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25 billets

D'arts et de sports (pleurs)


    Je profite de mon jour de congé pour regarder à retardement l'extraordinaire finale de tennis de table entre les frères Lebrun.
Le cadet, perdant quand il a pu croire un temps la victoire à portée de main, pleure à chaudes larmes et semble inconsolable.

Je me demande ce que les personnes peu habituées à la pratique sportive et au dépassement de soi peuvent comprendre à ces pleurs. Il me semble les reconnaître, pour avoir plusieurs fois fondu en larmes une fois des lignes d'arrivées franchie et tellement heureuse d'y être parvenue, aucun autre enjeu pour moi, que la thalassémie éloigne vis-à-vis des gens de pleine santé, de tout exploit.
Ce sont les pleurs de qui est allé au bout du fin fond de lui-même puiser les dernières ressources disponibles afin de tenter le tout pour le tout. Le corps liquéfie tout ce qui reste et l'on n'y peut rien du tout, seulement attendre que le fond de cuve qu'on est allé cherché s'assèche.
Respect, Félix ! Être capable si jeune d'aller puiser si loin est signe d'une force d'âme peu commune et qui portera loin.

Les pleurs d'épuisement, les pleurs du bout de soi sont souvent neutres, et n'ont rien à voir avec tristesse ou joie. En ces moments, on n'éprouve rien d'autre qu'un absolu épuisement qui balaye tout état d'âme.


On peut également pleurer sans chagrin face aux moments artistiques merveilleux, quand quelque chose touche une corde sensible. On peut alors ne pas même se rendre compte que les larmes coulent. L'opéra est fabuleux pour ça. Les voix viennent nous chercher par l'intérieur de l'âme.

Contrairement aux apparences, ces larmes d'arts ou de sports, sont de ce qui rend nos vies humaines plus belles et leurs donnent, brièvement, sens. 


Sunday evening five o'clock blues


    Jour de congé pour moi, que je passe au lit pour reprendre des forces. Plus tard j'irai chez le kiné pour remettre la carcasse d'aplomb. J'ai atteint un âge où maintenir une condition physique demande un effort quotidien.
Alors je rattrape mes retards de lecture, des blogs amis notamment et tombe sur ce billet de bon gros blues du dimanche soir.

Vieillir salariée ne permet pas d'y échapper. Et j'ai la chance d'avoir un emploi qui ne va pas contre mon éthique, je suis utile de façon terre à terre à d'anciens collègues et parfois le sous-effectif ou l'organisation de type centre d'appels (1) qui nous empêche d'assurer un suivi car assignés à d'autres sujets sans tarder, m'empêche de l'être comme je le souhaiterais, mais globalement je me rends utile.
C'est déjà pas mal pour un emploi nourricier.

Seulement je prends conscience en lisant Samovar d'à quel point l'âge induit un déplacement. Mon blues du dimanche soir prend désormais la force d'une inquiétude récurrente quant à ma capacité de tenir la semaine. Une sensation solide de : je ne vais pas y arriver (physiquement ; sachant que l'épuisement induit une brume de fatigue dans le cerveau, et rendent moins efficaces mémoire et réflexion). 
Tenir, tenir encore cinq ans.

 

(1) Il faut avant tout prendre les appels, de façon indifférenciée, sauf pour quelques gros clients attribués à nos responsables. 


Vertige boréal

 

    Les amis revenaient d'un séjour à crapahuter dans le désert du sud de l'Algérie. Nous étions une tablée. Ils évoquaient leurs nuits, les bivouacs, le vent sur le visage.
L'un d'entre nous a alors reçu un appel téléphonique qui lui a fait quitter très brièvement l'assemblée.
Entre temps la conversation s'est embarquée vers les nuits passées à l'extérieur, et le même voyageur s'est pris à évoquer la Finlande et ses aurores boréales. Il en décrivait la beauté quand le convive au téléphone est revenu, conversation close et s'est étonné, apeuré : 
- Des aurores boréales en Algérie ?

Nous avons ri mais quelque chose effare, il était prêt à penser, et j'en aurais fait autant à sa place, que le climat était déjà si amplement détraqué sous l'œuvre productiviste et surpeuplée de l'humanité, qu'on en était à voir des aurores boréales à hauteur de tropiques.

On en est là.