Cahier du jour, couvre-feu 3 jour 42 : admirer Lavillenie (et Ethan Cormont)

(sabato)

Home sweet home 

Petit-déjeuner tardif (1) avec croissant et pain frais (merci JF) avant une matinée à lecture d'infos et brèves écritures. 
Après-midi de plus ou moins sieste en regardant du sport dont enfin la fin de la video championnat de France du 3000 m de Syblo, que j'avais commencé à regarder mardi soir sans parvenir à terminer depuis, tant je travaille et termine tard ; tandis que JF était à la pétanque après être parti faire les courses. Il avait cuisiné des champignons pour le déjeuner.

J'étais K.O. On peut en effet être K.O. de ne pas faire assez de sport - je sens mon énergie qui s'effiloche du fait de ne plus nager -, et trop de travail, 8 à 9h sur une chaise, assise à un bureau, me rendent fourbue.
 
Être troublée par le fait que le foyer de contamination aux variants est l'école maternelle des Petits Pas à Chambourcy, là où il y a 54 ou 55 ans j'ai fait mes débuts scolaires ; l'édile, médecin de formation a réagi rapidement : écoles fermées au moins jusqu'au 8 mars et tests généralisés afin de pouvoir faire des recherches sur le type de variants.

Quelques échanges par messagerie avec Le Fiston, à défaut de se voir.
 
Soirée tranquille, JF rentrant tôt pour cause de couvre-feu, un peu de Formule E (c'est stratégique, c'est rigolo comme un jeu vidéo qui aurait été transposé dans la réalité), un peu de perche, le tout sur l'Équipe TV. 
Le un peu de perche s'est transformé assez vite en : suivre en encourageant. 
Je regrette qu'en perche comme en toutes disciplines athlétiques mais plus encore, seule la hauteur franchie compte. Ça mériterait une note de style. Le jeune Ethan Cormont y gagnerait des points, ses sauts sont d'une fluidité admirable. Menno Vloon était également remarquable quoique dans un style plus en force (que personnellement j'apprécie moins, mais qui semble plus fréquent de nos jours).

Restait après un bref dîner, le temps d'écrire ce temps qui file. On espère toujours des jours meilleurs. Est-ce bien raisonnable ? Restera-t-il du temps personnel ?
 
Je n'ai pas quitté l'appartement de la journée. Force est de constater que la fatigue d'une forte semaine de travail induit un confinement en soi.
 
 
(1) Réveillée vers 09:30 après un premier réveil à l'heure de se préparer quand on va au travail - cette mécanique qu'est le corps humain -, mais je m'étais rendormie aussitôt. Ce rendors m'aura permis un joli rêve de type "pièce en plus" avec une part de collectif très chouette, chacun pour l'ensemble d'un groupe amical, stockant une partie des biens ; nous c'était les vélos. 
 
TTL 180,5
DD 92/00
Covid_19 ressenti : 385 jours 
 
 
updated: February 27, 2021, 21:24 GMT
114,268,724 cas dont 2,534,605 morts et 89,830,612 guéris
 
USA : +53,458 nouveaux cas ; 524,482 morts depuis le début ; +1,366 morts ce jour ; soit 1,578 morts / 1 M d'habitants
France : + 23 996 nouveaux cas ; 86,332 morts depuis le début ; +185 morts ce jour ; soit 1,321 morts / 1 M d'habitants
Italie : + 18 916 nouveaux cas ; 97,507 morts depuis le début ; +280 morts ce jour ; soit 1,614 morts / 1 M d'habitants
Belgique : +2,769 nouveaux cas ; 22,034 morts depuis le début ; +28 morts ce jour ; soit 1,896 morts / 1 M d'habitants
UK : +7,434 nouveaux cas ; 122,705 morts depuis le début ; +290 morts ce jour ; soit 1,801 morts / 1 M d'habitants
 
 
autres sources disponibles :
 
 
 

Crash test (Covid K417N)


    Me voilà donc à peu près retapée, après 6 jours de maladie et d'incapacité de ne rien faire de suivi, tout juste ai-je pu lire aujourd'hui.

J'ai l'impression d'avoir subi un crash test, que toutes les fonctions du corps ont été testées par le virus qui semblait chercher une voie d'attaque définitive.
Peut-être que d'avoir été vaccinée autant de fois qu'il le fallait m'a protégé les poumons. Ils semblent les seuls à n'avoir pas été inquiétés férocement : il y a une toux pénible mais elle reste assez sèche, n'est pas "descendue", et je n'ai pas sentie une baisse de mes capacités respiratoires.
À confirmer dans un jour ou deux lorsque j'aurais pu reprendre la course à pied. C'est finalement la seule partie du corps qui semble avoir été relativement épargnée.

Le jour où la maladie s'est déclarée, c'était le mardi, elle m'est tombée dessus à mesure de la journée mais ressemblait fort à un début de rhume assez classique. J'ai eu un peu de mal à finir ma journée de boulot mais c'est aussi parce que c'est un job où il faut sans arrêt parler au téléphone et que gorge qui gratouille et nez qui coule ne font pas bon ménage avec la fonction.
J'étais parvenue à effectuer ma séance de CAP à la piste.

En revanche le mercredi matin, pas l'ombre d'un doute : impossible de travailler. Fièvre. Symptômes du rhume. Sorte de conjonctivite (les yeux douloureux et qui pleuraient) et une tension qui devait être dans les chaussettes : je me sentais incapable de me déplacer, aller du lit aux toilettes était une expédition.

De plus dans la nuit (du mardi au mercredi), j'avais dû me lever au moins cinq fois pour aller pisser, non sans une certaine perplexité : d'où provenait tout ce liquide ? Je n'avais pas particulièrement bu ni dans la journée ni dans la soirée.

Des membres douloureux, les articulations, les muscles.

Le jeudi, la tête tournait moins, j'ai pu marcher jusqu'au labo d'analyse et trouver la force de prendre rendez-vous avec un médecin.
En revanche une diarrhée violente, surgie de nulle part (depuis 24 h je ne mangeais presque rien). Le mal aux yeux toujours. Et des douleurs dans les os. Mal au dos.

Le vendredi, ça allait moins mal, la fièvre est tombée dans la matinée. Mais a déboulé un mal de tête inquiétant. Et depuis la veille j'avais des trous de mémoire permanent, qui s'ajoutait depuis le mercredi à des pensées dont je ne parvenais pas à garder le fil. Depuis février 2006 et d'avoir eu un jour le cœur brisé (comme dans cette émission), je sais faire face à ça, il faut se répéter ce qu'on doit faire comme tâche suivante jusqu'à son accomplissement ; à quelque chose malheur est bon. J'ai donc pu le vendredi, dûment masquée aller chez le médecin, à la pharmacie, acheter du pain, récupérer un colis, et retourner écluser l'épuisement au fond du lit. Il n'empêche que je sentais le cerveau en lutte contre quelque chose qui tentait de le mettre sous une couverture (1).

Le samedi les douleurs n'y étaient plus mais la fatigue était infinie. Celle du naufragé qui se réveille déposé par la mer sur une plage, ou du passant qui se prend un piano mal déménagé sur le corps.
Je ne pouvais quasiment pas lire depuis le mercredi. Un peu de capacité de lecture - concentration m'est revenue en soirée. Je crois être parvenue à suivre un match de rugby à la télé mais que ça nécessitait un effort. Comme si les règles du rugby étaient très compliquées. Je n'arrivais pas à fixer quel était le côté de quelle équipe (oui je sais ça change à la mi-temps, mais mon cerveau ne parvenait pas à stabiliser ces positions).

À un moment j'ai eu les oreilles douloureuses et j'ai quelques acouphènes (supportables) qui perdurent. 

Le dimanche j'ai presque pu lire. En m'arrêtant beaucoup. En revenant en arrière sur des phrases déjà parcourues. Mais n'empêche, j'avais l'impression de redevenir un peu moi-même.

Et puis ce lundi j'ai pu aller descendre les poubelles et relever le courrier, lire un roman policier et pour travailler le lendemain ça devrait aller, entre deux quintes de toux et la voix un peu incertaine.

J'en garde une incertitude de mémoire (j'ai passé beaucoup de temps à me demander où étaient mes lunettes ou mon téléphone ou mes mouchoirs), une capacité de concentration émoussée, et pas mal de tousserie.

Dès le premier jour et depuis ça n'a pas cessé, j'ai perdu mes cheveux par poignées.

La seule chose qui semble m'avoir été épargnée (pourvu que ça n'apparaisse pas après coup) fut la perte de l'odorat. 

Je suis reconnaissante à mon conjoint de s'être arrangé pour se mettre deux demi-journées en télétravail afin de rester près de moi (je crois que les deux ou trois premiers jours je faisais un peu peur).

Je suis reconnaissante à google street view d'exister : il y a eu des moments où la seule chose que j'étais capable de faire, quand je ne somnolais pas c'était de circuler ici ou là de la planète. J'étais incapable de suivre le fil d'un film, d'une série, ou de lire, alors voilà suivre une autoroute à Bakou ou explorer des villes de Corée (du Sud), je pouvais.

Je suis reconnaissante à Rhys Mclenaghan d'avoir emporté la médaille d'or aux championnats du monde de gymnastique à Anvers car c'était l'info réjouissante de cette sombre période ; elle m'accordait le droit de croire que le monde ne faisait pas que sombrer dans davantage de violence et de KO (2).

Je suis reconnaissante à Dominique Sylvain pour son "Mousson froide" qui a été impeccable pour me faire oublier, dès que j'ai pu à nouveau lire, mon épuisement et mes douleurs.


(1) En écrivant ça j'ai l'image des serins dans une cage que l'on recouvre afin qu'ils ne chantent pas à tel ou tel moment.
(2) Les jours qui viennent de se passer ont été terrible de ce point de vue, j'avais l'impression chaque fois que j'émergeais un peu et entrouvrais un fil d'infos de découvrir une nouvelle reprise de guerre, de violences, d'horreurs. 


La mémoire des habits

 

    La pandémie et plus particulièrement l'enchaînement premier confinement (en Normandie pour nous) suivi derechef d'un nouveau job nouveau métier à apprendre sur le tas et fissa, en mode gros temps plein dans des conditions bizarres (les confinements suivants, et le Covid_19 qui faisait des ravages dans nos rangs), ont marqué un tournant dans le fonctionnement de ma mémoire. Comme s'il fallait effacer des rubriques anciennes pour faire de la place aux nouvelles données à ingurgiter, toute une partie du pan "mémoire des vêtements" semble avoir disparue. Ou du moins, je n'y ai plus accès.

Or j'étais jusqu'à présent une faible acheteuse d'habit, plutôt prompte à les user jusqu'à la corde. Et puis j'ai eu une période de travail dans le XVIème arrondissement de Paris lors de laquelle j'ai garni la garde-robe familiale de dépôts effectués par les très fortunés.
J'aime aussi en acheter lors de voyages : c'est un souvenir utile à (rap)porter et relativement léger. Sans parler des longues années durant lesquelles je souffrais du froid, intensément, et finissais toujours par acheter d'urgence quelques pulls.
Et de la partie contrainte de ma garde-robe : pour les différents emplois que j'ai occupés il me fallait des tenues différentes et pas trop portées.

Jusqu'à cette particulière année 2020, je pouvais dire pour chaque pièce d'habits à quelle période en quelle année à quel endroit à quelle occasion je l'avais acquise, j'avais cette mémoire, précise. 
Depuis, lorsque je m'habille comme souvent en Tombé de la pile, je récupère un vêtement et me demande, Tiens, d'où il sort celui-là ? Est-il à moi ? Est-ce un de l'époux posé par erreur de mon côté ? Un trop-petit du fiston (1) ? Un qui était chez mes parents (2) ?
Étrange conséquence que le Covid aura eu pour moi quand d'autres y laissent plutôt le goût et l'odorat.

Et puis ce matin c'est un polo qui a dégouliné du tas jusque dans mes mains et je me suis instantanément souvenue de la boutique de surplus de golf, coincée entre périph et pont de chemins de fer, que j'étais allée voir par curiosité un jour (à force de l'entrevoir lors de trajets) et où j'avais fait quelques emplettes. Elle a disparu, désormais et le petit bâtiment semblait promis à la démolition.
Peut-être que mon amnésie des habits est en train de passer ?

 

(1) Je m'habille volontiers en trop-petits du fiston qui les a laissés là lorsqu'il est parti s'installer en colocation et sont, comme souvent les vêtements d'hommes, pratiques, confortables, avec de grandes poches parfaites et de qualité.
(2) Comme j'étais seule pour faire le tri de leurs vêtements, je n'ai jeté que ceux dont les tissus étaient dégradés et gardé le reste, d'autant plus qu'il y avait aussi entreposés dans la maison, plus grande que nos logis respectifs, des "on le met plus, mais peut-être qu'un jour si donc on ne veut pas le jeter" que pour nous ils stockaient. Ce qui fait un paquet de frusques ou tenues jolies dont on ne sait plus trop quoi fut à qui. 


Les années juste avant (la pandémie)


    Ça n'est pas la première fois que je le constate, ça se confirme fortement : j'ai perdu la mémoire de certaines choses concrètes (notamment les vêtements) des années précédant la pandémie.

J'étais épuisée d'avoir vidé en 2017 et début 2018 la maison de mes parents et d'avoir eu un emploi formidable mais dans lequel je m'investissais énormément (je ne le regrette pas, mais bossais sans doute trop pour mes forces, tellement heureuse d'avoir cette chance). J'ai enchaîné sur une période de travail en tant que libraire volante et différents remplacement puis un projet de reprise qui m'a tenue cinq mois très fatigants (c'est allé loin dans le processus, j'y ai vraiment cru).

Ensuite j'ai eu deux mois à un rythme insoutenable en bossant en maison de la presse, un des jobs les plus formateurs que j'ai eus mais voilà, physiquement je sentais mes forces me quitter peu à peu. Bien conseillée et avec l'accord de mes proches (car ça allait faire de la précarité financière) j'ai proprement démissionné. 

Donc il est vrai que ça n'était pas des années calmes, que je les ai traversées comme j'ai pu en tenant le coup au jour le jour et avec heureusement le sport et une vie par ailleurs stable pour structurer l'ensemble.
Et puis la pandémie a déboulé et le nouveau boulot très prenant, trouvé juste avant pour juste après.

Le premier confinement vécu en Normandie et ensuite un engloutissement de mon temps (personnel).

Alors toutes les petites choses du concret du quotidien sont comme passées à la trappe dans une légère amnésie. Je retrouve des habits achetés peu de temps avant [la pandémie] sans plus aucun souvenir de ni ou ni quand.
De menus objets.

Aujourd'hui comme j'avais un jour de récupération j'ai effectué quelques rangements et retrouvé un sac à dos dont je me servais à un moment.
Dedans un carnet avec un billet de train et quelques notes, datant de 2018. Intellectuellement je me souviens de la raison de ce trajet et des principaux événements. Affectivement, c'est comme si ce carnet avait appartenu à une autre personne. C'est très étrange comme impression. Persiste un étonnement. Il y a des notes de films vus, mais lesquels ? Si le titre ou un indice n'est pas inscrit sur une page ou l'autre, je ne le sais plus.

PS : gag du soir, juste après avoir rangé je suis tombée sur cet article du Monde (Marie Kondo n'est plus ce qu'elle était, elle aussi à présent marche sans doute en se relevant la nuit sur des legos défaits)

 



Faire au moins une chose


    Depuis quelque temps je tente de préserver une part de vie personnelle envers et contre tout. Le boulot tend à engloutir toutes mes heures actives, et j'ai décidé de m'en tenir à mes plans d'entraînements de course à pied. Une fois ces deux éléments casés, et l'indispensable (le temps pour les choses physiologiques, alimentation, sommeil, toilette ... et de soins (kiné) + un minimum vital de tâches ménagères) il ne me reste plus rien, plus d'énergie et peu de temps. J'en suis réduite à passer mes après-midi de week-end et mes fins de soirées au lit, à essayer de regarder encore un peu une vidéo (de sport ou de voyage ou un documentaire) ou bien lire enfin. Et en fait m'endormir vite.

Alors je commence peu à peu à ressortir un peu, accepter un restau, tenter un ciné (si une séance particulière se présente) et puis surtout j'ai décidé de faire au moins une chose chaque soir, une activité qui me fait plaisir ou un morceau de rangement (ça devient très très très critique et urgent), une tâche administrative, des réponses à des messages amis.

Ce soir c'était préparer des envois de cadeaux qui étaient restés coincés là - j'avais réussi à intercaler l'achat et puis : plus rien -. 
Ça réduit le sommeil mais c'est bon pour le moral. 

Ce qui l'est moins c'est d'avoir retrouvé à cette occasion d'autres cadeaux qui datent probablement du premier confinement, juste avant, ou juste avant que l'on reconfine et voilà que je n'en ai plus aucun souvenir et je sais bien un peu pourquoi. Ces périodes si particulières m'ont fait en mémoire un effet bizarre, rejetant les "avant" dans un lointain, avec les zones d'oublis assorties, alors qu'en fait seuls trois ans se sont écoulés (ou moins, pour le deuxième confinement). 

Si tout va bien, ça va bientôt être reparti pour une période d'archéologie familiale, tri, archivages et jetages. Et ça fera du bien.


Le jour de la mort du Roi Pelé


    (giovedi)

Curieusement c'est au moment où, au lit parce que rendue patraque par la 4ème dose de vaccin anti-covid_19, je lisais des infos et disais au Joueur de Pétanque, On dit que le Roi Pelé serait au plus mal, qu'est passé un touite de Mbappé, qui annonçait le décès de son aîné de légende.

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C'était assez beau de l'apprendre ainsi, même si cela m'a équipée d'un coup de vieux intersidéral : il n'y a plus ni Reine d'Angleterre ni Roi Pelé, plus personne ne reste des points d'ancrage des temps de mon enfance, qui étaient déjà révolus, oui, mais il n'y a plus de ces témoins généraux.

Je me souviens de l'enthousiasme de mon père lorsqu'un match était retransmis dans lequel jouait le Brésilien (1).

De cette journée traversée patraque, à laquelle j'ai survécu grâce au télétravail, lequel comportait une session de formation qui m'a bien aidée, il restera donc cela : c'était le jour de la mort du Roi Pelé et j'étais en pleine fièvre de ma 4ème dose de vaccin.

Le chagrin a un temps tenu en respect la tête qui donnait l'impression que j'étais dans un grand huit ou en train de parcourir un circuit automobile dans une voiture de course, quand j'étais allongée dans mon lit. 38,2°c, tout s'expliquait ; même si je n'avais pas de symptômes de température trop chaude ou trop froide et pas non plus de frisson.

J'espère que demain ça pourra aller. Même s'il y aura une tristesse diffuse, qui, je le sais, va perdurer.

 

(1) À l'époque pas d'internet, pas de magnétoscope, des Mondovisions relativement rares (une coupe du Monde, des J.O.), il convenait de ne pas louper ces rendez-vous si l'on souhaitait voir à l'œuvre celui que l'on admirait.

 


New ordi day (au taf) + arcobaleno

 

20221226_140012    Depuis des mois mon ordi de boulot plantait ; j'avais hérité de celui de celle que j'avais remplacée et il commençait à fatiguer. Seulement il fallait qu'un des collègues de haut niveau prépare son nouveau poste pour me céder celui qu'il utilisait. Aujourd'hui, tout était prêt.

Alors ce fut pour moi un new ordi day et c'était un beau cadeau de Noël en somme, car ça devrait vraiment me faciliter la vie plus de 40 heures par semaine. 

Évidemment, dans un premier temps, il y aura plein de petits trucs à régler mais bon, je devrais rapidement gagner du temps et économiser de l'énergie par rapport à avant.

J'écris ce billet afin que la date reste notée.

Pour le reste : un bon Vélotaf back à Vélib, lentement (ça n'était pas un électrique et j'avais envie d'être prudente), une jambe gauche (ischios et cheville) douloureuse le matin rien qu'en marchant et à un moment de la journée je prends conscience qu'il n'y avait plus aucune douleur (et je n'ai éprouvé aucune gêne lorsque je pédalais).

Comme nos restos Thaï habituels et voisins étaient fermés, j'ai marché jusqu'à la Vache Noire, le centre commercial, pour y prendre une gaufre et la manger en chemin. Sauf qu'il pleuvait. Mais lorsque je suis sortie le soleil venait de poindre. Il n'a pas duré mais j'ai pu admirer un arc en ciel double magnifique. C'est si rare à Paris (1).

J'ai reçu un pantalon commandé il y a si longtemps que je l'avais presque oublié.
Après le dîner j'ai testé la connexion à partir de mon domicile sur le nouvel ordi. Ça fonctionnait du premier coup parfaitement. Fait rare. J'en ai été tout espantée. 

Le Joueur de Pétanque a des soucis de téléphone, semble décidé à en racheter un, mais il éprouve la nécessité d'hésiter, coincé par l'illusion d'être plus malin s'il parvient à profiter d'une "bonne affaire". Le vrai truc, c'est de cesser de perdre son temps de cette façon, si on a la chance de pouvoir se le permettre.
En même temps je suppose qu'il y a un plaisir à tenir ses proches en haleine avec un petit suspens créé de toutes pièces par les atermoiements. 
Chose qui m'est totalement étrangère. De mon côté, moins un ennuis matériel perdure, mieux c'est. C'est en effet très consommateur d'énergie et de charge mentale de "faire avec" un outil qui dysfonctionne. 
(Go to le début de ce billet, et le soulagement que j'éprouve lorsque ce n'est pas moi qui décide, que ça traîne, et qu'enfin, plus tard, j'en suis délivrée).

Les nouvelles de la suite (du rebond ?) de l'épidémie de Covid_19 en Chine sont inquiétantes, c'est confirmé.

Youtube où je regardais une video scientifique a enchaîné sur un documentaire Arte relatant le destin de Vivien Leigh, lequel m'a fait reprendre conscience pour la nième fois que je le sais mais à chaque fois j'oublie :  mon cerveau a fait son casting personnel et décidé que c'était Liz Taylor qui jouait le rôle de Scarlett O' Hara. Et le remet en place à chaque fois. Et d'ailleurs à la place de Clark Gable, c'est Richard Burton dans ma tête, et c'est vraiment mieux comme ça.
Au passage j'ai appris (ou ré-appris, car la pandémie a effacé bien des choses que j'avais en mémoire, en particulier celles qui "ne servent à rien") qu'il existait un Clark Gable troisième du nom et petit-fils du premier, mort soudainement en 2019 d'une overdose d'opiacées. J'ai déjà entendu parler de la crise des opiacées aux USA, en me demandant combien de temps ça mettrait avant de nous tomber dessus en Europe, mais en lisant cet article qui date de l'été  ; en particulier ceci : "Le fentanyl est si puissant que la différence entre vivre ou mourir tient à moins d’un gramme", je me dis que c'est plus grave qu'il n'y paraissait (un truc de junkies comme un autre, m'étais-je dit). C'est ce qui avait causé la mort de Prince, aussi.

Le temps d'effectuer ce petit parcours de sérendipité, ainsi que d'échanger quelques messages avec mes cousines et cousins italiens et par ailleurs ma fille, et il était minuit et l'heure de me coucher. Voilà comment file une journée, en temps de paix (relative) dans la localité.

Grâce à l'arc en ciel (et au nouvel outil de travail au travail), j'ai au moins l'impression que cette journée n'a pas eu lieu en vain.


(1) Non qu'il n'y en ait pas mais qu'il est difficile de voir assez bien un assez grand pan de ciel pour l'apprécier.


Journée de veille de course

(sabato)

Dans la nuit nous avons été réveillés au même moment par chacun un mauvais rêve (le sien dû à des événements qui obligeaient à prendre des trains très loin en galérant pour tenter de donner des nouvelles à ses proches, le mien dû à des tempêtes créant des dégâts qui faisaient des victimes). Au moins nous avons pu nous réconforter.

C'est veille de course alors j'ai appliqué à la lettre la pratique sage du footing d'activation. J'aime bien parce que c'est le moment où l'on peut faire semblant de croire que l'on est bons. 
La bizarrerie du moment fut que nous comptions faire nos 30 minutes dans le parc moyen en face de chez nous et qu'il a ouvert avec 1 heure de retard. Alors on a fait des tours du pâté de maisons qui entourent le parc et quand même un tour de parc pour le plaisir pour finir.

Je voulais aller rejoindre une amie invitée par une libraire de ma ville, mais voilà que, rançon du succès, il était impossible d'entrer sans pousser du monde. J'étais heureuse pour elles, mais suis repartie - d'autant plus que juste avant moi entrait un jeune père avec un bébé dans les bras, je n'allais quand même pas le tasser pour m'infiltrer -.
Entre heure qui filait et bricoles de type "choses à faire" à caser le samedi par nécessité, je n'ai finalement pas pu repasser.

À défaut de nous voir en vrai nous nous sommes échangées des nouvelles par courriel. 
La combinaison (pandémie,travail à temps plein) est redoutable pour nous éloigner des personnes que l'on apprécie et avec lesquelles on aime partager du temps. Il y a tant d'ami·e·s que je n'ai pas revu·e·s depuis début 2020, voire fin 2019 car l'emploi que j'avais tenu en maison de la presse m'avait littéralement engloutie pendant deux mois. Ça me peine, ces éloignements.

Je suis enfin parvenue à voir en entier le documentaire d'Arte sur ce crash d'un avion venant de Berlin le 20 avril 1945. Il y a un travail sur l'esthétique du document qui m'impressionne. Quelque chose m'a gênée dans leur façon de ne pas laisser comprendre où ils voulaient en venir, peut-être à trop vouloir rester neutres en juxtaposant sans les relier des témoignages parfois absolument contradictoires ; le début donne l'impression d'une sorte d'enquête prête à être menée (qui étaient les personnes dans l'avion) puis on suit le fils d'un (du ?) survivant mais on passe à autre chose au moment précis où l'on pense que ça va déboucher sur une découverte, une explication. Ensuite on part vers ce qui s'était passé au village en ces jours décisifs de la guerre finissante et l'avion et son histoire passent au second plan. Je serais curieuse d'en savoir davantage sur la genèse de ce projet et un éventuel arrière-fond discutable (ou alors peut-être que plusieurs personnes n'étaient pas d'accord sur ce qu'elles souhaitaient produire, ou l'intention première a été détournée, ou à un moment trop vite il a fallu boucler ; bref, quelque chose m'a semblé ne pas tout à fait coller). Il n'en demeure pas moins que c'est intéressant et mystérieux à souhait, que la bande son est formidablement en phase avec son sujet.

J'ai profondément dormi, ce qui est souhaitable en veille de course importante.

Le Joueur de Pétanque était à la pétanque, mais il est rentré tôt et a fait les courses. Le Fiston nous a envoyé des photos.
En raison du premier qui a tenu à regarder la fin du match de l'équipe de France je n'ai pas pu échapper au but de Mbappé face au Danemark. 
Comme le Joueur de Pétanque a dit, Mbappé il est parti pour faire comme Maradona, nous avons eu une conversation pas inintéressante. J'étais en effet à partir de cette seule phrase dite d'un ton plutôt neutre, incapable de comprendre le sens de son propos. Comme Maradona pour ce qui était de son génie du jeu ? Comme Maradona pour ce qui était de son destin tragique ? De sa déchéance prématurée ? De ses addictions ?
Il s'est avéré qu'il voulait dire Comme Maradona devenir une légende. J'espère qu'au jeune français sera épargné le chaos.

À l'heure où j'écris je suis entrée dans la phase, je peux faire différentes bricoles, et lire des trucs et regarder des documentaires (je suis en cours d'une Beatlesserie), au fond de moi, je pense à ma course et je rassemble d'ores et déjà mes forces pour bien faire. En cela les compétitions sportives (ou donner des concerts quand on est musicien·nes) sont une bonne, une excellente façon de se reposer des tracas de la vie.


Il arrive parfois dans la vie des choses comme ça


    Certes on a appris la veille au soir le décès d'un oncle que l'on aimait bien, on se dit qu'on ira aux obsèques, qu'il faudra avertir le travail et en mettre un coup le lendemain et le jour d'après afin que notre absence ne pèse pas sur les collègues, et puis un message arrive, funerale giovedi alle 11. Ce jeudi ? Domani ? Mais on est mercredi ?

J'étais habillée pour partir au boulot, mon sac tout prêt. J'ai appelé le boss qui étant un humain humain n'a pas barguigné pour m'accorder trois jours, et trente minutes, quelques clics et un appel téléphonique plus tard, j'avais train, hôtel pour la première nuit et airbnb pour les suivantes. 

En début d'après-midi j'étais dans le train.

Il était bon de revoir la famille. Sans ces circonstances particulières, je n'en aurais pas eu la liberté.

La pandémie a joué probablement un rôle dans le très court délai. Mon oncle n'était pas la Reine d'Angleterre.
Il y a une forme de soulagement désolant à être tellement pris par des chagrins intimes et des urgences associées que les nouvelles effarantes du monde (un missile, une guerre qui s'apprête, dirait-on à dégénérer, un pays où la révolte légitime du peuple est violemment réprimée ...) en sont atténuées. 


Un samedi à Ville-d'Avray

 

    Prendre le train, descendre à une gare de banlieue que l'on ne connaît pas bien, se balader dans les environs, déjeuner dans un restaurant qui nous semblait appétissant.
Voilà comment prendre des micro-vacances le week-end, tandis qu'on assure la permanence en semaine dans nos boulots respectifs.

Pendant le temps la guerre en Ukraine franchit encore un cap vers davantage de danger généralisé.
(et le premier ministre anglais censé assurer les affaires courantes tant qu'un remplaçant ne lui est pas désigné, se trouve aux abonnés absents, comme s'il avait décidé de ne pas faire son préavis)

Dans le train de banlieue, nous sommes très peu à être encore masqués. On tend à se regrouper.

J'attends la finale du 3000 m steeple à Cali (championnats du monde d'athlétisme junior) où doit concourir Baptiste Cartieaux.


Écrire peu


    J'écris peu ici depuis quelques temps. Le temps disponible me manque, englouties que sont mes journées par le boulot salarié, les trajets, le sport, du temps de récupération - pour l'instant, je n'ai pas à me plaindre, c'est le seul effet flagrant de l'âge -, et deux projets familiaux qui nécessitent bien des démarches administratives. Je fais face courageusement à ma presque-phobie de celles-ci, il n'empêche que ça me prend une énergie totalement disproportionnée.

Enfin, je participe à un projet collectif d'écriture de journaux (diarii) sur papier, lancé à l'automne dernier par Mathieu Simonet et ça suffit à remplir mon peu de temps quotidien d'écriture. Tracer des lettres sur une feuille après des journées de boulot passées à taper sur un clavier des choses techniques et triviales contre rétribution, délasse beaucoup.

 Pour autant je reste sans illusion : tous les projets dont je fourmille, avec à présent un vague rêve de "quand je serai à la retraite, je pourrai", risquent de s'émietter, se dissoudre dans la fatigue des années, si jamais j'atteins miraculeusement, et miraculeusement en bon état physique et psychique, ces temps de liberté.

Entre la pandémie qui est toujours forte mais dont plus personne ne semble se préoccuper réellement et la guerre en Ukraine, qui menace de dégénérer et s'étendre à tout moment (1), les nouvelles sont assez désespérantes.
Un seul point d'espoir : des enfants de ressortissants français, nés en Syrie car leurs parents y étaient partis croyant mener là une guerre sainte, commencent à être rapatriés. C'est déjà ça. Beaucoup ont des grands-parents qui rêvent de retrouvailles et de consoler leur descendance du mauvais tour que l'état du monde et l'état d'esprit de leurs parents, leur avaient joué.

Dans l'immédiat, je m'efforce, au jour le jour, de survivre et de conserver intact mon élan intérieur. 
Sait-on jamais.

 

(1) Tous les pays européens font semblant de croire que non. On a besoin de ce déni pour que les gens se sentent rassurés et consomment.