Le bon des réseaux (même ceux avec un patron qui déglingue son jouet)
04 novembre 2023
Le temps d'être libérée du boulot, de rentrer du boulot, de rejoindre Le Joueur de Pétanque un bref moment sur son lieu favori, de prendre une douche, dîner, vaquer à deux brèves occupations domestiques, j'arrive devant l'ordi avec un temps de flâner sur les réseaux sociaux, prendre des nouvelles des amies, et de quelques potes précis, il est 23:00 bien tassées. J'arrive donc pour apprendre que quelqu'un que je ne suivais pas régulièrement mais seulement au travers de ses échanges avec d'autres que je suivais, était tombée au fond du trou dans la journée et avait été tirée d'affaires dans l'immédiat par la solidarité des internautes qui avaient lu son message d'au secours.
Je fréquente les blogs depuis janviers 2003, Facebook depuis que des connaissances s'y étaient mises, Twitter depuis l'été 2008 et avant ça il y eut My Space, le regretté Fotolog, et bien des échanges qui ont débouché sur de vraies amitiés. C'est la quatrième (ou cinquième) fois que j'assiste au déclenchement d'un plan de secours spontané entre personnes qui ne se connaissaient pas dans la vie d'en dehors les écrans.
Pour l'une d'entre elles j'avais activement participé avec entre autre Ann Scott (1) à retrouver et contacter le frère d'un jeune homme qui venait de perdre pied, je me souviens de tenter de recouper des infos pour localiser géographiquement, tenter de relier un pseudo à un nom, glaner quelque part un prénom qui pouvait être de la proche famille, fouiller des annuaires en lignes. C'était un soir, et nous étions parvenus à contacter le frère qui nous avait cru et était allé voir à temps.
Et à chaque fois ça a fonctionné.
Car même si toutes ces voies de communications modernes peuvent conduire au pire depuis qu'une frange haineuse de la population y a pris ses aises et toutes sortes d'abuseurs et de gens sans scrupules, elles n'ont pas perdu le meilleur des années pionnières où l'on se serrait les coudes.
Il y a aussi celui, enfant adopté, qui récemment a retrouvé sa mère biologique que les circonstances de son jeune âge lorsque la naissance avait eu lieu avaient contraint à choisir la possibilité de l'abandon mais qui avait dû le faire à son cœur défendant ; retrouvailles grâce entre autre aux recherches solidaires des gens.
Il y eut l'amie qui s'était retrouvée sans logis du jour au lendemain comme suite à une rupture pour échapper à une situation de violence, et qu'on avait pu ici ou là en se relayant (2) héberger jusqu'à ce que pour elle et ses filles l'horizon s'éclaircisse.
Il y eut la chaîne de solidarité qui s'était organisée en secret pour me payer un ordi de remplacement quand le mien d'alors m'avait lâché lors d'une période de vaches maigres et fins de mois calamiteuses et sans grand espoir d'amélioration (3). J'avais simplement émis un touite ou un statut FB dans lequel je tentais de faire de l'humour sur ma mésaventure ; l'idée étant que si je parvenais à faire rire à ce sujet ne serait-ce que deux personnes, j'en serais un peu consolée.
Parfois, on peut aider. Et quand on peut, on le fait.
C'est encore ça, malgré tout, les réseaux sociaux.
Oui, ça peut être beau.
PS : Et je ne parle que des chaînes spontanées d'entraides, car il y a aussi qui contacte à titre individuel une personne qui indique ou laisse à entendre qu'elle rencontre une difficulté, et dépanne. Au gré des moments de bonne ou mauvaise fortune, ça m'est arrivé d'être la dépanneuse comme d'être la dépannée (merci encore à l'amie qui lisant mes tentatives d'humour noir sur un pépin financier subi par effet de trop bas salaire cumulé avec la façon dont les attentats du 15 novembre 2015 m'avaient frappée et avaient induits par ailleurs des perturbations postales, engrenages qui avaient failli me rendre interdite bancaire, avait prêté l'argent nécessaire le temps que je refasse surface).
(1) C'était sur 20-six, plateforme de blogs où nous nous fréquentions par la grâce d'un bug
(2) Hélas pas moi, qui était à l'époque petite famille au complet dans un appartement déjà encombré.
(3) C'était pendant mes premières années de librairie, j'étais une working poor.