Bientôt 60 ans de vie avec la thalassémie (mineure), et donc 45 à 50 ans d'être impactée par la fatigue perpétuelle (1), alors je suis passée maître dans l'art d'épuiser l'épuisement.
Aujourd'hui j'avais congé, et c'était heureux car je n'aurais pas été en état de travailler.
J'ai pu caler quand même la séance prévue de prépa-marathon, ça ne rigole pas, c'est dans moins d'un mois et je ne me sens pas prête, trop essorée par le boulot. Mais ensuite K.O.
Ce n'est même pas moi qui me suis occupée des repas.
Pour autant, si j'ai beaucoup dormi, j'ai fait des activités qui peuvent s'accomplir sans effort physique, allongée.
Ainsi, lire les blogs des ami·e·s, parcourir des infos dont certaines dont on se demande si on a le droit d'en rire parce que ça fait peur tout de même (un avion de chasse américain perdu lors d'un exercice (le pilote c'est éjecté quand il le fallait mais l'avion ou ce qu'il en reste demeure introuvable (2) ; une pétition circule en France pour être transmise au ministre de l'éducation nationale pour protester contre une loi ou un décret visant à encadrer l'éducation sexuelle à l'école, sauf qu'il s'agit d'une loi belge).
Je n'ai pas pu m'empêcher de rire, en voyant sur les réseaux une vidéo d'inondations majeures dans le sud de la France, avec des voitures emportées par les eaux comme de vulgaires canots pneumatiques et l'homme qui filme qui semble au téléphone en même temps et dit placidement "Là où je suis, ça va". J'ai cru entendre - voir mon fils et sa zénitude légendaire.
Ça n'empêche pas les pensées pour les victimes et j'espère en particuliers que les propriétaires des voitures concernées sont correctement assurés.
J'ai appris via Mentour Pilot un paquet de choses sur les atterrissages des avions de ligne quand la visibilité n'y est pas. Arrivée là après la rediffusion d'un décollage difficile d'un avion de Royal Air Maroc diffusée sur ce qu'il reste de Twitter, sur lequel bien des personnes se sont précipitées à commenter avant que d'autres ne rappellent les circonstances (que l'on ne voit pas à l'image, des turbulences issues d'un atterrissage quasi simultané sur une piste perpendiculaire) et j'ai commencé à suivre la chaîne Youtube d'un pilote pédagogue.
Appris aussi qu'il y a des gens que ça amuse de se mettre au cul d'un avion qui décolle pour éprouver le jet blast (à Sint Marteen) et parfois ils meurent (car ils se retrouvent projetés contre des bordures ou murets en béton). Parfois j'ai l'impression de venir d'une autre planète, tant ce que font certains de mes congénères me semble incompréhensible. En plus sur la vidéo les personnes interrogées (à d'autres moments que celui de l'accident) semblent trouver ça drôle, amusant (3).
On est aussi allés tenter de piger pourquoi les tee-shirts vendus au magasin d'en face taillent si grands (- Ça doit être une boîte allemande, leur M c'est du XL. - À ce que je vois les dirigeants sont néerlandais. - Tout s'explique, ils sont tellement grands les Hollandais.).
Mais surtout j'ai regardé un documentaire de 1973 (ou peu s'en fout) sur la alors très jeune Olga Korbut et qui est à la fois magnifique sur le day to day work et serre le cœur quand on pense que leur entraîneur comme tant d'autre agissait en prédateur sexuel.
Et j'ai réfléchi, grâce aux chroniques d'un chef op, ,sur les avantages et les inconvénients des décisions artistiques à prendre lors des tournages ou plutôt en post-prod. Car parfois un coin de mon cerveau est celui de la réalisatrice que j'aurais souhaité devenir si j'avais su à l'âge des décisions que ce métier existait (4).
Et puis, je lis "Hors saison" de Basile Mulciba et j'apprécie le calme en écoutant la pluie.
Last but not least j'ai appris how Greenwashing set Canada on fire.
(1) Enfant, j'étais souvent malade fortement pour ce qui chez les autres passait vite, mais je croyais tout simplement que les autres gens étaient fatigués comme moi, c'est à l'adoslescence et des moments de malaises ou d'en être au bord, et alors que j'étais sportive, que j'ai capté que quelque chose chez moi n'allait pas. Et le diagnostic n'a été établi qu'à mes 20 ans, à l'occasion d'une mononucléose qui m'avait donnée l'impression d'être au bout de ma vie.
(2) S'il vous en dit et si vous avez accès à bluesky, vous pouvez partir de ce skeet et suivre les pistes. Si vous n'avez pas accès à bluesky vous pouvez tenter de laisser un commentaire, à l'heure où j'écris je dispose encore d'une invitation.
(3) Pour autant je suis plutôt compréhensive, à condition de n'être pas leur mère, face aux gens qui se livrent à des exercices physiques périlleux (le plongeon de haut vol, le parkours, certaines acrobaties cyclistes), car je peux faire l'effort de comprendre le boost d'adrénaline, mais là, non, c'est trop stupide.
(4) On ne mesure plus à l'âge des internets d'à quel point on vivait dans des couches d'ignorances quant aux autres pans de la société lorsqu'on était d'un milieu modeste, même en aimant la culture. Je pensais, ado, que les acteurs se mettaient d'accord entre eux et avec les personnes qui tenaient les caméras, il a fallu que je quitte ma banlieue, étudiante (mais d'autre chose), et que je découvre les rétrospectives des ciné du quartier latin sur tel ou tel réalisateur pour comprendre qu'un métier existait et qui aurait pu m'aller.
(en même temps no regrets, jamais mes parents n'auraient eu les moyens de me laisser essayer)