Iwak #1 – Sac à dos (Backpack)
08 octobre 2024
La première pensée qui me vient quand j'entends "sac à dos" est celle du sac noir, sans marque particulière mais avec mon ordi dedans et mon agenda qui comportait un précieux volet carnet d'adresses, que je me suis fait voler un soir d'octobre 2017 après une soirée lors de laquelle nous avions reçu Serge Quadruppani à la librairie Charybde.
D'ailleurs le sac contenait son tout nouveau roman, dûment dédicacé. Comme ce fut une période de difficultés financières, je ne l'ai pas racheté. Ni lu. Et j'éprouve une forme de chagrin ténu pour la dédicace, personnelle.
Ce qui était fou c'est que nous étions une douzaine en terrasse attablés et que personne n'a rien vu. Tout juste ai-je eu avec ma voisine, l'impression d'être un peu bousculée, à un moment, mais nous avions pensé que c'était la table derrière la nôtre qui prenait congé. Et mon attention était tournée vers sur ce qui se disait à table, le sac posé contre ma chaise - j'étais en jupe, il n'était pas entre mes jambes, pour une fois -.
Je m'en étais rendue compte très rapidement et étais retournée à la librairie faire immédiatement toutes les oppositions nécessaires. Pass Navigo, téléphone et clefs étaient dans mes poches, ainsi qu'une de mes cartes bancaires, ouf, sauvée.
Cette mésaventure aura été l'occasion de faire refaire mes papiers d'identité, c'était au moins ça.
J'étais à jour de mes sauvegardes d'ordinateur, ce qui une fois un nouvel appareil acquis m'avait permis de tout retrouver. À la nuance près que bien des éléments de carnets d'adresse se sont trouvés dispersés, des mails sans titulaires et des numéros de téléphones sans plus d'information.
J'étais allée à la BNF avant d'ouvrir la librairie et avais donc aussi des carnets de notes, ce qui avait mis un temps d'arrêt pour la plupart définitif à mes chantiers en cours. Un élan avait été perdu.
Le dépôt de plainte s'il s'était passé sans problèmes m'avait pris 4 heures et avait été fort déprimant (1). La personne qui prenait ma plainte était visiblement soulagée d'avoir face à elle une personne calme qui venait pour si peu - du matériel, rien de financièrement dramatique (l'ordi datait) -.
Je n'ai jamais totalement retrouvé ma vie d'avant : la perte de mon carnet d'adresses historique, survenue trop peu de mois après la subtilisation de mon téléphone lors d'une journée "Page" des libraires à la BNF, m'a fait perdre les coordonnées de trop de personnes qui avaient compté. Il m'en restait des bribes, mais ma mémoire ne m'avait pas permis de relier les personnes aux informations. Non sans naïveté, j'imaginais qu'à l'occasion d'anniversaires, ou de vœux de début / fin d'années ou d'autres événements, je serais par les uns ou les autres recontactée. Hélas, dans les 2/3 des cas, il n'en fut rien. Peut-être avais-je par le passé été trop souvent l'élément fédérateur, celle qui venais aux nouvelles, proposais des retrouvailles entre amis communs. Alors les ami·e·s avaient pris mon absence de relance comme un silence volontaire, un désintérêt.
Sept ans plus tard, le carnet d'adresses est le seul élément qui continue à me manquer. J'avais retrouvé un sac aussi pratique et sobre peu après, et ce dernier commence à se faire vieux, indice manifeste de l'ancienneté de ma mésaventure.
2017 aura été non seulement une année de deuil mais également une année où de bien des outils, des objets, je me serai fait dépouiller.
(1) Un peu comme aux urgences, on voit défiler la misère du monde, la déshérence, en condensé.
PS : J'ai écrit ce billet à la mémoire de ce qu'il m'en restait à présent, sans consulter mes archives.
Voici ce que j'en écrivais sur le moment :
Après le vol
Se prendre en compte
Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'a donné l'impulsion de tenter de suivre.