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4 billets

Iwak #31 – Repère

 

    J'ai traversé mon enfance et ma jeunesse avec une santé fragile, pas gravement fragile, mais perpétuellement : sans cesse rhumes et angines, parfois de redoutables indigestions (1), et parfois de la fièvre et une fatigue colossale sans trop d'explications. Je pense, mais son diagnostic fut pour moi tardif, que la thalassémie n'y était pas pour rien.
Et puis savoir d'où ça venait n'aurait pas aider à soigner.

Ma génération est de celles qui ont été éduquées à être dures au mal, pour le meilleur comme pour le pire et donc le plus souvent j'allais bosser même en n'allant pas fort ; de toutes façons je ne pouvais pas trop me permettre de m'arrêter, et j'y allais coûte que coûte.
Sauf qu'une ou deux fois ça s'est mal terminé, à presque rien d'être expédiée aux urgences, et du temps où je bossais dans une grande entreprise qui détenait un service médical, au service médical, le temps de tenir suffisamment sur mes jambes pour être rapatriée chez moi en taxi.
Souvent le fait d'avoir ou non de la fièvre est établi comme critère d'être opérationnel·le ou pas. Ce que j'ignorais c'est que ma température usuelle est inférieure à la moyenne : lorsque je vas bien je navigue à 36,2°c. Et que donc un 37,5°c qui n'inquiéterait personne témoigne d'une poussée de fièvre chez moi.

Alors il avait bien fallu que je m'invente un point de repère pour savoir si j'allais bosser ou pas. J'avais fini par en trouver un : 
suis-je encore en état de lire, ou pas ?

Grâce à ce repère je parviens à établir une frontière entre Ça va pas mais secoue-toi ?
et : Attention tu risques de ne pas finir la journée.

Me concernant, c'est donc un repère fiable.

Fun fack : lorsque j'ai eu le Covid, en octobre 2023, la question ne s'est même pas posée. Ce qui ressemblait à un début de rhume la veille en fin de journée, c'était mué dans la nuit en une impossibilité de tenir debout sans me sentir défaillir. J'avais quasiment rampé pour aller jusqu'aux toilettes (pourtant chez nous ça n'est pas grand) et utilisé mes dernières forces pour passer deux appels, le bureau et l'époux (lequel démarrait sa propre journée de taf avant moi) et j'allais si mal qu'il a pris son après-midi ou sa matinée le lendemain, inquiet. Le repère habituel n'avait plus de sens, la question ne se posait pas.
Si vous le pouvez, évitez le Covid.

 

(1) On ne disait pas gastro-entérites à l'époque

Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'
a donné l'impulsion de tenter de suivre.


Iwak #30 – Violon

    Nous nous sommes fait voler beaucoup de choses dans notre vie, j'ai commencé par des trousses au collège (1) et on a eu le splendide épisode du voisin voleur, mais entre temps aussi une voiture (qui fut retrouvée), chacun un téléphone au moins, un appareil photo ... en bons citadins, nous disposons d'une liste longue. 
Mais je vous garantis que le plus douloureux des objets dont on peut se faire délester c'est un instrument de musique en général, et un violon en particulier.
Ce n'est pas un objet inerte, il a une âme et ça n'est pas qu'au sens figuré et pour peu qu'il ne s'agisse pas d'un violon d'usine, on ne retrouvera jamais la même relation, le même toucher, le même son.
Celui que nous nous sommes fait voler était celui de notre fille, dans la chambre de service où alors elle logeait. Rien d'autre n'avait été volé. Seulement le violon.
Il n'était pas d'extrême haut de gamme mais représentait pour nous quand nous l'avions acheté pour elle, un fort investissement. Nous n'avons pas pu en racheter un. Je m'étais promis de le faire quand je toucherai des droits d'auteurs.
Ce qui m'est parfois arrivé, mais dans une échelle de dix fois moins que le prix de l'instrument. L'espoir est ténu.

Longtemps plus tard, nous en étions encore à vérifier lorsqu'un violoniste se produisait dans le métro si ça n'était pas le nôtre.
Et notre cœur se serre encore lorsque nous y repensons. Est-il tombé en de bonnes mains, après sa revente probable ?

Le deuxième vol le plus gênant fut celui du carnet d'adresses dans mon sac d'ordinateur, le vieux carnet d'adresses qui n'avait de valeur que pour moi et dont la perte, jointe au surmenage professionnel permanent (trop fatiguée sur mon temps libre, pas assez disponible) m'a fait perdre de vue tant d'amis. 

Le moins grave fut finalement celui de l'ordi : j'avais une sauvegarde hebdomadaire, et dès le surlendemain, nouvel équipement acheté, modèle équivalent, données transférées, tout y était à peu de choses près.

Mais un violon, un vrai, un déjà un peu vieux à l'époque, ça ne se remplace jamais tout à fait.
Voilà, à cause d'un voleur, à quoi le mot violon me fait désormais songer, quand je devrais avoir des airs émouvants à l'esprit en premier.

 

(1) C'était d'une dégueulasserie sans nom : pendant les cours de sport nous étions obligés de laisser nos cartables sous le préau dans des grilles de stockages métalliques, totalement ouvertes (un peu comme des casiers à bouteilles mais pour des sacs). Forcément des petits malins se débrouillaient pour passer par là pendant que d'autres classes étaient en cours de gym et vidaient les sacs des seules choses éventuellement avec un brin de valeur, qu'ils comportaient en ces temps frugaux : les trousses. Mais on était quand même obligés de les laisser là (non négociable). Et bien sûr c'était du temps où l'enfant qui se faisait voler se faisait en plus engueuler à la maison, car remplacer toute la trousse (2), ça coûtait cher.
(2) Il y avait du petit matériel pédagogique obligatoire donc se faire voler la trousse signifiait refaire tout l'assortiment (les ciseaux, le compas, le criterium etc.)

    

 

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C'est Matoo qui m'
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Iwak #29 – Navigateur

    Comme j'écris ce billet au soir d'une semaine de boulot de dingue (1), et malgré la proximité du départ de la course en voiliers, que je croyais s'appeler Le Vent des Globes avant de voir un jour le nom dans un journal écrit, Navigateur me fait penser à ce qui nous sert pour nous balader sur les internets. 

Je me souviens des tout premiers, qui nous semblaient merveilleux - Français, nous débarquions du Minitel, Ingénieure, je déboulais des messageries élémentaires des lieux de travails un > -- et l'on se causait. Toutes instructions de recherche tapées en lignes de commandes.
Les revoir à présent et combien ils étaient en fait rudimentaires, nous ferait sourire.

Je me souviens de Netscape et d'Internet Explorer et que je dois d'être une des early utilisatrices de Chrome à François Bon, lequel avait souligné le côté logique de son organisation.
J'avais essayé et à l'époque il disposait effectivement d'une longueur d'avance sur les autres. 

Par plus tard qu'aujourd'hui, j'ai encore expliqué à une utilisatrice la différence entre navigateur et moteur de recherches et mesuré combien il reste difficile pour la plupart des gens de se repérer parmi les possibilités infinies que nos outils numériques nous offrent ; et je ne parle même pas de l'avènement des IA.

Un de mes amis s'est fait cyber-harceler car il a osé dans un entretien-canular dire "Mon éditeur est une IA" et filer la métaphore avec la complicité du copain qui l'interviewait.
Une foule de gens, pieux défenseurs de La Littérature, sont venus en commentaires lui sonner les cloches.
Ils ne disposaient pas du second degré.
Et puis il se trouve que ledit éditeur, bien connu dans le milieu [littéraire, pas mafieux], ne l'est visiblement pas encore, ou pas assez, pour le grand public. Ce qui fait que pendant que celles et ceux qui connaissaient le lascar, allègrement se bidonnaient en l'imaginant IA, bien des gens ont cru, non pas à une plaisanterie potache, mais bien au destin du monde, qui commençant par les livres, était en train de basculer. Ils ont flippé et laissé libre court à leur agressivité de personnes se percevant menacées.

Il est devenu difficile de nos jours sur l'internet, de savoir sans heurter les écueils, naviguer. 
C'était bien plus léger quand nous étions (relativement) pionniers.

 

(1) Petite fourmi industrieuse que je suis, j'ai encore travaillé plus d'un soir tard sans contrepartie, pour tenter d'écluser les retards (dus à la charge de travail) et prendre quelques congés sans laisser des scories trop brûlantes à mes collègues.

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Une phrase de 119 ans


    Il y a longtemps, lors des obsèques au Père Lachaise d'un de mes vieux professeur, quelqu'un avait lu un passage d'un texte formidable, repris en plus court et plus récemment par un amie de ma vieille amie Claude, morte en ce printemps, et je voulais tenter de la retrouver, alors j'achète un vieux livre où il se pourrait qu'elle figure.

Comme je l'avais en main en attendant le passage au vert d'un feu piéton, je l'ouvre et lis la première phrase qui me tombe sous les yeux.

 

Péguy

Le triomphe des démagogies est passager. Mais les ruines sont éternelles.

Il a écrit ceci en décembre 1905.
La parfaite adéquation avec l'ambiance mondiale du moment (de maintenant) est sidérante et admirable.


C'est aujourd'hui la fin de la malédiction de la piste cyclable maudite de la Porte de Clichy. Au début je me suis gaussée, elle était toute joliment repeinturlurée, ce qui m'a bien fait rire : ça n'allait en rien dissuader les cars et les camions de transports de marchandises vers des contrées lointaines qui se tiennent là tout le temps. 
Mais lorsque je suis rentrée du travail, une longue file de solide potelets la délimitait. 
Cette sécurisation va m'aider pour mes retours Vélotaf, pour cette dernière portion de trajet dangereuse, que la fatigue aidant j'appréhendais toujours.

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Et enfin une pinte de rire : un article du Parisien faisait état de l'arrestation d'un (ancien ?) majordome de Matignon est en garde à vue car "L’équipage de brigade anticriminalité qui l’a contrôlé a découvert dans le coffre de son scooter 28 bonbonnes de cocaïne, soit l’équivalent de 51 g."
J'avais déjà lu l'expression bonbonnes de cocaïne, le plus souvent pour décrire le contenu de coffre de voitures de trafiquants arrêtés, et dans mon incommensurable naïveté imaginais des sortes de dames-jeannes avec leur garniture en osier mais qui auraient contenu des stupéfiants à la place du vin.
D'après la conversation sur Mastodon qui m'a permis de piger, je ne suis pas la seule. 


Iwak #28 – Géant (Jumbo)

 

    Je m'aperçois que j'ai du mal à considérer comme géant quelqu'un de très grand mais très mince. Par exemple, "géant" me fait penser à Teddy Riner et à David Douillet, mais pas à Victor Wembanyama ; lequel a pourtant une taille de géant, mais la taille seulement.

Il me souvient d'un jour du temps où je gagnais ma vie en effectuant du grouillotage informatique dans une banque qui sponsorisait le judo et offrait à quelques champions des emplois à temps partiels (1), et du temps où son siège social n'avait pas encore cramé, lors duquel l'ascenseur que je comptais empruntais, s'était ouvert, déjà garni, sur David Douillet, qui le remplissait.
Il avait eu un geste - regard, amusé, pour dire Désolé, et s'était reculé pour que je puisse entrer. Je ne suis ni grande ni grosse, on tenait à l'aise. 

La seule chose est qu'en temps normal, on y circulait souvent à six.

Après cette brève pas-même-rencontre (Nous n'avions guère échangé que les mots de courtoisie usuels de qui partage cet espace le temps de quelques étages), je me suis souvent demandé quel effet ça pouvait faire d'être très grand, très fort et de pleine santé. Comment se passaient les mêmes gestes de la vie quotidienne, par exemple ceux pour préparer son petit-déjeuner.
Qui a dit là-bas au fond, oui mais si tu es un géant, c'est rarement toi-même qui le fait ?

 

 

(1) Lesquels n'étaient pas fictifs et j'ai ainsi été amenée à expliquer le fonctionnement de nos logiciels de l'époque à une collègue de passage qui n'était autre qu'une championne olympique. Nous avions passé un bon moment, tout en restant sérieuses, en jouant le jeu. 

 

Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'
a donné l'impulsion de tenter de suivre.


Pendant ce temps, il fait frisquet

Pendant ce temps, tandis qu'après un été étonnamment muni de trois semaines d'insouciance, l'automne voyait le monde à nouveau s'appliquer à courir à sa perte, nous étions tenu en alerte (et au frais), par un petit feuilleton local, lequel m'a rappelé très fort qu'à quelque chose malheur est bon.

Le chauffage dans notre immeuble dépend du chauffage urbain. Pour avoir disposé d'une enfance principalement pavillonnaire et bercée par les pannes de chaudière au fuel, de moments où mon père s'épuisait à tenter de réparer des choses, ou à trouver le merveilleux "un collègue qui", et une réparation s'effectuait, suivie trois jours après par des radiateurs glacés, des douches froides et une inquiétante odeur de mazout (1), j'étais ravie, les premières années, de ce chauffage urbain, collectif et impavide, qui laissait parfois de curieuses sorties de vapeurs dans nos rues, un petit côté film américain qui me plaisait bien.
Alors bien sûr ça nous valait des avril et des octobre en pull-over à cols roulés : il faisait déjà trop froid ou pas encore assez chaud dehors et le chauffage n'était pas encore ou plus là.
Mais un jour, on rentrait du boulot et ça ne sentait plus l'humidité (2). Ou dans l'autre sens, un jour le soleil devenait vraiment efficace, et le fond de l'air cessait d'être (trop) frais.

Seulement cette année, nous sommes le 7 novembre et le chauffage n'y est toujours pas. Nous n'avons pas été pris en traitre, le Syndic de Copropriété fait le job de nous tenir informés, c'est ce pour quoi il est payé.

Ainsi peu après fin septembre nous avions appris que des travaux urgents de "mise en conformité des réseaux secondaires" avaient été réclamés face au mauvais état de la sous-station qui dessert notre immeuble (3) et que les travaux auraient lieu les 24 et 25 octobre.
Vers la fin d'octobre on nous a indiqué qu'un retard de matériel les reportaient au 7 novembre.
Aujourd'hui, on nous apprend que la livraison du matériel est décalée au 8 novembre. 
Et que la remise en service du chauffage aura lieu après la fin des travaux.

Notre suspens est plus soutenu que celui de l'issu des élections américaines. 
J'espère que son issue sera moins cruelle.

En attendant nous nous souvenons que nous sommes d'une génération avec des souvenirs de logements sans chauffage central (4), et qu'on sait "faire avec" (ou plutôt : faire avec faire sans).
Et je me souviens qu'avant le 7 janvier 2015, je souffrais réellement du froid, au sens d'une souffrance de maladie, comme on peut avoir mal au dos, avec des sensations comme si ma peau était le seul espace de chaleur pris entre un sang qui véhiculait des glaçons et le froid de l'extérieur, et une douleur réelle (comme si les glaçons en circulant heurtaient des parois).
Et puis il y avait eu ce jour funeste et au soir j'errais comme tant d'autres, Place de la République, j'avais assuré ma journée de boulot (Comment avais-je tenu le coup ?) et j'étais partie aussitôt qu'elle fut finie et j'avais ma veste chaude d'hiver ouverte, le téléphone à la main (5) et seulement très tardivement j'avais remarqué que les gens de je croisais en plus de pleurer grelottaient, et moi non. Je ne ressentais rien de cet ordre. J'étais engourdie.
J'ai cru que ce syndrome d'indifférence au froid serait passager. Il ne le fut pas.
Quelque temps plus tard, j'avais pris conscience que je ne ressentais plus les présences arrières, ni les regards sur moi (6) (7).
Ces attentats semblaient avoir débranché, de par l'état de choc, quelque chose au sein de ma colonne vertébrale.

Pour ce qui est du froid, c'est un grand avantage parfois.
En ces jours de grand frais du logis pas chauffé, et alors que je me dis qu'il s'agit somme toutes d'un entraînement pour les temps troublés à venir, j'ai décidé de considérer que ma surprenante bonne résistance m'a été offerte par le vieux copain en partant. C'est plus joli ainsi. 
Moins désespérant.

Un jour peut-être le chauffage sera réparé. 
Quant au monde, c'est mal barré. 



(1) J'en ai conservé une allergie tenaces aux solutions "Je fais moi-même" et "Je connais quelqu'un qui" dès lors que des fluides ou de l'électricité sont de la partie (pour les choses inertes, pas de problème, on peut s'amuser, se gourer, recommencer). Hélas, les hommes français, adorent avoir une bonne combine, un "collègue qui", et des talents de bricolage qu'ils estiment sous-estimés. Dès qu'on m'en laisse le choix, je fais appel à des professionnels dûment facturés, ce qui m'autorise à des recours le cas échéant. 
(2) Radiateurs éteints, les tuyaux qui permettent le cheminement d'un étage à l'autre suffisent à réchauffer l'atmosphère.
(3) Association d'idée de mon cerveau fatigué : saviez-vous que le sous-commandant Marcos avait annoncé en qu'il renonçait à la direction du mouvement zapatiste qu'il dirigeait au Chiapas et prenait le nom de sous-commandant Galeano en mémoire d'un compagnon de lutte qui s'était fait tuer ? (source de confirmation : Wikipédia) ?
(4) Généralement ceux de nos grands-parents ou ceux de nos parents à leur tout début de jeunes couples, avec ou sans nous.
(5) Le petit groupe d'amis d'Honoré dont je faisais partie s'échangeait désespérément les nouvelles ou leur absence le concernant. Et de toutes façons nous étions atterrés pour ses collègues.

(6) Le truc qui fait que si quelqu'un vient nous rejoindre en arrivant par derrière nous, et nous regarde en s'approchant on sent son regard sur notre nuque.

(7) Ni non plus peur de Vladimir Poutine dont la moindre image me faisait littéralement froid dans le dos.


Une prière

L'état du monde est tel, et le règne de la violence et de la brutalité approuvé, que ce qui m'est venu en premier fut plutôt une prière, une des rares que je connais, pour l'avoir, un jour de mariage, mémorisée : 

Onze Vader (Schollaert)

Onze Vader,
die in de hemel zijt,
geheiligt zij uw naam.
Uw Rijk kome.
Uw wil geschiede  op aarde als in de hemel
Geef ons heden ons dagelijke brood
En vergeef ons onze schulden,
gelijk ook wij vergeven
aan onze schuldenaren.
En leid ons niet in bekoring
maar verlos ons van het kwade.
Vant van uw is het koningkrijk en de kracht 
en de heerlijkheid
in eeuwigheid.
Amen

(C'est dire le niveau de sentiment d'impuissance)

 

 


Iwak #27 – Route (Road)

    

    Depuis quelques temps, Le Joueur de Pétanque et moi avons décidé de profiter des déplacements que nous devons faire (pour raisons sportives ou familiales) afin d'explorer les petites routes de notre beau pays (plutôt que d'emprunter l'autoroute, où les gens roulent à des vitesses déraisonnables sans conscience des distances de freinage). 
Généralement, je consulte une carte sur mon téléfonino, j'imagine un itinéraire et puis on adapte en cours de route parce que tel itinéraire semble avoir un potentiel de beauté.

Et puis parfois, on n'imaginait rien d'autre que : ça se rapproche du trajet qui serait optimal à vol d'oiseau et il se trouve que c'est super beau.
C'est un luxe de qui n'a plus d'enfants en bas âge, ni vieux parents qui nous attendent, ni animaux domestiques, juste une contrainte de rentrer à temps pour reprendre le boulot à la date prévue. Alors on trace la (petite) route. Et comme la France est un vrai de vrai de beau pays avec une captivante diversité de paysages, on ne s'ennuie pas.
Parfois on fait escale pour de jolies retrouvailles avec des personnes que nous aimons bien (famille ou amis), ce sont de bons moments, la route, l'amitié, l'exploration.

Le seul élément de tristesse pour l'instant est la dévitalisation des petits centres villes, à un point qu'en citadins privilégiés - alentours de chez nous, plein de petits commerces auxquels nous pouvons nous rendre à pied - n'imaginions pas, même en sachant que cela advenait, les centres commerciaux de périphéries de villes et autres zones d'activités raflant de plus en plus la mise -. Certains villages ont, pour peu qu'on les traverse un dimanche, un côté "ville fantôme" presque impressionnant. On en inventerait bien des légendes.
Mêmes les sacro-saints "troquets du coin" ne sont plus si nombreux. Souvenirs notamment d'une étape dans la région de Bordeaux, lors du retours du Frenchman, triathlon de Carcans, en 2023, durant laquelle on s'était naïvement dits, Allez on s'arrête au prochain café, en vue d'une pause pipi. Et c'était pire que David Vincent cherchant son raccourci, rien sur 5 ou 6 ou 7 patelins, pas même un bar tabac PMU. Et pas même un fast-food non plus. En revanche des endroits fermés, anciennes vitrines passées au blanc et des panneaux "à louer", "à vendre". Et contrairement au héros de la série Les Envahisseurs, nous n'avons pas vu d'ovni.

Il m'arrive parfois, dans ces cas, de songer à Centralia (1).
Mais bon, pour l'instant toutes les villes, n'en sont pas encore là. Profitons de ce que nous pouvons voir tant qu'il en est encore temps.

 

(1) À la grosse différence qu'à Centralia, ils ont par précaution presque tout rasé. Et puis globalement, ça ne brûle pas. Alors disons le Centralia de juste après l'expropriation générale de la plupart de ses habitants.

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C'est Matoo qui m'
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La veille


    Je me souviendrai qu'à la veille du chaos (1), à la soirée du cercle de lecture nous avions beaucoup ri, alors que l'ouvrage dont nous débattions n'était pas une œuvre légère.
Je me souviendrai que dans la journée aux abords du bureau j'avais entendu une femme tenter d'expliquer à un homme bien bourin (sans doute un collègue, donc elle y allait avec tact et précaution) en quoi non ça n'était pas du tout pareil Harris ou Trump.
Je me souviendrai avoir aux arrières de Montmartre, croisé deux femmes qui fermaient une boutique, ou plutôt une la fermait et l'autre regardait comment son amie faisait "Comme ça je saurais faire si je dois te remplacer. Remarque, tu te souviens, j'étais [déjà] venue te remplacer pour une coucherie."
Dis comme ça, et d'un ton très quotidien usuel, sans une once de reproche ni non plus d'amusement, et par une dame habillée chic, ça surprenait.

Je me souviendrai que je n'avais rien, mais rien compris au dénouement du livre dont nous débattions : retrouvailles après une séparation de deux personnes qui s'aimaient profondément et en prenaient conscience, et elles en profitaient pour passer la nuit à la belle étoile et faire comme un bain de minuit dans un étang en se tenant la main (ma perception) alors qu'en fait retrouvailles après une séparation de deux personnes qui s'aimaient profondément et en prenaient conscience, mais l'un d'eux ne souhaitait pas continuer de vivre (2) et dans la nuit en se donnant la main ils allaient se noyer dans un étang.

Ça c'est vraiment une perception de triathlète, Au triathlon on nage dans une flaque d'eau s'il le faut.

Je me souviendrai que juste après avoir déposé porte de Clichy le Vélib que j'avais pris pour rentrer, j'ai vu passer à toute blinde et toutes sirènes hurlantes, escorte de motards et véhicules de police et qu'ensuite, une fois arrivée à la maison, j'ai demandé au Joueur de Pétanque qui semblait écouter des infos sur son ordi s'il s'était passé quelque chose de spécial et il a répondu qu'à sa connaissance, non. Et j'étais soulagée mais c'était bizarre quand même.

 

(1) que l'Homme de l'Invective l'emporte ou perde, il y aura chaos, soit par sa façon d'exercer le pouvoir, soit par celle de provoquer des troubles pour contester sa défaite.
(2) OK c'était clair et net depuis le début du livre mais je n'imaginais pas que l'amour partagé ne suffise pas à raccrocher quelqu'un à la vie.


Iwak #26 – Caméra

 

    La première caméra à laquelle je pense est ma caméra super 8 d'enfance, un modèle bas de gamme de (je crois) Noël de comité d'entreprise de mon père et qu'il avait dû négocier en échangeant (1) avec un collègue qui avait un fils un peu plus âgé que moi ?, et combien j'étais heureuse sauf qu'à l'époque les films avaient un coût et le développement aussi ce qui avait limité de beaucoup mes idées créatives de faire jouer mes camarades du quartier dans de vraies histoires inventées (2).
J'ai pour projet (à la retraite) de faire numériser certains de ces super 8. Il me semble d'ailleurs que j'avais commencé.

Plus tard j'ai eu des camescopes et comme pour la photo, je commençais enfin à avoir un équipement digne de ce nom, lorsque le numérique est passé par là.
À présent, je tourne parfois quelques seconde de video avec mon téléfonino, et uniquement quand je pense que le mouvement témoignera mieux qu'une image fixe de l'instant dont je souhaite conserver la mémoire.

Je rêve de me lancer dans un peu de montage, et ce depuis un temps où les YouTubeurs de maintenant n'étaient pas encore nés. J'ai le souvenir d'avoir même jadis fait un dispendieux investissement (avant les ordi personnels) et que comprenant vite le temps qu'il faudrait prendre pour le moindre projet, j'avais usé de mon droit de réflexion / reprise, rapporté l'objet et récupéré l'équivalent en bons d'achats (3).
Même si ça date de 30 ou 35 ans, c'est peu dire que ça me titille, tout ça. Et que l'arrivée des IA, rend mes aspirations un peu plus urgentes qu'elles ne l'étaient puisque bientôt on n'apprendra plus à faire ces choses (filmer, monter, scénariser ...) mais à piloter une IA pour le faire à notre place. Or ce que j'ai envie de faire, c'est d'apprendre à bidouiller moi-même. Y prendre le plaisir du fabricant (et pas celui, dans mon cas très hypothétique, d'une donneuse d'ordres et d'indications).

En attendant, je me contente de contribuer, auprès de quelques réalisateurs (qui furent en devenir et le sont devenus), ou créateurs de contenus (qui le seront peut-être un jour).
Il y en a quelques autres que j'aimerais encourager mais j'attends une situation financière moins serrée de mon côté (4).

 

(1) où alors me suis-je inventé un film rétrospectivement ?
(2) Je l'avais un peu fait à une époque où une amie s'était lancée dans le théâtre (refus absolu de mes parents pour que j'en fasse autant). On s'était même embarquées dans une idée d'adaptation de Pinocchio. (Celui avec Andrea Balestri passé peu auparavant à la télévision nous avait marqué).
(3) C'était à la Fnac, du temps d'autrefois.
(4) qui ne viendra peut-être jamais, soyons lucides.

Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'
a donné l'impulsion de tenter de suivre.