Ce qu'une absence de nouvelles cache hélas parfois
12 mai 2025
C'est l'un des trucs tristes du fait de vieillir : la disparition des proches, des ami·e·s, des nouvelles qui ne sont plus des Qu'est-ce qu'il (ou elle) devient mais des annonces de disparitions définitives, lesquelles créent des dernières fois qui nous laissent dans une stupéfaction triste.
Par les effets cumulés d'une période aux localisations d'emplois variées, d'une subtilisation de téléphone portable suivie quelques mois plus tard du vol d'un sac contenant et l'ordi et l'agenda et carnet d'adresses papier, de la maladie puis du décès de ma mère, suivis d'une longue période de vider la maison qui fut celle des parents, de la pandémie de Covid 19 suivie pour moi d'une reconversion professionnelle vers un emploi à gros plein temps avec 2h30 quotidiens de déplacement, et à présent d'un effet d'âge qui rend mes soirées trop courtes aux jours et veilles de jours travaillés (1), j'ai perdu de vue grand nombre de proches (famille ou ami·e·s).
Et dans un nombre désolant de cas, les nouvelles qui me parviennent un jour sont des nouvelles de type Tu ne savais pas ? Mais c'est fini depuis x mois pour lui. S'ensuivent quelques mots évoquant un accident, une maladie, ou depuis quelque temps le grand âge (2).
Alors ce billet de Fanny Chiarello sur Silence radieux, un hommage à quelqu'un avec qui elle appréciait travailler et qui ne donnait plus de nouvelles, m'a profondément émue.
"Je me suis souvent demandé, depuis, pourquoi je n’avais plus de tes nouvelles. Avais-tu été accaparé par d’autres projets ? La compositrice en question avait-elle décliné l’invitation ? C’est Amélie qui, ce matin, par hasard, m’a appris la terrible nouvelle de l’accident, qui remonte à juillet dernier. Nous avions échangé plusieurs fois entre temps, mais elle pensait que je savais."
C'est tellement ça, presque à chaque fois.
Je lui suis reconnaissante pour mettre les mots élégamment, sur cette peine particulière.
Et je repense soudain avec gratitude à Carl Vanwelde dont le très réconfortant Entre café et journal, une pensée m'avait permis un jour d'apprendre le décès, pour moi totalement inattendu car je ne le savais pas malade, de quelqu'un qui avait beaucoup compté pour moi. Et de l'apprendre par connaissance commune, plutôt qu'au boulot via une régulière veille médiatique pro.
Les tristes nouvelles font mal quand même. Il est toutefois des circonstances, des lieux et des vecteurs de transmission qui font plus mal que d'autres.
En attendant, en survivant, il faut qu'on avance.
(1) La journée de boulot engloutit toutes mes forces, je parviens à peine à sauver pour partie la pratique sportive, laquelle m'est indispensable pour avoir la condition physique de continuer.
(2) Désormais des ami·e·s "un peu plus âgés" que moi, avec ma façon très relative de percevoir le temps qui passe, et qui peuvent avoir allez, vingt ans de plus, pas grand chose à mes yeux dès lors qu'il s'agit d'amitié, hé bien voilà, ils ou elles sont vraiment âgés et parvenu·e·s à l'étape où une fin de vie peut survenir simplement parce que c'est fini. Les rides je m'en fous, les cheveux blancs, c'est juste normal, la fatigue et le ralentissement, je fais avec, mais ça, je ne m'y fais pas.