En traversant Paris aujourd'hui

 

    Depuis que je suis parvenue à prendre le temps de refaire enfin reconnaître mon pass navigo par les nouveaux vélibs, j'en ai retrouvé l'usage. Ils sont quand même bien dégradés globalement, et les stations moins nombreuses qu'avec le système précédent. Mais ça me manquait réellement des vélos en libre service car j'ai un usage vélo + métro important.

Parmi l'offre de free-floating que le ratage du changement de concession avait multipliée, les Mobike n'étaient pas si mal et je m'en étais un temps contentée, avant qu'ils ne décident soudain que ma ville était hors zone - alors qu'à côté Levallois restait admise, à même distance de Paris -, entraînant une facturation de 10 € puis 50 € si jamais un de leur vélo y était laissé. J'en vois moins à présent. Je suppose qu'un nombre non négligeables d'abonnés dans le même cas que moi n'ont pas renouvelé un abonnement qui ne leur permettait plus de rentrer chez eux.

Les vélibs, anciens comme nouveaux, disposent de stations proches de chez moi, pas souvent très remplies mais permettant au moins le retour, c'est déjà ça.

Près de Port Royal j'ai vu des agents de police à vélo (je ne sais s'ils sont de police nationale ou municipale) enregistrer au moyen d'une sorte de téléphone tous les véhicules en free-floating, trottinettes électriques et vélos qui avaient été déposés alentours. J'avoue que je ne serai pas contre un brin de régulation. Les trottinettes électriques présentent un réel danger, trop silencieuses et roulant souvent sur le trottoir elles sont sources d'accidents (ou de splendides tressautements) pour les piétons, et elles sont déposées absolument n'importe où n'importe comment. Les vélos en free-floating sont moins gênants en circulation mais posent également un problème de place. D'accord ce sont des déplacements moins polluants que l'automobile en terme de gaz d'échappements, seulement ça ne sont pas non plus des solutions de rêves d'un point de vue écologique. Fullsizeoutput_1883

Comme un chèque déjeuner m'avait été confié, j'ai pu m'accorder un repas complet dans un charmant restaurant café. 20190807_125146

Il faut désormais veiller aux dépenses, chômage oblige et incertitude sur la suite, donc je n'y retournerai sans doute pas rapidement, mais je note ainsi la bonne adresse. De plus en plus fréquemment et face à l'invasion généralisée du hamburger sous toutes ses formes - je n'ai rien contre un très bon de temps en temps, mais le hamburger frites ne me fait pas saliver -, je goûte des plats végétariens voire végétaliens et constate qu'ils sont souvent bons. C'était le cas aujourd'hui au Débonnaire.

J'ai croisé une belle voiture de collection mais j'ai raté sa photo 

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Oui parce que je fais partie de celles et ceux qui rêvent d'un usage minimal de la voiture mais j'apprécie les modèles de collection. Je l'écrivais il y a quelques jours dans le Petit Journal. Les êtres humains moyens sont fort bien équipés en contradictions.

Ce Paris vide et calme du mois d'août me ravit, même si je m'inquiète d'une éventuelle absence totale de vacances si l'homme de la maison prend les siennes trop tard alors que je peux avoir du travail ou poursuivre un projet qui m'en créerait. Je n'ai pas non plus envie de partir maintenant sans lui. Ni envie qu'il parte début septembre en me délaissant. Même si elle a été heureusement infiniment moins triste que l'année 2016/2017 et moins surmenée que l'année 2017/2018 (entre le travail salarié prenant et le déménagement complet de la maison de mes parents), l'année 2018/2019 aura été intense, j'ai vraiment consacré du temps et de l'énergie à une reprise de librairie qui finalement ne s'est pas faite pour des raisons financières, mais ce fut du travail, j'ai effectué auparavant de nombreux remplacements, et tenir une émission littéraire hebdomadaire sur une radio associative ne se fait pas sans la préparer, bref, il y a un moment où des vacances, même les plus simples, feraient du bien. 

En attendant, je fréquente la BNF avec assiduité. 


Voiture neuve

 

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La journée du 1er mars fut un bonheur, il n'en demeure pas moins que la ligne R panouillait. 

Le train que je devais prendre à l'aller, retardé pour cause d'"avarie matérielle", fut finalement supprimé et au retour le train que nous avions repéré sur les horaires l'était aussi, ce qui laisse supposer qu'il y avait autre chose. Ou que le même train était censé assurer seul de nombreux trajets.

Très gentiment les amis présents dont l'un était venu en voiture pour cette période de leur travail proposèrent de nous déposer à une gare plus importante d'où malgré d'éventuelles suppressions des trains de type RER seraient au moins accessibles.

Il se trouve que la voiture sentait encore le neuf. Cette odeur de voiture, que paraît-il les constructeurs travaillent, est pour moi un souvenir d'enfance : à une époque, sans doute poussé par la difficulté des fins de mois, mon père qui travaillait dans des usines automobiles à Poissy s'était mis tout comme ses collègues à changer de voiture tous les six mois afin de les revendre ensuite avant déperdition de valeur. La ristourne qu'ils avaient en tant que salariés couvrait celle des six mois d'utilisation.
Je suis donc attentive à la persistance dans les véhicules tous frais d'aujourd'hui de cette senteur, pour moi significative. En ce temps-là d'ailleurs une voiture se rodait. Ce qui donnait à mon père une conduite lisse et confortable que je n'ai plus par la suite chez qui que ce soit retrouvée. 

J'ai ainsi pris conscience que ça faisait probablement des années que je ne m'étais plus trouvée dans un véhicule aussi récent. Certes le fait d'habiter Paris / la petite couronne induit un biais non négligeable : notre vie quotidienne a lieu à pied, en vélib ou en transports en commun, rarement en véhicule privé. Il n'empêche, depuis "La Kriz", on dirait bien que plus personne ne s'achète de voiture neuve - ceux qui acquièrent un véhicule le font d'occasion, beaucoup n'en ont pas -.

Je serais curieuse de savoir si ma perception personnelle est significative d'une évolution plus générale ou si elle n'est en rien représentative. Si elle l'est, c'est peut-être que non seulement la plupart des gens des classes moyennes manquent d'argent, mais aussi que les modes de vie changent. Au moins en région parisienne, la voiture ne représente plus un investissement prioritaire et courant.

En tout cas, malgré la voix racoleuse du GSP, et pour beaucoup aussi grâce à la bonne compagnie, et aux vers d'Apollinaire (1) ce trajet imprévu fut un réel plaisir. J'avais sans doute et par instant douze ans.  
Et un train fut atteint.

 

(1) Je n'ai pu m'empêcher, cet esprit mal tourné qui dans un coin du cervelet jamais ne [se] débranche tout à fait d'imaginer la voix de Guillaume qui nous indiquerait le chemin en lieu et place de la femme vulgaire (2). En même temps ce serait terrible aussi, et fort peu respectueux. Que je l'approuve ou au contraire, l'imagination a eu lieu.
(2) Quels sont donc les commerciaux ou les communicants relouds qui croyant faire sensuel ont modulé une telle expression ? Qu'on les pende haut et court !


Officine Stampaggi Industriali

P4191053À ma façon distraite, je m'intéresse aux belles voitures. C'est juste que ma notion de "belles" n'est sans doute pas tout à fait normée puisque je trouve les 500 Fiat de toute beauté, que les 2CV m'attendrissent et bien des modèles autrefois fréquents du passé. Qu'en leur temps personne n'aurait envisagé de trouver beaux. 

C'est aussi un peu question de filiation : mon père et nombre de ses frères travaillaient dans l'industrie automobile - et la génération suivante est tombée avec un bel ensemble dans la banque et l'assurance, nous sommes archétypaux des besoins en emplois des temps de nos 20 ans -. Née avec un "Comment ça marche ?" dans la tête, je ne pouvais que m'intéresser à ce que mon père et mes oncles et cousins aînés disaient. Un jour lors de travaux pratiques en cours de "moteurs" en école d'ingénieur j'ai eu la surprise de me rendre compte que sans m'y connaître, je savais bien des choses, transmises comme par capilarité, et aussi lors de longues heures passées dans le garage accueillant de chez mon copain Jean-Mi alors que son père et ses frères bricolaient inlassablement leurs bagnoles et celles des potes. Ils étaient toujours là, été comme hiver portes ouvertes et les parfums d'essence, de moteurs chauds, d'huiles mécaniques me ramènent imanquablement à une sensation de mercredi ou dimance pluvieux (1). J'avais l'impression qu'ils seraient tous toujours là, comme si le temps n'avait pas de prise.

M'en reste une sensibilité particulière aux beaux sons des moteurs de certains vieux modèles, avant qu'ils ne soient tous uniformisés.

Et aussi par moment dans la ville un plaisir des yeux.  P4191049

Ce fut le cas ce samedi : Oh la belle voiture ! 

 

La différence d'avec les footballeurs c'est que cet enthousiasme ne déclenche aucun désir de possession chez moi, tout au plus l'envie de faire un tour pour écouter le moteur, ressentir l'effet fait, constater in situ les spécificités de la bonne mécanique, mais généralement je suis amplement satisfaite d'avoir simplement croisé un élément de l'harmonie du monde, lequel est plus facilement laid et que la richesse aux mains de certains fait basculer dans le clinquant.

Je sais que derrière cette quête perpétuelle de la grâce et des réussites techniques se planque cette croyance enfantine - que je savais déjà telle alors, à cause des guerres dont mes parents et grands-parents étaient rescapés - que si l'être humain est capable d'atteindre un tel niveau de perfectionnement et partant de là de civilisation il devrait être moins enclin à malmener et massacrer son prochain. Des illusions perdues avant que de les avoir eues, me reste donc cette petite bouffée d'enthousiasme à la vue d'une belle voiture.

En revenant de ma pause déjeuner j'ai donc eu droit aujourd'hui à ce micro-bonheur, je n'ai identifié qu'après qu'il s'agissait d'une OSI (Ford) 20 M TS, modèle rare s'il en est. Et que j'ai pris le temps qu'il fallait afin de dignement la photographier.

Ce que j'ignorais alors, c'est que le concepteur de l'allure de cette automobile s'appelait Sergio Sartorelli, et qu'il est également le "père" de la Fiat 126, ma première voiture et que j'ai tant aimée (2).

Plus tard je me souviendrai de ce samedi comme étant celui où j'ai vu une si belle voiture, dégusté un délicieux Limoncello grâce à l'homme de la maison qui était venu au travail me chercher, ce qui n'est pas rien, vu des danseurs enseigner quelques pas à un gamin doué, un non-client débarquer dans la librairie pour réclamer un paquet cadeau sur un achat amazon et une sonnette qui aurait pu être celle de la maison d'un (ex) bien-aimé. Plus tard d'encore plus tard, si je suis toujours en vie, il n'est pas exclu que ce qui reste soit d'avoir été accompagnée pour retour, la promenade que ça en a fait, et la très belle voiture.

 

(1) Sinon on était dehors à jouer au foot.

(2) article "Marques disparues : OSI" chez autoreverse.com dont j'apprécie certains billets mais pas tout de tous (kill that blonde)