Comme j'ai toujours eu peu de temps libre, je choisis mes activités avec soin et m'y tiens. La plupart du temps elles prennent fin parce que leur organisation cesse ou parce que ma vie professionnelle rend impossible leur poursuite. Ce n'est jamais moi qui abandonne par choix.
Depuis ma jeunesse, il y a la danse, que je suis parvenue à maintenir contre vents et marées, aux périodes de grossesses près. Rien n'était plus loin de mes aptitudes initiales que la danse (1), il a fallu que j'atteigne l'âge de 19 ans pour comprendre que le corps humain peut se laisser porter par un rythme et s'en sentir bien. Un chemin dans mon cerveau n'était pas tracé, il a fallu défricher. De même que la coordination bras - jambes, qui m'était compliquée. Et il m'arrive encore de devoir réfléchir pour savoir quel muscle activer pour faire tel ou tel geste (en même temps qu'un autre). C'était comme si les connexions internes n'avaient pas poussé. Pendant des années, beaucoup plus rarement enfin à présent, je m'en suis sortie en touchant la partie du corps qui était censée faire un mouvement, en le faisant en me guidant puis en le faisant de l'intérieur une fois que j'étais parvenue à capter la sensation et en déduire par où ça passait pour la commander.
À présent j'ai rejoint les rives d'une relative normalité. Je peux suivre, même si je ne l'exécute pas en beauté, une choré. Grâce en soit rendue à ma prof, Brigitte qui a su faire preuve à mon égard d'une grande patience.
Seulement les cours, qui ont lieu dans des clubs de sports et dépendent donc d'une organisation plus vaste pour laquelle la danse n'est pas ou plus une priorité - lui ont succédé au fil des années toutes sortes d'activités à la mode, dont certaines sont tombées dans l'oubli, salsa, body pump, step, zumba, abdo flash, body combat (seul le crossfit me semble présenter un réel intérêt, je peux me tromper) -. étaient menacés.
(Pré)occupée par ailleurs et prudente, je n'avais pas renouvelé immédiatement mon abonnement, et j'attendais.
Les cours ont finalement bien été repris, dans un autre club de la même entreprise, qui se trouve être près des Champs Élysées. J'ai repris la danse aujourd'hui.
Et même si c'était difficile, d'autant plus que les 26 km de la veille pesaient sur le corps (2), ça faisait un bien fou.
Le nouveau club est pourvu d'un jardin, le précédent qui ne manquait pas de charme a fermé pour raison d'opération immobilière. Celui-ci ressemble à un havre de paix.
Après l'entraînement j'ai lu au jardin, un peu pour le travail, mais non sans plaisir. Il faisait un temps de rêve. C'était étonnant un tel calme au cœur des #BeauxQuartiers. Ou peut-être plus encore d'y être éligible.
Sur mon téléfonino, lorsque je l'ai repris, passaient des informations de confrontations dans des gares, protestations des cheminots, des étudiants, violente répression (si j'en crois quelques images publiées, mais que je n'ai pu vérifier (3)). Les instants de paix ne sauraient durer.
(1) Si, la gymnastique sportive ou acrobatique
(2) Pas tant les jambes, bizarrement mais les côtes, douloureuses. Le poignet droit.
(3) À ce propos un article d'un journal local a circulé ce week-end concernant le décès d'une femme en fin d'année 2017 parce que le SAMU avait considéré son appel comme peu sérieux. Des amis médecins ont émis des doutes solides quant à la véracité du fait divers. Il n'empêche que nous étions deux à n'avoir pas douté a priori de sa véracité : nous avions été confrontées à des difficultés pour que de nos appels d'urgence soient traités. Rien qu'en soi c'est inquiétant.