Décidément la fin d'un monde

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(Quand même ceux qui font rire font désormais pleurer)

En ces temps douloureux je me tourne, réflexe de tenir bon, vers les amis qui à l'ordinaire me font rire ou sourire. 

Force est de constater que cette semaine, ça marche moyen bien. 

Il y aura eu David mercredi, ma première alerte quant au résultat électoral américain si calamiteux, et ce matin, alors qu'accédant au(x) réseau(x) je m'apercevais que Thomas Gunzig venait de publier quelque chose j'ai aussitôt cliqué. Mais ce n'est hélas pas un sourire que j'ai alors glané.

J'ai tout de suite pigé.

Sans compter que François avait confirmé.

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Il ne me restait plus qu'à lire les hommages officiels dans Le Monde et Le Figaro (généralement de bon niveau lorsqu'il s'agit de culture) et réécouter quelques chansons.

 

 

Les amis ont quand même trouvé moyen de me faire sourire, et je leur en sais gré. 

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Il n'empêche, putain de période, sale générale année.


Première pensée du matin


    Je sortais d'un rêve étrange dans lequel mon fils était encore nourrisson, mais nous devions nous déplacer et c'était compliqué. J'ai cru qu'il était lié au fort beau film de Sébastien Laudenbach dans lequel une jeune mère tente de protéger son nouveau-né, mais il s'agissait peut-être en fait d'une peur par anticipation, l'idée d'un exode. 

Sortie du songe je savais bien le jour qu'on était, j'ai eu une pensée pour l'ancienne amie recroisée la veille après tant d'années, le film formidable ("Nightlife" de Damjan Koloze) vu en dernier film du soir, les films que nous avions prévus de voir ce jour, ce n'était pas tout à fait, pas encore, une première pensée, plutôt une conscience du jour.

Capture d’écran 2016-11-09 à 08.35.18 Et puis j'ai jeté un œil sur FB, plus en pensant au festival, et je suis arrivée sur ce statut de David (Meulemans) dont j'adore les fails du jour.

Alors j'ai eu un gros doute, mais j'essayais encore de me dire que oui bon c'était l'humour de David que pour une fois je ne captais pas (1), mais je suis quand même allée sur twitter et là je me suis dit Godverdomme et je suis allée rechercher dans mes mails l'alerte du Monde, dont je me suis souvent un peu moquée car lorsqu'un événement survient elle apparaît souvent assez nettement après que ce soit devenu un "trending topic" sur les réseaux, mais qui a généralement le mérite d'être fiable.

Et là j'ai poussé un cri tel que l'homme de la maison a cru que pour une fois c'était moi qui faisais un cauchemar et pas lui.

En même temps le cauchemar c'est ce qui nous attend très probablement. Car celui qui vient d'être élu, non comptant d'être assez moisi des idées est surtout un gros va-t-en-guerre, que par les temps qui courent on doit au sang-froid des dirigeants actuels que ça n'ait pas déjà pété de partout, et qu'avec un fou de ce genre à la tête de l'une des plus grandes puissances mondiales, entre les fous d'Allah, le petit Vladimir qui n'a peur de rien, les Chinois qui se disent qu'une bonne guerre relancerait leur croissance et le personnage de BD bizarre qu'est le dirigeant de l'actuelle Corée du Nord, et sans doute quelque stupidité improbable de petites îles que soudain tout le monde va réclamer et qui pourrait faire un effet domino belliqueux comme en 14, on a toutes les chances de ne bientôt plus avoir trop à se préoccuper du réchauffement climatique.
J'ai l'air de plaisanter, mais je n'ai jamais été aussi effrayée par le résultat d'une élection à part peut-être celle en France du prochain printemps. 

Je m'en vais relire Enig Marcheur, dans le monde duquel nous pourrions nous retrouver plus tôt que prévu.

Finalement une première pensée peut être un hurlement (d'effarement).

Suivi par une espèce de rire malheureux : le premier film du jour que j'avais à l'avance choisi était Mourir à Madrid, sur la guerre civile espagnole du siècle dernier. 

 

(1) Il arriva une mésaventure similaire en 2002 à une collègue de l'"Usine" alors en vacances en Sardaigne et qui voyant s'afficher que Le Pen était au second tour des présidentielles en France s'était dit, Ça doit être un sale coup de la télé à Berlusconi.

 


Le funny de la vie

 

    Ainsi donc tu avais reçu une invitation de libraire que tu hésitais à honorer : #lancienneamie avait travaillé au scénario d'un film d'après un de ses livres, que tu vends fort bien, et tu te trouvais conviée à une avant-première en sa présence. 

La vie a décidé de te faire cette blague qu'en fait vous vous reverrez probablement avant puisqu'elle est conviée au festival de cinéma qui fait tes vacances, souvent même tes seules vacances, depuis un paquet d'années.

Tant de temps a passé et deux ou trois nouveaux durs chagrins dont deux liés aux attentats de 2015, que tu as rejoint une zone de calme la concernant ; après tout son rôle dans ta vie aura été de te balancer sur un sentier escarpé où la seule issue sans mourir de faim était de devenir libraire et franchement, c'est une solution de survie qui est d'un luxe et d'un bonheur inouï. Du coup et malgré il y a dix ans une redoutable mise en danger, tu lui en sais gré. Sans elle, tu serais probablement en train de végéter à l'"Usine" ou de pointer à Pôle Emploi après t'en être fait licencier. Tu aurais fini par endosser en permanence la blouse grise mentale que tu revêtais en t'y rendant chaque jour travaillé, histoire d'avoir l'air à peu près conforme à ce que l'employeur de toi attendait. Tu serais à l'heure qu'il est complètement émoussée. Tu compterais les jours les mois les années jusqu'à la retraite. 

Au lieu de ça, tu as vécu une belle histoire entre deux pays - qui s'est pour toi très très mal finie, mais qui a agrandi ton existence tant qu'elle a duré et même un peu après, et au fond peut-être l'as-tu surtout échappée belle -, écrit, traversé pas mal de trucs un peu fous dans l'ensemble, fait de belles rencontres, eu une vie vivante, rude, assez risquée (l'air de rien) mais dont tu ne regrettes rien, non rien de rien.

Te voilà même pourvue de projets dont celui en début de mise en œuvre de virer triathlète, et tu y crois et en l'absence de moins en moins certaine de catastrophes extérieures diverses tu as bien de quoi occuper sans mollir tes cinquante suivantes années.

Bref, malgré le côté périlleux chronique de tes fins de mois, malgré ton comptant de malheurs (qui n'en a pas ?), c'est un peu parfois toi qui y es dans le Bagad de Lann-Bihoué

  

et sans elle tu n'y étais pas destinée.

En chemin tu as rencontré des amis formidables. Il y a même parfois une trace audible

Alors au fond, c'est sans doute très bien de croiser à nouveau celle qui te permit de faire exploser le carcan dans lequel tes origines sociales et ton côté "programmée pour bien faire" t'avaient coincée. Et ce n'est pas toi qui l'auras cherché puisqu'aller là-bas depuis que tu fréquentes le festival en novembre et le chouette salon du livre du 1er mai est un peu chez toi.