Du nom des marques des sponsors

 

   Notre système économique veut que le sport professionnel (entre bien d'autres choses) soit financé par des marques qui voient là l'opportunité de se faire connaître. Il me semble que je n'y voyais pas d'inconvénient tant qu'il y avait de la logique : un équipementier de sport finançant des équipes de football, un fabricant de cycles une équipe de cyclistes pro. Ou alors une équipe d'une localité par l'industrie ou l'entreprise pour laquelle la ville était réputée. Saint-Étienne (l'ASSE) de la grande époque, c'était Manufrance, deux identités géographiquement associées.  

Et puis à un moment, ça s'est mis à n'avoir plus aucun rapport : une compagnie aérienne d'un lointain pays s'est portée au chevet d'une grande équipe de football en France, des assurances ont payé des cyclistes ou une société de jeux d'argent. Mon cerveau a alors décidé unilatéralement de ne plus établir de connexion entre les sponsors et les sponsorisés et je ne m'en étais même pas rendue compte. 

À l'instar de l'enfant d'une rubrique-à-brac de Gotlib et qui chantait joyeusement Leblésmouti labiscouti en allant à l'école et tombait déçu quand plus tard il comprenait qu'il s'agissait d'une chanson pour rythmer le travail (1), je suivais par exemple le tour de France sans relier en rien les noms d'équipes à des marques. Le nom était le nom de l'équipe et rien d'autre. 

Autant dire que si tout le monde avait été comme moi, les sponsors et autres mécènes n'auraient pas maintenu longtemps leurs investissements.

Et puis est survenu le Tour 1998 qui a viré au roman policier. Et je suis tombée de l'armoire en comprenant que Festina, entre autre était une marque de montres et que Doïchteutélékom était un opérateur de télécommunication en Allemagne, Kofi Dix un organisme de crédit (2) ... 

Je croyais naïvement que depuis ce temps-là je savais faire le lien, même si je m'en foutais complètement. Et cet après-midi en tirant du café à un distributeur, parce que je regardais rêveusement les noms sur la façade de la machine pendant que celle-ci préparait ma boisson, j'ai "découvert" de quoi était le nom de l'une des équipes de cette année. En fait mon absence de faculté de relier le financeur au financé, en bientôt vingt ans ne s'est toujours pas arrangée. 

Ça me fait bien rigoler. 

 

(1) Le blé se mout-y // L'habit se coud-y  

(2) Alors que je connaissais l'existence des sociétés Festina, Deutsche Telekom et Cofidis ...


Beau, il est beau, il est beau mon Navigo

 

    Je reçois, un peu surprise, par la poste en simple courrier un nouveau pass navigo annuel. Il était un peu temps, je l'avoue : équipée dès les premiers temps de leur existence, quand ça représentait une réelle économie (1) je circulais avec une antiquité au plastique un peu cassé et devenu translucide au lieu de transparent, bref, un changement même inattendu est plutôt le bienvenu.

Seulement pour concevoir le nouveau, ils ont repris ma photo d'origine (2). C'est choupinet, j'y ai la bouille d'une tout juste trentenaire, la tignasse noire et un presque sourire (3). Si je ne m'abuse, cette photo qui devait dater de l'année d'avant l'année de l'établissement du premier document doit avoir vingt-trois ans. 

Je sens que je n'en ai pas fini d'argumenter avec des contrôleurs pointilleux pour devoir prouver que je suis bien la fille de la carte, à laquelle désormais ma propre fille ressemble plus que moi.

Ce détail mis à part, il est vrai que le nouveau passe est beau. Circuler dans un des trains Bombardier muni de ce titre de transport me fera une impression de l'an 2000 tel qu'on l'imaginait en 1972. Ça, l'internet, les téléphones personnels, les ordis ... ne manqueront bientôt plus que les voitures volantes à la panoplie.

 

(1) Si je me souviens bien un pass navigo annuel payé par mensualités équivalait sur l'ensemble d'une année à 10,5 mois de carte orange mensuelle à zonage égal.

(2) C'est à se demander s'il n'y aurait pas un message que j'aurais manqué et qui peut-être demandait une version actualisée. Pas exclu.  

(3) En ce temps-là on n'était pas obligés de faire la gueule sur les documents officiels.


Tandis qu'on débat de la "Loi travail" : cher Adrien


Capture d’écran 2016-03-29 à 09.45.12 - Version 2J'ai grossièrement gommé le nom de l'entreprise pour laquelle vous vous présentez sous un prénom humain (1). 

Je ne vous veux en effet pas de mal, vous semblez me vouloir tant de bien. Effectivement, je m'étais inscrite fin janvier sur le site d'offres d'emplois pour lesquels vous annoncez travailler. 
Je ne trouve donc a priori pas illégitime de recevoir des courriers, cherchant un emploi avec énergie, j'étais prête à courir le risque d'être spammée en me disant : Sait-on jamais ? Si par chance une offre sérieuse pouvait se glisser parmi toutes celles que je recevrai.

Jusqu'à présent je n'avais pas à me plaindre de votre site en particulier.

Il se trouve que rien dans mon CV, que j'avais pourtant soigneusement complété, ne me prédispose à devenir agente dans l'immobilier, votre proposition me semble d'un premier abord assez peu adaptée.

Et puis quelque chose me gêne et pas seulement cette fausse familiarité qui vous fait me vouvoyer tout en m'interpelant par mon prénom, il semblerait qu'il s'agisse d'une affiliation plus que d'un emploi, il est fait mention de "Négociateurs indépendants" et d'être entrepreneurs. Pour autant il est préciser qu'il s'agit pour l'entreprise immobilière de "recruter".

J'ai assez parcouru d'annonces chez Pôle Emploi pour avoir compris que de nos jours la pratique est courante : on fait semblant de faire croire aux personnes concernées qu'elles ont trouvé du travail, elles n'ont qu'une porte entrouverte vers quelques ventes à faire, en général en milieu ingrat ou de produits difficiles à placer, et l'entreprise chapeau qui n'est pas un employeur mais présentée comme un partenaire prendra un pourcentage. Aucune garantie de quoi que ce soit. Pour faire chic certaines annonces emploient (cet emploi là ne les engage pas) le mot freelance. Dans la plupart des cas, d'accord peut-être pas tous, il s'agit d'être libres de trimer H24 7/7 pour ne rien toucher ou quelques miettes, à la fin du mois. Pas de congés payés, pas de retraites (déjà qu'à force d'en reculer l'âge elles n'existeront bientôt plus pour grand monde), l'éventualité d'un arrêt maladie je n'ose y songer.

Il n'empêche que de vous j'attendais mieux. Au moins un filtrage d'entre les vraies annonces et les propositions qui ne portent pas sur un contrat de travail. Ce lien de subordination qui s'il est respecté d'un côté comme de l'autre permet de concentrer son énergie sur ce qui est à faire et non sur un combat permanent du salarié pour parvenir à se faire payer et bénéficier d'un temps de récupération physique et mental raisonnable.

Dès lors qu'il ne s'agit pas d'un emploi en bonne et due forme peut-être faudrait-il parler d'affiliation ou d'adhésion. Le terme de recrutement devrait être réservé aux contrats de travail.

Je trouve donc cette prise de contact bien plus décevante que profitable ; mais vous souhaite néanmoins à mon tour une excellente journée.

Gilda 

 

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Juste quand tu te disais


PC291895Juste quand tu te disais il y a quelques jours, ça y est, c'est enfin passé cette mode des pères Noël suspendus, diantre que c'était ridicule et laid, précisément alors que par une fin de décembre qui ressemble à un bon printemps tu as déjà dégagé Noël de tes pensées, vlan, tu t'en prends un en plein voisinage, et un gros.

Moralité : ne jamais crier victoire ou soulagement trop tôt.


Service dégradé à la poste (et sans issue ô Père Ubu)

(essai en Times New Roman 12pt)


Jusqu'à ces derniers mois nous étions sans doute privilégiés dans ce quartier de Clichy : le facteur chargé des paquets nous les livrait vraiment, au besoin en demandant quelque service au voisinage, ça fonctionnait bien.

Depuis novembre (ou peut-être avant mais je ne reçois pas non plus des paquets chaque matin), le service s'est dégradé. 

 

J'ai eu droit au type qui sonne à ma porte et s'apprête à me remettre un colis qui n'était pas pour moi - nous habitons en appartement il y a un interphone - heureusement je jette un coup d'œil au nom sur l'emballage, je dis Je ne crois pas que ça soit pour moi, le gars, presque agressif, - Ben ce n'est pas vous qui m'avez ouvert en bas ? Je réponds que Non (parce que non). 

Heureusement le voisin concerné qui de son côté devait s'étonner d'avoir ouvert sans suite, s'est manifesté et a récupéré son paquet. Le livreur hasardeux n'a pas même présenté d'excuses. Le voisin lui aussi était un brin interloqué.

Puis trois fois en une semaine, j'ai eu droit à la version : On glisse un avis de passage sans prendre la peine de vérifier au préalable que la personne est là. 

Je sais par écho d'amis que c'est devenu fréquent à Paris. Jusqu'à présent nous étions épargnés. Je suppose qu'on demande aux livreurs un rendemment, et qu'ils tentent leur chance de gagner ainsi du temps en espérant que la plupart des gens se contenteront de passer à la poste le lendemain soir chercher leur objet.

Le problème supplémentaire, en plus de celui d'avoir à se déplacer, est que la poste dont je dépends est du même type que celle que Grand Corps Malade évoquait dans Saint-Denis.

Sur les avis de passage de la fournée du jour je vois qu'il est possible de demander une nouvelle livraison à domicile. Je reprends espoir d'éviter d'avoir à me déplacer pour compenser le manque de conscience professionnel de quelqu'un.

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Je tente donc ma chance. Nouveau dysfonctionnement : le mail d'activation de l'espace client pour une adresse @orange.fr se perd quelque part. Je refais une tentative par mon adresse gmail de secours. Qui passe. 

Après avoir rempli un certain nombre de cases tout en espérant que ça ne servira pas à filer mes coordonnées à toutes sortes de spammeurs publicitaires, j'accède au formulaire qui devrait me permettre de demander une nouvelle présentation des objets retardés. Hélas il faut en zone obligatoire remplir un "numéro d'objet". Lequel sur les avis de passage dont je dispose n'a pas été complété.

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Je vois qu'on peut éventuellement obtenir de l'assistance en appelant au 3631. Je tente à nouveau ma chance. Mais tombe sur quelqu'un qui visiblement déroule de façon mécanique un questionnaire pré-établi. Et avec mes numéros manquants je ne tombe pas dans les clous, d'où que mon interlocutrice tente de me renvoyer vers l'internet (1). Quand je lui explique que j'en viens elle me dit alors de rechercher le numéro de colissimo là où j'avais passé commande.

J'ai pris congé avant de m'énerver sur quelqu'un qui n'y était pour rien (2).

Parce que le hic, c'est que si l'un des avis correspond probablement à un livre d'occasion que j'ai commandé auprès d'un vendeur particulier chez Price Minister (d'où que si je dois chercher un numéro de colis il faudra que je le contacte et qu'il soit présent pour me répondre rapidement, ce qui n'est pas gagné), l'autre, j'ignore ce que c'est. Soit un(e) ami(e) qui m'envoi(e) quelque chose en retard d'anniversaire, en avance de fêtes ou juste comme ça, soit une maison d'édition qui m'envoie un SP - même si je suis entre deux jobs, certaines ne m'ont pas (déjà) oubliée -. Bref, je ne vois pas auprès de qui je pourrais quérir l'info sans laquelle apparemment rien ne peut être fait. Bien évidemment l'avis de passage ne mentionne nul part l'identité de l'expéditeur (ce serait trop facile).

Je vais donc demain soir devoir perdre une fois de plus mon temps à la poste locale. J'aimerais bien être défrayée des quarts d'heures perdus en bons pour des frais d'envois (2) ultérieurs. Ça me semblerait assez logique et équitable.

Avec une pensée émue pour les personnes qui se heurtent à la même succession de dysfonctionnements que moi et ont en plus le malheur d'avoir du mal à se déplacer. Ou d'avoir un bébé qu'il faut emmailloter puis installer dans une poussette et tout ce genre de complication. Au moins je peux passer chercher mes paquets sans problème matériel (3). 

Et puis cette tristesse sans doute un peu vieille école mais néanmoins : nous voilà donc dans un monde où il n'est plus envisagé qu'une personne envoie un colis à une autre, pour lui faire une surprise, juste comme ça, pour le bonheur du partage, sans lui avoir au préalable communiqué au moins un code sur 13 caractères. Un monde où l'on présuppose que tout paquet qu'un individu reçoit chez lui correspond à une commande. Et même si personnellement en pratique ça ne me dérange pas, mais je pense aux plus âgés et aux moins équipés, un monde où sans accès à l'internet tu ne pourras bientôt plus recevoir ton courrier.

 

(1) En plus que c'est moi qui lui apprend que sur les nouveaux (?) avis de passage la mention est faite d'une possiblité de nouvelle présentation de l'objet le lendemain. Visiblement la formation des télé-opérateurs n'est pas tout à fait à jour.

(2) Quoique peu habile ou mal guidée : question posée (sans doute parce que c'était dans sa grille mais les opérateurs sont-ils obligés de la suivre de façon extra-mécanique ?) "Est-ce qu'il y a les noms sur l'interphone ?".

(2) Il m'arrive aussi d'être expéditrice.

(3) En espérant que celui des deux envois dont j'ignore la teneur n'est ni très lourd ni volumineux. 

PS : Du coup si l'un d'entre vous m'a envoyé quelque chose et s'étonne que je ne l'aie pas encore remercié, qu'il ou elle n'hésite pas à me contacter. C'est peut-être son paquet qui est en souffrance (et un numéro de suivi colissimo aiderait).

PS' : Le type de dysfonctionnement dont pour sortir il faudrait être à même de fournir une information qui nous est inconnue précisément par suite que ça dysfonctionne n'est pas sans me rappeler une mésaventure téléphonique et de connexion subie presque huit ans plus tôt. Pour avoir l'info cruciale qui débloquerait sa situation, l'usager se retrouve sommé de s'adresser à quelqu'un ou quelque société dont il ignore l'identité du fait même du problème qui l'amène (et sans pouvoir non plus obtenir celle-ci à moins de disposer d'une boule de crystal ultra-performante).

PS" : Par le passé j'ai eu droit deux fois à des objets retournés à l'envoyeur parce que non réclamés, et pour cause : j'ignorais qu'ils m'avaient été proposés, pas de sonnerie du livreur, et pas même d'avis. Je peux donc probablement m'estimer chanceuse pour cette fois, puisqu'il me reste une probabilité non nulle de récupérer mes courriers demain en fin de journée.


L'art du politiquement incorrect (ou comment j'ai touché ponctuellement un tarif horaire intéressant)

 

En période de vaches maigres, les réunions de consommateurs peuvent être des sources d'un peu d'épinards dans l'assiette. C'est très aléatoire - il faut correspondre au coup par coup à des critères précis -, limité - sinon ceux qui les organisent ont des ennuis et potentiellement on en aurait aussi, il faudrait que ça soit déclaré comme travail - et pour les femmes souvent remarquablement inintéressant dans les sujets de sélection : la bouffe, le ménage, les enfants. 

Une fois au siècle dernier, le sujet de la réunion fut le whisky (youpi !) mais ils ne voulaient que des hommes : j'avais donc soufflé les réponses de sélection au téléphone à mon mari.

Cela dit elles m'ont sauvées plus d'une fin de mois lorsque les enfants étaient petits - beaucoup de réunions sont organisées au sujet des produits les concernant - et quelques-unes avaient été l'occasion de bien manger, de découvrir de vraies choses utiles et de faire quelques rencontres amicales. Certaines furent ludiques et drôles. 

Depuis un moment je me suis donc mise à nouveau sur les rangs pour d'éventuelles sélections. Mais la vie de peu de dépenses que j'ai choisie en quittant le monde de l'entreprise a fait de moi une piètre consommatrice (déjà que). De plus en plus souvent je ne connais même pas les produits dont l'usage habituel sert d'objet à la sélection. En plus d'être devenue inéligible à l'amour, je le suis en consommation. Sans réels regrets pour ce dernier point, en fait.

Par ailleurs, les lieux des réunions tendent à s'éloigner de Paris intra-muros sans que soit pris en compte un dédommagement pour le déplacement de qui en vient. Une réunion compensée par 30 € si 11,20 € passent dans l'aller retour en zone 5, ça paie tout juste son coup.

Sur celle d'aujourd'hui coup de chance : j'avais le bon âge et les bons enfants, il fallait pouvoir faire la réunion en anglais posséder un smartphone et pratiquer les réseaux sociaux ; les horaires et le lieu proposés étaient compatibles avec mon emploi du temps, je pouvais participer. Il était fait mention d'un blog ultérieur éventuel. J'ai eu la naïveté de me dire Chic alors, il va être question d'un peu de l'internet et je vais gagner de quoi rembourser quelques coups à boire aux amis que j'y ai (1).

Quelque chose était louche : les organisateurs étaient sur notre présence vraiment très insistants. Deux relances pour la confirmer dont une 10 minutes avant. 

La salle était munie d'une glace sans tain comme pour les identifications des Usual Suspects et de usual cameras mais nous n'avons pas eu droit à la courtoisie de l'avertissement quant au fait d'être filmées. Nous n'étions que des femmes, c'était mauvais signe - en plus que sans espoir de rencontre romantique -. Il a été dit rapidement qu'il s'agissait en fait d'une pré-sélection en vue de constituer une communauté de consommatrices sur l'internet, le but de la manip étant qu'on teste des produits ou du moins qu'on en parle genre comme entre amies mais sauf qu'en étant "récompensées" (2) par les marques concernées.  

C'était deux fois une embrouille : rien de tel n'avait été évoqué lors de la sélection pour la réunion, or ce n'est pas la même chose de venir s'entretenir d'un sujet que d'être embarquée dans un recrutement et quand bien même je leur plairais il était hors de question sauf à crever de faim que je participe à ce genre de sournoiseries. 

J'ai failli dire que Désolée, je n'avais pas compris ça, que ça ne m'intéressait pas, au revoir ; me lever, m'en aller.

Puis j'ai pensé que si je faisais ça mon dérangement ne serait pas même dédommagé. J'étais aussi  curieuse de voir un peu ce que ça pourrait donner. Mais pas trop longtemps. Je me suis dit qu'il devait être assez facile vu comme ils insistaient sur le mother way of life, de ne pas leur convenir, qu'en étant moi-même à fond ça le ferait : ils souhaitaient visiblement des femmes formatées et je n'en suis pas. 

Sur quatorze nous n'étions que deux ou trois à avoir nos vrais cheveux. Toutes les autres étaient teintes.

Il a fallu s'aligner par ordre de notation que l'on avait donné de 1 à 10 pour exprimer notre bien-être, comment on se sentait. Pour le coup c'était vraiment Round Up the Usual Suspects. J'ai été déçue : j'étais la seule apparemment à retenir un fou-rire. Pourtant il y avait parmi nous une réalisatrice.

Il fallait dire notre marque préférée et celle qu'on détestait. Déjà ça ne m'avait pas effleuré qu'on puisse dans l'absolu avoir une marque préférée : un produit précis dans un domaine défini oui (3). Mais je tenais du coup le bon moyen de ne pas m'attarder.

Sur quatorze, trois ont cité Apple et je crois qu'elles étaient sincères : c'est effectivement une marque qui a une identité en tant que telle et ses afficionados ou - nadas ont un vrai truc d'identification. Je n'aurais cependant pas pensé dans cette proportion-là. Je suppose que comme la sélection c'était faite sur téléphones et utilisation des réseaux sociaux, elles pensaient que c'était bien adapté de parler des outils d'accès, des téléphones les plus utilisés.

J'ai parlé d'une marque de whiskies (4). Pas très bien, j'étais fatiguée and my english was getting rusty. 

Les autres, toutes les autres, se répartissaient entre cosmétiques, fringues et petits délires gourmands (chocolats trucs ou machins, trop addictifs, trop bons). Une des participantes a même évoqué une chaîne de supermarchés (?!) (5). Pour certaines j'ignorais jusqu'aux noms des enseignes ou produits dont elles parlaient.

Concernant la marque détestée j'ai dit en ce moment Barilla et expliqué pourquoi. Ce qui a stupéfié plusieurs femmes : elles n'avaient pas eu écho des déclarations de ce cher Guido.

Première pause et ça n'a pas traîné : les trois férues d'outils informatiques et moi avons été appelées. Nos choix pas girly comme il fallait - même si ça n'a pas été dit, un tirage au sort (6) a été évoqué -.

J'avais pu répondre au sujet de Barilla, pendant le début de pause. Ce qui fait qu'en plus je n'avais pas perdu mon temps. J'ai trouvé cependant cavalier que nous n'ayions pas non plus été prévenues qu'il s'agissait d'une sélection directe par élimination (même si personnellement je m'en étais doutée).

Je pensais en revanche qu'on aurait encore un petit boulot à faire avant de partir et j'ai failli laisser mes affaires dans la salle pour les récupérer après. Même pas : direct dehors, avec quelques mots d'explication pour l'une des quatre qui semblait éberluée, alors que je retenais mon hilarité. 30 € pour 35 minutes de présence. Je crois que ça faisait longtemps que je n'avais pas été si bien rémunérée en tarif horaire et pour quoi que ce fût.

J'espère simplement que les femmes qui ont répondu par les nunucheries attendues des produits exprimant avec grâce leur féminité l'ont fait exprès.

 

(1) J'en ai un peu assez de vivre au crochet de mes amis. Quand on traverse une mauvaise passe, c'est d'un réconfort formidable de pouvoir compter sur eux. Quand elle se prolonge, ça devient gênant.

(2) "rewards" was the word.

(3) Par exemple parmi les cosmétique telle crème hydratante qui empêche la peau de vous tirer.

(4) Après avoir hésité avec une marque de serviettes périodiques ou de tampons hygiéniques, mais j'ai eu pitié de celles qui étaient peut-être dans leurs mauvais jours et que ça aurait pu rappeler douloureusement à leur intimité. Mon mauvais esprit serait redoutable s'il n'était pas si souvent par mon bon cœur limité.

(5) Elle a quand même réussi à dire avec le plus grand sérieux l'équivalent réactualisé de Ma marque préférée c'est Prisunic. Et l'animatrice d'en prendre note avec non moins de plus grand sérieux.

(6) Le sort était contraire à qui avait prononcé "Apple", il faut croire.

 


Monsieur le maire ne veut pas qu'on sorte

 

J'ignore si quelqu'un de la maison a eu l'idée saugrenue de répondre favorablement à une éventuelle demande de la mairie afin que l'on soit sur une liste de veille quelconque. Personnellement je n'ai rien demandé ni non plus le père de mes enfants que l'appel a autant que moi surpris.

Je suis rentrée trop tard pour poser la question à mes enfants. On peut imaginer que recevant un appel mécanique importun l'un ou l'autre aient pu fournir une réponse qui ressemblait à un oui. Ou qu'un stagiaire zélé ait compté comme réponse positive (oui nous voulons être sur votre liste de veille) toutes les absences de réponses - au téléphone fixe nous répondons rarement, pollué qu'il est d'appels commerciaux ; ceux que nous aimons nous appellent aux numéros personnels -. 

Bref, le mystère de notre inscription demeure. 

Mais le résultat est là : alors que j'étais à mon travail j'ai reçu un message m'avertissant que ma messagerie vocale du poste fixe de mon domicile venait d'en intercepter un.

Inquiète sur la période pour la santé de ma mère, je me suis empressée de le consulter, craignant un appel d'hôpital, de médecin, de voisins. 

Que nenni : c'était une voix de synthèse téléguidée par la mairie de notre domicile familial qui se mêlait de nous ordonner de reporter nos déplacements et de ne pas mettre nos radiateurs en surchauffe.

 

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J'ai cru à une blague téléphonique. Un tour sur le site de la ville m'a fait comprendre que j'ai simplement eu le privilège d'être prise en charge par un ultra-prévenant "Automate d'alerte".

Si quelqu'un sait comment l'envoyer au diable ou même plus loin encore, je suis preneuse. Je déteste en effet avoir la sensation de jouer un rôle dans la série Le prisonnier.

Et en attendant dites de ma part à Big Brother que je suis sortie quand même, au théâtre (1), voire une pièce drôle et fort bien interprétée, scénographiée (ah les pousseurs de décors aux silhouettes élégantes, je sais que j'en rêverai) et chorégraphiée : "Théâtre sans animaux" (de Jean-Michel Ribes en son Rond-Point) ; que nous avons bien ri ; que la ligne 13 après des ratés dans la matinée fonctionnait ni pire ni mieux qu'à son ordinaire ; que les trottoirs étaient effectivement glissants mais qu'on a aussi le droit d'y marcher prudemment.

Et que le chauffage dans de nombreuses parties de la commune est fourni par le chauffage urbain donc sauf à décider de l'éteindre nous ne maîtrisons pas tellement le degré de chauffe. Et quel étrange conseil de dire à ceux qui peut-être ont très froid, ne chauffez pas trop.

Comme disait jadis sur une radio nationale un chroniqueur du matin "Nous vivons une époque moderne". Je crois que je n'aime pas trop la modernité quand elle se mêle de prétendre savoir mieux que moi ce que j'ai à faire. Tout ça pour qu'en cas d'accidents des responsabilités locales ne soient pas recherchées en lieu et place de celles d'adultes, cityoens à part entières et tout à fait capable de prendre en compte leurs risques sans se faire infantiliser.


(1) Et que de toutes façons il nous fallait sortir pour aller au travail. J'imagine la réaction d'un employeur à qui un salarié déclarerait : Je ne suis pas venu travailler aujourd'hui mon maire, ou la SNCF me l'a déconseillé.


Bonus track peut-être périssable : l'épisode 1 de la série

(attention : on n'est plus aussi manipulables après l'avoir suivie qu'avant) 

C'est à 9'12" qu'on comprend pourquoi cet appel de la mairie m'y a fait particulièrement penser.

 

 


Dans la compagnie raffinée de Sandrine Grenadier

Les spams s'organisent. Ce matin dans un notable mouvement de coordination, je reçois ce qui suit : 

Capture d’écran 2012-09-25 à 09.06.57

Escorté, douze minutes plus tard par un 

 

Capture d’écran 2012-09-25 à 09.11.18

Et les envoyeurs ne sont, du moins en apparence, pas les mêmes.

 

Mais bon, voilà, j'habite tout contre Paris, j'ai égaré mon permis quelque part dans l'appartement car l'homme de la maison avait jugé bon de l'ôter du portefeuille où l'on range les papiers de la voiture, je n'ai plus vraiment l'usage d'un véhicule personnel fors peut-être un vélo, je ne suis donc en rien bonne cliente pour ces spams.

Belle tentative, mais c'est raté !

J'attends néanmoins de pied ferme le spam de l'assureur - sinon je serais déçue -.


PS : Philippe Dupont a tout du patronyme générique. En revanche Sandrine Grenadier correspond peut-être à quelqu'un. Je me demande, amusée, si elle a reçu le même message avec mon nom à côté du sien.

Je me demande aussi quel achat a diable pu bien me faire enregistrer sous le doux identifiant de "client 24682".

 


Je ne veux pas d'autre(s) vie(s)

Un soir, lien qu'on m'a, ainsi qu'à d'autres, par touite retransmis

 

On pouvait considérer qu'en gros nous avions deux parts importantes dans nos vies, la vie professionnelle (ou son prélude estudiantin) et la vie affective et qu'il était préférable, voire sage, qu'elles reste assez disjointes, sauf exceptions formidables .

Étant de pas tout à fait éclatante santé, il m'est apparu dès mes plus jeunes années qu'une part non négligeable de l'existence était constituée de la vie physique, ses réussites (acquérir à force de sport une condition physique décente et un corps acceptable), ses aléas (les maladies) et plus tard que la vie sexuelle était la jolie intersection entre celle-ci et la vie affective. J'ignorais alors que cette intersection était soumise pour certaines femmes à précoce disparition.

Quand on a de la chance, on peut avoir une vie familiale sous-ensemble harmonieux de la vie affective et si possible pas trop écrasé par la bulle envahissante de la vie professionnelle (1).

Bien sûr il y a tout le reste, les intendances et les corvées, les contingences matérielles, administratives, des assurances et des contrats, mais je les ai toujours considérées comme des murs ou des pavés, bref des trucs qu'il fallait faire avec, mais qui n'étaient pas partie intégrante de la vie, la vraie. Moins on y perd de temps, mieux c'est.

Voilà que des banques zélées et soumises après avoir trop longtemps abusé du monde à quelques ennuis financiers, ont décidé afin d'élargir leur marché, de s'attaquer aux enfants, non pas aux ados qui ont leur argent de poche et des démangeaisons consommatoires, non, directement aux enfants petits, ceux qui a priori devraient avoir en poche au plus de quoi acheter le pain familial sur le chemin de retour d'école voire leur goûter, quelques bonbons, ce genre de choses.

Quel scandale cette inconscience, il convient qu'ils apprennent et plus vite que ça, et probablement qu'ils spéculent en bourse dès que ça pourra. 

L'article entier du Figaro est par là , et j'ai beau savoir que nous n'avons pas les mêmes valeurs, rarement les qualités mises en avant pour vanter un produit ne me seront apparues comme autant d'éléments effarants qui devraient précisément faire que ça n'existe pas.

En particulier cet argument : "Réussir plus tard dans sa vie financière".

Placer les sous sur le même plan que les grands compartiments de l'existence me laisse glacée d'effroi. Le fric est une contingence, certes forte et très difficilement contournable, mais pas une fin en soi. En tout cas ne devrait pas.

(- Salut Gaston, ça va ? Et le boulot ? Et la santé alors ? Tes amours, toujours heureux ? Et tes finances ?)

Je ne veux pas d'autres vies que celles que j'aie déjà. Chers banksters, désolée, débrouillez-vous sans moi.

 

(1) Celle-ci pouvant inclure le chômage, difficile de nos jours de n'en pas tôt ou tard passer par là. 

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