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L'esprit de compétition

 

    De façon amusante, je me suis découvert depuis que j'ai commencé ma #VieDeTriathlète, l'esprit de compétition.

Jusque là je m'étais toujours peu souciée de défis et temps et records, et de vaincre encore moins.

D'une part, et jusqu'au bac parce que c'était "trop facile". Je me battais contre le fait d'être sans arrêt enrhumée l'hiver (une semaine malade dont 2 à 3 jours de forte fièvre, une semaine mieux mais sans énergie, une semaine normale, deux à trois jours de mal de gorge et retour à la première occurrence de cette parenthèse) et donc de devoir rattraper des cours sans arrêt. Avec aussi cette sensation de n'avoir pas le même cerveau tout le temps : un truc que j'avais tenté de travailler lors des jours malades et qui me semblait compliqué, une fois remontée à mon niveau normal me semblait élémentaire et je me demandais bien ce qui avait pu me bloquer.
Je sais ce que veulent dire les personnes atteintes de Covid long lorsqu'elles évoquent l'effet de brume dans leur cerveau. La fatigue et les rhumes et angines me l'ont fait éprouver souvent.

D'autre part, la thalassémie m'a souvent placée en retrait ; je ne joue pas à armes égales avec les autres pour tout ce qui relève du sport. Ponctuellement je peux défendre mes chances mais par moment je suis vidée de toute force.

En revanche la devise de Louis de Gruuthuse et de sa lignée, "Plus est en vous" Miniatuur_bombarde_small

m'a toujours convenu.
Et ce fort esprit de lutte pour faire toujours mieux, vis-à-vis de moi-même et compte-tenu de mes propres forces, ne m'a pas lâchée.

Avec les courses et autres triathlon, passées les premières années durant lesquelles "juste finir" était déjà un fort objectif, je me découvre une sorte de joie des défis, une excitation particulière, une façon de me concentrer sur des choses positives (plutôt que d'être sans arrêt en train de limiter les dégâts face aux aléas), et de choisir de participer à telle ou telle épreuve.
J'adore les week-ends où une compétition est prévue. J'adore me préparer avec application comme si j'étais une concurrente sérieuse, alors que je sais pertinemment qu'à moins d'être la seule dans ma catégorie d'âge je ne l'emporterai pas.

Le fait est que j'ai encore une marge de progression (pourvu que ça dure !) et que la moi de 12 ans, qui n'a jamais totalement disparu de ma perception des choses, est juste trop contente de pouvoir jouer à (tenter de) mieux faire.

Je m'apprête, si tout va bien, à passer 5 ou 6 heures à crapahuter en forêt dimanche, puis deux journées clouée au lit bobo les jambes et probablement un peu de fièvre (1). Sauf accident, j'en ressortirai en ayant augmenté d'un cran ma condition physique et l'esprit neuf, un moral renforcé (2).

Les perspectives pour ce samedi, footing d'activation et expédition pour aller chercher les dossards puis préparation de ma tenue, mon paquetage me réjouissent. C'est le joyeux esprit de la compétition, comme une bouffée d'enfance.

 

(1) J'ai presque toujours une poussée de fièvre au soir d'un effort particulièrement soutenu, et ça me dure 24h, sauf à la faire baisser par un médicament.

(2) Soit d'avoir réussi alors un sentiment de victoire, soit d'avoir fait moins bien qu'espéré et déjà sur le sentier des efforts requis pour améliorer l'ensemble avant le tour d'après. Et donc équipée d'une nouvelle motivation.


Diminution de la diversité des langues

 

    Un des rares algo que je laisse faire est celui de youtube, qui est à la fois farfelu et terriblement logique. Il a donc repéré que je suivais du sport, des musiques lentes (celles qui aident à garder le fil pour écrire par exemple, mon problème perpétuel étant d'éviter de tomber dans le sommeil), et des documentaires.
J'ai depuis longtemps constaté que plus je me sens enfermée dans ma vie quotidienne par des temps contraints, plus j'éprouve le besoin d'apprendre des trucs d'apparence inutiles dès que je dispose d'un instant. Le cerveau a besoin de se sentir vivant.

Alors ce dispositif qui fait que je m'endors en suivant une compétition sportive et me réveille devant l'histoire (récente) de la Bretagne, me convient parfaitement.

De fil en aiguille, j'en suis venue à regarder (vive les jours de RTT) une série de sujets de France 3 Bretagne sur le gallo, cette langue parlée à l'est de la région.
J'ai découvert ou redécouvert (1) récemment l'existence de cette langue, trop proche du français pour avoir su se revendiquer comme telle et qui, selon toutes probabilité était celle de naissance de mon grand-père maternel.
Je suis persuadée, de l'avoir déjà entendu marmonner en patois, mais que je prenais pour du patois normand puisqu'il s'était établi en Normandie dans le Cotentin. Voilà que plus de quarante ans plus tard, je me demande s'il ne se parlait pas à lui-même en gallo.
Je crains fort que plus personne ne puisse me le dire.

Je m'aperçois que je connais peu les langues natives de mes grands-parents. Mes parents étaient d'une génération où l'important était d'avoir de bonnes notes à l'école, eux qui avaient été privés d'études par une combinaison de la guerre et de leur milieu social d'origine. Et ils étaient de ce temps où l'on considérait qu'une langue risquait d'en brouiller l'autre, alors pas question de parler autre chose que le français le plus académique possible et élégant.

Il n'empêche.

Ma grand-mère maternelle était normande avec de probables origines vers le Maine et Loire. Elle a donc sans doute connu le patois angevin et comme elle a grandi en Normandie c'était sans doute le patois normand qui prévalait. Mais ma mère m'a plusieurs fois parlé de l'importance du français et que le patois c'était pour les ploucs (en ce temps-là). Parler patois était mal vu.
Mon grand-père maternel a probablement grandi dans le gallo, je crois qu'il est né à Lamballe. 

Mes grands-parents paternels étaient originaires des Pouilles, dont je m'aperçois que les dialectes sont multiples.  Impossible de savoir s'ils en parlaient un, il ne reste plus aucun survivant de leur génération ou de la génération intermédiaire.
Je sais en revanche qu'arrivés encore enfants ou pour l'aîné adolescent, dans le Piémont, mon père et ses frères avaient adopté le Piémontais. Jeune, j'étais capable de le piger, s'il n'était pas dit trop vite, et de tenir une conversation élémentaire (2).

Une génération plus tard c'était devenu Français d'un côté et Italien de l'autre.
Et je n'ai pas su transmettre l'Italien à mes enfants, faute d'avoir eu le temps et de disposer d'assez d'argent pour aller en vacances au pays.

Du côté de mon époux, existaient pour la génération des grands-parents, le Ch'ti et le Polonais. Là aussi les parents avaient dans l'idée qu'il fallait pour s'en sortir dans la vie parler le meilleur français possible et donc le français au quotidien prévalait, du moins en classe et dans le cercle familial. Lui est capable de parler et comprendre le Ch'ti.
Je suis capable de le piger, mais pas de le parler.
Nos enfants, ne le connaissent pas.

Celleux de notre génération en plus du français se débrouillent tous en anglais (plus ou moins bien, mais assez pour comprendre et se faire comprendre dans les moments de la vie courante). 
Celleux de la génération de nos enfants sont pratiquement tous au moins presque bilingue Français Anglais ou Italien Anglais. L'anglais s'est imposé partout à l'école, au collège.

Les filles, souvent, pratique une ou deux langues de plus mais apprises par un choix volontaire. De la même façon Le Joueur de Pétanque a appris l'Italien.

Il n'empêche qu'en langue "de naissance", en deux générations on a assisté à une forte réduction.
Nos grands-parents parlaient cinq langues ou patois, nos parents les comprenaient mais s'étaient limités dans leur parler quotidien à deux, officielles. Et nous-mêmes n'avons grandi que dans les langues officielles et en pratique une seule.

Si nous en parlons davantage, c'est par apprentissage "extérieur".

Il me semble que c'est assez typique d'une évolution européenne générale. 
Je n'ai pas d'opinion particulière, méfiante envers les potentiels replis identitaires, mais pour autant triste devant une perte de diversité qui n'est pas bon signe. Ce que je sais de par mon expérience, c'est en revanche que les apprentissages de langues et langages s'enrichissent et se facilitent. Et que donc en rajouter une est plus aisé quand on en maîtrise déjà trois ou davantage.
Et qu'aussi on perd vite le "parler" dès lors qu'on ne pratique plus.


(1) Effet de l'âge : ne plus savoir si on a su quelque chose puis oublié ou si tout simplement on ne l'a jamais su.
(2) Super souvenir de ma rencontre lors d'un ancien salon du livre avec Hector Bianciotti qui le parlait.

PS : Une page wikipédia sur la frontière linguistique bretonne
PS' : En complément, ce sujet sur le site de France Info "sur les 7000 langues parlées sur notre planète, 50 % pourraient cesser d'exister d'ici la fin du siècle" avec au passage cet étonnement : une des causes de ses disparitions pourrait être le dérèglement climatique "parce que les régions qui ont la plus grande diversité linguistique au monde sont également celles qui sont le plus menacé par le changement climatique"

 


Les années juste avant (la pandémie)


    Ça n'est pas la première fois que je le constate, ça se confirme fortement : j'ai perdu la mémoire de certaines choses concrètes (notamment les vêtements) des années précédant la pandémie.

J'étais épuisée d'avoir vidé en 2017 et début 2018 la maison de mes parents et d'avoir eu un emploi formidable mais dans lequel je m'investissais énormément (je ne le regrette pas, mais bossais sans doute trop pour mes forces, tellement heureuse d'avoir cette chance). J'ai enchaîné sur une période de travail en tant que libraire volante et différents remplacement puis un projet de reprise qui m'a tenue cinq mois très fatigants (c'est allé loin dans le processus, j'y ai vraiment cru).

Ensuite j'ai eu deux mois à un rythme insoutenable en bossant en maison de la presse, un des jobs les plus formateurs que j'ai eus mais voilà, physiquement je sentais mes forces me quitter peu à peu. Bien conseillée et avec l'accord de mes proches (car ça allait faire de la précarité financière) j'ai proprement démissionné. 

Donc il est vrai que ça n'était pas des années calmes, que je les ai traversées comme j'ai pu en tenant le coup au jour le jour et avec heureusement le sport et une vie par ailleurs stable pour structurer l'ensemble.
Et puis la pandémie a déboulé et le nouveau boulot très prenant, trouvé juste avant pour juste après.

Le premier confinement vécu en Normandie et ensuite un engloutissement de mon temps (personnel).

Alors toutes les petites choses du concret du quotidien sont comme passées à la trappe dans une légère amnésie. Je retrouve des habits achetés peu de temps avant [la pandémie] sans plus aucun souvenir de ni ou ni quand.
De menus objets.

Aujourd'hui comme j'avais un jour de récupération j'ai effectué quelques rangements et retrouvé un sac à dos dont je me servais à un moment.
Dedans un carnet avec un billet de train et quelques notes, datant de 2018. Intellectuellement je me souviens de la raison de ce trajet et des principaux événements. Affectivement, c'est comme si ce carnet avait appartenu à une autre personne. C'est très étrange comme impression. Persiste un étonnement. Il y a des notes de films vus, mais lesquels ? Si le titre ou un indice n'est pas inscrit sur une page ou l'autre, je ne le sais plus.

PS : gag du soir, juste après avoir rangé je suis tombée sur cet article du Monde (Marie Kondo n'est plus ce qu'elle était, elle aussi à présent marche sans doute en se relevant la nuit sur des legos défaits)

 



Jour de récup' : tentative de ne rien faire (l'échec de la paresse)

 

    Depuis un week-end de trois jours début décembre j'ai trimé (emploi salarié dans le privé) 5 à 6 jours sur 7, 39 h/semaine de 5 jours en théorie, davantage en pratique (1). Mon emploi n'est pas fatigant physiquement (bureau, assise) mais du point de vue de la concentration et de l'intensité requise, si (on répond par courriel mais essentiellement par téléphone à des professionnels en panne de logiciel informatique, les appels s'enchaînent presque sans relâche).

Aujourd'hui (lundi) et demain (mardi), je bénéficie donc d'une journée de récupération et d'une autre de RTT.
Pas un luxe, j'étais au bout de mon effort et les dernières semaines j'ai repoussé toutes sortes de "choses à faire" pour chez moi, d'un bout de week-end au suivant car j'avais besoin de dormir.
La seule chose que je suis parvenue à maintenir ce sont les entraînements de sports (et encore, pas tous) car sans la condition physique qu'ils me permettent de maintenir ça serait encore pire.

Pour toute ces raisons, j'ai décidé aujourd'hui de ne rien faire que quelques rangements (2). 
On va voir si j'y parviens. Je ne compte pas les activités nécessaires à la carcasse : (se préparer à) manger, se laver, passer aux toilettes (3).

Pour commencé je m'étais prévu une grasse matinée ; pas su pousser au delà de 09:30, et encore parce que j'ai lu au lit (4). 
Je suis de la team de l'époque où Il fait jour, on se lève. Sauf en plein été où l'on décale un peu parce que 05:00 ça fait tôt.

Je vais tenter de noter ce que j'aurais finalement fait.

(1) Souvent il y a un dernier appel juste avant de partir ou alors on rappelle vite fait quelqu'un que l'on n'avait pas eu le temps de rappeler avant, et puis de toutes façons on ne va pas raccrocher au nez d'un client en disant "J'ai fini ma journée au revoir".
(2) Je recherche actuellement deux livres et un document, égarés dans le bazar en mode "je les range soigneusement là pour ne pas les perdre" sauf que ... je ne sais plus du tout où.
(3) Luxe des jours de congés sans activités particulières : pouvoir y aller dès que l'on en ressent le besoin. 
(4) La montre de sport indique toutefois une durée de sommeil de 9h05, preuve d'un solide besoin de récupérer.

*                            *                              *



matin 

déprendre une lessive sèche et répartir les vêtements par personne + léger rangement de ceux qui ont une place
rapide vérification des comptes bancaires et virement de ré-équilibage en prévision du passage de total CB (je reporte la vérification de ceux-ci à plus tard)
(petites écritures du quotidien)
ménage dans la messagerie
vider les poubelles : salle de bain, recyclables et le verre au bout de la rue
aller relever le compteur d'eau de la chambre de service et afficher la consommation sur la porte
monter et plier le linge de notre fille, après son lavage

La sieste aura duré près de 3h, je suis épuisée. Mais me réveille bien mieux, c'est un fait.

après-midi

Impression d'un document pour l'AG de mon club de sport (ou plutôt son organisation car l'imprimante est défectueuse)
Rangement dans la cuisine et puis d'un sac à dos qui visiblement n'avait pas servi depuis ... 2018. J'y retrouve un bonnet pour le sport. 

Et puis deux petits moments familiaux sympathique, une visite et un appel téléphonique reçu.

Finalement même quand je ne fais rien, je fais des choses utiles.
(et je pense que c'est le cas de la plupart d'entre nous)

J'ai décidé de me la jouer cool pour la soirée, mais comme je me sens bien je pense que je vais bien intercaler deux ou trois trucs.