Photo d'autrefois

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Cette photo, retrouvée dans les affaires de mon père quand j'ai rangé trié déménagé la maison de mes parents, me fascine. L'homme à gauche est mon père jeune, la photo date probablement des années 50 à Paris. Elle n'était pas dans un album, il n'y avait pas de noms, je ne sais rien de plus et plus personne n'est là pour pouvoir expliquer.

En fait j'ai l'impression qu'elle pourrait s'intituler : 

Mon père et des ami·e·s dans un roman de Modiano

ou peut-être 

The no-name café 

Je m'aperçois que je ne sais rien, ou très peu, des amis de jeunesse de mes parents.

Quelques bribes du côté de ma mère car nous avons gardé un lien fort avec La Haye du Puits où elle a grandi. Une de ses amies d'enfance est même venue à ses obsèques et je lui en sais gré.

Des anecdotes du côté de mon père qui me racontait dans ses bons jours volontiers "Quand j'étais petit" ou "Quand je venais d'arriver à Paris". Seulement mon père faisait comme je le fais quand je relate un épisode qui implique des tiers, il ne les nommait pas, ne divulguait d'elles ou eux que ce qui avait un sens pour l'histoire qu'il avait envie de raconter. Ou alors il donnait les surnoms, car en Italie avec l'usage des diminutifs sur les prénoms, c'est courant. Donc il y avait le copain qui était une armoire à glace mais était tombé KO au premier coup de poings (bagarres de fin de bal musette), l'autre pote qui était "une force de la nature", et ses exploits horticoles et athlétiques, en plus de son boulot d'usine, etc., toutes  personnes sans autre désignation. Des prostituées d'un hôtel où il logea un temps près de la porte maillot et qu'il semblait tenir en estime et réciproquement quand il avait installé sur le WC collectif à la turque un système rabattant et la plomberie qu'il fallait pour les transformer en douche quand on le souhaitait. Il s'empressait de préciser qu'il n'était pas client, et que contrairement à d'autres il les respectait. Il racontait que son dispositif avait eu un inconvénient par ricochet : parfois les toilettes étaient longuement occupées par quelqu'un qui se lavait. C'était l'après guerre en France et les installations sanitaires laissaient à désirer. 

Un nom demeure car il s'agissait d'un couple que mes parents ont fréquenté durant mes petites années : Peppino ; je crois me rappeler qu'ils étaient plus aisés que mes parents. Et que par ailleurs lui était mort, car plus âgé (mais pas tant que cela ?), que c'était pour ça qu'ils ne se voyaient plus. Ou parce que d'autres avaient vers la fin ses faveurs ?

De loin en loin nous allions chez des collègues de mon pères ou eux venaient à la maison. Mais ma mère manquait d'enthousiasme, au fil des ans ce type de fréquentations s'est effiloché. J'y ai sans doute involontairement contribué car on m'avait fait croire que j'avais peur des chiens. Alors quand on allait quelque part où il y avait un chien, ses maîtres l'enfermaient à cause de moi et ça me rendait malheureuse, le chien pleurait derrière une porte, tout ça devait plomber l'ambiance. Après la naissance de ma sœur je pense que ma mère refusait les déplacements du dimanche. S'est alors ouverte la période, tout le monde en voiture et on se promène en voiture, l'usage de la voiture comme une fin en soi, on est heureux d'en posséder une, tout le monde n'en possède pas (1) ; avec éventuellement trois pas dehors dans un joli endroit (L'Isle Adam, le château de Compiègne, Chantilly ...).

Voilà pourquoi je n'ai aucune idée de qui sont les personnes sur la photo, probablement des fréquentations de mon père entre son arrivée d'Italie et le moment où il rencontra ma mère, dans le bus pour aller au travail, qu'ils empruntaient régulièrement vers Nanterre aux mêmes heures, avant que le travail pour lui, puis pour elle, ne migre à Poissy (2).

Il y eut bien sûr des fréquentations de voisinage - je me souviens des noms des voisins à Chambourcy alors que nous en sommes partis quand je n'avais que 5 ans 1/2 -, des fréquentations de parents d'élève - la famille Duval dont la petite Hélène était une grande amie de ma petite sœur, dont je me suis souvent demandée ce qu'ils étaient devenus -, des fréquentations via des activités, sportives en particulier, que ma mère pratiquait. Tout ça eut lieu plus tard, et peu de fêtes, sauf de famille avaient lieu à la maison. Les dimanche étaient de bricolage pour mon père, de sports dehors ou d'heures studieuses pour moi, ma sœur sortait peu et ma mère avait toujours quelque chose à faire. C'étaient des vies de travail, week-ends compris. La détente c'était : regarder la télé. Et donc personne ne venant qui aurait correspondu pour l'un ou l'autre de mes parents, aux années d'avant. 

Sur cette photo, qui sont les gens ? Quel(s) étai(en)t leur(s) lien(s) ?
Et où était ce café (potentiellement à Paris vers le XVIIème arrondissement) ? 

 

(1) rien à voir avec l'écologie ou le fait que les transports en commun suffisent. Tout à voir avec l'argent qu'il faut pour en acheter une. Le vélo est encore un moyen de transport comme un autre, mais qu'on rêve de laisser tomber pour l'auto ou, si l'on est encore jeune mobylette ou moto. Les scooters en France sont rares, mais en Italie très courants. 

(2) aux usines Simca  


Juste ciel ! (Simone Biles)

Un grand un immense merci @Kozlika qui a déposé une séquence de ceci sur Twitter ce matin :

 

[vidéo : U.S. Gymnastics Championships in Kansas City, Simone Biles enchaînement de gym au sol incluant un triple-double soit un triple-twisting double-flip (double salto arrière avec trois vrilles dans les airs)]

C'est le genre d'exploit qui me fait pleurer. L'humanité capable de repousser les limites sans arrêt. Ça va bien au delà de réussir un mouvement de gymnastique.

Grand grand grand respect à elle. Les heures de boulot et de souffrances qu'il lui aura fallu endurer, même en étant extra-douée (1), quand bien même elle carburerait à n'importe quel produit dopant pour avoir la force et l'énergie de tant travailler ou la récupération facilitée, je continuerai à l'admirer.

Le plus fou étant qu'après ce saut triple à couper le souffle, elle produit un enchaînement aux nombreuses difficultés, dont elle semble se jouer. Même en admettant que quelqu'un d'autre devienne capable de reproduite la première difficulté technique, pouvoir continuer sans avoir les muscles tétanisés par l'effort infini fourni est en soi un exploit.

PS : La sortie sur la poutre, est pas mal non plus (2)

[vidéo : U.S. Gymnastics Championships in Kansas City, Simone Biles à la poutre avec une sortie en double-double (double salto, double vrille)]

(1) J'aime la pratique sportive mais je peine à faire une roulade, une roue, un virage en natation, ce qu'elle fait demande outre une détente de folie, une capacité d'orientation dans l'espace en mouvement extraordinaire.

(2) euphémisme, bien sûr


Quatre moments de grâce absolue (and I feel so grateful for them)

   

    Si je devais sans prendre trop de temps pour penser ni chercher dans mes archives écrites ou photographiques, me viendraient spontanément trois moments de grâce absolue. Ces instants où l'existence confine au divin, quelles que soient nos croyances, où l'on a l'impression que nulle part ailleurs dans l'univers on serait mieux qu'en ce lieu en cet instant. Ce sont des moments où l'on oublie de respirer et l'on oublie qu'on a oublié ; jusqu'à l'instant où le corps reprend son souffle et nous le fait savoir. 

Fatiguée par mes journées intenses en librairie et les problèmes de santé d'une des personnes de la famille, des heures d'attente ici ou là, je m'aperçois que je perds les dates. 

Pas les souvenirs.

  • C'était dans La Bohème à l'Opéra Bastille, Roberto Alagna et Angela Gheorghiu alors amoureux IRL, dans les rôles titres. Début des années 2000 je dirais (2001 ? 2005 ?) avant la période où grâce aux ami•e•s blogueuses et blogueurs et aux files d'attentes du vendredi matin très tôt j'ai pu aller à l'opéra souvent. Je suis dans une place à pas cher tout en haut de tout en haut, côté cour. Et il y a ce duo où ça y est, ils atteignent à la perfection, non seulement de leur art mais de quelque chose dans les sentiments. J'ai cru m'envoler. Ce fut une extase. 
    Je crois me souvenir que je n'étais pas la seule à me retrouver en larmes sans l'avoir senti.
    Bizarrement, aujourd'hui (mais peut-être que demain tout me sera revenu) je ne me rappelle pas les circonstances qui m'avaient valu d'avoir cette place, ce jour-là. Je suis persuadée que j'y étais seule ; peut-être avais-je au pied levé remplacé quelqu'un (un collègue ?) qui avait un empêchement ?


  • Avec un groupe d'ami•e•s du ciné-club nous prenions chaque année un abonnement au théâtre du Rond-Point. C'est à l'automne 2013, je crois. Et c'est Swan Lake. Mon propre blog me confirme la période et me réapprend que j'y étais allée hors programme sur les conseils d'une amie du cours de danse (Natacha ? Martine ?). "Crucifiée par tant de grâce, de générosité, d'humour et de beauté, je suis sortie de l'heure qu'il dure (3) et des dix minutes de standing ovation (4), en larmes et les jambes en coton". C'est un des plus beaux moments de ma vie. Je me sens toujours autant éperdue de gratitude envers Dada Masilo et la troupe qui l'accompagnait.

 

  • Philip Glass au Châtelet avec Einstein on the beach
    C'est grâce à O'Olivier dont je n'ai hélas plus de nouvelles - et qui fait partie des personnes dont les vols successifs en 2017 de mon téléfonino puis de mon sac d'ordi avec l'ordi et l'agenda qui contenait mon bon vieux répertoire papier, m'ont fait perdre les coordonnées - que j'obtiens cette place, sans doute un empêchement. Par rapport aux extases précédentes c'est moins violent, le spectacle était long et je ne pouvais retenir mon souffle tout le temps, mais il m'envoie sur un nuage neuf et je suis durablement envoûtée pendant plusieurs jours. Une sorte de sérénité indestructible. Dont je ne suis retombée, je crois, seulement par suite d'un mauvais rhume ou d'un quelconque épisode fiévreux.

 

  •  Ian Thorpe à la piscine de la porte des Lilas (Georges Vallerey) face à Pieter Van den Hoogenband. Janvier ou février 2001 ou 2003 peut-être ? 
    Je ne sais plus comment je tombe sur l'info, mais voilà il va y avoir ce meeting de natation ou ce championnat pas si loin de chez moi, alors je me propulse pour acheter une place, allant attendre dehors dans le froid par moins quatre ou cinq degrés celsius et quelques jours plus tard ou le lendemain, il en restait, je n'en reviens pas, me voilà sur les gradins. Ça nage de haut niveau. Vient enfin l'épreuve d'un 200 m (? ou 400 ?) nage libre à laquelle Ian Thorpe participe. Dès le début c'est époustouflant. Voilà que sur les 50 derniers mètres il met le turbo et je crois qu'on est tous debout et qu'on crie ou qu'on retient notre souffle, tout le monde, il semble filer au dessus de l'eau et les autres pourtant pas des moindres, parmi lesquels Pieter van den Hoogenband semblent faire du sur place. 
    Peu après être rentrée, je tombe malade, sans doute le froid en attendant, du jour où j'avais pris ma place. Peut-être aussi une forme de saisissement. Pas un seul instant je ne regretterai. Reconnaissance éperdue envers ce gars. 

 

Il y en a un cinquième qui est télévisuel, ce qui n'est pas aussi fort : les exploits de Nadia Comaneci en gymnastique à Montréal en 1976. La perfection telle que même en n'étant pas connaisseur on capte qu'il se passe quelque chose d'absolument inouï.

Bien d'autres moments aussi, par exemple les Éphémères au théâtre du soleil, une violoncelliste formidable à Pleyel. Des moments de cinéma également.
Ainsi que des événements auxquels j'ai moi-mêmes participé (seulement c'est différent, lorsque l'on est, part of it, intense autrement). Et bien sûr il y a également des moments de grâce liés aux lectures. Mais là aussi, c'est un peu différent. 


Des casques au chant et puis un très beau billet chez un ami

 

    Mes journées de travail sont intenses et belles (sauf celle du mois où je dois faire la déclaration de TVA, je me sens totalement en erreur de casting sur ce coup-là, même si, si c'est bien ce que j'ai compris qu'on fait, ça n'est en rien compliqué), je ne vois pas le temps passer, à la radio je mets FIP et ses brefs flashs d'infos à tous les 50 d'une heure et j'ai toujours l'impression que je viens d'en entendre un quand le suivant survient.

Du coup lors d'un des trajets - pour certains éditeurs on est aussi un peu nos propres coursiers -, j'ai eu un petit endormissement de métro, avec un rêve, ce qui est rare, comme une sorte de vision.

Les dangers d'attentats venaient désormais dans les grandes villes des cieux (1) : les types mettaient des sortes de grenades à retardement sur des drones bon marché et larguaient ça n'importe où. Alors on avait pris l'habitude de ne jamais sortir dans Paris sans sur la tête un casque de vélo. On avait aussi pris le pli de se balader avec des ballons à hélium, comme des ballons d'enfants, auxquels étaient attachés des coussins (2) ; ça rendait la ville curieuse, tout le monde ressemblait à des enfants dont les parents auraient été des paranoïaques de la prudence (3). Et puis très vite il y avait eu de la fantaisie, et dans les casques et dans les coussins-ballons ce qui mettait plein de touches de couleurs. La ville n'avait jamais été si dangereuse fors en temps de guerres ouvertes, mais n'avait jamais eu l'air si insouciante (4).
De cette évolution des risques il ressortait que le métro était devenu le mode de transport le plus sûr. On s'y bousculait (5). 

J'arrivais, je me suis réveillée, je n'en saurai donc pas davantage.

Mais ce rêve, même s'il n'y ressemblait pas, en fait, m'a rappelé celui du billet Le chant du canari qu'avait écrit en février l'ami Le Roncier, durant cette campagne électorale affolante et affligeante que nous avons traversée. 
Je crois que c'est parce qu'il tente aussi, ce micro-songe, d'avertir de quelque chose qui ne sera pas entendu (et d'ailleurs, par qui ?)

*            *            *

J'ai lu sur le même blog dès lors de plus récents billets que ma vie trop chargée m'avait fait manquer.

Parmi eux, celui-ci : L'ïle des Morts.

Je ne sais rien dire de plus que Allez voir, lisez. Il part de la sortie d'un film qui se passe à Paris au début des années 90 et fait revivre cette période durant laquelle Act-up tentait de secouer l'inertie de la société.

Je ne pense pas que j'irai le voir : la mise en fiction de périodes et lieux que j'ai connus ou événement que j'ai vécus (6) me pèse, il y a donc un grand risque d'être exaspérée, désespérée, horripilée - et encore je ne fais pas partie de ceux qui ont connu le mouvement d'au plus près -. Néanmoins ce film, s'il a du succès, pourra avoir un bon rôle pédagogique auprès des populations qui ne se croient pas concernées et pourraient de fait sans l'existence de telles passerelles pour eux accessibles, se laisser séduire par les fausses affirmations des groupes réactionnaires qui sont si frétillants depuis plusieurs années. 

Wait and see (or not)

En attendant et une nouvelle fois, toute ma gratitude envers Le Roncier pour ce qu'il écrit.

 

(1) Probablement car la circulation de véhicules particuliers était interdite intramuros sauf cas particuliers. Et que toute zone piétonne était protégée par des plots, des murets. 
(2) Une fois sortie du rêve je ne comprends pas trop ce que ça empêchait - mais sur le moment ça semblait imparable et parfaitement cohérent -.
(3) J'ai eu une amie comme ça autrefois, faire une balade avec ses enfants petits et elle était épuisant. Elle était sans arrêt en train de leur crier des appels de prudence (alors qu'ils étaient plutôt du modèle enfants sages et raisonnables).
(4) J'ai dû lire trop d'articles sur Paris 2024 et les J.O. (sujet au sujet duquel je ne parviens pas à me forger une opinion).
(5) Ça, ça vient tout droit de "L'étoile jaune de Sadorski" de Romain Slocombe, lu pour la rentrée, avec (entre autre) ses scènes de métro surchargé pendant l'occupation
(6) Je me dis que ça nous pend au nez qu'un réalisateur se saisisse du sujet formidable que ferait l'aventure du comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun, que c'est l'affaire d'une petite poignée d'années avant que ça fasse un truc super bankable, genre belle aventure humaine qui en plus fini bien, avec des tractations en hauts lieux et ce que font les petites gens. Et je sais que sauf si c'est [Bip] ou [Bip bip] ou Félix van Groeningen, qui revenu de ses (més)aventures hollywoodiennes voudra renouer avec le "vrai" ciné, ça va m'horripiler. 
En revanche si quelqu'un de respectueux et d'honnête décide de faire un documentaire, je serais ravie d'y contribuer. Elles ne sont pas si fréquentes en ce début de XXIème siècle les luttes collectives victorieuses.


Sérendipité de la vie réelle

 

    Alors tu vas à une soirée littéraire pour tout plein de bonnes raisons, parce que le livre a l'air formidable (1), que ça se passe là où bientôt tu travailleras, que l'éditeur est quelqu'un que tu admires (2), que vraiment tu n'en peux plus de la période politique actuelle, et puis voilà, voilà que l'auteure est aussi formidable que son bouquin, qu'il y a là un paquet de personnes amies et admirables, que la suite de soirée démarre de façon très belle et que ... celui à côté de qui tu es assise est quelqu'un de l'internet que tu admirais beaucoup, que tu admires toujours autant mais que tu n'imaginais pas croiser dans la vie de tout de suite là maintenant et qu'il ne vois pas qui tu es alors il commence à t'expliquer Mastodon et ça, c'est vraiment trop beau cet instant où lui comprend que ça y est l'outil est utilisé par n'importe qui (moi) et où moi je comprends qui il est, alors que ça fait un moment qu'avec son amie et un de leurs amis, sympathique lui aussi, vous rigolez et plaisantez et êtes heureux (3) et que oh là là, quand il me dit - en réponse à ma question, pas pour faire le ramenard -, je suis extrêmement émue et alors tu tentes maladroitement d'exprimer ton admiration.

La tablée est composée de personnes plutôt jeunes et actives et très au courant et mon moral remonte à mesure que je les entends. 

La relève est bel et bien là.

À nouveau, je crois [qu'] on s'en sortira.

 

 

 

(1) Tu n'as pas eu le temps hélas de le lire, mais bientôt tu pourras

(2) Mais ça tu le sauras après.

(3) Ce qui par les temps qui courent est signe de beaucoup d'affinités.


Interlude

 

    Je recherchais sur l'internet la musique de la nouvelle choré (Taal se tall remix Rahman, plusieurs versions trouvées, aucune exactement celle que), lorsqu'après être passée par un djembe man indien impressionnant (quoiqu'un tantinet sirupeux dans ses créations personnelles) puis une jeune batteuse japonaise que les algo m'ont mise après, suivie de peu par un jeune batteur australien frimeur je suis arrivée sur cette video. Voilà, on faisait quand même des trucs bien, l'humanité, avant de tout casser : 

 

 

PS : Tombée aussi sur un reportage au sujet de Quincy Symonds, intéressant, lorsqu'être doué pour quelque chose croise les bonnes conditions - c'est peut-être ou probablement trompeur mais les parents n'ont pas l'air d'être de ceux qui tentent de réaliser leur ambition à travers leur progéniture, on dirait qu'il se trouve que It fits -.


Two six one

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C'est un statut de Philippe Annocque sur son mur FB qui a attiré mon attention sur le fait que le passage en force de Kathrine Switzer au marathon de Boston datait d'il y a cinquante ans (déjà !) et ... qu'elle venait d'y participer à nouveau cette année.

Et de boucler ses 42 kilomètres, tranquille, fraîche, à 70 ans. 

Après avoir rendu un grand service à tant et tant et tant de femmes comme moi pour qui la pratique du sport est un élément très structurant de la vie. 

Je suis éperdue d'admiration et pour le côté sportif et pour le côté militant. 

Et infiniment reconnaissante.

Merci au passage à Philippe aussi.

 

PS : Sur le Huffington Post un article complet de Célia Cazale

 


Oiseaux volants sur lac gelé

Laissés en jachère depuis novembre et la maladie de ma mère, mes appareils électroniques, photos, ordi, téléfonino ont tous leur mémoire saturée.

Au normal de la vie je prends soin d'eux chaque jour, comme un pêcheur relève ses filets, notes glanées, films, sons, vidéos, je trie, sauvegarde, jette aussi, chaque soir avant de m'en aller coucher. Mais la vie quotidienne a été bouleversée, surchargée, submergées, je n'en ai pas même fini avec les démarches consécutives au cambriolage et au décès, et les outils crient leur saturation.

Alors je prends le temps de tenter de rattraper une partie du retard, ne serait-ce que pour pouvoir continuer.

C'est ainsi que je retrouve cette video d'il y a environ deux mois : le lac d'Enghien gelé. Venue par le bus 138 je traverse Enghien les Bains pour me rendre près de la gare ferroviaire, à l'arrêt du 15 qui me conduira à mon lieu de travail en haut de la colline. Le lac est glacé, les oiseaux s'y posent. C'est d'une beauté qui me donne envie de ne pas me cantonner aux images arrêtées.   

Il fait bizarre de se dire qu'à l'heure où je les filmais ma mère encore vivait, pouvait communiquer. Et que nous ignorions combien de temps (semaines, mois ou année(s)) la mort prendrait pour achever l'approche irrémédiable qu'elle avait entamée.

C'est toutefois moins étrange que lorsque l'on retrouve des images saisies peu de temps avant une rupture subie, un accident fatal, un fait de guerre ou une catastrophe naturelle et qu'on se revoie, sujet ou opératrice, dans la totale inconscience de ce qui va nous advenir et modifier plus ou moins définitivement le cours de notre vie.

Consciente de la plus ou moins grande imminence d'une issue fatale, concernant quelqu'un dont j'étais proche de par la naissance au moins, j'étais fort triste au moment où j'ai filmé. Pour autant les oiseaux, le lac lui-même en sa configuration hivernale sont beaux. 

Je crois en de possibles rémissions par la beauté du monde, tant qu'elle existe encore.

 

 


Au mois de mai prochain (François Morel)

 

    Et voilà, François (Morel) m'a encore fait pleurer. Il évoque la beauté des images que partage Thomas Pesquet, et en creux la situation au ras du sol. 

Thomas Pesquet, en mai ne redescendez pas trop vite

 

Pour qui n'a pas encore eu le loisir de les admirer, voici le compte Twitter de l'astronaute, son blog (à vous dégouter de tenir un journal de bord lorsque vous êtes sur terre avec vos petits tracas de fins de mois), son compte flickr et son instagram. On se rappellera qu'avant sa destruction la planète fut ainsi. 

François, Thomas, comment vous remercier pour ce que vous nous accordez ?


La fête chez Jacques

 

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Alors voilà, moi qui en tiens pour une solide séparation (autant que possible) entre le travail et la part de vie privée, concernant les auteurs peut-être plus que tout autres - nous n'avons à connaître en tant que lecteurs que ce qui peut expliquer telle ou telle spécificité, c'est déjà beaucoup -, moi qui suis bien d'accord avec ce qu'écrit Jean-Philippe Guedas au sujet de la divulgation de la véritable identité de celle qui écrivait sous le pseudo d'Elena Ferrante en toute liberté (1), voilà que j'ai quitté sans m'attarder le moins du monde une intéressante soirée, parce que j'étais trop au bord des larmes pour rester.

C'était à l'initiative des éditions Gallimard, une soirée pour lancer les différentes publications prévues pour honorer les quarante ans de la disparition de Jacques Prévert. 

À cette occasion ils avaient fait les choses avec classe, nous conviant sur les lieux de son logis parisien, qui a été respecté, il reste même des objets courants crédibles, et une chambre d'enfant. 

Une vraie visite guidée, par quelqu'un qui travaille là, et ne nous servait pas un discours préfabriqué, mais faisait part de ce qu'il savait et ressentait.

Et soudain c'est la gamine de 13 ans 1/2 qui écrivait, le cœur serré, dans son journal (diario) quelques lignes chaque soir d'une période de vacances en Normandie, entre une description assez mécanique des activités familiales, "En écoutant voiture radio, su que Prévert mort dans village tout près Hague.", qui soudain se retrouvait chez le monsieur aux mots bons, oui près de quarante ans plus tard. Et j'imagine la tête que la jeune moi aurait fait dans la voiture parentale si on lui avait prédit cette visite - et qu'elle survivrait jusqu'au moins un tel âge -, Tu es triste petite, mais un jour viendra où tu feras ma connaissance par les objets.

Ce monde est au bord de plusieurs sortes d'effondrements, en attendant, l'existence offre parfois de ces cadeaux profonds qui redonnent une bouffée de confiance. La beauté a aussi le droit d'exister.

Et, quoi que je puisse en penser avec mon intelligence rationnelle, il n'en demeure pas moins qu'affectivement des liens se tissent avec ceux que nous lisons, où dont nous admirons les œuvres (tout domaines confondus). D'autant plus que cette dernière année c'est un peu comme si Monsieur La Vie m'accordait quelques attentions pour celles que j'avais eues ado, ainsi ma lecture méthodique des "Confessions" de Jean-Jacques Rousseau et le désir d'aller en vélo de Taverny à L'Ermitage, qui semblait un prélude naturel avec ce bel emploi que j'ai désormais sur ses lieux, ainsi cette fête chez Jacques, ainsi tant d'autres choses, qui se font écho. La vie peut être une longue énigme qui se résout parfois. 

(Merci à ceux qui ont organisé cette soirée et à celle qui m'a transmis l'invitation)

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