Chamade (battre la)

 

    Lancée sur les traces de cette expression par Jean-Yves Jouannais et son encyclopédie des guerres, voilà que je la retrouve chez Saint-Simon que François Bon évoque régulièrement : 

 

"Il n'y eut rien de grande remarque pendant les dix jours que ce siège dura. Le onzième de tranchée ouverte, la chamade fut battue, et la capitulation telle, à peu près, que les assiégés la désirèrent."

Saint-Simon, mémoires, chapitre 1er 1692

Le signe d'une capitulation est devenu le battement [du cœur] sous l'effet d'une vive émotion. Sans doute aussi que l'amour est une forme de capitulation.

J'aime suivre la façon dont une langue vit, ce qu'elle nous apprend de nous-mêmes. Merci les amis.

 

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L'un des plaisirs de la vie (moderne)


    Me voilà donc dans la période de (re)prendre des forces avant d'entamer un nouveau emploi. J'en profite entre autre pour écouter sur France Culture cette émission La compagnie des auteurs qui est exactement ce que j'aimerais animer (1).

Ce n'est pas parce qu'on n'est pas encore repris d'horaires par un travail à l'extérieur que l'on dispose entièrement de son temps, ce qui fait qu'autant pour les émissions qui concernaient Virginia Woolf ou Herman Melville, que pour celles-ci sur Henri James, j'ai été ravie de pouvoir écouter l'épisode du jour quand ça me convenait (2).

Je ne sais pas si les plus jeunes se rendent comptent de l'infini privilège que c'est. Pour ma part j'ai une foule de souvenirs de tentatives épiques pour ne pas manquer une émission, du gros baladeur écouté aux toilettes en contrebande, à l'achat d'un étrange lecteur (à l'époque pas encore MP3) un jour entre les midi du boulot afin de suivre sur France Inter le passage d'un ami, en passant par différents renoncements sportifs ou amicaux permettant de rester à la maison, tranquille et attentive.

C'est bien mieux maintenant.

 

(1) À tel point qu'il s'en faudrait de peu que j'aie l'impression qu'on m'a emprunté l'une de mes idées - mais je ne sais pas comment ça aurait pu être possible, il s'agit une fois de plus d'une conjonction temporelle -. Mais qui donnerait sa chance à une libraire aux cheveux gris, ex-ingénieure TP ? J'ai adoré faire de la radio quand l'opportunité m'en a été donnée, trop ponctuellement hélas.

(2) En plus que j'ignore qui a conçu le nouveau site de France Culture, je n'ai pas su trouver, mais c'est un vrai bonheur de navigation. Clair, logique, rapide d'accès, sans encarts parasites, un modèle d'accessibilité, je pourrais (si j'en avais le temps) y passer mes journées.


Parfois longtemps plus tard la résolution d'une micro question


    Je me souviens qu'au début du succès intersidéral de Daft Punk, les entrevoyant avec leur casque sur un écran télé (sans doute dans un de ces cafés où des clips défilent sur un écran tandis que le fond sonore est différent), je m'étais dit que ça me rappelait quelque chose, mais sans me rappeler ce que ça me rappelait mais ça me rappelle quelque chose n'empêche.

J'avais quelques autres bricoles pour m'occuper l'esprit et je ne suis pas spécialement intéressée par ce style de musique (2), ça c'est mis dans un grenier du cerveau, dans le coin voisin de celui occupé par les questions enfantines (1).

Et puis voilà que je re-rencontre un gars qui parle de pochettes de disques, de Gagarine et de Didier Marouani et du groupe Space et puis ça m'est revenu (3), les casques sur la tête pendant le clip, c'était Space vers 1977, un peu avant quand même.

Bon, voilà un élément de moins dans le buffer des Ça-me-rappelle-quelque-chose-mais-quoi ?, basculé désormais dans l'endroit bien rangé des questions résolues qui ne changent rien au quotidien où il prendra paisiblement la poussière. Petit musée intime des connaissances inutiles.

J'aurais mis dans les vingt-cinq ans. Ça rend jubilatoire le moindre dénouement. Merci à celui qui sans connaître celle-ci de mes questions m'a mise pile sur la piste de sa résolution.

 


Space (Didier Marouani) - Magic Fly par scopitones

 

 

(1) Dans ma tête c'est un peu Les p'tits bateaux sans mollir malgré les ans.
(2) Gamine j'ai eu ma phase Kraftwerk et puis bon voilà.
(3) En fait peut-être qu'entre temps j'avais déjà fait la jonction mais à nouveau oublié ; car l'ensemble de la conversation avait par moment a sense of déjà-vu


Deviser avec Mark (Twain)

(dernier rêve avant réveil)

Nous (? - je ne suis pas seule dans le lieu du songe mais au réveil j'ai oublié qui m'accompagnait (famille ? ami.e ? amoureux ?) -) marchons à la campagne vers une jolie palissade de bois bien peinte en blanc. Je sais que c'est Tom Sawyer qui en faisant envie à ses potes, a fini par faire ça. Il y a un homme qui se tient là, pipe et chapeau, air doux d'antan - d'avant la grande guerre puis l'autre et la shoah pour ne parler que de ces horreurs là -, il contemple les grandes étendues au delà. Nous nous parlons comme si nous nous connaissions depuis longtemps mais nous savons l'un comme l'autre que ça n'est pas le cas.

Seulement il n'est pas là pour longtemps alors il n'y a pas de temps pour des préliminaires acclimatants. Et la connivence y est, même si (V., #anotherTed ...) je m'en méfie désormais.

C'est Mark Twain. Ça va de soi. Arrive [biiiiip] , qui me fait la bise - il fait partie de ceux de mes amis qui ont trop bien réussi dans la vie d'une certaine façon mal tourné - et je laisse les deux hommes se parler. Il en va d'un avenir peut-être un peu moins pire pour l'humanité. 

 

Le son que le rêve a saisi est .

Mettre le radio-réveil à 6h20 afin d'entendre la part littéraire de l'émission de Tewfik Hakem se révèle à l'usage une excellente idée, mais pas du tout comme je m'y attendais : incapable de me réveiller avant 6h30, j'incorpore ce qui se dit à un dernier rêve que ça rend beau. 

 


De l'importance de régler le radio-réveil sur une bonne émission

(rêve de réveil - grâce à la radio -)

C'était l'émission de Tewfik Hakem et Claro, ce qu'à l'avance j'ignorais, en était l'invité. C'était doux d'entendre sa voix, j'étais je crois en train de rêver d'une maison librairie, un endroit chaleureux où je travaillais, il y avait Mathias et Marion, présents aussi, et nous rangions des livres tout en devisant. La lumière était très douce, sans doute celle d'un tôt matin de jour ensoleillé.
Claro nous rejoignait mais était donc appelé à l'antenne, et répondait à l'émission avec un équipement de téléphone mains libres, tout en restant parmi nous et continuant à trier. Avec Mathias, un peu potaches, on essayait de faire les clowns et le déconcentrer mais il restait imperturbable. 

Puis on arrêtait tous tout pour ne plus faire que l'écouter, tant ce qu'il disait était rudement bien. Jusqu'à tenter de répondre avec humour aux trois questions un peu simplettes (un peu second degré ?) de la fin.

Nous étions heureux. 

 

Ce qui reste curieux c'est que j'ai tout écouté, compris, et pour partie mémorisé, sans pour autant cesser de rêver, je ne me suis réellement réveillée que 35 minutes après.

 


What the drone saw

 

Capture d’écran 2013-07-30 à 08.24.35Alors que j'effectue ma petite revue de presse personnelle du matin, je me retrouve sur le site du Guardian.

Et tombe sur cet article 

What the drone saw 

J'espère que la video restera en ligne longtemps (si quelqu'un trouve sa version exportable, je suis preneuse, n'ai pu prendre qu'une photo d'écran).

Au delà de la note informative, les paroles du soldat, ces images me fascinent, je pourrais rester très longtemps à les observer, il y a quelque chose là. Ou peut-être que ça tient à la supperposition des images, ces grandes maisons, l'enfant à bicyclette - comme n'importe quel enfant de n'importe ou au monde, sauf les contrées trop escarpées - et la voix de l'homme, posée (qui donne hélas des détails terrifiants)

addenda de 8:37, trouvé : 



Très forte évocation du frêle "à quoi ça tient"

François Morel si juste, drôle et doux. Bien au delà des événements précis auxquels il fait allusion, qui d'entre nous n'a pas connu de ces instants où il s'en est fallu d'un cheveux que tout bascule (ou non). On peut hésiter entre rire et pleurer. Merci à Tarvalanion pour le lien.

Le grand Gréogry

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Samir et la douche du jour

       
Clichy la Garenne, aujourd'hui, à ce qu'on m'en a dit
   
Le_85_aprs_la_pluie [photo Pierre Cavard "Le 85 après la pluie". merci à lui]
   
En compagnie de Stéphanot, je marche sur le trottoir mouillé . Nous nous hâtons vers une librairie où nous avons décidé d'aller à pieds par plaisir de la ville (et pour lui peu d'agrément du métro dont l'enfermement et l'entassement lui pèsent).
   
Je ne sais plus lequel d'entre nous glisse un peu sur le sol rendu luisant par l'eau, mais cela le fait sourire. Il voit que mon regard porte une question, alors il entreprend de m'expliquer :
 
- C'est dommage que tu n'étais pas là quand on rentrait du collège, tu te serais bien marrée. On attendait le TUC avec Samir, Albert et Ruwan (1), et comme asse commasse (2) il pleuvait, mais alors pas en s'crète. Et puis tu vois, Samir il se met au bord du trottoir [il s'y déporte lui-même, afin de me montrer] pour voir si le bus arrivait, et puis un peu à côté, il y avait de l'eau, pas mal d'eau dans le caniveau. A ce moment là il y a une voiture qui est passée à fond, genre elle nous a pas calculé, et ben tu vois, Samir, il a été trempé des pieds à la tête et si son cartable était intact c'est parce qu'il est grand et qu'il l'avait dans le dos. Comment il était trempé c'était la douche du jour !
    
Il en rigole rien qu'au souvenir.
   
- Après, on lui a dit, Cours mais cours, tu comprends c'était la seule idée qu'on avait pour lui faire tomber toutes les gouttes, alors il courait autour du poteau du TUC. Il y avait une petite vieille elle nous disait en riant "Criez moins fort les enfants !", mais en même temps elle rigolait. C'était son bon moment de la journée. Si tu aurais avais été là, toi, on t'aurait entendu rire jusqu'aux Champs Elysées.
   
Puis comme pour éviter que je ne m'inquiète d'une humidification intempestive le concernant :
 
   
- Moi j'étais un peu derrière, je regardais les horaires. Alors j'ai pas été mouillé.
   
Moralité : quand vous guettez un bus un jour de pluie, mieux vaut scruter les fréquences affichées que la route même peu fréquentée. Il suffit d'une flaque.
   
(1) les prénoms bien sûr ont été changés mais j'ai tenté d'en conserver les caractéristiques culturelles.
(2) sur une excellente suggestion de Labosonic