Ce texte est capital

 

    Je me permets exceptionnellement de le citer in extenso car il est important que le plus de monde possible le lise et sache : 

L'original est
Article de Gerald Markowitz et David Rosner dans "Le Monde" 

Contaminations : « Les zones mortes, prélude d’une planète sans vie »

Les dégâts environnementaux infligés par l’homme sont irréversibles, alertent Gerald Markowitz et David Rosner, deux historiens des sciences américains, dans une tribune au « Monde ».

LE MONDE |  • Mis à jour le  |Par Gerald Markowitz (historien des sciences) et David Rosner (historien des sciences)


 

La rivière Athabasca (Canada), d’après une photographie de Samuel Bollendorff.

[Dans le cadre de notre opération « Contaminations », nous avons sollicité deux historiens des sciences, Gerald Markowitz (John Jay College of Criminal Justice) et David Rosner (université Columbia à New York) qui ont consacré toute leur carrière à l’étude des pollutions industrielles, notamment le plomb et les polychlorobiphényles. En janvier, les deux Américains ont mis en ligne des milliers de documents internes de firmes (« Toxic Docs ») qui dévoilent les stratégies des industriels pour dissimuler ces crimes environnementaux. Ils lancent une mise en garde sur les conséquences tragiques de notre usage de la planète.]

La planète est un endroit remarquablement résilient. Au fil des siècles, l’homme en a détruit les forêts naturelles, brûlé les sols et pollué les eaux pour finalement constater que, dans l’ensemble, la planète s’en remettait. Longtemps, les villes se débarrassaient de leurs déchets dans les rivières, tandis que les premières usines construites le long de leurs rives disposaient de ces cours d’eau comme de leurs propres égouts ; autrefois sans vie, ces rivières peuvent retrouver une vie foisonnante pour peu qu’on leur en laisse le temps.

Ceux d’entre nous qui ont atteint un certain âge et ont grandi à New York se souviennent sans doute des bancs de poissons morts qui venaient s’échouer sur les rives de notre fleuve Hudson, zone morte il y a peu encore, et aujourd’hui si belle. Les forêts, rasées pour laisser place à des champs, reviendront vite une fois l’homme parti. Il suffit de se promener dans les bois verdoyants de la Nouvelle-Angleterre et d’imaginer, comme le poète Robert Frost, être les premiers à s’émerveiller de leur beauté pour tomber aussitôt sur des ruines des murets de pierre qui clôturaient autrefois les pâturages.

UNE NOUVELLE RÉALITÉ ÉBRANLE LES FONDEMENTS DE NOTRE DROIT DE POLLUER À VOLONTÉ EN CROYANT QUE LA NATURE FINIRA PAR TRIOMPHER

C’est alors seulement que nous en prenons conscience : ces arbres sont encore jeunes, et, il n’y a pas si longtemps, l’homme dénudait ces terres pour y développer pâturages et cultures. Nous nous sommes consolés en pensant que l’on pouvait gommer les atteintes que nous infligeons à l’environnement et que la nature pouvait guérir, à condition de la laisser en paix et de mettre fin à nos comportements destructeurs.

Mais une nouvelle réalité ébranle les fondements de notre droit de polluer à volonté en croyant que la nature finira par triompher. Et de plus en plus, cette réalité met au défi ce réconfort sur lequel nous nous étions reposés. Au cours du XXe siècle, nous avons non seulement modifié la surface de la Terre pour satisfaire notre dessein, mais nous l’avons fait de manière irréversible, au point qu’elle pourrait menacer notre existence même. Nous avons créé des environnements toxiques en faisant usage de technologies inédites et de matériaux de synthèse que la planète n’avait jamais connus.

Lire aussi :   A Anniston, les fantômes de Monsanto

Au début du XXe siècle, des usines gigantesques employant des dizaines de milliers d’ouvriers ont remplacé la fabrication à domicile et les artisans qualifiés pour devenir les lieux de production de nos vêtements, de nos chaussures et d’une myriade d’objets de consommation. La quasi-totalité des objets de notre quotidien provient de ces usines, depuis les plaques de plâtre jusqu’aux revêtements de toit et de sol en passant par nos ordinateurs ou nos environnements de travail. Dans notre cadre de vie, il n’y a rien, ou presque, qui ne sorte pas d’une usine.

Nous savons depuis longtemps que nombre de ces matériaux sont toxiques et peuvent détruire des vies. Si la nature peut se régénérer, certaines de ces substances toxiques tuent des travailleurs qui, eux, ne peuvent pas reprendre leurs vies : dans l’industrie, les ouvriers sont frappés depuis plus de deux siècles par ce fléau qu’est l’empoisonnement au plomb contenu dans les pigments des peintures ; on sait depuis le début du XXe siècle que le mercure tue les travailleurs ; et la poussière de charbon est identifiée comme cause de cancer du scrotum depuis l’époque de William Blake [artiste britannique de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle].

AUJOURD’HUI NOUS SOMMES PEUT-ÊTRE CONFRONTÉS AU SACRIFICE DE L’ENSEMBLE DE LA POPULATION

Mais les matériaux que nous fabriquons en usine n’ont plus rien à voir avec les produits naturels dont ils sont dérivés. Ils sont à l’origine de maladies nouvelles et de dangers auparavant inconnus. Ce sont les ouvriers qui, pour l’essentiel, ont payé le prix de la découverte de ces maladies : angiosarcome du foie causé par l’exposition au chlorure de vinyle monomère, élément constitutif des plastiques PVC ; mésothéliome causé par l’inhalation de poussière d’amiante ; leucémies causées par l’exposition au benzène et à d’autres hydrocarbures aromatiques.

Nous avons toujours sacrifié les travailleurs, victimes d’accidents industriels et de produits chimiques toxiques, mais aujourd’hui nous sommes peut-être confrontés au sacrifice de l’ensemble de la population. Plastiques et produits chimiques : des produits de synthèse que ni l’être humain ni la planète n’avaient côtoyés avant le XXe siècle sont maintenant déversés en permanence sur nos sols, dans les océans et dans l’air. Ces polluants provoquent des maladies, anéantissent les espèces et mettent l’environnement en danger.

A Anniston, plus de 50 ans maisons et deux églises ont été rasées. Tout le monde est parti. Ici, on peut relever des taux de PCB 140 fois supérieurs aux limites tolérées .

Dans les années 1980, les scientifiques ont identifié les impacts environnementaux majeurs de cette cupidité : pluies acides menaçant nos forêts, trous de la couche d’ozone laissant les rayonnements dangereux atteindre la surface de la Terre. Nous avons permis aux industriels de faire usage de notre monde comme de leur décharge privée et la source de leurs profits au point de menacer l’existence même de la vie telle que nous la connaissons. Des espèces disparaissent à un rythme inédit ; les températures moyennes augmentent sur toute la planète, entraînant guerres, famines et migrations de masse.

NOUS SOMMES EN TRAIN D’ENGENDRER UN MONDE DYSTOPIQUE OÙ SEULS LES PUISSANTS ET LES RICHES SERONT EN MESURE DE SURVIVRE, CLOÎTRÉS DERRIÈRE LES MURS DE LEURS ENCLAVES PRIVILÉGIÉES

Nous avons accepté que les ouvriers et le reste de la population soient les principales victimes de cette cupidité, mais nous risquons désormais d’accepter que des régions entières deviennent inhabitables. Tchernobyl (Ukraine) et Fukushima (Japon) sont sans doute les cas les plus connus. Mais le péril, en Europe et aux Etats-Unis, n’est plus un secret : Anniston (Alabama), Dzerjinsk (Russie), les océans et d’autres endroits à travers le monde sont pratiquement devenus des zones mortes où les produits industriels ont endommagé l’environnement de manière irrémédiable.

Alors que nous observons les effets du réchauffement climatique submerger les nations, de nouvelles questions, d’ordre plus existentiel, surgissent aujourd’hui. Nous produisons des matériaux « contre nature » pour l’être humain et la planète ; leurs conséquences sont irréversibles et rendent la vie impossible pour des millions de personnes. Nous sommes en train d’engendrer un monde dystopique où seuls les puissants et les riches seront en mesure de survivre, cloîtrés derrière les murs de leurs enclaves privilégiées. La planète est certes résiliente : elle continuera de tourner sur son axe et d’accueillir la vie. Mais que cette vie prenne la forme d’êtres humains, rien n’est moins sûr.

(Traduit de l’anglais par Gilles Berton)

Gerald Markowitz est professeur d’histoire émérite au John Jay College of Criminal Justice et au Graduate Center de l’université de la ville de New York ; David Rosner est professeur de sciences socio-médicales et d’histoire à la Graduate School of Arts and Sciences de l’université Columbia à New York.


L'entre deux (mouvementé)

 

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Je me doutais bien que le front républicain ne se portait pas aussi bien qu'en 2002, qu'une partie du vote pour Mélanchon face à un candidat de la haute [finance] pouvait potentiellement se jeter dans les griffes du fascisme.

Je n'imaginais en revanche pas à quel point il était fissuré, ni l'ampleur de l'effet cosmétique réussi par Marine Le Pen, et qui visait à faire croire aux petites gens qu'on allait enfin se soucier d'eux. Racistes, nous ?
Oublié le groupuscule mené jadis par son père au bandeau. Oublié ses fondements idéologiques qui n'ont jamais été reniés. C'est juste qu'on n'en parle plus.

Je n'imaginais guère qu'à peine les résultats du premier tour sortis ça serait la foire d'empoigne. 

Ce dessin de Marc Dubuisson résume tout tout très bien. 

Comme Alice, je tente tant bien que mal de témoigner de "comment c'était", "comment c'est possible".

Elle a déjà fait une grande partie du boulot dans ce billet : 

 

Folie : la reprise

avec entre autres le thread de L'étagère qui est très marquant. 

Enfin ce soir via Kozlika j'ai retrouvé ce billet chez David Madore : 

Quelques remarques sur les pouvoirs du Président français

dans lequel j'ai appris bien des choses que j'ignorais, en particulier les "pouvoirs non formalisés" d'un-e Président-e de la République Française.

Et vraiment je les remercie tous d'avoir écrit ainsi. 

 


Appel de soutien pour le cirque tzigane Romanès


    On les déplace dans Paris au gré des disponibilités, et le square Parodi à l'orée du XVIème coincé entre des voies d'accès au périphérique assez fort fréquentées n'est pas un paradis d'emblée.

Pourtant en ces lieux "on" ne veut pas d'eux et voilà le cirque Romanès qui est la cible d'un sabotage systématique de la part de certains.

Ma fréquentation de l'arrondissement depuis un an et demi et la saturation que j'en éprouve à présent n'est sans doute pas sans rapport avec la présence d'une minorité très visible et hélas me semble-t-il touffue de personnes racistes, xénophobes, rétrogrades et fières de l'être. D'autres, pour l'instant (?) plus nombreuses compensent, et qui sont courtoises, évoluées, cultivées et raffinées. Il n'en demeure pas moins que devoir vendre aux premières des ouvrages dont la publication me fait honte et plus encore le succès m'a usée. Et ce d'autant plus que deux fois sur trois ces mêmes personnes quêtent l'approbation, recherchent la connivence, et que l'on sent pour ce genre d'idées un engouement montant. La réaction s'est ces dernières années parée d'une aura de rébellion. Il y a grand danger.

Mes jambes ont capitulé en premier mais mon cerveau, mon cœur l'auraient sans doute fait pour cette raison peu après. Je pense m'être honorablement battue en première ligne, mais il est temps que je retourne à l'arrière reconstituer mes forces. La guerre sans doute bientôt ne sera plus larvée, insidieuse, mais une vraie.

Tout ça pour dire : je sais que ce qui est dénoncé dans cette pétition n'est pas exagéré, que disposer d'un cirque tzigane dans cette région particulière de Paris c'est le condamner à se faire persécuter.

Alors pour une fois j'ai signé une pétition sans hésiter.

   

Appel de soutien au cirque tzigane Romanès

 

PS : Pour ceux qui sont libres de leur temps et n'habitent pas trop loin il y a sur place samedi 17 octobre à partir de 15h une journée de soutien

 

 


Antoine Laurain à Fontaine Kléber

 

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Je sais que ce n'est pas le cas de la plupart d'entre vous qui en plus travaillez ou habitez loin, mais si d'aventure vous êtes disponibles ce jeudi midi, nous recevrons à la librairie Fontaine de l'avenue Kléber (au 69, près du métro Boissière, pas loin non plus des stations Iéna ou Troca), Antoine Laurain qui fut remarqué pour son délicieux "Chapeaux de Mitterrand" et récidive avec "La femme au carnet rouge".

Alors si jamais vous pouvez venir, ça serait rudement bien.

 

PS : Sauf nouvel imprévu, je ferai un gâteau.


Camarades qui écrivez, apprêtez-vous à devoir faire savoir que vous êtes encore en vie

 

Ça pourrait ressembler à un canular, un premier avril anticipé, mais non c'est pour de vrai.

Des accords ont été passés qui rendent apparemment numérisables sans compensation pour leurs auteurs tous "livres sous droits d'auteur, publiés en France avant le 1er janvier 2001, et qui ne sont plus commercialisés."

Si l'un de vos ouvrages apparaît par là : 

registre des livres indisponibles, en réédition électronique

(Il suffit de taper votre nom dans la case "rechercher" et vous saurez combien de titres ont été considérés comme bons à piquer)

vous avez tout intérêt à signaler par là : 

demande d'opposition

que vous êtes encore vivants et peut-être pas tout à fait d'accord pour abandonner tout ou partie de vos droits d'auteur sur la version numérique de vos ouvrages ; ou dans certains cas qu'ils sont moins indisponibles que les instances éditoriales et de la BNF ont l'air de le croire.

Peut-être aussi que vous êtes suffisamment fortunés ou indifférents à l'avenir pour estimer qu'une numérisation à la hussarde est mieux que l'oubli, libre à vous. Peut-être que sans le travail au bord d'être accompli certains ouvrages risqueraient de disparaître à tout jamais ou du moins n'exister plus que sous quelques exemplaires papiers en très fragile état (1).

Mais le système qui a été choisi (appelé opt-out) est que si vous ne vous manifestez pas dans les 6 mois à venir, c'est que vous êtes d'accord, pour ce qui à mes yeux de lectrice pourtant peu hostile aux écrans ressemble à une forme de piratage légal.

 

L'avenir des textes numérisés dans le cadre de cette "gestion collective" selon ce qu'on peut lire sur les sites de la Sofia ou de la BNF, ne me semble pas clair. Sans compter que l'un renvoie sur l'autre qui renvoie "pour plus d'informations" sur le premier. Or mon expérience professionnelle m'a au moins appris ça : quand on vous dit "Ne vous inquiétez pas, on s'occupe de tout", c'est qu'on s'apprête à vous faire l'inverse d'un cadeau. De plus en tant que femme je sais combien peuvent être dangereux les processus basés sur un principe de type "qui ne dit mot consent".


Des explications détaillées par François Bon, lequel est d'autant plus véhément qu'il est également concerné comme  éditeur : certains titres sont déclarés indisponibles alors que sa maison d'édition numérique les a déjà retravaillés et les commercialise - d'une façon respectueuse pour les auteurs : 50% des droits pour eux -.

Pardon si je ne suis pas très claire : je m'apprêtais à aller dormir quand j'ai lu l'article et comme les démarches peuvent être casse-pieds et qu'il y a un délai, il faut prévenir sans tarder le plus de personnes possibles.

 

(1) Je pense entre autre au "Bon sens de l'abbé Meslier" dont l'édition la plus récente que j'ai pu trouver à la BNF datait de 1909 et était assez dégradée (mais encore lisible) (mais pour combien de temps ?).

 

 


Vers la fin du Méliès ? Je le crains

 

Depuis des mois le conflit de sournois et larvé était devenu ouvert. En jeu : le poste de directeur du nouveau complexe multisalles à Montreuil et qui semble enfin prêt à voir le jour après sept ans de lutte acharnée menée par l'équipe du Méliès tel qu'il était encore récemment. L'actuelle municipalité souhaite placer quelqu'un à sa main et s'est donc acharnée sur le directeur en place lequel avait porté le projet, en ferraillant avec rien moins que MK2 et UGC.

Ce matin j'ai lu non sans tristesse que tout espoir de négociation semblait désormais vain.

Stéphanie Goudet a publié ce qui suit pour prévenir les amis du sort qui lui était fait. Je le reproduis avec son autorisation. L'original qui n'est sans doute pas lisible à ceux qui ne sont pas inscrits sur ce réeau social est ici.

 

"J'ai reçu ma lettre de licenciement, moins de 48h après mon entretien préalable. Je suis renvoyé pour faute, donc sans préavis ni indemnité, pour "non dénonciation d'une irrégularité comptable" qui n'a entraîné aucune sortie d'argent de la caisse du Méliès et pour non respect du devoir de réserve. Avec un exemple pour préciser les "insultes subliminales ", dont je me serais rendu coupable : J'ai écrit, je l'avoue, ici-même, après avoir été traîné dans la boue pendant des mois, qu' "en cas de renvoi, nous parlerions d'éducation à l'image, de tarif des salles publiques, de projet culturel, de festival de Cannes, d'acoustique des cinémas, de liberté de programmation, de respect des agents. La réserve est grande ! Sans parler de l'inventaire des pratiques ". La municipalité indique que ce message, entre autres, "met en cause la gestion du cinéma municipal" et porte " atteinte à l'image de la commune "... Je saisis évidemment la justice. A dimanche, à la Parole errante !"

 

Par ailleurs un site de soutien a été ouvert : Soutien au Méliès

et il y aura demain dimanche à 20 h une projection du film de Dominique Cabrera "Ça ne peut pas continuer comme ça" en présence de la réalisatrice. Elle aura lieu à La Parolle Errante 9 rue François Debergue à Montreuil.


Il me paraît si absurde que l'on puisse pour des raisons de tortillage politique se priver d'un directeur et d'une équipe compétents, que je manque d'arguments mais il serait bon que les qualités professionnelles des personnes et les témoignages de reconnaissance de leur travail soient ce qui prime sur tout autres considérations. Nous étions nombreux, je crois à venir à Montreuil et de loin, exprès pour la qualité des rencontres et de la programmation.

PS : Un billet que j'avais écrit en mai lors d'une première alerte, annonce parue pour recruter un directeur alors qu'il y en avait un. C'était déjà d'une élégance rare.

 


Write me, maybe ?

 

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Sans doute dans le but inavoué d'ajouter du piment dans ma vie poursuivie, je me pose (trop) (assez) (souvent) des mystères à moi-même.

Ainsi cette adresse que je retrouve prise en photo parmi un lot du 25 mai qui n'a rien à voir, et qui surgit seulement aujourd'hui lors d'un grand ménage de printemps d'automne.

Que je la retrouve sous forme de photo ne m'étonne pas : comme les papiers se perdent, surtout chez (avec ?) moi, il est assez fréquent que j'utilise une photo pour prendre note, certaine ainsi que la trace restera.

Ce qu'elle a effectivement fait, mais hélas rien du reste. Peut-être qu'il y a quelqu'un parmi vous à qui j'avais promis la veille d'envoyer une photo et qui l'attend toujours - me connaissant, c'est l'explication la plus plausible - ? Quant à l'original, qui pourrait éventuellement porter une mention au dos, il semble avoir disparu depuis jolie lurette.

 


My own private Dalaï Lama mystery - QCDSM #2

En Normandie, ces jours-ci

 

C'était au cœur de mes longues vacances (5 jours), avec Stéphanot nous avons compulsés de vieux Match des années 1938 à 1944, sauvés par mes soins de la benne lors du vidage de la maison de mon grand-père maternel, celui qui avait fait Verdun. Génération qui connut, en gros, une guerre à 20 ans et l'autre à 40.

(Quand j'y pense j'ai honte de me plaindre de mes confortables chagrins)

Je n'ai hélas pas noté avec précision les dates, juste fait une ou deux photos car avec tous les jeteurs potentiels dont je suis entourée, je sens bien qu'un jour ou l'autre quelqu'un décrètera que ces vieux journaux sont sans doute plein de germes, de champignons, pas hygièniques et que l'on m'en privera (ainsi que le fiston, qui s'y intéresse)

Mais voilà dans l'un d'eux il y avait cette photo, 

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dûment pourvue de cette légende : 

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Il y est dit que le tout nouveau Dalaï Lama s'appelle Ling-Ehr-La-Mu-Fancha . Ce qui semble assez loin du Tenzin Gyatso que l'on connaît, lequel aurait été intronisé en février 1940 ce qui en revanche correspondrait bien au journal.

 

Et dans un autre, antérieur mais d'assez peu, celle qui suit : 

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On peut sur celle-ci croire qu'effectivement il s'agit du Dalaï Lama actuel alors petit enfant. Mais l'autre, je trouve, ne lui ressemble guère. 

Je m'y perds donc un peu. Y aurait-il eu un Dalaï Lama intérimaire, entre le XIIIème et le XIVème ? Un Dalaï Lama dissident pour cause de guerre mondiale, chaque camp ayant désigné le sien ? Ou bien du même mais dont la photo au jour de l'ordination aurait été plus retouchée qu'un portrait de Christ Espagnol

Comme je suis très timide, je n'ose pas aller sur Twitter lui poser directement la question.

 

PS : une recherche effectuée sur "Ling Erh La Mu Fancha" avec ou sans tirets n'a pas donné grand-chose.

 

 


Et un petit verre pour un petit "Temps ...", ça vous dirait ?

 

Temps additionnelMercredi 6 juin à partir de 19h15 aura donc lieu à la librairie du MK2 quai de Loire (7 quai de la Loire, Paris, métro Laumière, Jaurès ou Stalingrad), le lancement du livre collectif "Temps additionnel"

Vous y aurez (une) de mes nouvelles.

 

Le thème du recueil est certes le football mais comme nous sommes tous très bons, les textes sont intéressants même pour qui ne l'aiment pas. Quant aux passionnés, ils ne sauront bientôt plus aller au stade sans le glisser dans une poche afin de le feuilleter durant le trajet, histoire de se mettre dans l'ambiance, ou au retour de la quitter plus doucement.

 

De toutes façons comme l'ont écrit les éditeurs :

"Et pour ceux qui n'aiment pas le foot, il y aura évidemment l'opportunité de prendre un verre.

Pour ceux qui n'aiment pas prendre un verre, il y aura toujours l'occasion de discuter avec les auteurs.

Pour ceux qui n'aiment pas les auteurs (1), il y aura toujours l'occasion de discuter avec les libraires. 

Pour ceux qui n'aiment pas les libraires... [...]" alors là, nous ne pourrons plus grand chose pour vous.

 

(1) Nous sommes une douzaine, quasiment une équipe.


Montreuil et son Méliès

 

ce matin mais au fond fidèlement depuis 6 ans


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C'était pendant ma saison en enfer, il y a 6 ans de ça, de ces périodes dans la vie ou tout va mal, des amours aux santés des proches en passant par le travail, les finances familiales, et même, ce qui ne m'était jamais arrivé auparavant, l'amitié.

Me restait l'amour des livres. Celui-là ne m'a jamais lâché.

Et le ciné. Cette autre passion.

Restaient aussi de grands amis. Ce sont eux également, dont beaucoup rencontrés grâce à l'internet, qui m'ont sauvée.

  

Deux d'entre eux et elles qui habitent Montreuil, ville que je connaissais essentiellement pour son Salon du Livre Jeunesse, m'avaient depuis un moment signalé que la programmation de son cinéma, Le Méliès, méritait le déplacement.

  

Le hic était que je travaillais dur, ce qui ne rendait pas facile d'aller au ciné après de lourdes journées, et l'autre contrainte qu'habitant Clichy La Garenne j'étais à plus d'une heure ligne 13 + 9, qui n'étaient pas des modèles de régularité.

  

J'ai compris très vite après celui des coups durs qui a failli me tuer qu'une façon de m'en sortir, peut-être la seule, était de vivre chaque jour des moments si intéressants que je ne regretterai ni ma survie, même incomplète, cabossée, ni l'absence de ceux dont la désaffection m'avait abattue.

  

Alors j'ai poussé ce qu'il fallait de mon emploi du temps trop sévère, pris de bons livres pour le trajet (1) et suis allée dans ce ciné.

  

Y aller, c'était ne plus pouvoir, et très vite, s'en passer.

  

Ce n'était pas un cinéma comme tant d'autres à Paris, ville de privilégiés pour les passionnés où l'on peut même choisir dans quel quartier on préfère aller, c'était un cinéma alliant intelligemment projections grand public et d'autres Art et Essais et qui invitait les professionnels à parler de leur métier. J'entends par là non seulement les réalisateurs - quel régal d'écouter certains -, les acteurs, mais aussi certains des métiers techniques. J'ai par exemple beaucoup appris sur le montage, c'est quelque chose d'important et pas seulement pour les images (2). 

  

Parce qu'entre temps dans ces mois qui me furent si difficiles, où j'arrachais chaque jour au néant des ruptures subies et d'une vie métro-boulot-dodo dans laquelle le boulot était plombant, j'étais devenue une Montreuilloise d'adoption, une adhérente des "Amis du Méliès", une fidèle des projections.

  

Il y a eu de grands rires, une salle entière chantant pour Jeanne Moreau, des débats un peu houleux, des questions qui menaient les réalisateurs à avancer plus loin qu'ailleurs, à sortir des rails de l'habituelle promotion, des rencontres qui restent - merci madame A. -, un centenaire dansant, Pierre Étaix, Jacques Tati (pas là mais son esprit). Je ne sais même plus me souvenir de tout. Ce cinéma loin de chez moi était l'un de mes refuges, puis à mesure que je refaisais surface et reprenais ma vie en main, l'un de mes bonheurs.

  


Je dois à l'une des séances en juin 2006 d'avoir découvert une librairie, Folies d'Encre, qui elle aussi a beaucoup compté. J'étais arrivée tôt, une fois pris mon ticket bien avant la séance (3), j'étais montée par l'un ou l'autre des escaliers mécaniques dans l'idée tranquille de me balader dans le quartier. Et puis voilà qu'une librairie annonçait pour quelques jours après une séance musique et lecture autour du "Ravel" d'Echenoz. J'y suis venue et ce lieu-là non plus ne l'ai plus vraiment quitté.

  


Je sais que je dois beaucoup à Stéphane Goudet, Jean-Marie Ozanne et ceux qui travaillent ou ont travaillé avec eux pendant toutes ces années à permettre qu'un cinéma soit un peu plus qu'un endroit où l'on va voir des films et une librairie pas simplement un lieu d'où l'on repart avec des euros en moins et des bouquins en plus.

  


Ce matin je lis sur l'un des principaux réseaux sociaux que Stéphane Goudet ne serait plus le directeur du Méliès, si ce n'est déjà fait. J'ignore les raisons de cette décision. Je sais en revanche que si elle se confirme, je prendrai moins souvent la peine de traverser tout Paris et quelques brins de banlieues pour ne plus écouter ce qu'il a de la passion du cinéma à nous communiquer.

  


(Je ne me fais pas de soucis pour lui : qui saura lui confier de nouvelles responsabilités en sera heureux et ceux qui seront là où il travaillera ; c'est pour nous autres, les spectateurs de par ici que je suis fort marrie et pour ses leçons de cinéma données alors ailleurs auxquelles je n'assisterai pas à moins qu'il ne reste vers Paris) 

 

 

 

(1) Peux-tu encore lire ? me demanda Christian, médecin et ami. J'ai su alors que je m'en sortirai : la réponse passée quelques jours terrifiants était OUI 

(2) dans l'écriture aussi.

(3) Seul défaut du Méliès d'aujourd'hui : les séances exceptionnelles affichent souvent Complet :-)

PS : Je salue au passage la classe (!) des décisionnaires qui profitent et du festival de Cannes et d'un pont qui rend les gens absents pour effectuer leur annonce, un peu comme un mauvais gouvernement profiterait du 15 août pour ce qui peut fâcher.

 

 

[Après la projection, se cacher pour rester - photo personnelle, 14 octobre 2006]