Et si finalement j'avais eu raison
27 juillet 2024
J'aime le sport, depuis l'enfance et alors que j'avais une santé fragile, dès que j'allais mieux c'était pour aller jouer dehors avec les copains du quartier, je rêvais d'être footballeuse en ignorant superbement qu'à l'époque ça ne se faisait (presque) pas. Et jamais je ne me suis lassée d'en pratiquer alors qu'avec ma bêta thalassémie mineure et mes pieds plats, complété d'un réel problème de coordination (1), j'ai toujours été très peu performante.
Et puis un jour m'est venu la conviction que je devais me mettre au triathlon et depuis, grâce à un club formidable, accueillant même pour les vieilles débutantes de 53 ans, ma vie s'est trouvée agrandie.
Alors quand l'orga des J.O. qui brasse des budgets fous et par ailleurs ma ville qui s'apprêtait à accueillir le staff de l'équipe de Grande Bretagne et des installations pour leurs athlètes ont fait appels au bénévolat, j'ai commencé à aller embêter ma hiérarchie pour avertir que l'année des J.O. j'aurais besoin de prendre en bloc tous mes congés annuels l'été et par ailleurs j'ai posé ma candidature.
L'avantage quand on ne te paie pas c'est qu'on t'accepte plus facilement. J'ai donc été acceptée pour ces deux types de volontariats.
Et aussi : quand j'ai pu j'ai acheté des places, pas trop parce qu'elles étaient très chères, me limitant à du C'est à Paris, c'est le soir, c'est pas trop cher.
Tout ça était dramatiquement longtemps à l'avance. Le Covid traînait encore (et d'ailleurs encore aujourd'hui), je trouvais ça bien présomptueux de s'engager à ce point pour du plus tard.
Et puis mes boss ont été respectueux qui m'ont accordé les congés espérés.
Les collègues gentiment me chambraient, on n'a pas idée de prendre pour une fois de longs congés ... pour travailler.
Et puis travailler gratos alors que dans l'ensemble de l'organisation certaines personnes vont s'enrichir, c'est un peu ballot. Et puis n'est-on pas en train de piquer du taf à qui en aurait réellement besoin ?
Pour la Team GB, je me dis que non puisqu'il fallait un bon niveau en anglais, mais pour l'orga générale ?
En même temps ma vie a clairement comporter des moments de travails passionnants et les 3/4 d'entre ceux-là c'était du bénévolat : militant (comité de soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun), artistique (choriste d'une grande chorale pour des concerts de Johnny), littéraire (une émission de radio, de multiples rencontres animées en librairie ...). Donc run Forrest, run. Et puis on verra après.
Ce soir après une cérémonie d'ouverture sous une pluie battante mais quand même belle, drôle (Ah Philippe Katerine, ce summum de sublime burlesque), inclusive de partout (2), et émouvante (avec tous les athlètes qui se passaient la flamme et le champion centenaire, qui tenait bon le flambeau ; et Céline Dion, dont je ne sais toujours pas apprécier la voix, mais que j'admire, et qui emportait le morceau malgré que d'être sans un summum de clichés - Piaf, la Tour Eiffel, tout ça -). Et de voir les collègues bénévoles à l'honneur, Estanguet qui assurait, une forme de magie animatronique et des éclairages de la Tour Eiffel formidables, ça m'a remuée et tout d'un coup, me voilà fière de mon petit engagement.
Et surprise d'être fière de ce pays qui est l'un des miens, et ébahie d'en être à me dire : Et si, finalement, j'avais eu raison ?
(1) Qui a force de pratique de la danse et d'effort c'est bien estompé avec l'âge.
(2) Je pense que les homophobes, racistes et autres rétrogrades ont dû bien rager.
PS : Je ne suis pas dupe, je pense qu'à la reprise de mon day job avec dans les pattes toute la fatigue accumulée, quelques semi-marathons prévus, et une prépa marathon à entamer, je vais mentalement me traiter de tous les noms, et me maudire d'avoir une fois de plus présumé de mes forces.