Iwak #13 – Horizon
20 octobre 2024
Le même thème il y a quelques années m'aurait fait évoquer quelques points du monde où j'ai pu admirer des horizons, des lignes d'horizon qui m'ont impressionnée.
De très belles, de nature (mes préférées), de très urbaines (qu'il m'arrive d'admirer).
Une m'est restée : à San José en Californie, quand nous séjournions dans la famille d'une de mes amies. C'était en novembre, dans les mois précédant la naissance de ma fille.
J'avais facilement la nausée. Aussi nous préférions, lorsque les amis travaillaient, vadrouiller dans le quartier, tout simplement marcher.
La présence de piétons, là-bas est (était ?) une anomalie, aussi des automobilistes souvent s'arrêtaient pour nous demander s'ils pouvaient nous aider, nous déposer quelque part.
On avait pris le pli d'expliquer en faisant voir mon ventre arrondi, que ça me faisait du bien de marcher. Notre accent français faisait le reste et les conducteurs obligeants n'insistaient pas. Je devinais au dessus de leur tête une bulle de BD avec "Ils sont fous ces Français" mais en V.O., à l'instar du "Ils sont fous ces Romains" d'Obélix.
Dans nos petites pérégrinations, nous étions un jour parvenus à une sorte de petite colline, une butte, peut-être constituée par des terres de remblais déposées là parce qu'il avait bien fallu à une époque les mettre quelque part, un peu comme les terrils dins Ch'Nord qui sont devenus des reliefs à part entière. On s'était fait un plaisir de l'escalader pour voir l'horizon, le panorama.
Ce jour-là, j'ai compris que nous étions plus proches que je ne le croyais de la finitude de nos sociétés et de la fin de notre planète dans l'état où on la connaissait.
À perte de vue, littéralement à perte de vue, des maisons, des rues, des églises diverses et variées et de loin en loin un mall, une école, une high school, des terrains de sport, dans le lointain une highway. Pas de centres villes, pas de zone arborée plus grande qu'un petit parc, pas non plus de champs cultivés.
Même si les maisons étaient plutôt de type villas que du genre petit pavillon fragile avec mitoyenneté, et que les jardins et les espaces libres gazonnés de devant offraient des touches de vert, j'ai eu l'impression d'un cauchemar condamnant (1).
Aucune civilisation ne pouvait perdurer sur de telles bases, c'était trop loin d'accès à des possibilités de ressources de survie, trop dépendant d'énergies produites ailleurs, trop artificialisé de partout ; et plus vraiment à l'échelle humaine.
Il n'y avait aucun café du coin. Aucun commerce de quartier.
Cet horizon m'avait fait flipper.
Cependant, de nos jours, si je lis Horizon je pense en premier lieu à une perplexité que je n'aurais jamais imaginée de ma vie devoir croiser. Elle est liée à l'existence des platistes, autrement dit ces croyants de la terre plate comme le disait si bien une émission sur France Culture. Déjà, je n'aurais jamais pu songer que les complotistes iraient jusque-là, mais en plus sans parler de démonstrations scientifiques qu'ils refusent d'envisager, j'ai du mal à comprendre qu'en allant au bord de la mer, de l'océan, ils ne voient pas l'arrondi parfait de l'horizon dans les endroits où il est parfaitement dégagé, et que ça remonterait sur les bords si l'ensemble était plat. Une telle force de déni me dépasse l'entendement.
(1) Certes confortable, le cauchemar. Je suis et étais consciente que bien des gens dans le monde rêveraient d'être ainsi logés et d'avoir de telles conditions de vie.
Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'a donné l'impulsion de tenter de suivre.
PS : Rien à voir directement si ce n'est que la science, bien expliquée, est abordable ; bel article chez Bon pote, au sujet du forçage radiatif.