Ce qu'il fait de ses jours (retrouvailles)


    Capture d’écran 2019-03-10 à 14.43.39C'est au départ un touite que j'ai vu passer ce matin et dont voici la copie :
Capture d’écran 2019-03-10 à 14.45.11Et la prise de conscience que ces dernières années, accaparée par les films de ma vie (1), je n'avais plus consulté, fors très ponctuellement, mon agrégateur de flux RSS. 

Alors lors de ma pause déjeuner des rangements urgents [encore un tracas de plomberie, il convient de faire place nette pour une grosse intervention prévue le lendemain matin], j'y vais voir ; il y a depuis quelques temps et par lassitude des violences encaissées sur les réseaux sociaux une résurgence des blogs, je me dis que certain'e's ami'e's s'y sont sans doute remis. 

Voilà que je tombe dès la réouverture sur la saison 3 toujours vivace d'un bon vieux blog que j'appréciais, Ce que je fais de mes jours, chroniques du rien quotidien, tenu par quelqu'un devenu un ami mais hélas géographiquement lointain et ni lui ni moi n'avons les moyens ou le temps, de nous déplacer par pur agrément.

C'est un bonheur de retrouvailles, et je me régale avec 

Le verre d'eau du milieu du temps ... 

Hélas, chez Couac, rien de nouveau depuis le 21 janvier, après une jolie reprise qui elle-même succédait à un long silence. 

Persiste en ligne et c'est un soulagement, le blog de La fille aux craies qui me manque pour toujours et à jamais. Et puis Lola d'ici et de là dont le blog semble avoir disparu et dont je n'ai plus de nouvelles. 

Heureusement, un bon lot de dino-blogueuses et blogueurs restent encore actif. 

Mais ça sera pour un autre dimanche, du rangement m'attend. 

 

 

(1) dans "Quand j'étais soldate", Valérie Zenatti narre ainsi (p295 de l'édition de 2017, École des Loisirs) les retrouvailles d'avec un bon ami. Ils se sont trouvé éloignés de par la fin du lycée, un changement de ville pour lui, et le service militaire qu'elle a dû enchaîner :

Depuis, il m'a envoyé deux ou trois lettres très belles, auxquelles j'ai répondu avec retard pour cause de séances de cinéma ininterrompues (La Rupture, Les Classes, La Crise, La Rupture 2, Opération Coquelicot bleuté ...). Il m'a invitée à venir le voir quand je le souhaitais.

J'ai l'impression que depuis juin 2013, je pourrais en dire autant, ça donnerait Une Rupture, La Fin d'Une Belle Librairie, Le Boulot dans les Beaux Quartiers, L'Attentat, L'Épuisement, La Possibilité d'une Nouvelle Vie, Les Attentats, Le Retour du Grand Épuisement, La très ruineuse affaire de la fuite d'eau invisible, Retour Au Pays dans une Belle Librairie (2), Triathlète (enfin), Jours Funestes (La mort d'une mère), Vider et vendre la maison de ses parents, Le Voisin Voleur, L'Année des Rencontres (librairie Charybde), Le Déménagement (des affaires familiales), Le Grand Rangement (série à saisons multiples avec de fréquentes interruptions en cours de saisons les acteurs principaux étant requis ailleurs ; mais elle reprend régulièrement), La Saison des Semi (marathons), Les Rendez-Vous d'Arras (Arras Film Festival, en novembre chaque année), Libraire Volante, Jours Heureux à Auvers, Le Courrier Retrouvé (aka Vingt-huit ans après), On Air (3), et peut-être à venir The Bookshop ... pour ne parler que de ce qui ne concerne presque que moi, en omettant ce qui concerne en premier lieu d'autres personnes de ma famille mais a un fort impact.
Il y a zéro période de plus de quatre ou cinq jours (généralement vers le 15 août, ou lors d'une colo dotclear) où l'agenda n'est pas pré-rempli par ma vie.

(2) Au Connétable, à Montmorency.

(3) émission hebdomadaire Côté Papier sur la radio Cause Commune, le mercredi soir à 22h 

 


L'équipe de France de handball femmes (le salut à)

 

    Je déjeunais à la bonne brasserie voisine de la librairie où je travaille ces jours-ci et en horaires décalés comme il se doit (15h30, je crois). Placée près de la baie vitrée.

Soudain il y eu force sirènes et dispositif d'escorte. Entre les manifs récurrentes de Gilets Jaune et l'attentat récent à Strasbourg, un forcené islamisé tirant sur la foule, les gens sont sur le qui-vive, un murmure a couru Que se passe-t-il [encore] ?, tout le monde a regardé vers la rue.

Est alors apparu un car somptueux, comme ceux que l'on voit sur le tour de France pour les grandes équipes cyclistes ou qu'on a vu pour l'équipe de France de football hommes l'été passé, c'était mis en gros handball (ou même handballissimo) et des dames s'y tenaient. Quelqu'un a dit, C'est les filles de l'équipe de hand !, quelqu'un d'autre, Elles vont à la finale (1) et la plupart des gens dans le café s'est levée pour saluer et presque tout le monde a applaudi. On a entrevu quelques sourires dans le car qui à présent passait, smooth, comme s'il glissait.

J'ai su qu'elles allaient gagner.

Il m'a plu de croire qu'enfin le sport des femmes était reconnu.
Ce fut bref, bon enfant, un instant magique comme on en croise trop rarement.

 

(1) qui avait donc lieu à 17h30 à Bercy, effectivement nous étions sur le chemin.  


La nouvelle ville, comme un ailleurs

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Je rentre à pied ce soir. La nouvelle ville, le nouveau quartier qui jouxte le tribunal (La Tour) m'offre désormais un chemin plus direct et non sans charmes - du fait de n'être pas encore vraiment ouvert à la circulation -. 

Et c'est étrange et beau cette sensation d'être ailleurs, ça pourrait être une ville lointaine. Comme il s'agissait d'une ancienne zone de la SNCF, non accessible au public, aucun souvenir de "comme c'était avant" ne vient pour moi se superposer au lieu que je traverse. 

Peu de passants, pas de langue entendue. Pas encore de boutiques, pas d'enseignes. Un café au nom assez international. La végétation fraîchement implantée peu caractéristique.

On pourrait être en Corée du Sud. En Chine, une ville nouvelle. Les appartements déjà occupés qu'à la lumière allumée on entrevoit sont du genre chic propre moderne international. Des silhouettes jeunes prennent le frais sur des balcons terrasses. Rien ne les ancre géographiquement. Paris est une métropole d'une grande diversité. Tout le monde peut être de là. Ou d'ailleurs.

Tokyo ? Une périphérie ? Un downtown neuf de San José ?

Désormais pour rentrer chez moi, je peux voyager loin, en trente minutes, à pied.

Bientôt ce quartier bruissera d'aller-et-venues, de corporate people allant au travail, en repartant, faisant leur pause cigarette. Il y aura nécessairement quelques boutiques et services, du mouvement. Des véhicules qui passeront. Quelques enfants. Ça sera encore un voyage. Mais différent.

Quelque chose me plaît dans ce surgissement d'ailleurs qui n'a rien détruit de ce que je connaissais. Ces lieux sont reposants pour lesquels je suis sans mémoire, sans souvenirs personnels prêts à surgir au moindre pas.

J'ai peut-être vingt ans et j'arrive tout fraîchement dans un nouveau pays afin d'y faire ma vie, avec ma bonne santé et une foule de projets. L'avenir sourit.


Gâtée

 

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Ça fait long de Noël qu'on ne peut fêter vraiment, avec de l'allégresse et autour d'une table, sans doute depuis 2004 en fait. Et puis on est tous devenus un peu des militants de la non-surconsommation, sauf l'homme qui l'est par suite d'un léger souci dans son rapport à l'argent qui au bout du compte revient au même.

Nous nous sommes rendus compte qu'à part l'hôpital d'Ermont et pour moi le beaucoup de boulot (dans une belle énergie, les clients étaient gentils) de Noël en librairie, et le grave problème que posait l'hospitalisation à domicile de ma mère à mettre en place l'an passé à même période, nous n'avions pas de vrais souvenirs de Noël dernier. 

On s'est cette année échangé quelques cadeaux dans la cuisine encombrée à l'issu d'un petit dîner de type dimanche soir amélioré - pas ou si peu de temps personnel, quand ranger ? -. Et j'ai été gâtée. L'Homme a entendu un souhait qu'en novembre (ou début décembre) j'émettais.

J'ai l'impression que quelque chose se recoud du passé ; et aussi que m'attend un délicieux rattrapage de chansons que les problèmes de respiration de l'artiste vieillissante m'avaient empêchées de savourer (1).

 

(1) J'ai un effet miroir avec tout ce qui touche à ça. Je ne peux par exemple regarder de natation synchronisée. Et tout ce qui comporte des respirations haletantes me fait un effet de malaise. En revanche sur d'autres choses, effet miroir total zéro alors que tout le monde y semble sensible. 


Je ne suis plus sans papiers

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Voilà, grâce à l'initiative heureuse et sympathique d'une employée de la mairie, me voilà à nouveau pourvue d'une carte d'identité.

Après le vol de mon sac fin octobre et de tout ce qu'il contenait, j'avais pensé à faire refaire le passeport en priorité et qu'une fois seulement lorsque j'en disposerai je pourrais faire ré-établir les autres documents. Elle m'a suggéré fort intelligemment de tout faire en même temps. 
J'ai dû filer en courant chercher de l'argent pour acheter au Tabac un timbre fiscal et de ce fait, alors qu'il faut prendre rendez-vous et que ça n'est pas si simple (pré-demande en ligne à remplir, puis presque autant à refaire au moment même du rendez-vous), et pas si simple de se libérer, les deux demandes sont parties en même temps.

Ce matin alors que je disposais, ô miracle, de deux heures de temps personnel, mon téléfonino a émis son signal de SMS arrivé, lequel disait, "Votre carte d'identité est disponible jusqu'au 17/03/2018 dans votre lieu de recueil". Autant vous dire que je n'ai pas attendu un seul instant de plus.

Je suis donc extrêmement reconnaissante envers cette femme et sa suggestion. 

Je le suis aussi envers le photographe de la rue de Charenton chez qui j'étais allée me faire tirer le très officiel portrait. Il a trouvé moyen tout en respectant les consignes strictes des documents de maintenant (1) que j'aie l'air d'être moi, même avec un splendide RF sur le nez. 

Au soulagement que j'éprouve moi que la conformité soucie peu, je mesure combien doit être source de tension le fait de n'avoir pas de papiers d'identités, du moins pas ceux qui autorisent à séjourner dans un pays plutôt qu'un autre.

J'ai vécu le reste de la journée dans l'illusion que puisque c'était allé si vite, le reste de mes tracas administrativo-quelque chose de ces jours derniers allait rapidement s'aplanir, chèque et chéquier, carte de mutuelle ..., mais je crains que ça ne soit pas si simple.
Ma carte vitale, quant à elle, est déjà là (2).

Avant que d'oublier et de passer à la suite de mes aventures, je dois noter que mon pass navigo m'a été utile comme seul document un peu sérieux quoique non officiel avec photo me restant. Je déplore que son abandon prochain ait été voté par la région au profit d'une sorte de future appli smartphone - particulièrement injuste puisque sa facilité d'utilisation dépendra de la qualité de notre équipement -.

Et qu'il m'a été secourable malgré qu'il n'était ni obligatoire ni mentionné, d'avoir pris avec moi mon livret de famille lors du premier rendez-vous.

Dans l'absolu il faudrait s'arranger pour avoir toujours un document d'identité à la maison lorsqu'on en a un autre sur soi, et jamais dans le même sac ou au même endroit le téléphone portable et l'ordinateur. Moyennant quoi il devrait suffire de moins d'un mois pour retrouver une vie sans surcroît de complications. Ç'aura été presque mon cas.

 

(1) Je me souviens d'un temps où l'on pouvait sur un passeport arborer l'air souriant, des cheveux débordants, une barrette pour les maintenir, ce qu'on voulait comme vêtement du moment qu'on voyait le visage.

(2) Quand tu penses à la façon fastidieuse de 2009 (vol du portefeuille), que de progrès !

.


Soirées littéraires

    Cette semaine, sorties 4 soirs sur 7 : 2 en tant que libraire invitée par des éditeurs, 2 en tant que libraire contribuant à inviter des auteurs. William Boyle, Don DeLillo, David Lagercrantz, Cyril Dion et Gilles Marchand.

Pour ce dernier c'est demain jeudi 21, à partir de 19h30 et vous êtes les bienvenus.

Comme nous sommes à Paris, et que c'est une jolie petite ville en fait, je me suis retrouvée un midi à prendre le café en compagnie d'une amie (c'était prévu) et d'un autre auteur (qui passait par là). 

C'est une vie d'une intensité et d'une richesses d'échanges comme je l'ai rarement connue et comme je n'aurais jamais cru pouvoir connaître. Je savoure chaque jour, consciente d'un immense privilège. Écouter Cyril Dion ce soir, avait quelque chose de magique, ou d'en tout cas formidablement réconfortant. Sa manière de voir les choses en face sans pour autant se résigner à ce qu'elles aillent si mal est sans doute contagieuse.

(car pendant ce temps le vaste monde va mal, si mal, qu'il est difficile d'en faire abstraction, mais voilà de quoi puiser quelques forces afin de résister tant qu'on le peut encore)

 


La bibliothèque, la nuit

version courte, BNF version longue l'expo elle-même

et le making-off 

La lecture vous met le nez dans la réalité 

 

 

J'avais déjà tâté de la réalité virtuelle lors d'un salon du livre de Montreuil, et ça ne m'avait pas déplu. Je pense que le principal usage de ces technologies sera bientôt d'offrir à tout être humain assez fortuné pour louer le matériel une vie sexuelle de bonne qualité et permettra par exemple de souffrir moins d'une rupture subie. Peut-être qu'alors l'acte sexuel physique réel ne sera plus réservé qu'aux couples souhaitant procréer à l'ancienne, ce qui ne sera pas nécessairement bien vu car les petits ainsi conçus seront d'une imperfection so XXIème. On trouvera d'ailleurs sans doute ça assez peu hygiénique. 

Comme nous n'en sommes pas encore là, où seulement en labos, les casques servent pour les gamers, des expérimentations sérieuses, et des expositions. 

Celle-ci est charmante et enchanteresse : il s'agit d'un voyage à travers les bibliothèques, une dizaine en tout et fait en trois temps : un vestibule d'expo classique avec quelques explications, une salle qui nous plonge dans une bibliothèque de vieux manoir écossais (1) un jour d'automne pluvieux. On peut s'asseoir regarder et toucher (mais pas photographier, ce que j'ai un peu regretté). La voix d'Alberto Manguel nous accompagne et qui parle des bibliothèques le jour et la nuit. 

Puis l'entrée casque à la main dans une forêt avec des tables classiques de library et des siècles sièges pivotants, on s'installe, on enfile le casque selon les consignes qui nous ont été données dans la salle précédente et c'est parti pour un voyage un peu enfantin au pays des grandes bibli. 

Il y a celle de Sarajevo en flammes sous la guerre (2) avec un violoncelliste qui résiste en musique, celle du Danemark avec ses spectres : les livres anciens n'y sont pas répertoriés, ils se trouvent donc réduit à leur fonction isolante et décorative, celle de Montréal gagnée par les oiseaux qui du grand grimoire semblent s'échapper, et quelques autres. 

La qualité de l'image n'est pas encore tout à fait au point, mais suffisante pour s'amuser. L'effet 360 est un peu en risque de mal de mer, mais ça peut s'estomper (3) ; au bout du compte quelque chose d'assez jouissif. Les choix dans le menu sont fait par direction du regard, ce qui ne laisse pas de m'impressionner, et est sans doute ce qui m'a le plus impressionnée.

Après, si on ne met pas trop fort le casque son, on peut percevoir les bruits extérieurs, et lorsqu'on a le sens de l'orientation on ne perd pas celle du monde réel.

Mon seul regret : puisque l'expo sans doute pour éviter tout risque d'effets secondaires inattendues est interdite aux moins de 13 ans, les commentaires eussent pu être plus "adultes", nous apprendre vraiment des choses sur les bibliothèques, sortir un cran au dessus du pur divertissement. Mais peut-être est-ce un effet de l'âge : j'ai tendance à trouver les expos puériles ces dernières années, favorisant l'anecdote aux dépends de l'instruction. 

Cela dit, le divertissement était parfaitement réussi. Et l'entrée dans la forêt - bibli un instant de songe parfait.

Je suis sortie de là heureuse et enfantine, la moi de douze ans aux anges comme en son temps rarement.

Ce qui manquait encore c'était de pouvoir se déplacer au sein des lieux visités (4). 
Mon idéal serait, pas de mise en scène (même si je me suis bien amusée, je l'avoue) mais qu'avec l'équipement on puisse visiter comme par une sorte de google street view intérieur en 3D. Et que les commentaires puissent être d'un niveau culturel avancé, du moins que l'on puisse choisir cette option qui sur l'histoire de ces belles bibliothèques nous en apprendraient vraiment.

En attendant, quel bon moment ! 

(Si vous voulez y aller, prévoir du temps, si possible réservez le créneau horaire à l'avance, compter 1h30 pour être en paix et dépêchez-vous ça n'est que jusqu'au 13 août). 

 

PS : Il manquait quand même celle des Ailes du Désir. 

 

(1) J'ai décidé unilatéralement qu'il s'agissait d'Écosse.

(2) Je crains qu'elle ne vienne me hanter

(3) Je commençais tout juste à me demander si j'allais pouvoir tout regarder quand mon corps s'est trouvé habitué.

(4) C'est du 360 haut bas point fixe pour l'instant 


La vitesse à laquelle ça va (le peloton pro du tour de France)

C'est filmé comme ça peut, le téléfonino à bout de bras avec des hommes devant moi : j'avais participé au petit parcours des dames et une fois repassée, non sans peine, du côté des Champs Élysées vers l'ancienne librairie, et l'homme de la maison retrouvé, nous étions finalement restés à l'intérieur du périmètre (l'idée étant un peu : tant qu'à faire d'y être entrés).

Alors nous avons pu admirer les pros. Leur allure (aux deux sens du terme). Ça va vite, vraiment très très (et comme j'avais fait la boucle le midi même, j'étais bien placée pour savoir, ainsi que mes camarades sportives, combien ces pavés n'étaient pas si simples à négocier).

Et puis il y avait cette joie ineffable de renouer avec des souvenirs d'enfance, des souvenirs "congés payés", des joies de voir en pour de vrai ceux qu'on suivait à la télé, l'impression que mon père s'y connaissait (et c'était bon d'avoir un motif d'admiration).

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Ce n'était pas ma première surprise party (mais mon premier triathlon, si)

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C'est très étrange la façon dont le paysage de ma vie a changé depuis fin octobre, les choses semblaient aller dans une direction, et puis des événements surviennent, et voilà que nous nous retrouvons orphelins (à un âge où il est raisonnable de l'être, ne nous lamentons pas) et à la fois lestés de chagrin et délesté de toutes sortes de contraintes concrètes et de la peur que nos parents aillent mal (1), je suis appelée à prendre un emploi dont je n'aurais pas osé rêver (même si il va falloir bosser dur pour être à la hauteur, bon sang que ce défi me plait), et le triathlon auquel je souhaitais m'appliquer depuis que nous étions allés à Bruxelles encourager Pablo qui y faisait le marathon (octobre 2011, me semble-t-il) est enfin devenu une réalité (2).

C'est génial et beaucoup de bonheur après avoir essuyé bien des tempêtes de pouvoir enfin remettre de la voile et voguer vers ce qui correspond à ce qu'on ressent comme bon.

Une fois la maison de ma mère vendue et le déménagement effectué, je pourrais peut-être même enfin aborder l'écriture sans être requise par divers devoirs, mon temps confisqué ainsi qu'il l'a été.

Pour commencer ce fut un XS et comme ce club est bien organisé et accueillant qui attribue à chaque newbie un parrain (ou une marraine) et que le mien est formidable, je n'étais pas seule, j'étais accompagnée et soutenue tout du long - alors qu'il eût fait tout ce parcours beaucoup plus vite sans moi, voire surtout le M qui est une vraie distance -.

Pour la première fois depuis bien longtemps je n'ai pensé à rien de la marche du monde, fors des considérations environnementales, car ce lac est si sale. Ça gâchait le plaisir de nager.

J'ai oublié les chagrins. L'action les dilue.

JF était allé me chercher mon dossard la veille. Ce qui fait que j'ai pu arriver sur la zone de transition assez vite, déposer mon vélo, et me mettre dans la file d'attente pour les toilettes - deux seulement c'était trop peu, Ah, la rangée de toilettes sèches du No Finish Line ... -. Était-ce un effet de la météo favorable ? Je n'ai pas eu de besoin de pipi intempestif comme ce qui m'a saisie lors des 10 km de CAP faits par temps froid. Là, impeccable, aucune gêne, aucune envie pressante, rien.

Seuls petits tracas physiques, et qui eurent lieu après : une sorte de contraction des boyaux, très bizarre, sans autres conséquences (dieu merci) que la douleur même et le souffle coupé, et presque systématique après un effort long. Il ne faut surtout pas que je me penche vers l'avant après une course. Et puis une très étrange sorte de crampe .. à la main droite (?!) alors que je poussais mon vélo en marchant à côté afin de rejoindre les amis pour encourager les autres dans l'après-midi. J'en ai parfois de la même eau aux pieds après (à la fin de) la danse. 
Durant la course, aucun problème d'aucune sorte, si ce n'est un point de côté vers le milieu de la CAP qui souhaitait pointer son nez, j'ai un peu ralenti, il a passé son chemin.

La natation ne s'est pas bien passée : oppressée (première fois que je nageais en combi), je ne suis pas parvenue à trouver le rythme. Je faisais quelques crawlées puis je devais regarder d'où j'en étais. Le fait que l'eau soit totalement opaque participait de la sensation de ne pas parvenir, ou si lentement, à avancer. J'avais l'impression aussi que ma respiration sifflait (3).

Au bout du compte un parcours pourtant parmi les plus rapides que j'aie jamais fait, ce qui [me] surprend.

Capture d’écran 2017-05-21 à 19.28.47(Le temps officiel dit 19' mais il y a eu un moment où l'on était dans l'eau sans pouvoir avancer parce que ça bouchonnait ; j'ai déclenché ma montre quand j'ai pu réellement avancer)

L'autre sensation étrange c'est le mouillé - pas mouillé dans lequel la combi nous met, et peut-être que mon corps était un peu trop occupé à déterminer s'il était ou non trempé. 
L'eau était à 17°c. Ne m'a pas semblé froide.

Découverte : dans ce lac on n'a pas pied.

Pour la prochaine fois (conseil des expérimentées) : il faut remonter la combi au maximum afin de n'être pas gênée dans l'amplitude des bras. 

Les transitions furent une bonne surprise. Avec mon vieux système de cale-pieds je gagne un temps fou à n'avoir pas deux changements de chaussures à effectuer. J'avais pris le parti de courir sans chaussettes et c'était mieux ainsi. La serviette par terre. Seuls les pieds ont réellement besoin d'être essuyés. J'avais pris le petit coupe-vent sans manche du club. Était superflu par cette bonne chaleur (plus de 20°c le soleil qui donnait). Finalement ôter la combi était facile même sans points de vaseline.

De même les lentilles de vue étaient superflues : la nage n'était pas si longue qu'il fallait voir de très loin, il suffisait de suivre ceux qui précédaient. Et par ailleurs mes lunettes de vélo course à ma vue sont formidables.

La bonne surprise fut le vélo : ça déroulait tout seul. En fait mon cœur qui bat vite et mes jambes solides me rendent plus simple le fait d'enrouler gros (enfin, gros pour moi). J'ai failli me manger un rollerman indélicat qui n'écoutait pas le stadier de route. À un embranchement ils avaient laissé passer une ou deux voitures ce qui rendit dangereux. Mais globalement c'était très étrange de ne pas devoir tenir compte des feux rouges ni de la circulation. J'aurais pu aller plus vite, si je n'avais pas ralenti par automatismes aux croisements. J'ai fait du 22 km/h environ.

La course à pied m'a seulement posé le tracas d'être incapable d'accélérer. Le cœur, sinon, ce serait emballé. Mais j'aurais pu faire un tour de lac en plus sans problème. Voire deux.

Présomption : croire que j'avais les bras de par mes petits entraînements de CAP amarinés au soleil. Alors j'avais pris la précaution de mettre mon pantalon souple noir par dessus un cuissard de cycliste, jambes protégées. Ils ont cramé. Comme aux plus belles heures des Roland Garros où j'allais.

Mon parrain a fait le retour avec moi à vélo, tranquillement. J'ai apprécié l'attention.

Belle ambiance de club, les uns restants pour encourager les autres. C'est amusant de s'y retrouver à trois des nageurs matinaux de Clichy (des années précédentes).

Un café 1,10 € au café près de la gare où ils sont accueillants et où les toilettes sont nickel. J'en ai profité pour me passer le visage à l'eau. Je crains des conséquences d'avoir trempé dans celle du lac.

Comme j'ai nagé bien trop lentement, le passage nage vers vélo n'a pas tout à fait eu lieu. Comme si j'avais nagé au pas. En revanche descendre de vélo et se mettre à courir, ça donne quelques foulées bizarres, comme si les jambes étaient aussi moles que les montres de Dali. Mais pourtant elles avancent. C'est le cerveau qui peine à passer de la config moulinage à la config allonger une foulée.

Il y avait une consigne vrac pour les sacs. Une vraie surveillance à la sortie vélo (numéro vélo = numéro de dossard).

J'avais pris un antivol léger que je n'ai pas laissé dans le sac de sport que JF a remporté. Bien vu, fut très utile. 

Il faut glisser son dossard dans le dos pour le vélo et devant pour la course. Ne pas ôter la jugulaire de son casque de vélo avant d'avoir posé celui-ci à son emplacement.
Pour les hommes, ne pas ouvrir sa trifonction dans les zones d'arrivées ou de transition. Les femmes sont moins soumises à cette tentation.

Quelqu'un a partagé des sandwichs et une banane. On a pris un petit en-cas dans une boulangerie (pour moi : feuillette chèvre épinards). Remangé deux ou trois bricoles (quartiers d'oranges, pain et jambon glissé dedans) avant qu'ils ne replient le ravitaillement. J'ai gardé mes gants de vélo pour courir. Ça n'était pas gênant. J'ai aussi absorbé peu après l'effort une barre énergétique et un gel. Dans mon bidon de l'eau avec des gouttes de vrais citrons. C'était parfait. Pas pu boire pendant le vélo, mais la distance était trop courte.

Le triathlon, c'est euphorisant. En plus que les personnes que l'on croise sont belles d'allures, pour la plupart. 

J'ai soupesé quelques vélos modernes. Est-ce que ça changerait quelque chose dans mon cas ? J'aime mon vieux biclou. 

Je crois pouvoir affirmer qu'à part un mauvais quart d'heure (au sens littéral) de nage en combi, j'ai connu aujourd'hui le bonheur. L'Homme était venu m'encourager. Et ça m'a fait beaucoup de bien au moral.

Me suis régalée à prendre des photos bien qu'avec le seul téléfonino. Penser une prochaine fois à lui confier l'appareil photo afin qu'il me le passe pour la suite.

Je suis agréablement surprise par mon peu de fatigue. Preuve que je devrais pouvoir accomplir de plus longues distances ou aller plus vite.

Curieux de nager, pédaler et gambader là où dans un mois je vais venir à un événement prestigieux (4), et vers là où je ne travaille déjà plus.

 J'aimerais pouvoir m'aligner sur le M l'an prochain. Les temps ne m'ont finalement pas semblé si intenables. Seul le 1,5 km de nage avec combi me semble inaccessible (pour l'instant).

 

Il aurait fallu que je puisse pour le suivant participer sur les distances suivantes : 1 km de nage, 25 à 30 km à vélo, 7 km de course à pied, qui n'existent pas. Il me faudra donc me confronter à du M qui est un tantinet présomptueux pour moi. Peut-être que s'il fait beau ça ira. 

 

[crédit photo : Agathe Conte]

(1) Je sais que ça peut sembler bizarre. Mais ça me rappelle un vieil écrivain chilien (je crois) qui racontait dans les années de dictature une forme de soulagement à se retrouver en prison (une prison où ils étaient à peu près traités correctement) : la peur de l'arrestation, la tension permanente s'était de facto trouvée allégée. Il y a de ça : fini le souci qu'ils souffrent et se sentent mal, la peur d'être appelés en urgence.  

(2) Je m'étais à la fois dit qu'il était grand temps qu'en sport je passe à la vitesse supérieure et pas seulement nager deux matins par semaine et danser une fois et que le marathon mon corps ne voudrait pas ou du moins pas tant que j'aurais un travail physique. Qu'il fallait que le sport l'entretienne et ne l'entame pas. Et puis j'avais hérité je ne sais plus exactement comment d'un tee-shirt "triathlon" lancé par une femme de mon gabarit et je l'avais pris comme une transmission. Tu dois en faire quelque chose.

(3) D'une façon générale j'ai eu la sensation que ma respiration n'avait pas toute son ampleur.

(4) Remise du prix Marcel Pagnol avec Claude.

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"À voix haute"

film documentaire de Stéphane de Freitas co réalisé par Ladj 

 

Stéphane de Freitas a suivi en 2015 un groupe de candidat du concours éloquentia, concours d'éloquence à Paris VIII en Scène Seins de Nids de leur préparation intensive (en 6 semaine avec différents cours, de l'écriture d'un argumentaire à des improvisaitions théâtrales en passant par du slam) jusqu'au concours lui-même. 

Il se trouve que l'un des candidats EST un acteur, un potentiel futur grand, que le montage, très subtil, intelligent, n'insiste pas sur lui particulièrement, mais qu'on se surprend à guetter ses apparitions. Et que parmi ses camarades beaucoup sont excellents. 

J'avais eu mon attention attirée sur ce film par un touite de Grand Corps Malade , pourtant en pleine promo de son propre film "Patients"

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Je sais que je peux lui faire une confiance aveugle dans bien des domaines, dont celui-ci, et j'ai attendu qu'il passe à l'Eden de Montmorency qui est mon deuxième cinéma après le Méliès de Montreuil pour pouvoir le voir. 

Après ces élections éprouvantes, ça tombait à pic puisqu'il s'agit de la jeunesse de ce pays, et cette vitalité qu'elle a et combien grâce à eux on peut croire à de meilleurs lendemains. On en sort avec une pêche pas possible, la sensation que la relève est assurée, que la France grâce à eux pourra s'en tirer.

On rit beaucoup, le montage est formidable qui permet de passer de l'un à l'autre sans temps morts ni essoufflement. On y apprend (ou réapprend) au passage le martyr d'Ibrahim Qachouch poète syrien que le régime d'Assad fit enlever et assassiner en juillet 2011, et que la parole est un moyen de résister [on le sait mais c'est bon de mesurer à quel point], et qu'il est possible d'en parler, mais compliqué d'en rire.

Attention, la vitalité de ces jeunes est contagieuse. 
Très.

Et puis, Eddy Moniot, retenez son nom. Si la vie ne lui fait pas trop de saloperies, il deviendra un des grands. Et commencez par écouter ses conseils (qui valent d'ailleurs pour l'écriture aussi, pour certains). 

Merci Fabien. 

 

PS : Par ici une belle critique sur France Inter, mais qui attention est plutôt à lire après car il me semble qu'elle en dit un peu trop.

Par là un excellent sujet d'une émission télé sur ce film avec des ITW éclairantes de quelques-uns de ses protagonistes et du réalisateur : 

 Enfin un court sujet sur le cru 2017 

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