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4 billets

"Combien de poèmes je ne commence pas"


    Je pensais, ayant revu quelques amis grâce à Erika et Sylvie de l'Attrape-Cœurs ces jours-ci, à ceux qui ne sont plus là, et combien il y avait eu soudain en 2021 de décès dans mon entourage amical. Aucun d'eux n'est mort du Covid mais je reste persuadée qu'il y avait eu au moins pour deux d'entre eux un lien de cause à effet, dans le fait de n'avoir pas eu plus tôt l'accès aux soins pour autre chose (se l'être eux-mêmes sans doute dit, face à des symptômes qui n'étaient pas ceux de l'urgence générale, que ça pouvait attendre de s'en inquiéter).

L'époque de l'internet a ceci de particulier qu'elle permet de prendre des nouvelles a posteriori. J'ai saisi leur nom, comme pour voir ce que leur fantôme devenait (1).

Pour l'un d'entre deux voilà une interview ancienne (2004) mais ressurgie ces jours-ci. Je reste frappée par sa justesse d'analyse concernant l'écriture. Et je suis parfaitement d'accord sur le concept de désastre amusant.

J'aime cette époque moderne qui nous permet d'avoir des nouvelles fraîches de nos [désormais] éternels absents.


PS : Et à part ça, je tiens une enquête pour ma retraite (qui semble s'éloigner à mesure que j'avance en âge) : qui était Simone Dussauze, enfant de 1915 lisant des (au moins un) livre en Bibliothèque Rose (illustrée) ?

(1) C'est moins farfelu que ce qu'il n'y paraît, l'un d'entre eux a un livre récemment publié (à titre posthume), Jachère de Philippe Aigrain.


J'ai connu la fin du Rêve


    Après une soirée émouvante et délicate à la librairie de l'Attrape-Cœurs à l'occasion de la parution du nouveau roman de Karine Reysset "Dans la maison familiale" (avec lecture à trois voix + chansons, + mise en musique par Gilles Marchand), je suis rentrée en prenant conscience que ce sont les bibliothécaires du Crédit Lyonnais dans les années 1998 à 2000 qui en agissant un tantinet d'autorité envers moi :

"C'est le fils d'un collègue et c'est un vrai écrivain, tu verras" (et Françoise d'autorité m'enregistre "Je vais bien ne t'en fais pas" d'Olivier Adam sur ma carte et me colle le bouquin entre les mains)

"Tu y vas 5 minutes, tu pars après, mais tu y vas" pour m'obliger à aller à la rencontre avec Marie Desplechin alors que j'avais une réunion pour une méchante urgence pro.

qui ont changé (en beaucoup plus vif) le cours de ma vie.
Sans parler de la toute première rencontre, celle avec Nicolas Bouvier qui m'avait donnée les capacités pour réfléchir à ma vie autrement.

Ce soir, brièvement car j'étais éreintée après une journée de travail chargée de devoir répondre comme suite à des problèmes généraux auxquels je ne pouvais rien que servir de courroie de transmission pour les informations entre ceux qui pouvaient le résoudre et ceux qui en pâtissaient, j'ai savouré que ma vie avait été rendue belle, quoique rude, et qu'il en restait les échos actifs, braises vives prêtes à être rallumées dès que je serai maître d'un peu de mon temps.

PS : Le titre de ce billet, c'est une phrase que j'ai réellement prononcée dans une conversation de la soirée et qui est vraie.