D'arts et de sports (pleurs)
25 mars 2024
Je profite de mon jour de congé pour regarder à retardement l'extraordinaire finale de tennis de table entre les frères Lebrun.
Le cadet, perdant quand il a pu croire un temps la victoire à portée de main, pleure à chaudes larmes et semble inconsolable.
Je me demande ce que les personnes peu habituées à la pratique sportive et au dépassement de soi peuvent comprendre à ces pleurs. Il me semble les reconnaître, pour avoir plusieurs fois fondu en larmes une fois des lignes d'arrivées franchie et tellement heureuse d'y être parvenue, aucun autre enjeu pour moi, que la thalassémie éloigne vis-à-vis des gens de pleine santé, de tout exploit.
Ce sont les pleurs de qui est allé au bout du fin fond de lui-même puiser les dernières ressources disponibles afin de tenter le tout pour le tout. Le corps liquéfie tout ce qui reste et l'on n'y peut rien du tout, seulement attendre que le fond de cuve qu'on est allé cherché s'assèche.
Respect, Félix ! Être capable si jeune d'aller puiser si loin est signe d'une force d'âme peu commune et qui portera loin.
Les pleurs d'épuisement, les pleurs du bout de soi sont souvent neutres, et n'ont rien à voir avec tristesse ou joie. En ces moments, on n'éprouve rien d'autre qu'un absolu épuisement qui balaye tout état d'âme.
On peut également pleurer sans chagrin face aux moments artistiques merveilleux, quand quelque chose touche une corde sensible. On peut alors ne pas même se rendre compte que les larmes coulent. L'opéra est fabuleux pour ça. Les voix viennent nous chercher par l'intérieur de l'âme.
Contrairement aux apparences, ces larmes d'arts ou de sports, sont de ce qui rend nos vies humaines plus belles et leurs donnent, brièvement, sens.