Previous month:
novembre 2024
Next month:
janvier 2025

0 billets

Terminer tôt

 

Capture d’écran 2024-12-31 à 19.18.28

Il était doux de terminer tôt la journée de travail - la vie pourrait être si équilibrée s'il en était toujours ainsi : 09:00 / 15:00 et une simple pause de 30 à 40 mn vers 12:30, le temps de se caler l'estomac -, d'emprunter un vélo puis le métro pour compléter le trajet et puis de sortir qu'il faisait encore jour.

Il était léger de pouvoir caser une séance d'entraînement vite enchaînée en rentrant, le temps de poser sa besace, ôter une épaisseur de vêtements qui vont bien au travail, la remplacer par une épaisseur de vêtements qui vont bien pour courir (dont celui qui est chauffant, ce secours que c'est) et les chaussures aussi, et puis filer gambader.

Il était amusant de découvrir (en l'occurrence : parc Salengro) les illuminations très réussies (des couleurs changeantes dans les allées du parc) et qu'il y avait une fête foraine aussi. Présentes l'une comme l'autre pour les fêtes mais je n'en avais rien su. 
Rien su non plus de la fresque sur une façade entière d'un immeuble d'un des axes principaux. 

Et pourtant je ne me suis pas absentée récemment, comme au travail nous accompagnons les librairies dans leur rush de Noël c'est une période très métro - boulot - vélotaf - run - dodo.

Je crois toutefois que pour que je n'aie rien vu de cette transformation d'immeuble, c'est que la partie boulot, sauf aujourd'hui, s'étale un peu trop. 
En tout cas la ville s'embellit. 


Apprendre incidemment ce que l'on faisait un jour qu'il y a 12 ans (et demi)

 

    Tout a commencé par un curieux courrier de la banque de la poste qui m'annonçait que fautes de mouvements, un compte que je détenais chez eux allait être fermé.

Je me souvenais de mon premier compte courant, lequel était bien chez eux mais avait été me semblait-il déjà fermé par manque de mouvements, et il me semblait que c'était lié au vol de mon sac en 2017, lequel contenait mon ordinateur. J'avais immédiatement fait opposition sur toutes les cartes que je détenais (dont une carte de retrait simple et gratuite qu'ils proposaient alors) ; mais n'étais pas parvenue (et avais eu d'autres laits sur le feu), dont le vidage et la vente de la maison parentale, à recouvrer proprement mes identifiants, du moins me semblait-il et ensuite j'avais eu ce courrier qui m'avait semblé définitif : Faute de mouvement, nous avons clôturé. J'y avais peu d'argent, c'était devenu un compte de secours, tant pis.

Comme suite au nouveau courrier je me suis dit que cette fois-ci je n'allais pas laisser passer une nouvelle chance, et par la grâce des liquidations de jours de RTT en fin d'année, ai décidé d'effectuer les démarches. 
Pour quelqu'un qui voisine la phobie administrative (1), c'était un bel effort. 
J'ai dû téléphoner deux fois, avec une longue attente, être renvoyée vers la poste de ma ville, devoir jongler sur les horaires afin de pouvoir y aller, me faire rembarrer une première fois parce que leur système informatique ne répondait pas et qu'on ne pouvait donc même pas prendre un rendez-vous avec un conseiller, et qu'il fallait un conseiller pour réactiver un compte, me faire rembarrer une seconde fois parce que non réactiver un compte ce n'est pas sur rendez-vous mais ici les conseillers ne sont-là que le mercredi et le vendredi matin (2) ; et enfin reteléphoner mais avec moins d'attente expliquer que je venais de la poste et qu'on me proposait finalement seulement de passer à nouveau à des jours où je travaillais, et s'il vous plaît pourriez-vous m'aider. Cette fois-ci j'étais tombée sur la bonne personne qui a fait le nécessaire pour me faire parvenir des courriers papier avec un jour un mot de passe provisoire, et quelques jours plus tard le fameux identifiant qui, depuis le début, manquait (3).

Ce soir, j'ai enfin pu réactiver mon accès et je ne ferai certes pas fortune avec le reliquat retrouvé mais pourrai éviter une fin de mois compte (légèrement) débiteur si l'un de nos salaires tardait à être payé, le petit quelque chose qui manque parfois et fait qu'on paie des agios pour peu. C'est déjà ça.

Et au passage, j'ai pu lire cette précision : dernière connexion le 08.05.2012 à 17:06
Je sais donc soudain exactement ce que je faisais un beau jour de printemps en fin d'après-midi d'il y a 12 ans et demi, deux jours après l'élection de François Hollande en tant que président de la République, ce qui n'avait sans doute rien à voir, pas plus que le fait que ma nouvelle connexion ait eu lieu au lendemain de la mort d'un ancien président des États-Unis.
Comme je venais de me mettre à la course à pied, qui sait si je ne m'étais pas connectée afin de voir si mon compte de secours allait me permettre de m'offrir une paire de chaussures adaptées ? La question restera : à part cet horodatage rien ne reste visible de mon historique de mouvements.

L'an 2012 m'a laissé de bons souvenirs à plus d'un titre, j'aimais mon travail à la librairie Livre Sterling, j'écrivais, ça avançait, les ami/e/s m'avaient soutenue en m'offrant un ordinateur, je commençais à découvrir qu'une pratique soutenue du sport jointe à un métier physique mais à temps partiel tenait la fatigue en respect, en octobre 2012 nous avions pu faire venir Joël Dicker à la librairie juste à la veille de son immense succès (4), il y avait eu d'autres très belles soirées, bref, une bonne année. 
Dès 2013, les choses reprenaient leur cours ordinaire : des obstacles, des difficultés, la perte, qui se révéla longtemps plus tard définitive, de quelqu'un qui comptait, l'écriture gênée par la recherche d'emploi, les ennuis de santé des uns et des autres proches ... 
Ce soir, fatiguée, je me plais à rêver d'un sortilège heureux qui ferait que ma reconnection coïncide avec la reprise d'une période moins âpre et munie d'une part de bon, d'un peu de légèreté et de devoir moins batailler. La parenthèse magique des J.O. m'avait donné un avant-goût de belle vie normale (5) et j'ai très envie de retrouver cette énergie-là.

 

(1) Mais j'ai toujours fait ce qu'il fallait faire, et généralement à temps. Simplement ça me demande une énergie disproportionnée par rapport à ce qui est à effectuer. Et ça ne marche jamais du premier coup.  
(2) Je n'ai plus le souvenir précis des jours et des horaires mais c'était deux demi-journées dans les jours travaillés à des horaires qui sont ceux auxquels je suis moi-même au travail, et ce deuxième passage avait lieu lors de mon dernier jour de RTT accordé donc c'était plié.
(3) Car mon compte était si ancien que l'identifiant mentionné sur le courrier initialement reçu ... n'était pas conforme. Un peu comme si un document actuel mentionnerait encore un numéro de téléphone à 7  chiffres.
(4) C'est si typique de ma vie que j'en ris encore : voir venir les mouvements mais n'en tirer aucun bénéfice financier. Quelques jours plus tard, premiers prix le concernant, et envol des ventes. Notre soirée avait été sympathique et plutôt satisfaisante, mais rien qui renflouait les caisses. Et, pour raisons économiques, j'ai perdu ce travail que j'aimais l'été qui a suivi.
(5) J'ai principalement et beaucoup travaillé, avec un fort sentiment d'utilité et pour des gens formidables. Ça m'a rendu heureuse, y compris quand il s'agissait de trier des chaussettes orphelines ou balayer la cour.


Nette amélioration des trajets (vélotaf)

Capture d’écran 2024-12-27 à 23.01.29

Depuis la prolongation de la ligne 14 vers le sud, j'effectue moins de trajets vélotafs complets, aussi ce soir, malgré le froid et parce que j'étais bien équipée (5 couches de vêtements du tee-shirt à une veste coupe-vent parfaite et un collant de course à pied et un pantalon par dessus et de grosses chaussures d'hiver montantes fourrées, mitaines, bonnets, tours de cou (2 couches)) et qu'on était vendredi (donc demain, qui sera pour moi un samedi non travaillé, tranquille), je me suis fait un petit plaisir de retour à vélo intégral.
Je n'avais pas emprunté les pistes cyclables des maréchaux ouest depuis un long moment. J'ai pu constater que de réels progrès avaient été faits, c'est assez formidable cette évolution. 

Ne reste plus que vers la partie entre Brancion et porte de Versailles cette installation absurde qui fait qu'en étant sur la piste cyclable on doit rouler en se baissant un peu (1) sous les structures des stands du marché. Capture d’écran 2024-12-27 à 23.44.07

Et par ailleurs vers la porte de la Muette et jusqu'à la porte Dauphine un passage où il n'y a plus du tout de piste cyclable, pas même un tracé un peu restreint, rien. Or les voitures roulent à 50 km/h en cet endroit.

C'est le seul endroit. Tout le reste du trajet est à présent en pistes et le tronçon Porte Dauphine / Porte Maillot est désormais une expérience cyclable de rêve, on est entre des installations sportives et des arbres et on longe les voies de tramways. Bidir large. L'idéal.

Et puis il y a eu ce petit miracle, à moins que ça ne soit la trace du début d'une prise de conscience collective, mais sur l'une des portions où la piste cyclable n'est que délimitée par de la peinture, un taxi était garé LE LONG DE LA PISTE et non pas sur la piste. C'était aux automobilistes de le contourner et non pas aux vélos de devoir se confronter aux frôlages le temps qu'ils dépassent le véhicule arrêté (2). Respect. Et je me suis fait un plaisir d'attendre paisiblement que sa cliente soit descendue et ait regagné le trottoir. 
Chacun a bien tenu son rôle et ainsi personne n'a couru le moindre danger. 

Je finis ma semaine de travail sur une note positive, j'espère que ce petit bonheur me tiendra au moins le début du week-end. 

(1) Enfin un peu pour moi qui ne suis pas grande. Mais un homme d'1,80 m ou plus ne passerait pas.
(2) Car d'expérience et même si on a attendu que ça soit dégagé derrière nous pour dépasser, des véhicules arrivent à toute blinde alors qu'on est engagés et n'attendent pas que l'on ait achevé le dépassement pour passer à leur tour et donc doublent le cycliste qui est en train de déjà doubler le véhicule arrêté. En frôlant de très près puisque la rue, même large n'est pas tout à fait prévue pour un double dépassement, même si l'un des véhicules n'a que deux roues. 

 

PS : Rien à voir avec ce qui précède mais si d'aventure vous vous êtes demandés un jour ce qu'était devenue Teri Moïse, la réponse, triste, est relatée entre autre dans cette vidéo de NostalgicKid. Pour ma part je me demande si je savais et ai complètement oublié (2013 ayant été pour moi une de ces années difficiles) ou si je n'en avais rien su. Elle faisait partie des artistes dont j'appréciais le travail, les musiques, les chansons, mais sans non plus être prise d'envies d'écoutes en boucle, ni de concerts. Ce qui fait qu'un jour, on s'aperçoit qu'on ne l'entend plus mais que ça faisait peut-être depuis longtemps.

PS' : Une belle et triste histoire : le pilote de chasse syrien, Ragheed al-Tatari, qui avait refusé d'obéir aux ordres de bombarder en 1980 la ville de Hama était embastillé depuis 43 ans. Il avait survécu et le voilà libre, grâce au renversement du régime dictatorial. Et le voilà reconnu comme héros et fêté comme tel. Il le mérite d'autant plus qu'il avait pu s'exiler en Égypte mais était revenu en Syrie quand il a su que sa femme, elle-même rentrée au pays pour y rejoindre leur fils bébé auquel un visa avait été refusé, avait été arrêtée et était victime de violences. Alors il était rentré se rendre (source : Le courrier international). 

https://metro.co.uk/2024/12/09/son-one-syrias-longest-serving-prisoners-tells-dads-release-22153889/


Jour férié, jour pour récupérer

 

    Travailler passé 60 ans, c'est dans mon cas, presque privilégié (1), rester dans un environnement stimulant mais le payer cher en terme de ne pas avoir de temps résiduel, fors à le consacrer intégralement ou presque à me maintenir dans la meilleure santé possible : et donc mes jours de congés sont de sport et récupération (et je ne parle pas de l'état terrible de l'appartement, des piles de livres et de leurs effondrements).

L'avantage d'être de vieux orphelins, s'il y en a un, c'est que sont finis les Noël parentaux pas simples. L'avantage d'avoir des enfants adultes et pas de petits-enfants c'est qu'on ne se sent pas tenus de faire une grande fête, et donc aujourd'hui c'était délicieusement quartier libre et récupération.

J'ai donc tenu ma séance aux allures, le matin et très volontairement dormi ou somnolé le reste de la journée. Et, en dehors d'un petit déjeuner d'un classicisme époustouflant (café, lait, croissant et jus de fruit), nous avons fait un seul repas, vers 15:00, parce que nous n'avons eu faim ni avant ni après. C'est également un grand privilège de n'être ni en manque ni en excès. 

Au cours de mon après-midi de repos, j'ai un peu lu, un peu regardé des informations, profité pour aller chercher des données sur divers sujets (que des choses pas commerciales, aurait dit le chanteur (quoi que (2))) et donc glané. Comme je sais que dès demain, boulot salarié oblige et manque de place active disponible dans mon cerveau, j'aurai oublié, et parce qu'aussi ça pourrait intéresser d'autres personnes, j'en partage quelques-un : 

Séparer l'horreur de l'artiste chez "Un invincible été"
Avec l'IA les poètes mettent leurs textes en musique  sur ActuaLitté

Écrire dans le flux chez mon amie Anne Savelli

La force de Gisèle Pelicot , article sur France Info

RIP X chez Yann Orpheus (J'ai l'intention d'en faire autant, mais je n'en suis qu'à la phase de me désabonner de celles et ceux qui sont désormais ailleurs et m'abonner chez eux ailleurs si ce n'est déjà fait)

divers articles, dont celui-ci,  sur le terrible suicide d'un conducteur de train qui a conduit à des perturbations lourdes dans le trafic SNCF sur certaines lignes. Il devait vraiment être au bout du rouleau pour en arriver là. Au fil des heures on a vu d'abord les mécontentements exploser sur les réseaux sociaux, de la part des personnes facilement furieuses d'un réveillon raté (en fait pas mal devaient être bien contentes d'échapper à une corvée familiale, mais ne l'avoueront jamais), puis quelques voix qui se lèvent pour dire, Euh calmez-vous ils ont dit que c'était suite à un "incident de personne" et tout le monde sait que ça veut dire un suicide, puis des messages un peu plus officiels indiquant qu'il s'agirait peut-être du suicide d'un conducteur puis les précisions et la communication de la SNCF qui détaille le processus qui a fait qu'à part celui qui ne voulait plus vivre, il n'y a eu aucune victime. J'ai appris au passage qu'un TGV lancé pleine balle met environ 2 km pour, en freinage d'urgence, passer à l'arrêt. 

Et puis le cadeau de Noël, que je n'ai vu qu'aujourd'hui, une video, datant de novembre, de Sade, Young Lion en soutien à son fils YzaacTheo

 

(1) Un job utile aux autres, un employeur respectueux, et une brochette de collègues fréquentables. En plus dans une entreprise qui recrute ce qui est un luxe inouï que de toute ma vie professionnelle antérieure je n'avais jamais connu autrement que sous la forme : on me recrutait moi car quelqu'un n'était plus là et qu'il y avait du boulot pour trois. 

(2) Je suis tombée de liens en liens sur des baskets d'ultra-riches qui m'ont bien plu.
Leur prix est à ce point stratosphérique par rapport à mon salaire, lequel est clairement inférieur au salaire net moyen et est 4 tranches en dessous du salaire net médian , que je ne suis pas même tentée et tant mieux car j'ai déjà tout ce qu'il me faut en terme de chaussures. 


Des assassins

 

    Des faits divers peuvent n'être que ça : des gens à qui il est arrivé du malheur et d'autres qui en ont infligé. En ce moment, il me semble qu'on en croise un certain nombre qui sont davantage que des drames isolés :

un homme jeune tue le PDG d'une entreprise d'assurance qui refusait fréquemment de prendre en charge les frais médicaux de malades qui finissaient morts ou surendettés,

un homme jeune tue cinq personnes puis va se rendre tranquillement : l'un était un ex-employeur avec lequel il avait eu un contentieux, et deux autres étaient d'ex-collègues dans une autre entreprise, mais on ignore s'il les connaissait réellement et deux n'avaient aucun lien avec aucun des autres mais semblent avoir été pris pour cible seulement parce qu'ils étaient là.

un homme issu d'un pays où l'Islam fait partie de la loi, et qui le reniait, a fait un carton en voiture sur des passants randoms d'un marché de Noël, semble-t-il parce qu'il reproche au pays où il vit lui-même depuis des années, d'accueillir trop de musulmans. Ses mobiles semblent confus mais sa détermination fut sans failles (hélas). Il a tué au nom d'une extrême droite qui le récuse.

J'ai l'impression d'un monde de plus en plus insensé où c'est de toutes façons la violence qui gagne. 
Le tout sur fond de rixes à Paris et en banlieue avec des animosités entre quartiers qui dégénèrent à coup d'armes blanches, entraînant la mort d'adolescents dont certains qui n'avaient sans doute rien à voir avec ces sortes de guerres de clans.


nb : Loin de moi l'idée de mettre les trois attaques sur le même plan, ils sont simplement survenus à quelques jours d'intervalle et ont en commun de nous laisser sidérés. Pour le premier par la vague de sympathie qui s'en est suivie. Pour le second par le fait que d'après ce qui a été publié dans la presse avec pignon sur rue, qu'il admet calmement avoir fait ce qu'il a fait mais sans savoir l'expliquer. Pour le troisième par le niveau de violence et la logique anéantie : il hait les islamistes et fait donc (?!?) le pire de ce qu'il peut leur arriver de faire.


Résumé lapidaire

 

La femme de l'ancien président, très âgée, est encore en vie, mais la cuisinière célèbre de la télévision ne l'est plus.


Il se trouve que j'ai presque quarante ans d'écart avec ma plus jeune collègue et, quand le travail nous en laisse le temps, nos échanges sont fructueux et pour moi, stimulants. 
En l'occurrence, concernant les deux personnes précitées, il n'y a pas eu besoin d'expliquer quoi que ce soit, ni de raconter, elles étaient connues. Parfois des personnes sont connues ou inconnues des personnes d'une classe d'âge ou d'une autre, et ça n'est vraiment pas ce à quoi l'on s'attend (1). Le fait d'en parler avec des collègues ce qui enlève le biais familial (on peut être d'une famille passionnée de tel ou tel art, sport ou artistes) et l'effet "cercle" des relations amicales, est particulièrement intéressant. 

(1) Dans un sens ou dans l'autre. Il m'est arrivé récemment d'expliquer à l'un de mes collègues trentenaires qui était Inoxtag.  


Un film émouvant (En fanfare, d'Emmanuel Courcol)

 

    Nous l'avions manqué au Arras Film Festival, parce qu'il en faisait l'ouverture et qu'en raison de nos contraintes de boulot, nous ne pouvions arriver que le samedi matin.
Pour autant les camarades qui à quelques années de plus que nous sont déjà retraités depuis un bon moment et qui eux disposent de leur temps, l'avaient vu et aimé et nous avaient conjuré d'y aller voir dès que nous le pourrions. Grâce leur en soit rendue.

Ce fut enfin fait cet après-midi. 
En fanfare d'Emmanuel Courcol

Malgré une partie de moi qui n'était pas tout à fait dupe, mais parce que j'ai trop roulé ma bosse de cinéphile et d'écriture (1), pas en raison du travail réalisé, j'ai été émue comme ça faisait longtemps que ça ne me l'avait pas fait.
Car une foule de choses sont d'une justesse inouïe, et non seulement le jeu des actrices et acteurs - toutes et tous formidables -, sur la foule de sujets abordés. 
Entre autre la musique et les rapports entre les différents types de musique. On va quand même du rap au "classique moderne" dans la B.O.F.
Et le déterminisme de classe pour une fois montré sans trop de tartuferie, le plus talentueux des deux frères - puisqu'en gros c'est l'histoire de deux frères - étant celui qui a grandi dans une région en crise économique et un milieu modeste, n'ayant pu que rejoindre sa place de façon marginale (2), tandis que l'autre à force de travail rendu possible par le lieu et le milieu de sa famille adoptive a acquis une grande renommée.
Les deux sont dans la musique, et ça aussi, ça coïncide avec mon expérience de la vie, que des choses sont en nous au départ, même pas tant sous forme d'aptitudes que d'inclinaisons vers certaines activités (3).
Il y a aussi l'importance des liens familiaux, l'importance du travail qui permet de gagner sa vie, surtout quand il ne le permet plus. 
Il y a aussi, effleurée, la magie de chanter en chorale - on peut avoir chacun une voix moyenne et donner un résultat d'ensemble formidable -. Et le fait qu'assez souvent, lorsque l'on agit guidés par la générosité, dans notre société telle qu'elle est on s'attire de gros ennuis.

Cinq noms figurent comme scénaristes et il se pourrait qu'un travail d'équipe ait conduit à cette justesse de dialogues, de ton, de situations. 
Évidemment, le côté Nord de la France nous touche davantage que d'autres personnes. C'est un peu chez nous.

Ce billet est mal écrit, je pleure encore d'avoir été touchée, et somme toute, réconfortée.
Ne vous méprenez pas, il y a également bien des moments délicatement drôles.
Ce film est un bonheur.

 

(1) Ça fait entre autre que je repère des similitudes là où ça aiderait de s'en passer, et qu'aucun fusil de Tchekov ne passe inaperçu. 
(2) Et ça, c'est tellement ce que j'ai pu constater au cours de ma vie : oui en prenant de la peine on finit par rejoindre ce pour quoi on était là, si tant est que, mais non, on ne peut s'y faire une place si l'on part de trop loin. On le peut en amateur. Au mieux.
(3) J'ai mis une cinquantaine d'années à me rendre compte que j'étais une sportive, hélas pourvu d'un corps pour le moins pas doté d'aptitudes en ce sens, voire même handicapé pour certaines activités. Seulement j'étais née à une époque où les filles ne faisaient pas de foot, voyons. Et j'étais une excellente élève donc considérée par mon petit monde comme une intellectuelle, comme si ça devait nécessairement s'opposer.

PS pour Jean-François : Si tu me lis, tu avais raison au sujet de la ressemblance avec Johnny.

PS' : Pas le temps ce soir d'écrire un second billet et c'est injuste, mais ne manquez pas "Vingt dieux" de Louise Courvoisier, sauf si l'odeur du fromage vous écœure. Il y a un vrai quelque chose dans ce film, une grâce, un truc qu'on n'avait pas vu passer depuis longtemps. Ici ce qu'en dit Pierre Lescure.


Scènes de liesse


    J'ai beau être sans illusion sur la suite car ceux qui viennent de prendre le pouvoir promettent non des lendemains qui chantent, mais d'imposer leurs lois, même s'il est question pour l'instant de "dialogue avec les minorités", en attendant et en cette soirée voir en rentrant du travail des scènes de liesse dans différentes villes syriennes, des retrouvailles familiales, des personnes s'amusant dans un parking de bolides inouïs ou un palais, des jubilations en sortie de prison (1), ma foi, ça fait plaisir, en tout cas plaisir pour ce peuple. 
Je n'ai pas oublié la sidération glacée de quand nous avions appris que le dictateur avait ordonné de balancer du gaz toxique sur certains quartiers ou villages.  
Je n'ai pas oublié les adolescents de Deraa en 2011 et pas non plus totalement oublié que déjà le père du dictateur à présent destitué, avait montré un penchant pour la répression aveugle et sanglante en ordonnant le bombardement d'une ville où s'était implantés les Frères musulmans (ou autre groupe islamiste dissident) (2).
Je n'ai pas non plus oublié d'à quel point on s'était laissés berner par l'apparence de modernité qu'avait donnée dans les premiers temps le couple dictatorial; et je me souvenais même du parallèle abusif (3) effectué par certains médias entre Asma el-Assad et Lady Di. 
Je pense ce soir plus particulièrement à un couple de mes amis qui vécurent à Damas quelques temps pour des raisons professionnelles et les imagine émus (et peut-être partagés entre la liesse et le soulagement actuels et une solide inquiétude pour l'avenir général du pays).
Enfin je pense aux personnes qui viennent de retrouver un proche, parmi les prisonniers politiques soudain libérés et qui doivent se sentir coupées en deux entre la joie des retrouvailles et le chagrin absolu de prendre conscience que la personne qu'ils chérissaient n'est plus la même, brisée, et que ce moment qu'ils attendaient tant est au bout du compte celui de la confirmation d'une fin, comme un deuil.

 

(1) du moins pour celles et ceux qui ne sortent pas dans des états d'hébétude et d'amnésie manifestes, sans doute perdus à eux-mêmes après de mauvais traitements.
(2) Vérifications faites il s'agissait de Hama et c'était en 1982
Et il s'agissait des Frères musulmans.
(3) Perçu comme tel déjà à l'époque. 


Billet esquissé (entre la cathédrale Notre-Dame de Paris réouverte et fêtée, et l'actualité internationale)


    J'avais dans l'intention d'écrire un billet sur le très curieux (mais hélas pas surprenant) décalage entre la concentration de l'actualité en France sur l'inauguration de la cathédrale reconditionnée, avec plein de pontes et l'ensemble du pays devant sa télé à regarder ce qui pour la partie spectacle n'était qu'un enregistrement de la veille, soigneusement monté, et l'actualité brulante du jour qui est : la chute imminente du régime d'Assad en Syrie. Cinq ans de guerre civile, lors de la décennie précédente, n'en étaient pas venus à bout et là, en quelques semaines, à dégager. 

Je n'ai pas d'opinion éclairée sur le sujet ; dans la mesure où ceux que la presse qualifie de rebelles, sont des rebelles islamistes, je ne suis pas certaine qu'au bout du compte la population soit moins opprimée, les femmes en particulier. Mais je comprends que les enjeux sont importants, la régions étant stratégique et déjà une poudrière. Et je suis surprise - mais si j'étais bien informée, peut-être ne le serais-je pas - de la rapidité de l'effondrement.

Et là je tombe de sommeil, alors difficile de tenter d'en comprendre davantage.

Je suis contente que la cathédrale emblématique ait été reconstruite. Mais ne pourrait-on pas aussi, faire de gros efforts, financiers et de partages pour restaurer d'autres bâtiments ? Mettre les moyens pour pouvoir soigner les gens ? Les plus grands donateurs n'étaient-ils pas également les plus grands défiscalisateurs ?

 

Update du lendemain matin : Bon, les médias pignon sur rue se sont enfin réveillés et annoncent la chute du gouvernement de Bachar al-Assad (les alertes infos datant du petit matin), j'imagine que dans les rédactions des personnes de permanence piaffaient quand on leur demandait d'attendre la fin de l'Inauguration pour publier quoi que ce soit. 
Au passage j'apprends qu'il y avait depuis presque un mois un mandat d'arrêt international contre le dictateur, pour l'une précise de ses exactions.