Le gag du jour

 

    J'ignore si ça sera un bonheur du jour mais un gag du jour au moins, oui : j'étais donc sortie courir de bonne heure et alors qu'il ne faisait guère qu'un ou deux degrés. 

Par ailleurs dans ce centre de vacances si agréable à Ménilles, il se trouve que les douches sont merveilleuses avec une pression d'eau très forte comme je les aime. Ça me fait un bien fou.

En rentrant de courir j'en ai pris une que je n'ai pas prolongé car je trouvais l'eau moins chaude que la veille, mais je me suis dit que je la percevais ainsi car je venais du froid vif et que mon corps devait être assez refroidi (en plus d'un début de rhume).

Environ un quart d'heure plus tard, alors que nous prenions en même temps que l'essentiel de notre groupe de cinéphiles un petit déjeuner, la personne qui servait nous a prié de bien vouloir les excuser pour les douches froides de ce matin, simple arrêt intempestif de la chaudière qui était à présent relancée. 

J'avais donc pris une douche froide en me disant, ça doit être moi, mon corps un peu froid. Tiens, l'eau est moins chaude qu'hier.

J'ai bien ri. Vivrais-je centenaire, la bécassine-béatitude ne me quittera pas.


Zones de compétences (hélas) possibles


    Le même jour où je parvenais à mettre en mots ce que je ressentais depuis des années par rapport à l'écriture à savoir qu'il me faut au moins une tête de pont des sensations éprouvées afin de pouvoir écrire sur des cas concernés - et que j'ai souvent par chance, un certaines nombres d'ignorances absolues - et donc aucun ancrage pour pouvoir partant de là, imaginer, je suis tombée sur cet article relatant l'affaire étrange d'une femme en Angleterre dont le premier compagnon et père de son aîné n'était autre qu'un agent infiltré chargé d'espionner le groupe d'activistes pour la nature dont elle faisait partie. Cette affaire ne m'est pas inconnue, j'avais déjà lu à son sujet. Sans doute que ce qui est nouveau c'est le montant des dommages accordés - comment diable d'ailleurs sont-ils estimés ? -. 

Mais je prends conscience qu'il y a comme ça un certain nombre de cas extrêmes qu'à partir de ma propre vie je serai capable de mettre en mots. Parce que j'ai un bon début d'idée de l'effet que ça fait.

Par exemple faire partie d'un groupe qui donne des concerts en grande salle devant une foule aimante et déchaînée.

Ou comme dans le cas de cette femme - dont les paroles sont belles, qui tente d'être apaisée - avoir vécu ce qu'on croyait être un grand amour et qu'il s'agissait pour l'autre de tout autre chose. Pas au point qu'il s'agisse d'un espion (1), mais justement ce cran là supplémentaire dans l'effarant me semble assez facile à imaginer. Mais au point d'avoir cru à un sentiment de l'autre alors qu'il jouait un rôle. Et découvrir que ce qu'on croyait vivre depuis des années n'était que la façade qu'on voulait bien nous donner. 

Par trois fois quelque chose de similaire m'est arrivé. Avec pour l'une d'elle la révélation - pas dans la presse, c'est déjà ça - quinze ans après que ce que j'avais vécu dans l'illusion d'une réciprocité n'était pas la vérité, cette même stupeur rétroactive d'un très longtemps plus tard.

Quelqu'un d'autre qui quitte ma vie comme s'il y avait eu une mission et qu'elle était accomplie (2). 

Et un dernier qui m'a fait croire un certain nombre de choses qui n'étaient pas tout à fait vraies.

À chaque fois le même genre de questions que  celle que se pose "Jacqui". Car ce genre d'attitudes subies laissent un océan de doutes pour la personne affectivement escroquée. Reste que le préjudice qu'elle a subi était officiel et a été reconnu comme tel, in fine. Alors que je n'ai aucun espoir que quoi que ce soit compense les mois et les années que j'ai passés (passe encore) à tenter de rassembler mes morceaux, me recueillir, pourrait-on dire, chaque fois que je me suis trouvée ainsi pulvérisée. J'ai quand même dû refuser un travail il y a deux années, parce que je n'étais pas en état, trop désemparée, de l'assumer.

Au moins je n'ai pas appris la vérité par voie de presse. C'est peut-être consolant.

nb. : Ce qui est arrivé à ce couple (?) pose aussi bien des questions sur le métier d'acteur et aussi sur la ligne compliqué de partage entre vie professionnelle et vie privée.  

(1) Encore que : ça rendrait presque plus plausible deux des trois désaffections les plus violentes dont j'ai souffert.

(2) Au fond il y a un peu de ça, j'étais lancée dans l'écriture lorsqu'elle a disparu.

PS : Question subsidiaire : Les écrivains ne seraient-ils pas de perpétuels undercover de la vie ?


Jean et Yves


Tombée aujourd'hui sur cet article (1) dans Libé qui m'a fait sourire : finalement ma réaction d'il y a six ans concernant l'annonce du décès d'Yves Rocher n'était pas si stupide. J'étais en effet persuadée que le nom avait été inventé par pure création marketing, histoire de personnifier la marque et vendre davantage. Ma réaction n'était donc pas si stupide même si dans le cas de monsieur Yves et de monsieur Jean (2) il y avait un vrai gaillard qui fut bien vivant pour créer l'entreprise et offrir son nom. 

 

(1) "Jean Mineur, William Saurin et Uncle Ben's ont-ils vraiment existé ?" par Virginie Ballet 

(2) Mais pour Jean Mineur comme pour Jules Destrooper j'étais au courant qu'un réel être humain était à l'origine de l'entreprise qui portait son nom.


"Trajet le plus rapide en mode ferré" qu'y disaient



P7121903 - Version 2Jusqu'au Soleil Levant ça s'est pas mal passé. Invitée à Clamart j'avais pris mon trajet sur la rubrique itinéraire du site RATP et les durées et les arrêts correspondaient à la minute près.

Après j'avoue, j'ai perdu un peu de temps pour aller photographier une Fiat 500 (je fais collection), puis je me suis laissée induire en erreur par un passage qui sur le plan P7121905était nommé rue et que je n'avais en fait pas vue, puis une autre rue sans plaque ce qui fait que je n'ai su qu'à celle d'après que j'avais dépassé le point de départ de l'avenue du tram. 

La route du Canada dans son départ du rond point à contourner s'appelait "rue du Docteur Roux" mais, grâce à un vieux plan papier dont je disposais, je l'ai pigé aussitôt. En revanche j'ai un peu hésité à m'engager dans le sentier qui était ladite route en fait. De même que la "route du Pourtour" était un autre sentier et que le "tourner à droite rue Taboise" correspondait à une utopie de type "Le château de ma mère" chez Marcel Pagnol : si tu n'as pas la clef des portes tu ne peux pas passer. Là, j'ai perdu vraiment du temps à aller d'un côté puis de l'autre, croyant que j'avais manqué un passage, en plus que mon pied fatigué m'empêchait de marcher à une vitesse efficace.

Finalement j'ai dû me résoudre à contourner les propriétés et résidences fermées, et je suis arrivée avec sans doute une heure de retard au moment où les amis commençaient à s'inquiéter. Tout à ma perplexité je n'ai pas pensé à passer le coup de fil qui aurait permis que l'on vienne m'ouvrir l'une des portes car les habitants de ma destination détenaient une clef. J'ai trop bien intégré que je ne faisais pas partie des gens qui détiennent les clefs d'accès et oublie que mes amis, eux, peuvent en faire partie. Et je n'avais pas vu le temps passer.

Je n'éprouvais pas non plus le besoin d'appeler pour une aide, car je n'étais pas perdue, je savais où j'étais, ce qui me manquait c'était de savoir comment passer - typique de toute ma vie, en fait -.

Bizarrement c'est la seconde fois en deux semaines où je dois aller un peu loin en transports en commun et où une fois dans la zone concernée je me heurte à des impossibilités de passer par le chemin indiqué (la première fois c'était à Créteil, un passage qui semblait possible par dessus ou dessous une bretelle d'autoroute et que je n'ai jamais trouvé, là aussi j'avais dû contourner, ce qui prend du temps à pied).

Mais pour l'instant j'ai eu de la chance
je n'ai pas encore rencontré Les Envahisseurs.   P7121846 P7121823 P7121815

Raccompagnée pour le retour, je n'ai eu aucun problème pour rentrer (merci encore).

Sur les conseils de Gilsoub, je viens de charger l'appli citymapper sur mon téléphone, j'espère qu'elle est d'une meilleure fiabilité quant aux portions à parcourir à pied.


Une fois de plus

 

Une fois de plus tu n'as rien vu venir, cette terrible mauvaise nouvelle concernant quelqu'un que tu ne vois pas si souvent mais que tu aimes beaucoup et pour qui tu ne t'étais absolument pas inquiété du silence inhabituel, un ultime touite mentionnant un lieu de possible villégiature, tu t'étais fait ton petit film de vacances pour elle anticipées. 

Aucune intuition, que dalle. Tout juste si tu ne t'es pas dit, Comme ça, ça tombe bien elle sera de retour vous pourrez vous voir en juillet. 

Et voilà que l'amie réapparaît avec un statut triste et digne expliquant son silence prolongé. Et tu ne sais ni que dire ni que faire pour aider. Ces moments qu'il faut coûte que coûte parvenir à traverser. 

 

La façon dont la mort frappe en ce début d'année 2015 ne laisse pas de m'impressionner. 

(ainsi que mon incommensurable naïveté) (mais c'est très secondaire)


Interlude : petit tour de magie du dimanche matin



nb. : Celui qui joue le rôle de faire-valoir sur ce tour est pianiste à la base. Ce n'est pas neutre.

(merci à YouTube qui au lieu de me proposer inlassablement les One Direction au prétexte que j'ai cité une de leur video dans un lointain billet d'un de mes blogs annexes et que j'avais fait des recherches pour mes amies Sylvie et Erika en vue d'un concert auquel l'une allait et l'autre pas, m'a mis celle-ci à l'image après une autre, celle-là choisie)


Les confidences que je n'avais pas faites (heureusement)


Impressionnée par ma lecture du jour - ce bonheur des vacances quand les enfants sont grands et la vue encore bonne : pouvoir lire un roman de A à Z sans presque s'arrêter -. Un thriller érotique dont le crime semble assez secondaire en fait et dont le charme à mes yeux n'est pas dans les passages censément affriolants (1).

Il se trouve que l'un des personnages et ce qui lui arrive du point de vue affectif ressemble assez fort à ce que j'ai traversé il y a bientôt une dizaine d'années. Être rejetée par ceux qui issu d'un autre monde social l'avait dans un premier temps adoptée. Présenter malgré soi un danger. Des éléments de ce genre. Se trouver sacrifiée à une ambition que l'on est incapable de comprendre lorsque l'on vient et que l'on est encore dans un milieu où seule importe la survie.

Il se trouve que la femme à laquelle comme lectrice et sœur de malheur je m'identifie pique une tête dans un bras de fleuve ne pouvant résister à l'appel de l'eau - ce qui est quelque chose qui pourrait totalement m'arriver, tant j'ai de mal à rester plusieurs jours sans nager -.

Or l'auteur ne m'est pas inconnu. Il est l'ami d'un ami, nous nous rencontrons parfois, avons participé à quelques soirées communes.

Il se trouve que je ne lui ai fait aucune confidence, en société je préfère profiter du bon, je n'aime pas parler de moi si ce n'est pour rendre service à quelqu'un qui traverserait une mauvaise passe comme j'en ai connues. Que notre ami commun sait quelques éléments de ma vie personnelle mais pas l'épisode qui présente certaines similitudes avec celui du roman.

Il se trouve que bien décidée à échapper à la pente glissante de l'autofiction, je n'ai pas commis de manuscrit sur ma malheureuse histoire, rien qui ne traîne dans quelque maison d'édition.

Peut-être tout simplement que ce qui s'est joué dans ma vie comme dans la fiction est caractéristique de notre temps, du hic et nunc très bien capté, d'ailleurs, dans ce roman. 

N'empêche.

Si j'avais raconté quoi que ce soit à cet homme sympathique, ou laissé quelques traces explicites que j'aurais pu imaginer transmises, je serais probablement en train de me dire qu'il est un peu gonflé, qu'il aurait pu me demander mon avis avant que de l'utiliser.

Il sera(it) sans doute le premier surpris d'apprendre qu'il a vu si juste que ça ressemble, dans sa part la moins spectaculaire mais la plus implacable à quelque chose que j'ai connu. Le même engrenage de sentiments et de contraintes sociales qui y produisent un revirement.

Je me dis que le métier d'écrivain n'est pas simple : qu'on peut facilement se trouver accusé d'avoir utilisé ceux qu'on connaît, alors qu'il peut simplement s'agir d'avoir très bien imaginé. Trop précisément intuité.

(et je suis rudement contente des confidences que je n'ai pas faites, ce qui m'a permis d'apprécier l'ouvrage, quoique par moment un tantinet estomaquée) (et que du coup on pourra continuer à boire des coups joyeusement, sans que s'infiltre un doute insidieux)

 

 PS : Le drôle du truc c'est que si j'avais lu le roman avant l'épisode de ma vie ressemblant j'aurais trouvé tout ça bien un peu invraisemblable. Alors qu'à présent je le trouve d'une justesse criante.

PS' : Le versant un peu gênant, c'est que les autres personnes concernées si elles tombent sur le roman et apprennent que l'auteur et moi on se connaît, pourront croire que j'ai parlé et qu'ils sont personnellement visés. En plus qu'on fait d'eux de vrais assassins (ce qu'ils n'ont pas été sinon je ne serais pas là pour écrire ce billet). Dans la collection des apparences trompeuses ...

 

(1) Non qu'ils soient mal écrits, il y a d'ailleurs ce qu'il faut d'humour et de respect réaliste avec les limites que les corps imposent, c'est peut-être même sensuel. Mais, effets des difficultés générales de la vie, d'un désir congédié, de mon corps fatigué, et qui sait peut-être un peu de l'âge, les mots en la matière me laissent assez indifférente.


Le gag personnel du film islandais

 

    Tu vois donc un film islandais, un genre de comédie triste, assez lent. Tu le vois après ta mini-semaine de travail, mais quand même 2x8 heures dans les pattes et une soirée entre les deux qui fut festive, autant dire que tu es crevée. Alors par moment tu oublies de lire les sous-titres, non que tu n'aies pas le courage de lire mais que la fatigue te fait oublier que tu ne comprends pas l'islandais, et d'ailleurs à un moment tu te dis, tiens, ça vient, tu commences à piger, chic alors. Et puis justement puisque tu piges tu comprends que le personnage principal est au téléphone avec le nouveau de son ex, laquelle est au Portugal et que d'ailleurs avec cet inconnu, il parle ... en Portugais.

J'ai bien ri (intérieurement). C'est chouette cette capacité à rajouter des gags personnels aux films qui n'en comportent que peu.

Tu auras donc au moins appris de cette projection que tu comprends moins pas le portugais que l'islandais (1).

 

(1) Ah, et puis aussi un usage inattendu d'un élastique, mais si ça tombe c'est encore un truc du genre que tout le monde savait sauf moi #bécassinebéate #léducationparlecinéma #troptard 

 

 


Parfois j'ai du mal

IMG_6907Parfois j'ai du mal à cacher mes origines suédoises italiennes.

 

(en fait j'étais en train de dire aux collègues Ma che, avete gia finito ? mais en français ; c'était vers le 8ème km sur 10 et eux étaient déjà tout rhabillés en train d'encourager les coureurs lents dans mon genre ou les mal entraînés)

[crédit photo : quelqu'un du groupe, mais pour l'instant j'ignore qui]


Moules à gaufres (et autres bachi-bouzouks)


Il se trouve que mon cerveau peine parfois à effectuer des liens, comme s'il était constitué de petits compartiments étanches. Je crois que c'est à cause de mon côté Meursault, le gars qui s'accomodait de toutes sortes de situations et répète à l'envi "Ça m'est égal". J'espère néanmoins ne pas finir comme lui. Ce qui fait que je tends à mémoriser les informations sans nécessairement les raccrocher à d'autres ni les hiérarchiser.

J'ai mis je crois huit mois à percuter que le film "Sarah" dont me parlait une amie parce que ça nièce y jouait n'était autre que le "Sarah's key" dont me parlait une autre qui était heureuse que son roman soit adapté à l'écran.

Je n'ai intégré qu'à l'occasion de "l'année du dopage" (1998 avec l'affaire Festina sur le tour de France) dans le cyclisme que les noms des équipes étaient ceux de marques ou d'entreprises. Précisément parce qu'elles manifestaient leur mécontentement, preuve manifeste qu'elles existaient.

Pourtant je savais que Crédit Agricole était une banque, La Française des Jeux l'organisme qui gérait le loto et autres façons ludiques de payer un supplément d'impôts, Casino des supermarchés, mais voilà pour moi ça restait comme des noms de codes, séparés. Le fait que pour certaines marques je ne connaissais pas les objets associés (j'ignorais que Festina fût une marque de montres, en fait j'en étais restée à Lip, puis Swatch parce que longtemps j'en ai eu une qui tournait à l'envers du sens classique et ça m'allait bien mieux (1)) n'arrangeait rien. Seule Big Mat Auber me faisait songer à autre chose (2). 

Voilà que ce soir à la lecture d'un article évoquant quelques solécismes (3), je (re)prends conscience qu'anacoluthe n'est pas seulement un juron du capitaine Haddock, ce qui m'allait très bien comme définition ; je n'avais d'ailleurs jamais fait gaffe que moules à gaufres désignait un objet pas si rare (je le comprenais, je crois, comme une seule entité moulagaufr) et viens donc avec délice de découvrir que les bachi-bouzouks étaient des cavaliers mercenaires

Qu'ils s'agisse des mécènes du tour, comme des injures de l'ami de Tintin, je tenais leurs noms comme des fins en soi. À présent, c'est bon, j'ai connecté.

À cinquante ans, il était temps.

(Riez, ça me consolera)

 

(1) Quelqu'un de mon entourage qui s'inquiétait de me voir afficher tant d'anticonformisme m'en a offert une classique et costaude, d'une marque que j'ai oublié ce qui est injuste au vu de son usage à présent long.

(2) En l'occurrence le groupe Téléphone. Je ne suis pas toujours d'une grande élégance dans mes associations d'idées.

(3) Mot dont je connais le sens depuis la lecture du "Temps des secrets" de Marcel Pagnol, quand on est enfant on apprend partout, sans arrêt, tout le temps.