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14 billets

Iwak #13 – Horizon

 


    Le même thème il y a quelques années m'aurait fait évoquer quelques points du monde où j'ai pu admirer des horizons, des lignes d'horizon qui m'ont impressionnée.
De très belles, de nature (mes préférées), de très urbaines (qu'il m'arrive d'admirer).

Une m'est restée : à San José en Californie, quand nous séjournions dans la famille d'une de mes amies. C'était en novembre, dans les mois précédant la naissance de ma fille.
J'avais facilement la nausée. Aussi nous préférions, lorsque les amis travaillaient, vadrouiller dans le quartier, tout simplement marcher.
La présence de piétons, là-bas est (était ?) une anomalie, aussi des automobilistes souvent s'arrêtaient pour nous demander s'ils pouvaient nous aider, nous déposer quelque part. 
On avait pris le pli d'expliquer en faisant voir mon ventre arrondi, que ça me faisait du bien de marcher. Notre accent français faisait le reste et les conducteurs obligeants n'insistaient pas. Je devinais au dessus de leur tête une bulle de BD avec "Ils sont fous ces Français" mais en V.O., à l'instar du "Ils sont fous ces Romains" d'Obélix.
Dans nos petites pérégrinations, nous étions un jour parvenus à une sorte de petite colline, une butte, peut-être constituée par des terres de remblais déposées là parce qu'il avait bien fallu à une époque les mettre quelque part, un peu comme les terrils dins Ch'Nord qui sont devenus des reliefs à part entière. On s'était fait un plaisir de l'escalader pour voir l'horizon, le panorama.
Ce jour-là, j'ai compris que nous étions plus proches que je ne le croyais de la finitude de nos sociétés et de la fin de notre planète dans l'état où on la connaissait.
À perte de vue, littéralement à perte de vue, des maisons, des rues, des églises diverses et variées et de loin en loin un mall, une école, une high school, des terrains de sport, dans le lointain une highway. Pas de centres villes, pas de zone arborée plus grande qu'un petit parc, pas non plus de champs cultivés.
Même si les maisons étaient plutôt de type villas que du genre petit pavillon fragile avec mitoyenneté, et que les jardins et les espaces libres gazonnés de devant offraient des touches de vert, j'ai eu l'impression d'un cauchemar condamnant (1). 
Aucune civilisation ne pouvait perdurer sur de telles bases, c'était trop loin d'accès à des possibilités de ressources de survie, trop dépendant d'énergies produites ailleurs, trop artificialisé de partout ; et plus vraiment à l'échelle humaine. 
Il n'y avait aucun café du coin. Aucun commerce de quartier. 
Cet horizon m'avait fait flipper.

Cependant, de nos jours, si je lis Horizon je pense en premier lieu à une perplexité que je n'aurais jamais imaginée de ma vie devoir croiser. Elle est liée à l'existence des platistes, autrement dit ces croyants de la terre plate comme le disait si bien une émission sur France Culture. Déjà, je n'aurais jamais pu songer que les complotistes iraient jusque-là, mais en plus sans parler de démonstrations scientifiques qu'ils refusent d'envisager, j'ai du mal à comprendre qu'en allant au bord de la mer, de l'océan, ils ne voient pas l'arrondi parfait de l'horizon dans les endroits où il est parfaitement dégagé, et que ça remonterait sur les bords si l'ensemble était plat. Une telle force de déni me dépasse l'entendement.

 

(1) Certes confortable, le cauchemar. Je suis et étais consciente que bien des gens dans le monde rêveraient d'être ainsi logés et d'avoir de telles conditions de vie.

Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'
a donné l'impulsion de tenter de suivre.


PS : Rien à voir directement si ce n'est que la science, bien expliquée, est abordable ; bel article chez Bon pote, au sujet du forçage radiatif.

 


Iwak #12 – Remote (À distance)

    

    Remote me fait penser à deux choses, je veux dire deux choses me viennent en même temps en premier à l'esprit lorsque j'entends ce mot.

La première fois qu'une télévision à télécommande est entrée dans la vie de ma famille (parentale).

Pendant presque deux décennies nous avions un poste en noir et blanc dont il convenait de syntoniser les chaînes à la mano, via un cadran, comme sur les vieux postes de radio. J'avais développé cette compétence comme parfois seuls les enfants savent le faire et j'étais donc la préposée au changement de chaîne. La troisième chaîne demandait un certain art du tourner finement.
Ensuite il y eut un poste sur lequel le préréglage des chaînes était enregistré mais il fallait se lever pour appuyer sur des boutons.
Puis il y eu la télécommande et ça a rendu les humains flasques sur canapés. 
Remote control. 
Ce fut une sacré révolution dans les foyers.

À présent, quand on regarde des chaînes de télévision, par exemple pendant les J.O., c'est presque exclusivement sur nos ordis respectifs. Plus besoin d'être remote du tout.       

 

Le travail à distance

C'est presque amusant d'à quel point tout était déjà là techniquement pour que ça soit possible, mais les hiérarchies renâclaient. Et de combien c'est devenu incontournable depuis la pandémie.
Là où je bosse, le boulot est beaucoup plus supportable et moins difficile au bureau, car plein d'infos circulent oralement et dans l'instant, qu'on est une bonne équipe - j'entends par là Nous faisons bien équipe -. 
Il n'empêche qu'avec mes 2h15 à 2h40 de transports quotidiens, et les entraînements qui deviennent plus faciles à caler (le soir ou le matin), la journée hebdomadaire qui nous est consentie est une nécessité.
Souvent j'en profite pour sauter le repas de midi (si j'ai faim, je grignote devant l'ordi, entre deux appels) et dormir 1 heure. Ça me change l'après-midi (je suis davantage réveillée, plus vive) et la soirée (je parviens à être active). 
En revanche cette irruption des tâches professionnelles en mon intérieur me pèse, j'ai un sentiment d'intrusion persistant. Peut-être parce que cet emploi consiste à répondre au téléphone à des clients et que je n'ai pas de pièce dédiée. Alors je bosse et les murs ensuite suintent de tracas professionnels ; je ne peux plus être tranquille chez moi.
Il y a aussi qu'au travail je suis une exécutante, là pour appliquer des consignes et une certaines façons de faire, d'organisation qui n'est pas mienne et sur laquelle je ne peux infléchir qu'à la marge. Je n'y suis pas moi-même. Dans le petit théâtre de la scène que constitue le bureau (lieu de travail), ça se conçoit. 
Dans mon salon, j'ai l'impression que je vais finir par ne plus savoir qui je suis réellement.

Donc oui, le travail à distance, OK, mais me concernant, pas plus d'une fois par semaine.
 

Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'
a donné l'impulsion de tenter de suivre.



Road rage


    Quand on dit qu'on assiste souvent à des comportements dangereux et des mises en dangers volontaires lorsque l'on circule à vélo, ça n'est pas qu'un peu.
À quelques jours de la mort de Paul Varry, en rentrant ce soir du boulot, au croisement boulevard Victor, place Balard, j'ai une fois de plus assisté à l'une de ces scènes.

Je circulais dans sur la piste cyclable du boulevard Victor, en allant vers le pont du Garigliano. Le feu était au vert.

Un cycliste m'a-t-il semblé sur un fixie m'a dépassée à toute allure, en mode il avait pris de l'élan et le feu était vert, profitons.
J'ai entendu un moteur dans mon dos, un moteur rugissant et vu un taxi d'une des grandes compagnies qui existent dans Paris, tourner brutalement à droite mais non pas pour prendre la place Balard, ce qui déjà n'aurait pas été très respectueux ni du cycliste rapide ni de moi, mais pour tenter de couper la route au premier et en se plaçant pour ce faire face aux véhicules qui venaient de la place Balard et allaient vers l'avenue de la porte de Sèvres. Le cycliste était a filé de toutes façons il était déjà un cran plus loin. Moi en attendant le moteur dans mon dos je m'étais méfiée et m'étais arrêtée avant même le feu (et bien qu'il fût vert pour moi qui allait tout droit), et les automobilistes qui attendaient leur tour de vert, ont dû avoir une petite frayeur en voyant ce véhicule arriver droit sur eux.
Le conducteur du taxi s'est alors rendu compte qu'il était en train de faire un truc qui n'allait un peu pas, s'est arrêté à temps, est quand même sorti de son véhicule pour hurler une insulte sexiste envers la génitrice du cycliste et une profession méprisée d'assistance aux messieurs, est remonté fissa et a redémarré vite vite dans le peut-être espoir de coincer le cycliste plus loin.

Spoiler : un cycliste qui file et qui plus est pour échapper à quelque chose, va plus vite en ville qu'un automobiliste même si l'un comme l'autre ne respectent plus rien.
Je l'ai croisé plus loin, le conducteur, la voiture en travers et de la piste et du trottoir, large en cet endroit, et l'ai vu repartir alors que je m'approchais. Il est reparti sans plus faire crisser ses pneus. 
Fin de la séquence.
Hélas, si typique.

J'ignore tout de leur contentieux préalable puisque l'un comme l'autre arrivaient dans mon dos. Mais même si le cycliste s'était rendu coupable de quelque chose de grave, ce qui a failli se produire était vraiment sérieux.
Et si j'avais cru en mon bon droit de traverser ce carrefour parce que c'était mon tour de pouvoir le faire, je ne serais plus là pour écrire ce billet, en tout les cas pas dès maintenant (1). 

Pour ne rien arranger il pleuvait fort et la nuit venait de tomber. Ça n'était vraiment pas un temps pour jouer les redresseurs de torts ni les cascadeurs. 

 

(1) Cela dit le bon sens le plus élémentaire incitait à s'arrêter et je ne me suis pas sentie mise en danger puisque j'avais pigé que Stop, règlement de comptes en cours, méfions-nous des balles perdues, on passera au tour d'après.


Iwak #11 – En-cas (Snacks)

 

    Les J.O. étant terminés depuis déjà un petit moment, je peux m'autoriser à raconter quelques anecdotes et notamment celle des casse-croûtes.


Je ne parle pas des lunchbox des volontaires Paris 2024, qui pour les jalonneurs étaient distribués par zones et par cartons à l'intérieur desquels il y avait de très pratiques petits sacs isothermes avec un petit papier de recommandation aux couleurs des J.O. ("Parce que nos produits sont meilleurs frais nous vous recommandons de les consommer dans les 20 minutes suivants leur distribution"). Certains râlaient, en bons Français dont c'est le sport national (C'est pas bon, Y a que du végétarien, Y a que des sandwichs avec de la viande, Y a pas assez à manger, Mais c'est trop, ils veulent qu'on grossisse), et moi qui trouvais qu'on était plutôt bien lotis, ça me faisait rire.
Non, je parle de la merveilleuse cantine de la Team GB au lycée hôtelier de Clichy, de comment nous les petits bénévoles avons été régalés au même titre que tout le monde pendant la plupart des journées - rarement dans ma vie je n'ai connu restauration collective si qualitative, un choix judicieux, des menus variés, tout ce qui pouvait convenir à toutes sortes de régime et des produits frais -. La plupart, mais pas toute. 
Car en effet il semble à présent confirmé, et les athlètes présents l'exprimaient, que la restauration collective du village olympique laissait à désirer. En quantité et en qualité pour la part protéinée. Car les athlètes, dans la plupart des sports ont besoin de force, brûlent énormément de calories et pour la plupart ont une alimentation carnée en quantité afin d'avoir l'apport nécessaire en protéines (1). Très vite les athlètes britanniques ont su qu'au camp de base à 20 minutes en navettes du village olympique ils disposaient d'une cantine excellente et voilà que des équipes entières, de hockey sur gazon notamment, sont venues s'y sustenter.
Alors les organisateurs, très embarrassés sont venus nous demander si exceptionnellement au lieu de manger au restaurant collectif, nous accepterions de nous contenter de sandwich ou salades, ce qu'eux-mêmes avaient déjà commencé à faire afin de laisser la priorité aux athlètes affamés. 
Ils sont toutefois allés du moins les deux premiers jours, les chercher dans la plus fameuse boulangerie pâtisserie de Clichy. Ce qui fait que même en version casse-croûte nous étions privilégiés.
Parties les grandes équipes nombreuses, et peut-être résolus les tracas d'approvisionnement du village, nous avons pu à nouveau nous régaler de repas complets et soignés. Fruits et légumes frais. Pour moi, un luxe apprécié, que notre quotidien entre manque de temps pour des courses quotidienne et budget à surveiller, ne permet par toujours.

Cantine ou pas, repas complets ou en-cas, à proximité immédiate des athlètes ou loin d'eux, nous avons partagé des moments fort joyeux.

Pensée particulière pour ce nageur de fond qui à la veille de son 10 km en eau libre, s'astreignait à s'alimenter de denrées roboratives à des heures précises, afin de préparer son effort. Il mangeait comme on accomplit un travail.
Je pense que le grand public n'imagine pas les efforts réclamés aux athlètes par le fait même de devoir ingérer tant de carburant.

 

(1) Hé oui, on ne nourrit pas des athlètes de haut niveau comme des patients à l'hôpital ou des personnes âgées en Ephad.

 

Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'
a donné l'impulsion de tenter de suivre.


Beaucoup d'émotions, une immense tristesse, et un regret

 

    Il aura fallu attendre quelques jours et qu'aussi les circonstances commencent à être exposées dans les médias et l'automobiliste tueur mis en examen et en détention provisoire, pour que la parole se libère ou que l'info arrive au grand public.

Connue comme vélotafeuse régulière et aguerrie, je me suis trouvée sous une vague de témoignages de sympathie et de soucis pour moi, notamment de la part de collègues sympas. Je l'avoue, je ne m'y attendais pas. Aux unes et aux autres j'explique alors mon peu de surprise face à l'acte fatal, les altercations si fréquentes, les progrès aussi depuis les débuts du retour des vélos dans Paris (2007, les premiers Vélibs et qu'ensuite tout le monde s'est mis à ressortir des caves les vieux biclous), mais la radicalisation de certains conducteurs de véhicules motorisés qui ressentent le partage nécessaire des rues et des routes comme une privation personnelle, une injure, une menace. Et se servent volontiers de leur engin comme d'une arme d'intimidation. Au risque de tuer (dont ils ne sont sans doute pas totalement conscients, beaucoup agissent pour faire peur, faire passer le goût d'utiliser le vélo et bim une petite poucette vers le caniveau, j'ose espérer qu'ils ne souhaitent pas tuer).
Je raconte les dangers perpétuels (les portières, les tourne-à-droite, les clignotants absents, les frôlages et autres queues de poissons, la feu-rougite aigüe de certains ...), les mises en danger par manque d'attention envers les plus vulnérables (piétons et cyclistes, et petits trottinettistes ...), et depuis au moins la fin des confinements les mises en danger volontaire.

Les non-cyclistes sont stupéfaits. Je m'aperçois que je n'avais jamais été loquace sur le sujet et que ça relevait du même processus qui faisait que pendant tant de décennies, l'ensemble des femmes a tu les agressions sexuelles et les pressions qu'elles subissaient, et le sexisme général ambiant : en se disant, à quoi bon, on ne les (les hommes agresseurs) changera pas, et c'est ma parole que l'on mettra en doute et je n'aurais rien d'irréfutable pour prouver ma bonne foi. On considérera que j'exagère. 
Il aura fallu un mort et des témoins et des caméras de surveillance pour que témoigner de notre quotidien de circulation devienne audible.

Quelque chose bouge peut-être enfin ?
Quelle tristesse qu'il faille un jeune homme mort pour en arriver là.

Je souhaitais me rendre aux différents rassemblements en son hommage mais j'ai travaillé tard mercredi soir et je serai au travail pour celui de demain samedi, à partir de 17:00 place de la République à Paris. Grand regret de ne pouvoir en être. Paix à l'âme du camarade cycliste. Pensées émues pour ses proches, pour la fille de l'assassin, et pour les témoins.

En attendant merci à toutes celles et ceux qui m'ont aujourd'hui exprimé leur inquiétude. Promis je ne touche jamais aux voitures, ni ne proteste, ni ne tente de faire respecter les priorités qui devraient l'être. En revanche, tant que j'aurais assez de santé, aucun chauffard ne me dissuadera d'effectuer mes trajets de la façon la plus respectueuse de l'environnement et des autres qui soit. Paris est une trop belle ville pour la laisser aux furieux. 

PS : Une fois de plus constaté qu'en France le fait d'avoir pris de l'alcool et des stupéfiants est spontanément perçu comme une excuse par la plupart des gens. Ainsi dans ce cas, ce qui atterre encore plus celles et ceux qui évoquent le drame est que le conducteur a été testé négatif aux deux, et que donc il aurait agi de sang froid. Mais à quel moment le fait d'être sous substances a-t-il perdu sa qualité de circonstances aggravantes, lorsque quelqu'un prend le volant ? Ce qui devrait nous venir à l'esprit n'est pas Il n'avait même pas l'excuse de l'ivresse, mais tout au contraire : Au moins on ne peut pas lui reprocher d'avoir bu.





Iwak #10 – Nomade (Nomadic)

 

    Je suis une nomade, mais personne ne le sait. La vie que j'ai pu vivre et que je vis est pourtant on ne peut plus fixée. Je vis à une vingtaine de kilomètres de là où j'ai grandi et dans la même ville depuis 36 ans. 
Mais mes aptitudes étaient le voyage, le voyage comme mode de vie, et l'appartement ou la maison aurait dû être simple port d'attache, là où l'on revient le temps de se poser écrire, composer de la musique, peindre et trier films et photos.
Au lieu de ça, j'ai gagné ma vie bien besogneusement, changé d'emploi seulement quand nécessaire, assuré pour la famille, celle dont je viens et celle que j'ai fondée. 
C'est une vie moins mal adaptée à ma petite santé.

De cette existence que je n'aurais pas menée, il m'en reste, un sens très affaibli de la propriété - ce truc très artificiel que les humains se sont auto-imposés pour le profit des plus forts et des plus conquêrants -, le fait que j'habite peu un chez moi - c'est plutôt une zone de stockage d'après les périples même si les miens sont navigo-limités -, le sens de l'orientation - puisse-t-il se maintenir longtemps -, une tête à chemins (je suppose que où que je sois j'ai l'air de quelqu'un qui y est dans son quartier), certaines facilités pour les langues, une capacité à dormir n'importe quand n'importe où.
Et sans doute aussi d'être tombée dans la pratique régulière de la course à pied, sport pour lequel j'ai au départ si peu d'aptitudes, mais qui est vraiment celui qui peut être pratiqué presque tout le temps presque partout.
Enfin il m'en reste l'aptitude à parvenir plutôt pas si mal, compte tenu des contraintes d'agenda salarié et de budgets pas immenses et parfois encore des problèmes de santé des uns et des autres de mes tout proches, à saisir la balle au bond dès lors qu'il s'agit d'aller faire quelque chose quelque part. Et de souvent me sentir chez moi à peu près où que je sois.

Si les conditions futures nous contraignent comme les peuples anciens à aller d'un point où la subsistance est possible à un autre, j'aurais peut-être du mal à me défendre, mais certainement pas à m'adapter à cet état de fait.

 

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C'est Matoo qui m'
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Mort d'un cycliste


    Depuis le temps que j'observe quotidiennement des mises en danger et des altercations entre cyclistes et motorisés (les scooters aussi savent être agressifs), je me disais que ça finirait un jour par être fatal. 
C'est arrivé.

Cycliste mort écrasé à Paris : les associations dénoncent l'impunité face aux mises en danger volontaires 

Un article dans Le Monde

dans lequel un interviewé dit ceci : "En dépit d’un discours facile qui consiste à considérer la ville comme une jungle, la grande majorité des automobilistes font depuis quelques années bien plus attention aux cyclistes." que je peux confirmer (vélotaf depuis 2007). Seulement les hostiles, sont eux carrément devenus violents, à mesure qu'ils étaient entourés par davantage de cycles. Et ils sont passés d'un comportement de type "J'ignore ton existence" (et ce faisant te met en danger) à des comportements de type "Cycliste dégommé ten points" comme si plus ils en mettaient à terre plus ils gagnaient.

Je voulais aller au rassemblement ce soir à Madeleine, en mémoire à Paul Varry, mais suis sortie trop tard du travail et n'ai trouvé un Vélib que difficilement (1).
Une pensée aussi pour l'adolescente de 17 ans qui était dans la voiture, passagère de son père. Et pour les témoins de la scène qui ne pourront jamais l'oublier.

(1) Il y avait peut-être un lien de cause à effet. Si beaucoup ont pris un Vélib à partir de Montrouge pour y aller.


Iwak #9 – Soleil (Sun)

 

    La bizarrerie de cet été tout récemment écoulé est que j'en conserve une impression de pluie et de grand frais (du moins à Paris), alors que lorsque je regarde mes photos ou des résumés d'épreuves des J.O. ou me revoie en train de travailler comme bénévole pour tout ça, et à l'exception notable des cérémonies d'ouvertures (de Paris 2024) et de clôture (des paralympiques) qui eurent lieu sous une pluie battante, je vois plutôt du soleil et des vêtements légers. 
Ça restera pour toujours, je crois, un mystère pour moi.

La perception des étés d'enfance, ce qu'il en reste, est étrange également. J'ai des souvenirs de chaleur et de soleil à tout va. Or à l'exception notable de la sécheresse caniculaire de 1976, la part des étés que nous passions en France n'était pas si chaude que ça. Seulement chaque épisode de souvenirs d'enfance estivaux - à l'exception des orages extrêmes dont on se souvient parce qu'ils étaient exceptionnels, l'orage ou la tempête constituant le souvenir, et le reste étant oublié -, il y a comme un projecteur qui s'appelle le soleil. 
Il est présent et il réchauffe. 

Je sais (j'étais diariste dès mon plus jeune âge) et j'ajoutais un petit symbole météo de mon cru à l'écriture du jour, qu'il s'agit d'une illusion d'étés d'enfance tous ensoleillés, il n'empêche que je dois réfléchir pour me souvenir que c'en est une.

 

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Iwak #8 – Marche (Hike)


    J'ai failli tourner Hike en Run car la course à pied n'est pas au programme de cet Iwak, et que c'est un grave oubli à mes yeux. La course à pied m'a changé et me change la vie.

Mais rien ne m'empêchera, plus tard, d'y consacrer un billet.
Parce qu'au fond sur la marche aussi, j'ai quelques bricoles à écrire. Je suis issue d'une famille de gens qui marchent facilement. Ma mère me racontait que dans son enfance, tout le monde marchait beaucoup tout le temps : c'était un mode simple et sûr de déplacement. Et les écoliers n'étaient pas en reste : parcourir 5 km pour aller en classe n'était pas exceptionnel. C'était comme ça et pas autrement.
Mon père parlait aussi de longues marches faites du temps où il était au pensionnat (1), il parlait de la faim qui les tenaillait et que "les curés" (2) les emmenaient le jeudi et le dimanche après-midi marcher à travers champs, l'idée étant que l'air de rien, les gars trouveraient des bribes de trucs à chaparder et ne créeraient pas de problèmes devant l'absence de pitance au dîner. 
Et donc comme c'était normal de marcher, j'ai très vite adopté le fait que c'était normal de marcher (logique). Et puis l'école était à 1,5 km et il y avait à faire 4 trajets et seulement occasionnellement un adulte et une voiture pour nous y accompagner. 
Par ailleurs, je fais partie de ces générations d'enfants qui ont grandi en jouant dehors sans arrêt, dès que possible, tout le temps, et on gambadait en permanence, on jouait au foot sans relâche dès qu'on avait un instant.
La moindre réunion de famille se terminait en une longue balade. La question ne se posait même pas de si les petits on pouvait suivre ou pas.
Zou.

Il m'en est resté adulte, que je suis celle dont les collègues disent "Ne la crois pas si elle te dit que c'est pas loin" ; qu'à mes yeux la marche est l'activité la moins fatigante de 

 

(1) Il faudrait avant qu'il ne soit trop tard que je note ses souvenirs transmis. J'ai l'impression d'en avoir été seule détentrice. Il a beaucoup souffert et ne m'a pas tout dit - à ses yeux un père se devait d'être un homme fort et sans failles -.

(2) C'était un pensionnat de Salésiens dans les collines, les hauteurs au nord ou nord ouest de Turin.

 

Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'
a donné l'impulsion de tenter de suivre.



Documentaire "Mères à perpétuité" de Sofia Fisher

    Si vous vous sentez assez solides en ce moment, foncez voir (disponible sur YouTube jusqu'en décembre, et sans doute sur le site d'Arte) :

Mères à perpétuité

documentaire de Sofia Fisher, au sujet des femmes qui commettent des infanticides. Il est passionnant et permet de comprendre comment, poussées à bout et si l'on a un point ou un autre de fragilité, on peut en venir à tuer pour protéger du danger. À tuer pour ne pas qu'un autre, violent et agressif, fasse pire.
Voici ce qu'en écrit Catherine Pacary dans Le Monde.

J'aime quand une œuvre, un travail, qu'il soit film, pièce de théâtre, livre, musique permet de comprendre ou d'approcher à la compréhension, de ce que l'on ne comprend pas.
Il se trouve que je suis née avec au fond de moi une force et une stabilité, qui n'a vacillé qu'en deux fois, face à des actes de revirement de personnes que j'aimais. Et jamais je n'aurais pas de mal à autrui au cœur même du vacillement, lorsque ce qu'on subit dépasse l'entendement. Je n'y ai aucun mérite, je crois que je le tiens des lignées de femmes fortes qui m'ont précédées, Ernestine et Berthe d'un côté et aussi côté italien une arrière-grand-mère ou arrière-grand-tante qui avait tenté de se soigner elle-même d'une maladie dangereuse, m'a-t-on rapporté. Ma grand-mère paternelle, était, j'ai l'impression, pas mal non plus, dans le genre qui ne se laisse pas abattre et qui quoi qu'il advienne, cuit pour tout le monde des spaghetti - l'équivalent italien du comforting tea britanique -.
Alors je comprends mal certaines pertes de repères de mes contemporaines (1).
Ce documentaire m'a éclairée.

Je me sens très reconnaissante envers les personnes, qui sont parfois les proches des personnes concernées, et qui ont accepté de témoigner.
Et je me dois de réfléchir aux missives envoyées par des femmes à des juges, en prévision d'un procès pour infanticide (il se trouve que c'était en Belgique). J'ignorais que l'on puisse faire ça, tenter d'apporter sa pierre à l'édifice, de s'adresser en direct aux autorités. Il y a peut-être un enseignement à en tirer.

 

(1) Les contemporains, je n'en parle même pas, je suis d'une génération grandie dans l'idée que la violence des hommes leur était constitutive et qu'il fallait apprendre à faire avec et s'en défendre lorsque nous devenions son objet. Que les guerres sont l'état normal, et l'exception la paix. Donc il n'y avait les concernant rien à comprendre, c'était comme ça.
Je suis heureuse de voir les nouvelles générations femmes et hommes intelligents, et aussi personnes non binaires, s'atteler à tenter de faire changer les choses, même si je crains qu'elles ne parviennent à avoir gain de cause qu'au moment où la planète sera épuisée et nous engloutira dans l'effondrement des ressources et du climat que l'humanité dans son ensemble aura provoqués. Resteront des bribes tribales de survivants et ça sera un retour à la case départ, la loi du plus fort, la violence pour l'appropriation du peu d'aliments et d'eau potable disponibles, car la survie des paisibles et des doux n'est concevable que dans un monde équilibré. Je vois l'avenir comme dans Enig Marcheur , quelque catastrophe nucléaire permettant éventuellement comme c'est le cas dans le roman, de devancer d'appel.

nb : note pour quand j'aurais du temps personnel (Mouarf se marre mon cerveau pensant), les interventions de Mathieu Lacambre étaient fort éclairantes. Aller lire ou écouter de plus près son travail, ce qui en est disponible auprès du grand public, pourrait être une bonne idée.