fou de Proust lu.

 

 

(1) C'est plus compliqué du fond du lit

#Proust 


En rentrant de la radio je me suis aperçue


  Fullsizeoutput_1ab6 En rentrant de la radio, où j'étais toute heureuse d'avoir pu inviter Sylvie Lassalle pour son roman "Le village des secrets",  je me suis aperçue que j'avais retrouvé un bureau. C'était prévu et annoncé, j'en ai monté un hier, j'en récupère un aujourd'hui, mais il y a toujours un écart entre la prévision des choses et sa concrétisation. J'avais entre autre oublié que cette place désormais vide avait été la mienne dans un autrefois pas si vieux.

Quel âge avait donc le fiston quand je la lui avais cédée ? Je n'en ai plus le souvenir. Je me revois rentrer de l'"Usine" un jour et qu'il parlait au casque avec quelqu'un au sein d'un jeu. Il était en 3ème ou 4ème je pense et j'y ai vu bon signe, qu'il ait été capable d'installer ça sur ce qui devait être l'ordi familial de base. Je préférais cet usage que de le voir le nez dans une gameboy ou autre petite console de cette époque-là. J'espérais pour lui qu'à force de jouer sur un ordinateur, il finirait par trouver de l'appétence pour programmer, ce qui lui permettrait de gagner sa vie.  

Me suis sans doute alors débrouillée pour acquérir un ordi portable pour mon propre usage, et j'ai commencé à camper dans la cuisine. La table de la cuisine est devenue de moins en moins table de cuisine et de plus en plus mon bureau. Jusqu'à un total submergement au gré des coups durs jamais remontés (maladies et décès des parents, vider la maison des miens et la vendre, conséquences indirectes des attentats de 2015, inondations par dégâts des eaux remontant (deux fois), moments de maladies des uns ou des autres). Je pense que nous n'avons pas pu y prendre le moindre repas depuis 2015. Ou 2013, autre rude année, une rupture subie, et mon premier emploi de libraire perdu pour cause de librairie qui fermait.

Je perds la compagnie quotidienne du fiston avec lequel je m'entends si bien et qui savait me faire rire même dans les moments difficiles, il va me manquer, mais en contrepartie, je vais pouvoir tenter de reconquérir l'appartement devenu invivable de trop de livres et de paperasses non triée, manque de place, manque de temps pour du rangement. Ça devenait terriblement urgent. C'est un grand service qu'il nous rend en plus que cette sorte de soulagement à le sentir tiré d'affaires, libre et indépendant. Mission [de parents] accomplie. Au moins pour lui. 


Comme un lundi (d'un mois d'hiver) (après cinq mois presque temps plein travaillés)


    Il pleut, pas la pluie forte tous-aux-abris, non, une pluie que l'on n'entend pas de l'intérieur de la maison (1), mais perceptible par le bruit mouillé des véhicules sur la chaussée. 

Elle mouille aussi le piéton.

La vieille amie avec laquelle j'espérais déjeuner, c'était prévu, ne se sent pas très en forme et nous ajournons. Je paie peut-être l'entraînement de la veille et sans doute les jours de froid (2) et sans doute aussi d'avoir travaillé de façon trop intense - pour septembre octobre je l'ai ressenti, pour novembre à janvier non, ça allait, je vélotafais et j'étais heureuse et pas si épuisée, seulement il faut croire que quelque chose, ou la tristesse que ça soit terminé, a joué -, seulement finalement, n'avoir plus à devoir me hâter pour ce déjeuner m'a consolé pour partie du fait qu'il soit différé.

Un livre se cache au moment même du départ. 

Je comptais prendre le RER C et lire pour préparer mon émission radio du mercredi soir, voilà que le temps de le retrouver dans un autre sac que le sac que j'emportais, il est trop tard. Alors je file prendre le train pour Satin Lazare. 

Ligne 14, surprise : l'escalier qui permet de descendre sur le quai vers l'arrière de la rame est débarrassé de la palissade qui en masquait la moitié depuis tellement longtemps qu'on ne sait plus quand. J'avais oublié sa largeur. Un escalator descendant (3) l'équipe sur la gauche. Je me fais un plaisir de l'essayer, tout en marchant.

Une amie de l'internet doit me prêter deux livres du style introuvables, sur son temps de pause d'un travail. Je veille à être à l'heure. La marge prévue n'ayant pas servie, je passe chez Gibert à la recherche d'un coffret précis de DVD dont j'aurais besoin pour mercredi. Libraire moi-même je fréquente moins les librairies de grandes enseignes, j'avais oublié que celle-ci ne faisait pas les DVD. Me contente d'un tout petit opuscule pour les activités prévues au printemps et un peu de réapprovisionnement papetier à usage immédiat.

Comme (presque) toujours l'impression de connaître déjà la personne que je rencontre, bien qu'elle ne soit pas de celles qui affichent leur image. Longtemps je m'en suis moi-même gardée, méfiante, puis j'avais découvert parce qu'un collègue de bureau qui se savait figurer dans un bel article nous avait toutes et tous googlelisé, au début du machin, quand il permettait des recherches fines sans priorités monétisées et quand nous croyions encore avec naïveté que le résultat d'une recherche était le même quel que soit l'ordi d'où il était lancé, bref, j'avais découvert à cet occasion que mon image traînait déjà un peu partout, du simple fait d'avoir vie professionnelle et ami·e·s internautes, alors sans chercher à m'afficher j'avais cessé de m'auto-censurer. Plus tard, avec une pratique sportive soutenue, sont venues bien des images que je trouve réjouissantes (souvent car j'y suis un peu ridicule, tout en étant assez fière d'être ridicule de cette façon-là). Donc pour soigner et limiter l'image on verra quand le temps viendra (4).

L'une comme l'autre ne pouvons nous attarder.

Il pleut à nouveau. Mais il ne fait pas froid.

Pas de file d'attente pour l'entrée à la BNF, contrairement à toutes les dernières fois. Pas de fermeture anticipée non plus. C'est moi qui partirai une fois ce que j'estimais devoir avancer bouclé. Court-métrage drôle et tendre de Levon Minasian ("Le piano"), lectures sur écran. J'aimerais savoir que je dispose de plusieurs mois pour aller au bout de ce que j'entreprends ; me console en songeant que qui a une vie stable professionnellement ne peut pas même savoir, qu'en ce monde la stabilité n'est qu'une illusion. En attendant je m'efforce de sécuriser mes écrits et mes moments de documentation, comme si j'allais n'y revenir que dans longtemps. Ça prend plus (+) de temps.

Lecture dans le RER C du retour, que je n'ai pas trop attendu. Là aussi il y a eu des changements : la plupart des sièges de quai qui permettaient de faire face aux habituels longs délais (15 à 20 minutes pour les destinations Pontoise ou Montigny-Beauchamp) ont disparu. Je l'avais constaté la semaine précédente. Ça me paraît encore plus vide cette fois-ci.

Soirée familiale et studieuse, à la maison. Les soucis de santé des uns et des autres semblent s'apaiser.

Petite bouffée de panique de celui qui avait, pourtant volontairement, changé d'opérateur téléphonique. 

C'est ce soir-là que j'ai découvert le documentaire "Les enfants du 209 rue Saint-Maur" de Ruth Zylberman. Je crois savoir que longtemps plus tard ce qui me restera de la journée sera la pluie fine mais quasiment incessante, le bonheur d'être au chaud à la BNF à apprendre et écrire (mais il se confondra avec celui de semblables journées), la joie de la rencontre et des livres prêtés, et la découverte de ce film qui touche quelque chose en mois, profondément. Sa forme, photos anciennes, maquettes, douces images de vie quotidienne du présent, témoignages, réunion des participant·e·s, n'y est pas pour rien.

 

 

 

 

 

 

(1) Nous vivons en appartement, j'emploie souvent maison au sens du home anglais.

(2) Je supporte correctement le froid depuis janvier 2015, il n'empêche qu'y faire face me pompe une énergie folle, tandis qu'un temps caniculaire si j'ai la chance de pouvoir rester dans un lieu non climatisé m'offre du tonus. Mystère de nos physiologies. 

(3) C'est un quai du terminus que l'on emprunte pour l'embarquement. Personne n'est censé monter par là, sauf égarement.

(4) "Pas peur nous vivra nous verra" disait le père d'une des enfants du 209 rue Saint Maur.


Vie moderne, petit gag (livraison)

 

    Tandis que l'un des candidats à la mairie de Paris a des tracas de punaises de lit, nous hébergeons toujours des mites. Elles prennent leur dû assez sauvagement sur nos lainages, malgré différents type de dissuasions. 

Récemment mon "pull bleu marine classique" des occasions où il faut être habillée chaudement, discrètement et classiquement a morflé. Au même titre que "la petite robe noire épurée" c'est une base de ma garde-robe. Je me suis donc mise en quête d'un successeur. Sur l'indication d'un ami et par la grâce des soldes, j'ai pu m'en acheter un, solide, dont j'espère qu'il me durera loin. Comme je n'avais jusqu'à cette semaine que peu de temps disponible, je suis passé par l'internet via le site dédié de la marque. Il me semble que je contribue moins à tuer le commerce ce faisant qu'en passant par les sites de ventes en quasi monopole permanent.

Leur type d'envoi était par défaut le colissimo (1).

Comme souvent une fois que j'ai fait quelque chose qui était devant être fait, et qui est utile mais sans grande urgence ni vitale importance, je passe à la suite et je remets à zéro le coin de mon cerveau qui me fait office de mémoire tampon.

Je n'ai donc pas fait le lien lorsqu'à 9h30 ce matin mon téléphone a sonné indiquant un appel en "numéro privé", que l'appelant a laissé un message (2), qu'il s'agissait de colissimo pour une livraison au nom de "Levallois triathlon", qu'il rappelait dans 2 minutes. 

Je me suis préparée à descendre (3), tout en me demandant pourquoi diable je recevais une livraison directement. En ce moment nous récupérons nos tenues - commandes collectives prises en charge pour l'organisation par un membre du club avec toutes les complications que ça entraîne, un vrai boulot, mais chacun paie sa tenue -, et il reste les trifonctions qui n'ont pas été livrées. J'ai donc supposé qu'il s'agissait de cela.

Le livreur a rappelé très ponctuellement, je suis descendue, il est rapidement apparu, sans doute après s'être garé plus loin dans l'avenue, nous avons plaisanté sur l'intitulé, je lui avais dit qu'effectivement j'étais du club, il m'a dit Oh je vous reconnais, je viens souvent livrer pour vous, ce qui m'a laissée perplexe (4), mais je me suis dit, Tiens, un peu de stabilité dans le boulot, c'est bien. 

Puis il a filé vers d'autres aventures, et j'ai ouvert le paquet, textile, oui, mais trop lourd pour être une trifonction. 

C'était le pull. Impeccable.

J'ai alors pigé : lorsque j'avais renseigné mon adresse, le navigateur m'avait proposé ses infos par défauts qui avaient rempli les cases lorsque j'avais cliqué ou tapé sur la touche "Entrée". Elles avaient dû être extraites d'une récente inscription à une course. Je n'avais pas prêté attention au fait que mon nom avait été subrepticement remplacé par celui de mon club de sport.

Voilà comment de nos jours on peut se faire très rapidement rebaptiser.

 

(1) service postal pour les paquets en ce début des années 20 (du XXIème siècle, comptage chrétien)
(2) Depuis un moment déjà j'ai pris l'habitude de ne pas répondre dans ces cas-là : des arnaques téléphoniques utilisent ce biais et qui répond peut se trouver surfacturé. Et plus fréquemment ce sont des appels de prospection commerciale et je trouve anormal d'être ainsi dérangée. Je laisse donc sonner. Si l'appel est sérieux, la personne laisse un message et je rappelle rapidement.
(3) L'interphone ne fonctionne pas très bien et par ailleurs aux livreurs, toujours pressés, ça fait gagner du temps. 
(4) Je reçois souvent des livres, certes, ma directement dans la boîte à lettres. Peu de commandes en dehors de ça.


Envie de bloguer

 

    Disposant ces jours-ci d'un peu de temps, mais ne sachant pas pour combien de temps (1), je retrouve, intacte, ma faculté d'écrire, d'autant plus virulente que depuis septembre, je l'avais tenue en respect, place prioritaire au travail nourricier.

Alors me revient (2) l'envie de bloguer. Bloguer comme aux débuts, sans autre finalité que mettre les mots sur quelques menues choses, et les partager parce que sait-on jamais, ça peut peut-être réconforter quelqu'un quelque part, lui apprendre des trucs ou l'amuser.

Nous ne sommes plus beaucoup de la vieille garde à maintenir un blog en vie : la liberté et la confiance se sont amoindries, les enjeux professionnels s'en mêlent, nous ne sommes plus entre nous comme nous en avions l'illusion, et les échanges qui faisaient le sel de la vie de blogueuses et blogueurs se sont déplacés sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs des trolls professionnalisés aux services de certains partis sont susceptibles de débarquer en escadrilles si l'on tient des considérations qui pourraient froisser leur leader. Du coup, difficile d'avoir encore l'élan pour aborder des sujets avec un versant politique lorsqu'on n'est pas spécialisé·e·s.

J'ai donc envie de bloguer léger. De bloguer pour poser des jalons de mémoire. 

À ce titre, le billet d'Alice au sujet du nouveau coronavirus, contagion et quarantaine, est parfait, il dit en quelques mots, Voilà, fin janvier 2020 en France que qu'on apprend, ce qui se fait, et l'ambiance. Il faudrait d'ailleurs que je pense, comme elle le fait, à indiquer lieu(x) et mots clefs 

D'aujourd'hui qu'aurais-je à dire, qui ne présente une gêne professionnelle ou familiale potentielle ? 

 

Que je me réjouissais d'un jour sportif prévu le lendemain : entraînement de natation et retrait de dossards pour un trail prévu ce dimanche. 

Il devrait bien avoir lieu mais voilà soudain que je suis recrutée (pour mon plus grand bonheur par ailleurs, mais pas calendaire) pour un jury de prix littéraire où des libraires sont requis et que pour la deuxième fois une branche, ou plus exactement le bout en matériaux semi-souple arrondi, de mes lunettes de vue se prend dans mes cheveux bouclés, et y reste accrochée, se désolidarisant des binocles. Un homme sympathique à la banque de salle de la BNF où j'ai passé la journée, m'a passé un bout de scotch pour une réparation de fortune ; il n'empêche que dès demain je devrais filer chez l'opticien. 
Certaines montures ne sont créées que pour les bien-coiffés, je peux en témoigner.

Voici donc ma journée du lendemain, qui devait être dédiée aux sports et aux tâches ménagères, et peut-être un morceau de temps personnel, qui se retrouve aussi complète qu'une journée de temps plein d'un emploi salarié. 

Voilà qui ne résume que trop bien les périodes d'inter-contrats de ma vie. 

Noter au passage qu'avant de quitter la maison je me suis acquittée d'un certain nombre de tâches administratives et messages y afférents. Et que tout avait été précédé par une lente mais bonne séance de natation (1575 m selon mes évaluations).

 

Je peux inscrire aussi, rubrique Air du temps, que pour la première fois une personne qui attribue les places en salle à La Grande  Bibli, m'a indiqué des capuchons jetables à mettre sur les casques audio. J'en avais déjà remarqué la présence, ces derniers temps, et c'est vrai que c'est plus (+) hygiénique. Il m'empêche que je me suis posée la question de savoir si le fait d'en verbaliser l'offre et donc l'existence, était où non liée à la pandémie en cours. Laquelle n'a pas, du moins pour l'instant, atteint la France en grand.

À moins qu'elle n'ait eu l'intuition en constatant mon échevelure que cette tignasse tueuse de lunette pouvait l'être aussi de casques audios. Who knows ?   

Un stylo plume qui m'avait semblé asséché lorsque j'avais changé la cartouche d'encre, comme miraculeusement s'est remis à fonctionner. J'en tire un réconfort disproportionné. Comme si j'y voyais là bon augure.

Au retour après la soirée du club de lecture de l'Attrape-Cœurs, je dois à nouveau effectuer quelques tâches administratives : le cadet s'apprête à quitter le foyer parental pour entrer en colocation (3). Nous ne serons son père et moi que parvenus à nous en sortir, en bossant dur, il n'empêche qu'on peut tenter de se consoler en constatant que nous représentons vaguement une forme de garantie éligible dans un dossier. Quelque chose me laisse tracassée que l'ordre (chrono)logique ne soit pas respecté : l'aînée qui ne peut partir et le plus jeune qui entame sa vie d'adulte.

Une société où certains jeunes restent coincés chez leurs vieux, malgré que les premiers aient fait des études et tout bien, est quand même une société qui ne tourne pas rond. 

 

(1) C'est l'un des tracas du chômage. Si je pouvais savoir le nombre de jours ou de mois qui me séparent du prochain contrat, je pourrais m'organiser, intercaler tel ou tel projet personnel entre ces deux périodes salariées. Seulement voilà, ça ne fonctionne pas comme ça.

(2) Revient n'est pas le mot, elle ne me quitte pas, il conviendrait d'écrire "revient avec un peu de temps à mettre en face"

(3) Plus moyen de faire autrement à Paris / Petite Couronne. Il faut trois salaires afin d'être éligibles à la location d'un appartement de taille décente.


Une année (presque) oubliée

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Ma nièce me fait fort gentiment parvenir une photo de la famille qu'elle avait. Nous l'avions vue grâce au fiston quelques jours auparavant et nous étions interrogés sur l'année de la prise de vue. Elle m'indique ce soir qu'il s'agit de 2008.

PS : la photo initiale est d'excellente qualité, je l'ai volontairement floutée car les uns et les autres n'ont pas forcément envie de voir leur portrait traîner.

Ah oui, 2008 ... Euh 2008. Tiens, qu'est-ce qu'on faisait en cette année ? 

J'ai immédiatement et sans recherche en mémoire les éléments concernant nos santés respectives et nos études ou emplois, que c'était pour moi trois ans après le Comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun, et quatre après la mort de mon père. Deux ans après une rupture subie d'une amitié que je croyais de toute solidité, le chagrin quoique moins fuligineux demeurait. Je n'en étais pas tout à fait sortie ni, au moment de l'image, n'avais encore fait une des rencontres majeures de ma vie (ou plutôt : seulement par écrit). Je me souviens aussi spontanément qu'à l'été 2008 j'ouvrais mon compte Twitter, alors lieu de gazouillis entre amis - et qu'on s'en servait surtout pour échanger et se marrer, ce qui a fort changé -. Je travaillais encore "à l'Usine" mais heureusement à mi-temps, car j'y étais comme une âme en peine, et tentais d'écrire avec acharnement sur mon restant de temps. Quelques souvenirs aussi de l'environnement politique.

Et puis c'est tout.

Le trou de mémoire. Une année de presque rien. 

C'est là qu'on peut savourer d'être blogueuse depuis un bail. Il m'a suffit de regarder mes archives pour retrouver traces et que me reviennent à l'esprit : 

  • que j'avais gagné 800 € au loto soit le montant d'une prime que notre hiérarchique de l'époque avait jugé bon de nous supprimer ; comme s'il y avait une sorte de rééquilibrage au mérite de la vie.
  • que je m'étais régalée à la lecture de "Voyager léger" de Julien Bouissoux
  • qu'à trop être cryptique, longtemps plus tard je ne sais même plus moi-même à qui je faisais allusion (et ça me fait rire)
  • j'effectuais plein de trajets à Vélibs (les premiers, les vrais, qui après quelques déboires de mise en place en 2007, commençaient à être nombreux et au point)
  • je lisais en ligne le journal d'Henri Beyle
  • J'écrivais quelque billet farfelu de fiction basé sur un élément vrai (la rencontre avec une jeune femme anglaise qui me semblait pleine de futurs talents)
  • "Vous avez voulu les capitalistes, vous les avez" (qu'a pu bien devenir la dame, bientôt douze ans après ?)
  • mon amie Gilda Piersanti avait remporté un prix 
  • Sarkozy était presque aussi impopulaire que Président Macron - mais au moins il n'avait pas trompé ceux qui avaient voté pour lui, n'avait pas fait le contraire de ce qu'il avait promis -.
  • Nous faisions toujours des jeux d'un blog à l'autre (je n'avais pas oublié, mais n'aurais su dire qu'en 2008 c'était le cas)
  • Ce fut l'année de poisson d'avril d'une fausse dédicace à l'Astrée (ah ce souvenir d'Honoré expliquant à une dame qu'il convenait de lire une page blanche chaque soir avant de s'endormir)
  • Et l'année aussi de l'inoubliable expo "Prenez soin de vous" de Sophie Calle à l'ancienne Bibliothèque Nationale (Richelieu)
  • C'était l'année où ligne 13 vers Brochant des travaux avaient brièvement permis que l'on revoie de très belles anciennes affiches.
  • Chantal Sébire, qui avait tenté en vain d'obtenir le droit officiel de mourir dans la dignité, alors que son cas était atrocement simple, avait fini par quitter ce monde de souffrance, tandis qu'en Belgique, Hugo Claus avait pu choisir en paix le moment qui lui épargnait de crever sans plus être lui-même 
  • Le salon du livre de Paris avait été évacué suite à une alerte et Anna Gavalda, impavide, avait poursuivi ses dédicaces sur le parking.
  • Certains billets me font bien rire, par exemple celui-ci ou celui-là d'antilope et de spaghetti
  • Je croisai Patrice Chéreau dans un petit théâtre de banlieue et nous échangeâmes un grand sourire (il portait un projecteur, heureux)
  • C'était l'époque des lectures à voix hautes dans un café une fois par mois avec quelques amis qui m'avaient embarquée dans leur aventure.
  • C'est l'année où mourut Frédéric Fajardie. Je me souvenais de ma tristesse et de ma surprise (j'ignorais qu'il fût malade) pas du tout de l'année.
  • J'étais allée au festival de La Rochelle en la super compagnie du fiston et qu'est-ce qu'on s'était bien marrés.
  • J'avais commis un pire jeux de mots avec des noms propres, curieux que je ne m'en sois pas souvenue.
  • C'est là que je suis un soir à Bruxelles montée par pur esprit d'hommage à Jacques Brel, dans un Tram 33 sans savoir où il allait.
  • C'était l'année du décès de Matthieu Charter. Bien sûr je n'avais pas oublié, il était le fils d'une de mes amies ; mais je n'aurais pas su retrouver l'année.
  • Mon amie Véronique avait pris une émouvante photo.
  • J'en avais moi-même pris d'une rue qui n'est plus du tout comme ça (sans savoir que 12 ans plus tard ça serait le cas)
  • Je redécouvre un enregistrement de moi lisant un extrait de "l'Île aux musées" de Cécile Wajbrot à un lectomaton (?) bruxellois. Je ne sais même plus ce dont il s'agit. Ni où vraiment c'était. En revanche je me souviens du livre.
  • Barack Obama est élu - ça je n'ai pas besoin de mon blog pour me le rappeler -, il n'empêche que j'ai réellement et très naïvement cru que l'on allait vers un mieux général et que cela marquait la fin d'un vieux fond de racisme. T'as qu'à croire ! J'avais oublié mon enthousiasme.
  • Ma fille s'est fait cambrioler sa chambre de service et voler son violon. Peu après notre cuisine est inondée (par les eaux usées remontant via l'évier). Bad kharma de fin d'année. 
  • Nos week-ends de ciné-club avaient encore lieu à La Brosse-Montceaux 

Pour une année qui me laissait sans beaucoup de souvenirs, elle fut plutôt mouvementée. Et malgré les points durs, je suis contente d'avoir pu me la remémorer. 

Moralité : écrivez, écrivez au moins le quotidien, au moins pour plus tard vous sentir fières et fiers des épreuves surmontées ou pour les bons moments et les anecdotes marrantes, vous refaire rigoler.

 

 

 


Vélotaf - Je ne suis pas la seule -

 

    Je comptais bien vélotafer pour ce nouveau boulot (1), seulement peut-être pas tous les jours, ne serait-ce que pour pouvoir lire ; ce que les transports en commun autorisent lorsqu'ils sont empruntés dans de bonnes conditions, mais pas le vélo, pas très bien.

Voilà qu'avec la grève générale et des transports en communs parisiens en particulier, j'ai parcouru chaque jour environ 25 km. En deux fois sur un parcours presque plat, c'est très faisable, dès lors que l'on n'a pas d'ennui de santé particulier. J'en suis donc à 350 km environ cumulés et ma foi, si l'absence de possibilité de pointes sérieuses de vitesse empêchent que ça vaille pour entraînement de triathlon, c'est beaucoup mieux que rien.

Grâce à cet effort quotidien, je me sens en meilleure forme pour assurer le boulot, c'est particulièrement flagrant sur les début de journées de travail : j'arrive bien réveillée, bien échauffée, prête à soulever ce qu'il faut de cartons.

Je pense que bien des personnes que les grèves ont contraintes au vélo, si elles n'ont pas trop subi de mésaventures liées aux comportements des automobilistes pressés (2) et de certains 2RM, vont constater une réelle amélioration de leur condition physique et donc de leur quotidien et vont rester adeptes de cette belle façon de circuler.

Un billet de blog de Tristan Nitot rassemble bien les enjeux, n'hésitez pas à aller y lire : 

Le possible succès du vélo

 

Il n'y manque que la mention des petits bonheurs : le co-vélotaf, qu'il m'est arrivé de pratiquer (par exemple Coucou Sacrip'Anne) et les rencontres et retrouvailles.

Ainsi ce matin en allant bosser, j'ai croisé une belle petite bande de camarades de mon club de triathlon lesquels venaient de s'entraîner en course à pied, et même si je n'ai pas pu m'arrêter car arriver en retard au bureau peut se négocier mais arriver en retard pour tenir boutique signifie laisser des clients mal servis, nos saluts joyeux ont ensoleillé ma journée.

Il m'ont donné l'impression que la vie était belle, classe et facile comme dans les méthodes de langues ou les comédie musicale.

 

(1) À la librairie Les Mots et Les Choses, donc

(2) Not all automobilistes, il y a vraiment globalement un progrès. Seulement il suffit d'un gougnafier pour se retrouver en danger.