Ces deux jours derniers, dans la cuisine et alentours
Une inondation n'est pas sans points communs avec un incendie : on y
perd des choses, et puis surtout on ne s'en rend parfois compte qu'un
moment après ...
Au jour où les eaux pour la première fois avaient intempestivement monté, une des premières choses que Stéphanot avait faite et qu'en rentrant j'avais poursuivie, fut d'attraper ce qui était posé à terre (dont près de la table un porte document avec des carnets, un sac plastifié contenant un manuscrit qu'on m'avait confié et qu'après lecture je m'apprêtais à rendre, quelques sacs de librairies avec des livres, d'autres avec des documents imprimés ...) et le stocker plus loin.
Après un week-end hors la ville et deux jours fort chargés, ce n'est qu'hier et ce matin que j'ai pu un peu, entre deux étendues de sommeil (1), commencer à ranger les affaires exilées.
Les sacs en plastique hélas, et contrairement à ce que leur apparence tend à nous faire gober, ne sont pas étanches à peu d'exception près (2). Me voilà donc à constater que des livres sont devenus souples et ondulés, quelques dossiers ou chemises cartonnées irrécupérables, qu'une carte de voeux en néerlandais et que je destinais à une personne précise et bien-aimée est désormais inutilisable - même séchée -, que le manuscrit au lieu d'être protégé par ce qui le contenait a baigné dans son jus (3) et est devenu tout mou, que mes carnets ont bien morflé et que la couverture d'un dictionnaire a fait effet d'éponge et qu'il est bien plus esquinté que je ne le croyais.
Rien d'illisible pour l'instant, au demeurant, juste du gondolé et certaines pages qui sont passées pâlotes. Seuls quelques post-its ont été effacés, je l'espère, ne portaient pas de numéros de tél ou d'adresses de personnes à rappeler.
Aurais-je une fois de plus eu de la chance dans un (petit) malheur ?
Il faudrait que j'y puise la force de vite enregistrer certaines notes qui ont été sauvées et enfin avancer dans certains chantiers que la fatigue m'a fait négliger.
[photo : un des dossiers noyés - ce qu'il en est resté -]
(1) Je suis entrée bien malgré moi en grande hibernation. Je dors énormément, y laisse mes heures de bonnes activités, et n'en ressors pour autant pas spécialement reposée. C'est plutôt comme de reprendre connaissance après un malaise. Et profondément triste car ne reste de ma vie que les temps contraints, les corvées, les obligations incontournables et (heureusement) quelques bribes de vie sociale, mais bien trop pas assez.
Essayé tous les produits dopants disponibles des plus naturels (en théorie) jusqu'aux plus chimiques. Rien n'y fait.
(2) Je tiens à signaler au passage que les sacs fn*c dont je faisais souvent fort long usage avant de les jeter, ne sont plus ce qu'ils étaient. J'ose espérer que c'est pour la bonne cause d'une meilleure bio-dégradabilité.
(3) Petit mystère de la thermodynamique ou plutôt de la mécanique des fluides : l'eau a su fort bien entrer dans le sac, mais ne s'en est pas (vraiment) évacuée.