Un retour qui ne l'était pas moins (étrange)


    Je suis parvenue à trouver un Vélib pour mon retour à la 2ème station ce qui est plutôt pas mal. 
Fatiguée, j'ai roulé prudemment, laissant passer le monde entier, ne saisissant aucune légitime priorité, passant en super piéton les carrefours compliqués. 

L'ambiance était étrange, j'ai croisé une spectaculaire manif de motards sur les Champs Élysées alors que venant du tunnel qui remonte des quais je tentais de traverser pour rejoindre la piste cyclable sens Concorde vers Arc de Triomphe. Ils remontaient dans le même sens et ça vrombissait. Certains se sont même octroyé des accélérations de malades. Vrombir pour exister ?

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En remontant vers Levallois, j'ai croisé des groupes fluides et mouvants de jeunes fins et de noir vêtus. Ça rappelait un peu les jours d'émeutes, à ceci près qu'ils ne faisaient rien de répréhensible au moment où je les croisais. Ils ne dégageaient pas de violence. Ils se parlaient puis se déplaçaient. 
Quelque chose dans leur attitude portait une certaine gravité. Rien à voir avec d'éventuelles festivités d'Halloween, dont certains de mes jeunes collègues s'étaient au bureau fait les champions.

C'était fluctuant.
Qu'est-ce que ça signifiait ?

Il y avait aussi des véhicules de pompiers (un) et police (plusieurs) qui passaient, certains toutes sirènes hurlantes, d'autres plus discrets. 
Non loin de So Ouest, une sortie de parking était surveillée.

Une fois rentrée chez moi j'ai pu comprendre que cette agitation avait peut-être un lien avec la présence d'un ministre dans la ville avec une réunion au centre culturel israélite ou avec l'arrestation du principal auteur de menaces envers le rabin

C'était une journée où l'on sentait de près que la paix même à Paris commençait à montrer quelques signes de fragilité.

Paradoxalement ce fut un trajet à automobilistes respectueux. Comme s'il convenait de redoubler de prudence dans ce monde incertain.


C'est la fin officielle pour celle-ci

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Le Monde titrait ce week-end "Covid-19 ; la fin de l'état d'urgence mondial".
La pandémie sévit toujours mais la voilà désormais considérée comme endémique au même titre que la grippe (en plus dangereux, disons). 

En attendant la prochaine pandémie, car au vu de l'état général de la planète et sa surpopulation humaine, nulle doute qu'on n'est qu'au début d'une série. 

Et sur fond de guerres entre les grandes puissances (ce qui n'était pas ouvertement le cas en 2020), ça sera encore pire.

Pour l'instant, respirons.

Et gaussons-nous, tant que c'est encore possible, d'un chef d'État qui fait évacuer les Champs Élysées pour pouvoir commémorer le 8 mai sans se faire casseroler. L'étape suivante pourrait être pire. Elle aussi.


Ce pays que nous avons tant aimé

 

    À la fin des années 80, pour cause de VSNE du Joueur de Pétanque (1), nous avons bien connu le Burkina Faso. Il y vivait et j'y allais aux moindres de mes congés.

Il y eu un coup d'État lequel me fit très peur (j'étais en France, lui sur place et les communications, qui n'étaient pas celles de maintenant, coupées). 

Nous y avions des amis (2).
C'était un pays où régnait encore malnutrition et pauvreté mais à part dans les hautes sphères dirigeantes qui semblait en paix. Il y avait un festival international de cinéma, peu de corruption, un grand sens de l'accueil. Et, du moins en apparence (de notre point de vue d'extérieurs ?) pas de tensions inter-ethniques.

Nous y avons un peu voyagé. Et en avons rapporté des souvenirs et quelques photos discrètes (3).
Des souvenirs de slogans aussi. 

"Les uns mangent, les autres regardent, ainsi naissent les révolutions".

Voilà que depuis plusieurs années le pays sombre dans le chaos, le djihadisme y faisant des ravages - j'ai le souvenir d'un pays d'une grande tolérance religieuse, et d'y avoir vu une cérémonie d'obsèques traditionnelle qui ne relevait ni du christianisme ni de l'islam -. 

Récemment des étapes vers le pire semblent avoir été franchies et il n'y a plus de presse internationale sur place pour pouvoir témoigner, les journalistes étranger se font expulser et traiter d'espions.

Ce soir une lettre ouverte de Sophie Douce (4) à un ami burkinabé m'a serré le cœur.

Par manque de temps et de moyens financiers nous n'étions jamais retourné au Burkina Faso. À notre grand regret. À présent il est trop tard. Et ce pays témoigne d'à quel point une régression vers la violence et le chaos est toujours possible. Et peut prendre moins de temps qu'une vie. Nous avions connu un pays plein d'espoirs. On dirait qu'il n'existe déjà plus.

 

(1) Ce qui remplaçait le service national obligatoire pour les hommes qui ne voulaient pas être troufion ni manier des armes.
(2) Perdus de vue depuis. Et sans doute âgés à présent.
(3) Photographier dans la rue à un moment était interdit.
(4) Envoyée spéciale du Monde, et qui vient d'être expulsée.


À côté et concernée

 

    Étrange journée où plus encore que lors d'autres je me sens à la fois concernée par les événements (plus jeune, plus disponible je serais allée manifester) et totalement en dehors, puisque clouée devant un ordinateur, à travailler.

Plus encore que d'autres jours, et comme j'étais en télétravail, je ne suis pas sortie de la journée, coupée de la ville et de ce qui s'y déroulait. Pas de temps morts ou très peu (organiser avec ma fille le fait qu'elle passe chez l'opticien pour moi en même temps que pour elle, afin que je n'aie pas à filer dès après la fin de mon temps travailler dans l'espoir d'arriver avant qu'ils ne ferment). La journée était particulière avec des dysfonctionnements généraux, lesquels n'étaient pas de notre fait (interruptions dans certaines connexions ? problèmes chez les hébergeurs ? ...). Beaucoup d'appels et d'interventions repoussées, puisque le problème général gênait pour traiter les problèmes particuliers.

Le pays semblait somme toute dans le même état, puisque les mouvements de grèves et manifestations faisaient passer le reste au second plan. Ce n'est que vers la pause déjeuner que j'ai pu brièvement m'informer, avant de m'accorder une sieste, qui est le grand avantage du télétravail (grignoter un truc vite fait puis dormir). Et puis au soir, une fois la connexion professionnelle raccrochée.

Les violences avaient été nombreuses, particulièrement de la part des forces de l'ordre que l'on voyait, sur des vidéos qui souvent se recoupaient, s'en prendre à des portions de cortèges calmes. Quant aux manifestants violents, il semblaient plutôt être laissés à leurs actions, souvent incendiaires en cette période où les déchets ne sont plus régulièrement ramassés. 

C'était un jour humide. Lorsque je suis sortie chercher à la piste ma trifonction nouvelle, il pleuvinait.
Les camarades effectuaient leurs exercices de PPG sur les marches, que je n'aurais pas su faire (je n'ai pas d'impulsions des pieds, ne peux que très peu sauter). 

Une mosquée étant sise dans l'étage supérieure du gymnase, des hommes sortaient munis de sacs plastiques blancs contenant quelques victuailles, car c'était le début du ramadan. Une mendiante qui s'était installée devant les grilles du stade se faisait déplacer par l'un d'eux, Ne restez pas là vous allez nous faire avoir des ennuis avec la mosquée. Elle a obtempéré.

J'étais trop triste et trop fatiguée du travail (et des nuits courtes, difficiles de se contenter de travailler puis rentrer dormir alors que la période est mouvementée) n'ai pas eu la force de pratiquer ne serait-ce qu'un brin de course à pied. J'ai fait une boucle par les maréchaux, zone aujourd'hui calme, et le parvis du tribunal de Paris, calme aussi.

Les nouvelles internationales (sujet à la une des actualités du jour chez Hugo décrypte) n'étaient guère plus rassurantes que nos violences issue de la politique méprisante et anti-démocratique menée. Je songeais aux façons de faire de Margaret Thatcher, que nous retrouvons en France aujourd'hui.

Pour me détendre, j'ai poursuivi ma quête d'un marathon où m'inscrire à l'automne. Bruges tient la corde. L'un des critères est : ce marathon laisse-t-il terminer les très lents ? Mon temps estimé en cas de succès pourrait être logiquement entre 5h16 et 5h37.

Je songeais depuis des heures à l'amie Jeannine que nous allons enterrer demain. Et mon cœur se serrait. Le joueur de pétanque l'avait croisée lors d'une assemblée associative récente et elle lui avait donné l'impression d'aller mieux. Il me l'avait dit, et j'y avais cru.

J'ai téléphoné à un moment donné à une vieille amie qui me manque, et perd le fil de nos conversations. Je ne souhaite pas perdre celui de notre amitié.

Peu avant minuit il s'est mis à vraiment pleuvoir. 


Destructions


    Reprenant au retour d'une chouette soirée et à la fin d'une brève semaine de boulot (j'avais deux jours de récup post compétition à son début), le fil des fils d'infos, je vois défiler des images de destructions. J'avais suivi l'actualité écrite (1), ou dite, mais peu vu d'images.
Il est saisissant de voir à quel point se ressemblent d'un pays à l'autre celles dues à la guerre et celles dues au tremblement de terre. 
Au moins dans le second cas les victimes peuvent-elles penser à une fatalité, quand dans l'autres des êtres humains ont conçu, utilisé, ciblé, ce qui a causé la destruction.

Le billet de Carl Vanwelde, Panta Rei, rejoint mes pensées. 
Le sentiment d'impuissance est immense. Bien sûr je peux faire un don pour les secours. Mais après ?
 

 

 

(1) Merci HugoDécrypte 


Deux disparitions


    Triste week-end bien qu'on l'ait rempli de belles activités (sportives, principalement) : j'apprends par un courrier retourné par la poste qu'une amie n'habite plus à l'adresse indiquée - et par ailleurs qu'elle publie en e-book exclusif en autoédition, un ouvrage en collaboration -. Comme je ne suis plus libraire, me voilà sans recours pour en apprendre davantage. 
Sans compter que n'avoir été informée ni de la publication ni du déménagement, est signe qu'elle ne tenait pas tant que ça à notre correspondance partagée. La pandémie aura été rude quant aux amitiés.

J'apprends le dimanche le décès de Miss Tic que Le Monde confirme. Comme dans le cas de F., j'ignorais la maladie à l'œuvre. Nous ne nous connaissions pas personnellement, n'avions fait que nous croiser en diverses occasions de librairie, mais je suivais son travail, qui tant de fois m'avait arraché un sourire dans des moments difficiles alors que je passais dans une rue qui l'abritait. Je me sens d'une certaine façon orpheline.

Demain, il faudra travailler comme si de rien n'était.


Un petit presque rien

(martedi)

    Bah je n'ai rien à dire, je n'ai fait que bosser, bosser, bosser et un petit tour au soir déjà tard, de course à pied.
Aux USA, le droit à l'avortement est menacé (1).

Il se dit que Poutine consentira peut-être à s'assoir à une table de négociations si ses troupes captent les ruines de Mariupol. Sinon il n'aurait rien à mettre dans la balance.
Président Macron et lui se causent au téléphone, longuement.
Je suppose, peut-être à tort, que ce dialogue ne mène nulle part mais c'est son existence même, le fait que le lien ne soit pas totalement rompu qui est porteur d'un vague espoir.

(1) Une majorité des juges de la cour suprême actuelle sont des nommés par Trump, et c'est cette instance qui à l'heure actuelle semble avoir le pouvoir d'en décider (car il n'y aurait pas eu de vraies lois qui autorisaient mais des jurisprudences (qqch comme ça))

PS : J'ai reçu un "livre des mots extraordinaires" mais je ne sais pas si c'est quelqu'un qui me l'a offert ou moi qui l'aurais commandé en mode une souscription d'il y a longtemps.


Le travail de Florence Aubenas

 

    Alors que je suis en train de préparer ma transmission aux enfants, car la soixantaine approche et que j'aimerais achever mon tour de piste en cette petite planète en étant rassurée sur leur sort (1), je constate que s'il y a une chose et une seule pour laquelle je suis fière de mon passage - à part différentes réalisations à titre personnelle, réussir à passer outre différents petits handicaps que j'avais, ne pas contribuer à la mocheté du monde, ne pas nuire à autrui (ou le moins possible, car on ne sait pas tout) - c'est d'avoir participé en 2005 corps et âme au comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun.

Depuis, j'ai admiré et savouré son travail, en étant si heureuse qu'elle puisse le poursuivre comme elle le fait. Infini respect.

Aujourd'hui je suis un podcast du journal Le Soir où elle est interviewée entre deux déplacements en Ukraine, et quelques articles (2). À lire ses propos, le moral remonte.

"Trump, Bolsonaro, la montée du Front national ont été de grandes surprises. Très clairement, on a des angles morts effrayants ! Il y a des choses qui nous sont invisibles. Il faut aller chercher, aller écouter. Parfois on a du mal à trouver notre place, à aller chercher où se nichent les frayeurs, les colères, les doutes."

Merci à Carl Vanwelde d'avoir par ce billet attiré mon attention sur leur publication.


(1) Autant que faire ce peut car le contexte pandémie + guerre + dérèglement climatique n'est pas bougrement porteur d'espérances.
(2) Pardon s'ils sont réservés aux abonné·e·s. 


Ça bosse, what else ?

(mercoledi)

 

Ce sont des jours de travail, peu à en dire. De tension entre projets familiaux qui nécessitent de se remobiliser sur de l'administratif le soir en rentrant, courriels, documents, estimations, discussions au lieu de pouvoir nous détendre. De tension de par la marche sombre du monde : même si les contaminations Covid_19 semblent se ralentir en France enfin, il y a la guerre, ses atrocités et son risque permanent de dégénérer et puis les élections, que l'expérience américaines nous fait savoir risquées ; ne serait-ce que si bien des gens prêts à voter Macron à contre-coeur voyant des sondages favorables et faussement rassurants, renoncent à se déplacer se forcer. De tension parce que mon emploi est de ceux qui le nécessite - nous répondons en permanence à des personnes rencontrant des difficultés, constatant des dysfonctionnements -, nous sommes sur le qui-vive. De tension pour la dégradation climatique déjà enclenchée et que ceux qui détiennent le pouvoir font vaguement semblant de prendre en compte, sans souhaiter rien changer à un système absurde de surproduction surendettement surconsommation dans lequel ils tirent à titre individuel parfaitement leur épingle du jeu.

Pour autant, douceur printanière, et me semble-t-il, beaucoup d'ensoleillement. Presque trop (sécheresse ?).


Un semainier de semaine

(venerdi) 

Par opposition à un semainier tout court et à un semainier ... du week-end ?


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C'était donc une semaine de travail, de travail avant tout. 
J'ai manqué mes entraînements de natation du fait d'être trop fatiguée (et de souffrir de crampes), pu à peine caler une séance de course à pied, et quelques vélotaf dont un avorté (l'inconvénient de m'en remettre aux Vélibs, parfois ils sont absents ou défaillants).
Mais le boulot du boulot et le boulot pour l'administration familiale ont été faits.

Il y a eu une belle soirée du club de lecture dont je fais partie, autour du roman "Les choses que nous avons vues" d'Hanna Bervoets. Un livre qui secoue, servit par une écriture au cordeau (bravo à Noëlle Michel pour sa traduction).

Il aura fait doux et le corps respire. J'ai pu courir en tee-shirt et short.
Il y a trop de circulation.

Je suis devenue admirative du travail de l'envoyé spécial de la Rai, Ilario Piagnarelli. C'est impressionnant comme l'épreuve l'a révélé dans son métier.

Le Pape se ronge les ongles. 
Il y a de quoi. Via crucis 2022.

La guerre a atteint le point bataille navale + envois de missiles en représailles.  
Les images diffusées avec des sortes de disques floutés sont plus perturbantes que si l'on voyait ce qui est (1). 

De Chine et surtout de Shangaï nous parviennent via les réseaux sociaux des images dystopiques (un exemple parmi tant), d'autant plus flippantes que le reste du monde semble avoir décidé que pour le Covid_19 au point où l'on en est - ça reste mortel, oui, mais seulement parfois -, autant laisser faire. Le bon sens voudrait quelque chose d'intermédiaire entre notre mortel laisser-aller et le "tout le monde aux arrêts" quand vaccinés, sauf traitements particuliers, très grand âge ou comorbidités, la plupart des humains ne risque plus la mort. L'Italie semble faire ça, avec des nuances dans les pass requis et les masques obligatoires (FFP ou chirurgicaux simples) selon le type et le lieu d'activité.
 
Week-end prolongé par tant chargé et avec une démarche un peu solennelle au bout, que je ne le perçois pas comme tel. 

Une vidéo de Syblo m'a particulièrement touchée qui met en scène le camarade de club Valentin André du temps où il faisait du triathlon dans le même club que moi. M'amuse que j'ai rencontré l'un et l'autre séparément et qu'ils se soient par la suite retrouvés équipiers.

[photo prise dans mon quartier d'un point de vue facile d'accès, qu'en plus de 31 ans je n'avais, je crois, jamais songé à utiliser ; bon exemple au demeurant de la privatisation croissante de l'espace sinon purement public du moins public consenti : la voie privée de l'ancienne cité ouvrière était accessible aux piétons, qui ne l'est plus (grilles et codes) depuis un paquet d'années. Je prenais plaisir à m'y promener avec eux lorsque mes enfants étaient petits. Les maisonnettes ont elles aussi bien grandi ; celles qui ne sont pas doté d'un étage rajouté sont devenues rares]

 

(1) Pour autant je trouve très bien qu'on ne puisse pas reconnaître les victimes à l'écran. Par respects pour elles et leurs proches.