Iwak #23 – Rouille (Rust)
Le biais féminin

Iwak #24 – Expédition


    Je fais souvent plein de petites expéditions au prétexte de course à pied ou d'aller chercher un colis (généralement un livre d'occasion) dans l'endroit fantaisiste où Machin Relay l'a finalement déposé, bref tout est chez moi prétexte à explorer dans un périmètre et avec des durées limitées mais c'est explorer quand même.

Et d'ailleurs aujourd'hui, en partant du cimetière de grande banlieue où nous allions fleurir et entretenir la tombe de mes défunts beaux-parents, nous avons fait une brève running exploration. Sans consulter aucun plan. Et c'est ce que j'aime.

Mais s'il faut parler d'expédition, c'est surtout l'une d'elle, une vraie, qui me revient en mémoire, du temps lointain où nous n'étions pas encore parents et sortions encore "entre potes".
L'un d'entre eux avait fait son équivalent de service militaire (VSNE) comme prof au Maroc et y avait rencontré une jeune femme qui faisait battre son cœur (et c'était réciproque) et voilà qu'en sortant ensemble d'être allés voir (en 1989) le film Woodstock au cinéma il a eu une sorte de crise de chagrin - nostalgie - urgence affective et il a dit Il faut que je retourne la retrouver. Mais c'était une expédition qu'il ne se sentait pas de faire seul. Alors j'ai dit, je ne sais pas comment on va pouvoir faire mais tu peux compter sur nous on va t'accompagner. Le Joueur de Pétanque, lui-même nostalgique de "son" Burkina Faso s'est laissé convaincre et miraculeusement nos employeurs aussi pour 10 jours de congés hors saison (à la mémoire c'était en février).

Et roule Nénesse, nous voilà partis.
Ça mériterait un road movie car le camarade nous avait proposé qu'on n'aille pas seulement à Casablanca retrouver sa belle, mais également découvrir le pays et que l'on avait en arrivant croisé un pote marocain qu'il avait à Casa (sauf qu'on était à Marrakech) et que l'aventure a pris une tout autre tournure et que ça a été un voyage comme il faut en avoir fait un dans sa vie pour être moins dans son petit monde riquiqui pour la suite.

Restera ce grand moment digne d'une séquence de film où nous guettions devant la poste de Casa, Le Joueur de Pétanque et moi une jeune femme que nous ne connaissions pas, muni d'une photo un peu floue d'icelle (du type de celles prise avec les jetables de l'époque), tandis que l'ami faisait des tours dans son quartier à elle pour tenter de la retrouver. C'était avant les téléphones portables. Je crois que la poste c'était parce qu'il avait tenté de lui faire passer le message par des connaissances communes de se retrouver à la poste.
Ce fut fait et quelques années plus tard ils se sont mariés. Mais comme la vie n'est pas un conte de fée, ils ne vécurent heureux que pendant une certaine période et n'eurent pas beaucoup d'enfants, pas un seul. Ils se séparèrent et vécurent chacun une autre vie.

De l'expédition reste aussi le souvenir d'une 4L de location laquelle avait du flou dans la direction et que j'avais longuement conduite. En évitant notamment, une nuit, une cohorte de chiens errants. Plus jamais ensuite les gars ne me reprochèrent de rouler trop lentement. 
Une autre nuit j'avais ramené les gars sains et saufs alors que celui qui était resté le sage de la soirée car il devait conduire, c'était trouvé hors d'état de le faire, malgré son abstinence. Et les deux autres étaient hors d'état de le faire car ils avaient bien profité de la soirée. Alors c'était mézigue qui s'y était collé, malgré mon épuisement de thalassémique mais grâce à ma capacité de boire sans ivresse. Sans doute aussi que la thalassémie nous apprend à être capable de faire les choses qu'il y a à faire même si on n'est plus en état de le faire puisque c'est ainsi chaque jour de notre vie où il faut aller travailler, alors que l'anémie fait qu'on ne tient pas debout.

Pour moi, "expédition", c'est ce voyage, avant tout.
Mais il y en a eu d'autres, moins lointaines.
Et à chaque fois dans le but d'aider ou de faire plaisir à quelqu'un. C'est un chouette motif pour se bouger et je ne l'ai jamais regretté.
J'espère rester apte à Quand faut y aller, faut y aller, encore longtemps.

 

Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'
a donné l'impulsion de tenter de suivre.

 

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