Je sortais d'un rêve étrange dans lequel mon fils était encore nourrisson, mais nous devions nous déplacer et c'était compliqué. J'ai cru qu'il était lié au fort beau film de Sébastien Laudenbach dans lequel une jeune mère tente de protéger son nouveau-né, mais il s'agissait peut-être en fait d'une peur par anticipation, l'idée d'un exode.
Sortie du songe je savais bien le jour qu'on était, j'ai eu une pensée pour l'ancienne amie recroisée la veille après tant d'années, le film formidable ("Nightlife" de Damjan Koloze) vu en dernier film du soir, les films que nous avions prévus de voir ce jour, ce n'était pas tout à fait, pas encore, une première pensée, plutôt une conscience du jour.
Et puis j'ai jeté un œil sur FB, plus en pensant au festival, et je suis arrivée sur ce statut de David (Meulemans) dont j'adore les fails du jour.
Alors j'ai eu un gros doute, mais j'essayais encore de me dire que oui bon c'était l'humour de David que pour une fois je ne captais pas (1), mais je suis quand même allée sur twitter et là je me suis dit Godverdomme et je suis allée rechercher dans mes mails l'alerte du Monde, dont je me suis souvent un peu moquée car lorsqu'un événement survient elle apparaît souvent assez nettement après que ce soit devenu un "trending topic" sur les réseaux, mais qui a généralement le mérite d'être fiable.
Et là j'ai poussé un cri tel que l'homme de la maison a cru que pour une fois c'était moi qui faisais un cauchemar et pas lui.
En même temps le cauchemar c'est ce qui nous attend très probablement. Car celui qui vient d'être élu, non comptant d'être assez moisi des idées est surtout un gros va-t-en-guerre, que par les temps qui courent on doit au sang-froid des dirigeants actuels que ça n'ait pas déjà pété de partout, et qu'avec un fou de ce genre à la tête de l'une des plus grandes puissances mondiales, entre les fous d'Allah, le petit Vladimir qui n'a peur de rien, les Chinois qui se disent qu'une bonne guerre relancerait leur croissance et le personnage de BD bizarre qu'est le dirigeant de l'actuelle Corée du Nord, et sans doute quelque stupidité improbable de petites îles que soudain tout le monde va réclamer et qui pourrait faire un effet domino belliqueux comme en 14, on a toutes les chances de ne bientôt plus avoir trop à se préoccuper du réchauffement climatique.
J'ai l'air de plaisanter, mais je n'ai jamais été aussi effrayée par le résultat d'une élection à part peut-être celle en France du prochain printemps.
Je m'en vais relire Enig Marcheur, dans le monde duquel nous pourrions nous retrouver plus tôt que prévu.
Finalement une première pensée peut être un hurlement (d'effarement).
Suivi par une espèce de rire malheureux : le premier film du jour que j'avais à l'avance choisi était Mourir à Madrid, sur la guerre civile espagnole du siècle dernier.
(1) Il arriva une mésaventure similaire en 2002 à une collègue de l'"Usine" alors en vacances en Sardaigne et qui voyant s'afficher que Le Pen était au second tour des présidentielles en France s'était dit, Ça doit être un sale coup de la télé à Berlusconi.