Ça me titille

 

    Ce n'est pas parce que face au principe de réalité (et une pandémie m'a hélas donné raison) j'ai mis ma vie entre parenthèses pour tenter encore un peu de la gagner avant de ne plus pouvoir le faire (la retraite finit quand même par s'approcher même si chaque pouvoir politique la recule d'un cran), que l'écriture m'a quittée.

Les idées continuent à pulluler. Parfois encore, j'ai des bouffées que je dois me contenter de jeter en vrac sur un carnet, un fichier. J'ai renoncé à en faire mon activité principale tant que la retraite n'y est pas : I'm not a hero et mon mari encore moins, donc il faut assurer le quotidien, je suis parvenue à prendre nos dispositions pour mettre notre fille à l'abri relatif (au moins quoi qu'il advienne, elle aura un toit). Contrairement à certaines de mes amies, et quelques copains, je ne suis pas capable de mener de front l'écriture et un emploi salarié à temps plein. J'ai testé. Testé le temps partiel aussi, mais les fins de mois étaient trop épiques.

L'abstinence relative forcée de ce qui aurait pu en d'autres circonstances de vie être ma principale activité, présente l'avantage de laisser les idées se décanter.

Deux axes se dessinent, deux sujets que j'aimerais aborder.

Probablement pour tenter d'y voir plus clair.

  • L'histoire des proches des coupables.
    Dans bien des cas, les proches des coupables de crimes, d'escroqueries fuligineuses, ou d'attentats tombent dans la sidération.
    Dans certain cas ils voient venir une dégradation, tentent en vain d'alerter, ne savent vers qui se tourner, et la catastrophe qu'ils craignaient a lieu.
    Mais dans un nombre non négligeable de cas, ils sont stupéfaits. N'ont rien vu venir chez la personne qu'ils côtoyaient quotidiennement et qu'ils aimaient. 
    Cela fait d'eux également des victimes. Des victimes avec un statut très particulier puisque peu de personnes ont pour elles de la compassion, voire les considèrent comme des coupables annexes.
  • La question des fans, de qui que ce soit.
    Comment une personne peut-elle en venir à accrocher sa vie à celle de quelqu'un d'autre ? Au point de passer des heures à attendre avec pour seul espoir de l'entrevoir. 
    C'est un total mystère pour moi, même si par trois fois j'ai ressenti une grande émotion lors d'échanges avec des personnes dont j'admirais le travail (artistique ou sportif). Cette question me traîne en tête plus particulièrement depuis les répétitions des concerts au stade de France en 1998 avec Johnny, et de rester perplexe devant ces personnes, généralement fort sympathiques quand on échangeait quelques mots, et qui passaient des journées à attendre devant les barrières, dans le simple espoir d'un échange si bref fût-il, avec leur idole. 
    Dans mon enfance, j'ai entrevu des images de la Beatlemania qui sévissait alors à plein tubes, et je crois que je suis perplexe depuis 55 ans.

Ça peut paraître bizarre de supposer qu'écrire, de suivre des personnages confrontés à ces configurations devrait pouvoir m'aider à piger, mais je sais que ça peut fonctionner.

Et je ne suis pas dupe : d'ici à ce que j'ai enfin le temps de m'y coller, j'ignore si j'aurais assez de santé ou si le monde dans sa marche, vers une très sombre situation pour la suite de l'humanité, n'en sera pas déjà arrivé au point où écrire de la fiction sera impossible et la survie seule occupation permanente exclusive (dans le meilleur des cas : celui de survivre).  


PS : C'est un article d'Emmanuelle Lequeux pour Le Monde qui est venu me gratouiller à nouveau sur le sujet. 
Et son corollaire, la question de l'amnésie globale transitoire qui est quelque chose qui m'est familier (mais dans un autre contexte : celui de catastrophes générales ou intimes)


L'absence de liberté


    Jamais je ne me suis sentie aussi libre dans ma vie que pendant le premier confinement, le en-dur, le vrai : un peu plus de 2 mois à être entièrement libre de mon temps, même si limitée dans mes déplacements. 
C'était être infiniment plus libre qu'au reste de mon quotidien habituel, où certes, des congés permettent parfois d'aller ici ou là, dans mon cas, rarement loin et de toutes façons (et aussi par conscience de l'état de la planète : pas de voyage de pur agrément) avec des choses à faire.

Depuis je suis à nouveau salariée avec un gros plein temps, charge de travail intense, je me sens enfermée.
Comme mes objectifs sont clairs - tenir jusqu'à une retraite qui permettrait de subvenir à des besoins modestes pour deux personnes -, je tiens le coup, finie la récré, le choix du métier (libraire, ça me convenait), la condition physique peut se détériorer, j'ai l'âge des fins possibles et quelqu'un dépendra toujours de moi dans le meilleur des cas, fini de plaisanter.

Je profite de ma légère aisance (comprendre : des fins de mois qui ne sont plus dans le rouge à chaque fois) pour aider celles et ceux qui tentent de persister dans leur vrai travail, de ceux qui dans notre société permettent rarement de joindre les deux bouts.
C'est OK pour moi comme ça, tant que ça va.

Et puis parfois une bouffée d'imagination me rattrape car l'écriture (et la photo et l'envie de faire des films et de la musique et le manque de la danse) est toujours là, contenue, tapie, mais qui bouillonne.
Ce matin je lisais ce billet sur le blog de Fanny Chiarello, avec laquelle j'ai un certain nombre d'affinités du moins dans la perception du monde, et la photo de son amie dans le café de la gare de Bangor, m'a soudain emportée dans un film, l'écriture du scénario du film dans lequel cette image serait fusait. C'était irrésistible.
Mais c'était l'heure d'aller travailler.
J'ai résisté. Il le fallait.
J'en ai pleuré. 

Bien sûr au retour ce soir, il ne restait rien de ce qui était en train de jaillir, quelques notes jetées en vrac en arrivant, dans le premier cahier qui m'est tombé sous la main, un enfant qui disait à l'un de ses frères, Regarde, je vais sauter [en longueur], attends, pousse-toi, mais pousse-toi ; un slogan Du temps pour tous ; une bribe de phrase : Au milieu des moments morts, il y avait des moments vivants ; une réflexion : qu'est-ce qui fait que l'on destine certains morceaux, tels La lettre à Élise, à se faire massacrer inlassablement par des débutants, quand d'autres non - j'imaginais peut-être que c'était l'un d'eux que Valentina Magaletti entendait dans ce buffet de gare -. Il y avait la vie des autres gens, celles et ceux que l'on entrevoit en arrière-plan et l'image en suivra certains un temps et puis finalement non, d'eux davantage on ne saura rien.  Ils n'étaient qu'en marge de ce qui survient.

Comme ma propre vie de ces années-ci.
Puisse du temps m'être accordé après.

 

(1) Je ne veux pas finir vieille dame à la charge de mes enfants. Mon emploi actuel est ma chance d'éviter ça et je n'en retrouverai pas d'autre facilement. De plus il est utile aux autres. 


 

 

 

 


Notes avant d'oublier

Je dois écrire :

1/ avec des personnages qui permettent de donner le point de vue de quelqu'un avec des différences ; mais pas des différences héroïques ni oscarisables, non, des différences petites, qui ne permettent simplement pas de "faire facilement comme tout le monde". Et qu'au bout du compte ça apporte au groupe où ils sont une richesse.

2/ sur les proches des coupables de faits graves et qui sont souvent les victimes oubliées (même si bien sûr les premières victimes sont les victimes qui ont vu leur vie interrompue tout court ou interrompue dans le cours qu'elle prenait. (1)

3/ sur le non "one hour job", je n'en peux plus de tous ces gens dans les fictions qui semblent disposer de plein de temps avec seulement une brève image, une nano-séquence de leur contrainte.

4/ sur la fatigue, sur la vie avec la fatigue sur combien c'est à la fois possible et de faire pas mal de choses malgré elle, et travailler pour gagner sa vie, mais usant et à la longue handicapant.

Et d'ailleurs sur ce, au lieu d'écrire, je file bosser salariée. 

 

(1) car je sais l'effet fait lorsque quelqu'un s'avère soudain totalement différent de ce que l'on croyait et sidère notre confiance (même si j'ai eu la chance, sauf une fois, que ça ne soit pas pour faire des choses terrifiantes, seulement douloureuses pour les autres et incompréhensibles)


L'Auberge des blogueurs, c'est la fin, déjà


    Voilà, je n'avais pas fait de billet spécifique jusqu'à présent, afin de ne pas attirer l'attention et risquer de dévoiler mon personnage, par des concordances entre ce qui était décrit ici, qui depuis l'épidémie a pris une tournure de diary et les éclipses du personnage que j'écrivais.

Seulement L'Auberge des blogueurs, c'est déjà terminé.

Même si je n'ai pas pu participer autant que je l'entendais (quelle idée aussi de s'inscrire à un truc collectif alors qu'on vient de débuter un nouveau boulot - nouveau métier à temps plein avec 2h20 de trajets par jour -), cette expérience m'aura menée tout l'été. Je m'endormais en lisant et pensait par moment aux personnages, le jour durant.

J'ai aimé être entourée de personnages bienveillants, ça détendait du monde capitaliste et covidé.

Dans le même temps, il m'a été extrêmement difficile d'écrire hors Covid_19, ce qui était un choix éditorial que pour autant j'approuvais : le temps du jeu d'écriture, extrayons-nous de ce monde malade, prenons respiration.

Sauf que voilà, ce qui me tient dans l'écriture, c'est l'air du temps, le concret des trucs, un aspect de témoignage même dans la fiction. Je suis diariste et chroniqueuse, n'ai jamais trouvé le temps de mener au bout un roman. Je n'aurais pas eu ce problème - faire abstraction de l'épidémie - si nous avions situé l'action dans une autre époque, par exemple les années 80 -. Je me serais alors régalée de retrouver des éléments de ce temps là.

Ça n'aurait pas été une bonne idée collective pour autant : les autrices et auteurs plus jeunes auraient été désavantagés.

Et justement, c'est beau, il y a parmi celles et ceux qui ont écrit des personnes qui ne faisaient pas parti du cercle d'écriture initial, et des plus jeunes parmi elles et ça fait du bien cette ouverture et ces nouvelles sources, dont des blogs ou des comptes Insta à découvrir ... pour comme dab ne bientôt plus avoir le temps de les suivre.

Bon, lire au soir les aventures de tout ce petit monde va me manquer. Je suis contente d'avoir pu participer une fois de plus à une belle aventure et la qualité de l'organisation, la façon dont chaque chose avait été pensée, y compris l'accès bientôt public au forum où les personnages sont à présent identifiés et se causaient, m'ont impressionnée. Je mesure le temps de travail et de réflexion que ça peut représenter.

Have a look, read, and enjoy ! 

 

 

 


On peut être au chômage et travailler sérieusement

 

    Ce fut mon cas aujourd'hui (et les autres jours de cette semaine aussi, si j'y réfléchis, mais plus particulièrement aujourd'hui) : même si je suis partie à la BNF plus tard que je ne l'aurais voulu (passer à la banque, ce genre de choses ...), j'y aurais passé l'essentiel de la journée à différentes choses bien studieuses, sérieuses et qu'il fallait faire.

En travail personnel, j'ai avancé dans ma préparation de l'émission de mercredi prochain sur Cause Commune. La lecture de l'ouvrage de mes invités n'est pas la même que celle que j'effectue pour une sélection en librairie ou en vue d'un article à rédiger ou d'une émission à assurer seule, et ne ressemble pas tout à fait à une lecture personnelle sans travail ultérieur déterminé. C'est une lecture avec réflexions sur la structure et les thèmes, les connexions, les possibilités de questions avec développements qui pourraient éclairer les lectrices et lecteurs potentiel·le·s et leur donner envie.

Je relis d'anciens billets de blogs aussi. L'idée étant d'établir des liens ou au moins de mieux comprendre certains éléments, des enchaînements. 

C'est stimulant, ça me redonne de l'énergie, même si cela n'empêchera pas un gros coup de pompe de m'assommer en fin d'après-midi. Comme le vent semble à nouveau fort et un brin tempétueux, je me demande si une chute des pressions n'est pas en cours, qui expliquerait mon surcroît soudain de fatigue forte. 

Alors je m'accorde du temps personnel : regarde un très intéressant documentaire sur Vilmos Zsigmond qui fut dans les années 60 et 70 à Hollywood le chef op' des plus grands. Son travail sur la lumière était impressionnant et poursuis grâce aux Archives de l'internet où il eut le privilège d'être référencé, la reconstitution de mon fotolog disparu (1). J'avais effectué des sauvegardes à marches forcées lorsque j'avais appris sa disparition prochaine, seulement par manque de temps n'avais pas tout bien récupéré (2). Alors méticuleusement j'entreprends de combler les cases manquantes. Sans y prêter attention j'arrive au mois de février 2006, ce moment pour moi du plus grand déchirement affectif vécu jusqu'à ce jour, une rupture subie d'une très forte amitié.
D'autres duretés de la vie ont mis celle-ci à distance, j'apprécie toujours le travail de la disparue et ses engagements politiques, je suis parvenue à faire la part des choses. 

Il n'empêche que pendant longtemps je devais me préparer à la croiser (la personne ou son travail ou des souvenirs personnels la concernant) sorte d'équivalent mental au fait de contracter ses muscles en vue d'un effort physique. Or là je ne me méfiais pas, je n'avais pas vu que j'arrivais aux jours fatidiques et voilà que c'est passé, pas de cœur serré ni de larmes aux yeux, seulement la tristesse d'un malheureux gâchis, et peut-être davantage pour elle, finalement, que pour moi, aussi curieux que cela puisse sembler de penser ça. Je me suis sentie infiniment légère d'être enfin hors d'atteinte de celui-ci de mes chagrins.

L'autre réconfort du jour fut d'avoir pu remettre mes semelles orthopédiques que j'avais cru volées, toujours avec mon sac d'ordi le 17 octobre 2017. En fait celles que j'y avais glissées ce soir là n'étaient pas les toutes nouvelles, contrairement à ce que je croyais, mais la paire de secours. Et les nouvelles, intactes, étaient restées dans une paire de souliers que je porte rarement, et particulièrement en cas de très mauvais temps. La tempête Ciara aura eu le mérite de me les faire retrouver. Leur réapparition en plus qu'elle m'est fort utile me réchauffe le cœur fort exagérément.  

Un de mes bracelets c'est cassé (pas la première fois) j'ai heureusement pu le reprendre avant qu'il ne tombe et ne disparaisse à jamais. Juste après, alors que j'allais aux toilettes, j'en ai trouvé un, posé à l'endroit des grands accès désert où trône un téléphone à l'ancienne sur une sorte de bureau que j'ai toujours vu vide. Je l'ai déposé aux objets trouvés au vestiaire Est en remontant. La personne qui l'a pris n'a même pas pris le temps de noter quoi que ce soit dans le registre. Ça n'était un bracelet fantaisie, une sorte de ressort doré, mais quand même, quelle désinvolture !

Soirée crêperie offerte par Le Fiston pour fêter sa toute prochaine nouvelle vie. C'est classe de sa part. Et intelligent : nous en avons profité pour réfléchir ensemble à quelques points logistiques et d'intendance.

Je travaille encore un peu une fois rentrée, écris ici.

 

Sur le front du 2019-nCov : 60364 cas toujours essentiellement en Chine, dont 1370 morts et 6292 guéris. Des articles ici ou là sur les conséquences politiques en Chine, certaines mesures drastiques, certaines conséquences économiques - les articles tendant à minimiser nos problèmes d'approvisionnements -. Des personnes que j'ai croisées aujourd'hui, des conversations entendues, personne n'en parlait. Paris draine moins de touristes, à vue de nez, seulement février est rarement la période la plus propice de l'année.

Les nouvelles générales du pays partent dans tous les sens, le gouvernement dit tout et son contraire, notamment sur l'écologie, le débat parlementaire sur la réforme des retraites se noie dans la plus totale confusion, les épreuves de contrôle continu comptant depuis cette année pour le bac réformé semblent un casse-tête sans nom pour professeurs et chefs d'établissements (sans même parler des mouvements de protestation, des annulations, des gardes à vue de jeunes pour de simples manifs locales) et le maire de Levallois- Perret sorti hier de prison comme à l'article de la mort s'est offert un marathon médiatique, ce qui a déclenché indignation et sarcasmes. Comme je n'y ai regardé de près que le matin avant de partir et le soir après le dîner, j'ai eu un effet de cumul qui donnait la certitude que le Grand N'Importe Quoi l'avait définitivement emporté.

Ça pourrait être drôle, la façon dont tout part dans tous les sens, si ça n'était pas diablement inquiétant. 

Petite surprise du soir : alors que ma lecture filée dans "Côté papier" concerne les conséquences du coup d'état du 17 octobre 1987 au Burkina Faso, j'apprends ce soir par un article sur Médiapart, qu'une reconstitution de l'assassinat de Thomas Sankara vient d'avoir lieu. Le sujet serait donc encore brûlant.

 

(1) Parce que fotolog lui-même, après une première résurrection, semble avoir disparu complètement. 

(2) Sans doute aussi qu'une partie n'était que sur le disque dur que je m'étais fait voler avec l'ordinateur dans mon sac en octobre 2017. Et en copies sur Flickr mais sans indexation.

 


Comme un lundi (d'un mois d'hiver) (après cinq mois presque temps plein travaillés)


    Il pleut, pas la pluie forte tous-aux-abris, non, une pluie que l'on n'entend pas de l'intérieur de la maison (1), mais perceptible par le bruit mouillé des véhicules sur la chaussée. 

Elle mouille aussi le piéton.

La vieille amie avec laquelle j'espérais déjeuner, c'était prévu, ne se sent pas très en forme et nous ajournons. Je paie peut-être l'entraînement de la veille et sans doute les jours de froid (2) et sans doute aussi d'avoir travaillé de façon trop intense - pour septembre octobre je l'ai ressenti, pour novembre à janvier non, ça allait, je vélotafais et j'étais heureuse et pas si épuisée, seulement il faut croire que quelque chose, ou la tristesse que ça soit terminé, a joué -, seulement finalement, n'avoir plus à devoir me hâter pour ce déjeuner m'a consolé pour partie du fait qu'il soit différé.

Un livre se cache au moment même du départ. 

Je comptais prendre le RER C et lire pour préparer mon émission radio du mercredi soir, voilà que le temps de le retrouver dans un autre sac que le sac que j'emportais, il est trop tard. Alors je file prendre le train pour Satin Lazare. 

Ligne 14, surprise : l'escalier qui permet de descendre sur le quai vers l'arrière de la rame est débarrassé de la palissade qui en masquait la moitié depuis tellement longtemps qu'on ne sait plus quand. J'avais oublié sa largeur. Un escalator descendant (3) l'équipe sur la gauche. Je me fais un plaisir de l'essayer, tout en marchant.

Une amie de l'internet doit me prêter deux livres du style introuvables, sur son temps de pause d'un travail. Je veille à être à l'heure. La marge prévue n'ayant pas servie, je passe chez Gibert à la recherche d'un coffret précis de DVD dont j'aurais besoin pour mercredi. Libraire moi-même je fréquente moins les librairies de grandes enseignes, j'avais oublié que celle-ci ne faisait pas les DVD. Me contente d'un tout petit opuscule pour les activités prévues au printemps et un peu de réapprovisionnement papetier à usage immédiat.

Comme (presque) toujours l'impression de connaître déjà la personne que je rencontre, bien qu'elle ne soit pas de celles qui affichent leur image. Longtemps je m'en suis moi-même gardée, méfiante, puis j'avais découvert parce qu'un collègue de bureau qui se savait figurer dans un bel article nous avait toutes et tous googlelisé, au début du machin, quand il permettait des recherches fines sans priorités monétisées et quand nous croyions encore avec naïveté que le résultat d'une recherche était le même quel que soit l'ordi d'où il était lancé, bref, j'avais découvert à cet occasion que mon image traînait déjà un peu partout, du simple fait d'avoir vie professionnelle et ami·e·s internautes, alors sans chercher à m'afficher j'avais cessé de m'auto-censurer. Plus tard, avec une pratique sportive soutenue, sont venues bien des images que je trouve réjouissantes (souvent car j'y suis un peu ridicule, tout en étant assez fière d'être ridicule de cette façon-là). Donc pour soigner et limiter l'image on verra quand le temps viendra (4).

L'une comme l'autre ne pouvons nous attarder.

Il pleut à nouveau. Mais il ne fait pas froid.

Pas de file d'attente pour l'entrée à la BNF, contrairement à toutes les dernières fois. Pas de fermeture anticipée non plus. C'est moi qui partirai une fois ce que j'estimais devoir avancer bouclé. Court-métrage drôle et tendre de Levon Minasian ("Le piano"), lectures sur écran. J'aimerais savoir que je dispose de plusieurs mois pour aller au bout de ce que j'entreprends ; me console en songeant que qui a une vie stable professionnellement ne peut pas même savoir, qu'en ce monde la stabilité n'est qu'une illusion. En attendant je m'efforce de sécuriser mes écrits et mes moments de documentation, comme si j'allais n'y revenir que dans longtemps. Ça prend plus (+) de temps.

Lecture dans le RER C du retour, que je n'ai pas trop attendu. Là aussi il y a eu des changements : la plupart des sièges de quai qui permettaient de faire face aux habituels longs délais (15 à 20 minutes pour les destinations Pontoise ou Montigny-Beauchamp) ont disparu. Je l'avais constaté la semaine précédente. Ça me paraît encore plus vide cette fois-ci.

Soirée familiale et studieuse, à la maison. Les soucis de santé des uns et des autres semblent s'apaiser.

Petite bouffée de panique de celui qui avait, pourtant volontairement, changé d'opérateur téléphonique. 

C'est ce soir-là que j'ai découvert le documentaire "Les enfants du 209 rue Saint-Maur" de Ruth Zylberman. Je crois savoir que longtemps plus tard ce qui me restera de la journée sera la pluie fine mais quasiment incessante, le bonheur d'être au chaud à la BNF à apprendre et écrire (mais il se confondra avec celui de semblables journées), la joie de la rencontre et des livres prêtés, et la découverte de ce film qui touche quelque chose en mois, profondément. Sa forme, photos anciennes, maquettes, douces images de vie quotidienne du présent, témoignages, réunion des participant·e·s, n'y est pas pour rien.

 

 

 

 

 

 

(1) Nous vivons en appartement, j'emploie souvent maison au sens du home anglais.

(2) Je supporte correctement le froid depuis janvier 2015, il n'empêche qu'y faire face me pompe une énergie folle, tandis qu'un temps caniculaire si j'ai la chance de pouvoir rester dans un lieu non climatisé m'offre du tonus. Mystère de nos physiologies. 

(3) C'est un quai du terminus que l'on emprunte pour l'embarquement. Personne n'est censé monter par là, sauf égarement.

(4) "Pas peur nous vivra nous verra" disait le père d'une des enfants du 209 rue Saint Maur.


Envie de bloguer

 

    Disposant ces jours-ci d'un peu de temps, mais ne sachant pas pour combien de temps (1), je retrouve, intacte, ma faculté d'écrire, d'autant plus virulente que depuis septembre, je l'avais tenue en respect, place prioritaire au travail nourricier.

Alors me revient (2) l'envie de bloguer. Bloguer comme aux débuts, sans autre finalité que mettre les mots sur quelques menues choses, et les partager parce que sait-on jamais, ça peut peut-être réconforter quelqu'un quelque part, lui apprendre des trucs ou l'amuser.

Nous ne sommes plus beaucoup de la vieille garde à maintenir un blog en vie : la liberté et la confiance se sont amoindries, les enjeux professionnels s'en mêlent, nous ne sommes plus entre nous comme nous en avions l'illusion, et les échanges qui faisaient le sel de la vie de blogueuses et blogueurs se sont déplacés sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs des trolls professionnalisés aux services de certains partis sont susceptibles de débarquer en escadrilles si l'on tient des considérations qui pourraient froisser leur leader. Du coup, difficile d'avoir encore l'élan pour aborder des sujets avec un versant politique lorsqu'on n'est pas spécialisé·e·s.

J'ai donc envie de bloguer léger. De bloguer pour poser des jalons de mémoire. 

À ce titre, le billet d'Alice au sujet du nouveau coronavirus, contagion et quarantaine, est parfait, il dit en quelques mots, Voilà, fin janvier 2020 en France que qu'on apprend, ce qui se fait, et l'ambiance. Il faudrait d'ailleurs que je pense, comme elle le fait, à indiquer lieu(x) et mots clefs 

D'aujourd'hui qu'aurais-je à dire, qui ne présente une gêne professionnelle ou familiale potentielle ? 

 

Que je me réjouissais d'un jour sportif prévu le lendemain : entraînement de natation et retrait de dossards pour un trail prévu ce dimanche. 

Il devrait bien avoir lieu mais voilà soudain que je suis recrutée (pour mon plus grand bonheur par ailleurs, mais pas calendaire) pour un jury de prix littéraire où des libraires sont requis et que pour la deuxième fois une branche, ou plus exactement le bout en matériaux semi-souple arrondi, de mes lunettes de vue se prend dans mes cheveux bouclés, et y reste accrochée, se désolidarisant des binocles. Un homme sympathique à la banque de salle de la BNF où j'ai passé la journée, m'a passé un bout de scotch pour une réparation de fortune ; il n'empêche que dès demain je devrais filer chez l'opticien. 
Certaines montures ne sont créées que pour les bien-coiffés, je peux en témoigner.

Voici donc ma journée du lendemain, qui devait être dédiée aux sports et aux tâches ménagères, et peut-être un morceau de temps personnel, qui se retrouve aussi complète qu'une journée de temps plein d'un emploi salarié. 

Voilà qui ne résume que trop bien les périodes d'inter-contrats de ma vie. 

Noter au passage qu'avant de quitter la maison je me suis acquittée d'un certain nombre de tâches administratives et messages y afférents. Et que tout avait été précédé par une lente mais bonne séance de natation (1575 m selon mes évaluations).

 

Je peux inscrire aussi, rubrique Air du temps, que pour la première fois une personne qui attribue les places en salle à La Grande  Bibli, m'a indiqué des capuchons jetables à mettre sur les casques audio. J'en avais déjà remarqué la présence, ces derniers temps, et c'est vrai que c'est plus (+) hygiénique. Il m'empêche que je me suis posée la question de savoir si le fait d'en verbaliser l'offre et donc l'existence, était où non liée à la pandémie en cours. Laquelle n'a pas, du moins pour l'instant, atteint la France en grand.

À moins qu'elle n'ait eu l'intuition en constatant mon échevelure que cette tignasse tueuse de lunette pouvait l'être aussi de casques audios. Who knows ?   

Un stylo plume qui m'avait semblé asséché lorsque j'avais changé la cartouche d'encre, comme miraculeusement s'est remis à fonctionner. J'en tire un réconfort disproportionné. Comme si j'y voyais là bon augure.

Au retour après la soirée du club de lecture de l'Attrape-Cœurs, je dois à nouveau effectuer quelques tâches administratives : le cadet s'apprête à quitter le foyer parental pour entrer en colocation (3). Nous ne serons son père et moi que parvenus à nous en sortir, en bossant dur, il n'empêche qu'on peut tenter de se consoler en constatant que nous représentons vaguement une forme de garantie éligible dans un dossier. Quelque chose me laisse tracassée que l'ordre (chrono)logique ne soit pas respecté : l'aînée qui ne peut partir et le plus jeune qui entame sa vie d'adulte.

Une société où certains jeunes restent coincés chez leurs vieux, malgré que les premiers aient fait des études et tout bien, est quand même une société qui ne tourne pas rond. 

 

(1) C'est l'un des tracas du chômage. Si je pouvais savoir le nombre de jours ou de mois qui me séparent du prochain contrat, je pourrais m'organiser, intercaler tel ou tel projet personnel entre ces deux périodes salariées. Seulement voilà, ça ne fonctionne pas comme ça.

(2) Revient n'est pas le mot, elle ne me quitte pas, il conviendrait d'écrire "revient avec un peu de temps à mettre en face"

(3) Plus moyen de faire autrement à Paris / Petite Couronne. Il faut trois salaires afin d'être éligibles à la location d'un appartement de taille décente.


Un billet d'il y a dix ans (Disparus transparents, disparus d'antan)

 

Je recherche depuis mon billet d'hier sur Neufchâteau revisité, une photo prise en juillet 2009 avec le texte qui l'accompagnait. Pas de traces sur traces (mon souvenir de l'image était assez vivace), rien sur le Petit Journal de chez François Bon auquel nous participions alors allègrement, entre autre avec les camarades de ce qui deviendrait L'aiR Nu, rien sur mes sauvegardes du fotolog qui semble vraiment mort désormais (inaccessible en tout cas), alors j'explore mes nombreuses annexes thématiques. 

(Pour l'instant en vain)

6647704399_b5bfd0093a_o Grâce à flickr qui est bien indexé, j'ai retrouvé la photo, de ce qui fut mon logis pendant une semaine il y a 10 ans, après la fin de ma vie d'"Usine", au début de ma vraie vie. D'ailleurs je considère assez bien ce stage comme marquant le début de la nouvelle, un jalon important. Mais qu'est devenu le texte ?

En creusant les annexes, je suis retombée sur ce billet qui n'a rien à voir fors de dater de ce même été.

Ce qui est fascinant, entre autres, c'est que de toutes les allusions que par discrétion j'avais omises de dénommer, pratiquement aucune ne m'est décryptable aujourd'hui sans recherches - en particulier le coup du DVD, de quoi diable pouvait-il s'agir ? (1) -. Pour le reste et malgré tout ce qui s'est passé durant ces dix années mouvementées, j'ai l'impression de n'avoir pas trop changé, de bien me reconnaître comme la personne qui a rassemblé ces mots.  

Je n'ai modifié qu'un ou deux détails de conjugaison ; la concordance des temps en français n'est pas mon fort.

(1) Je n'en ai à ce point plus la moindre idée que je me demande si je ne m'étais pas amusée à glisser un paragraphe fictionné au sein d'un billet de réalité.

 

Disparus transparents, disparus d'antan

(billet déposé sur une annexe le 31 août 2009)

 

    Une conjonction étrange et triste d'éléments sans liens directs m'a fait penser à eux.

L'acteur jeune et semblait-il en pleine santé qu'on croise fin juin (début juillet ?) lors d'une avant-première au Méliès. Meurt quelques jours après d'un accident de mobylette comme il en arrive tant. Mais pas tant que ça à un gars dont l'image est projetée, et encore fraîche sur les écrans.
L'amie que je sens affectée par la disparition brutale (suicide ou overdose "volontaire" ?) d'un DJ que probablement elle connaissait. Je vais voir d'un peu plus près quel était son travail. Constate qu'il était bon (pour autant que je puisse en juger) et que par ailleurs son site est, lui, toujours en vie, pas la moindre mention de la récente tragédie. 
Et ce souvenir qu'il réactive de celui d'un photographe que je connaissais de vue, et aimais beaucoup et qui à peine décédé avait vu l'url du sien capturée par un homonyme de bien moindre talent. Celui aussi d'une de mes connaissances, jeune journaliste prometteuse et poète sensible, disparue volontairement au printemps et qu'on peut voir ici en mai 2008 qui interroge Coline Serreau.
Le lien qu'on me transmet vers un site (de restaurations) audio et qui propose ce jour-là trois enregistrements d'Apollinaire dont un sur "Marie" qui me met les larmes. Mort il y a près d'un siècle et sa voix toujours là. Diction d'un autre temps, mais par moments moderne. Frissons.
Enfin lors du rangement quinquennal de ma table de chevet un DVD tombé d'une pochette achetée jadis pour les livres sans me méfier qu'elle comprenait aussi autre chose, que je glisse dans l'ordinateur par amusée curiosité et où apparaît quelqu'un que j'aime fort (bien vivant lui mais) délesté de quelques lourdes années. Il avait alors pratiquement l'âge que j'ai. Liquéfiée de douleur d'arriver trop tard.
Alors j'ai songé aux morts d'autrefois. D'il n'y a pas tant de temps que ça, disons la génération d'avant mes grands-parents, ce qui ramène au mitan du XIXème. Morts en laissant au mieux d'eux quelques objets, des terres ou une maison. Des bribes écrites éventuelles pour les privilégiés d'entre eux qui savaient. Les rares qui étaient artistes pouvaient léguer de leurs créations, si pas trop périssables. Les photos : une rareté.
Disparus transparents que seule l'apparence physique de leur descendants, s'ils en avaient, pouvait prolonger.
Génération de mes grands-parents : la photo est rare mais elle y est. Ils ont parfois écrit ne serait-ce que des cartes postales. Les hommes l'ont fait, envoyer des lettres, quand ils étaient mobilisés. Restent aussi des documents les concernant. Qu'est devenue cette permission jaunie de la guerre de 14 accordée à mon grand-père maternel sous le prénom Marius car son gradé de l'époque, un marseillais sans doute, devait avoir avait du mal avec le François-Marie breton, qui était le vrai prénom de celui que tous appelaient Louis (et on ignore pourquoi) ? Je l'ignore mais n'ai pas oublié d'avoir vu ce papier.
Après la seconde guerre, du moins en occident, tout se précipite. De mes parents restent et resteront des mots écrits, des photos, des films (super 8 au moins), parfois des enregistrements (quand l'enfant étrennait son tout nouveau enregistreur Philips avant même la stéréo). 
Et depuis l'internet, explosion. Nous sommes tous appelés à nous survivre un temps sous forme de films complets (mouvements, allure et sons, présence de l'expression), traces écrites multiples et multipliées, photos que nous-même ignorons (cherchez-vous via google images par exemple et vous serez sans doute surpris). Et ce, y compris si ce que nous faisons n'a que peu à voir avec une forme de travail créatif avec espoir de transmission.
Je me sens pour l'instant dépassée par l'ampleur de la réflexion que le sujet appelle. Mais je sais qu'il convient d'en marquer le point de départ. Dans l'espoir d'y revenir après et d'en pouvoir au moins dater la prise de conscience. 
Il est beau que nos absents pour partie ne nous soient pas arrachés entièrement. Il peut être terrible cependant que ceux d'entre eux qui furent toxiques (aucun des cas évoqués plus haut) restent à nous encombrer. 
Et combien il est étrange qu'un homme soit mort et son site vivant (1).
(1) un appel à témoignages pour un projet qu'il avait en cours rend le contraste encore plus criant.
PS : À l'instant d'envoyer ce billet, je m'aperçois que je l'ai rédigé tout en écoutant ... Alain Bashung. Dont acte.

Quelques fatigues de la langue française


    Globalement et puisque, même à bas bruit, j'écris, je suis très heureuse et m'estime chanceuse, de disposer d'une langue maternelle formidable et nuancée. Dont on peut croire qu'elle a été faite pour ça, romancer, disserter, un bel outil de travail.

J'adore mon autre langue familiale, l'italien pour la beauté de ses sonorités et ses verbes où l'action s'avance avant ses sujets et objets - ça correspond à la façon dont mon cerveau fonctionne -.

J'apprécie infiniment l'anglais pour la création de termes qu'il facile, son humour possible - beaucoup plus qu'en français, en anglais on peut d'une formule lapidaire, condenser une situation et c'est drôle du fait même de la condensation, le côté "formule définitive" -, sa concision.

Seulement voilà, pour la subtilité notamment des sentiments, le français est un délice.

Il n'en demeure pas moins qu'il présente quelques défauts. 

Par exemple ce mot "plus" qui selon le contexte peut vouloir dire s'il n'est pas prononcé à haute voix, une chose et son exact contraire : il y en a plus (+) ou il n'y en a plus. Dans un usage ou la première partie d'une négative ("ne") tend à disparaître, l'ambiguïté est de plus en plus fréquente. 

Ou la confusion possible entre les premières personnes du présent singulier du verbe être et du verbe suivre. Comme sur les réseaux sociaux on suit d'autres comptes, l'emploi de la seconde acception est devenu plus fréquent et d'autant plus ambigu. Que signifie Je suis Charlie ? Le contexte ne suffit pas forcément. 

"Contre" est également porteur d'ambiguïtés : on peut être contre par proximité (au sens de "tout contre") mais contre par opposition. D'accord, dans le premier cas il s'agira plutôt d'une personne et dans le second d'une opinion, mais parfois dans l'emploi, ça n'est pas si simple. 

Pour être honnête il me faut reconnaître que je suis la première à jouer du double-entendre lorsque ça m'amuse. Il n'empêche que pour des moments de narration sérieux ou des discussions à caractère politique, j'aimerais moins de flou. 

On n'est pas merveilleux quant aux liens de parentés. Déjà qu'il manque un équivalent du mot siblings anglais, on a tendance à multiplier les cousinages quand d'autres termes seraient nécessaire pour préciser les degrés sans être obligés de rajouter une périphrase.

Et puis il y a les pronoms possessifs. Les "son" ou "sa" qui dans certains cas peuvent se référer à plusieurs personnes d'une phrase ou proposition qui précède, quand en anglais un "his" ou "her" permet de lever la question plus élégamment qu'en rajoutant "de cette dernière" ou "de ce dernier".

En revanche le fameux accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir, remis en question car trop compliqué, est d'un immense secours de sens lorsqu'il est maîtrisé, on gagne un temps fou. 

Je suis curieuse de voir si un peu d'écriture inclusive parviendra à s'imposer, comme l'ont fait lorsqu'ils étaient évocateurs et harmonieux (1), certains termes inventés de toutes pièces pour contrer des termes anglais. Pour l'instant je l'utilise quand elle donne des résultats verbalisables sans heurts, et pas trop susceptibles de ralentir la lecture. Pour le point médian, je ne suis pas encore au point car il manque au clavier. Comme Kozlika l'avait un jour suggéré, j'utilise souvent l'apostrophe, même s'il s'agit d'un usage détourné. 

Si seulement j'aurais pu partir en retraite dans 5 ans, tel qu'il était prévu à l'époque où je suis entrée dans la vie active, et non pas 10 ou 12 tels qu'il le faudrait désormais, j'apprendrais un petit lot de langues étrangères que pour l'instant je ne connais pas, histoire d'élargir ma palette de mots justes. 

 

(1) Par exemple, j'aime beaucoup pourriel pour spam. Ça dit fort bien ce que ça veut dire.

 

 


De la pertinence des remerciements (à la fin d'une œuvre, par exemple un roman)

 

    Donc voilà, oui il se tient ce roman, plutôt bien. L'éditeur en a été immédiatement content, n'apportant que quelques remarques sources de légères corrections. Le style est là, depuis un moment, une musique fiable et stable. Le sujet susceptible pour bien des lectrices et lecteurs d'être intéressant.

Mais voilà, quelque chose par rapport à d'autres romans ne fonctionne pas totalement. Il n'y a pas l'envol habituel, il manque comme un élan.

Ainsi voilà, le résultat loin d'être honteux, ne suscite pas d'emballements.

D'ailleurs voilà, la fin flotte un brin, comme il est convenu de nos jours afin d'éviter le double écueil d'un happy ending trop sucré comme d'un final trop sombre pour que le livre ne s'offre.

Et voilà qu'à peine après cette fin suivent deux pages. Des infos bibliographiques comme on le fait là aussi depuis quelques années, pages qu'en tant que lectrice curieuse et désireuse d'apprendre, j'apprécie généralement. Puis les remerciements.
Les voilà abondants, détaillés, comportant pour faire bonne mesure une part sybilline. Cité•e•s, on est suppos•e•s s'en sentir reconnaissant•e•s. Seulement voilà : lorsqu'on est chaleureusement remercié•e•s d'avoir contribué à un roman raté, quel effet est-ce que ça fait ?



(note écrite alors que j'hésite ou non à déposer de grands mercis à la fin de mes propres travaux au sujet de la qualité et de la pertinence desquels j'ai tant de doutes presque abyssaux)