La finitude de notre type de société
04 septembre 2023
C'est un billet d'Olivier Hodasava dans son Dreamlands qui m'a remis en mémoire le jour où j'ai compris que notre planète était en danger à plus court terme qu'on ne se le représentait. Lui parle de Las Vegas et ces maisons à perte de vue lui font se poser des questions sur les différences et les conformités, tandis que pour ma part il s'agissait de San José, en 1989, et nous étions invités chez des amis formidables, mais qui bossaient dur ce qui fait que nous avions de grands moments de nous balader dans le quartier ce que là-bas personne ne fai(sai)t jamais, les gens prennent leur voiture pour aller quelque part, punto basta.
Nous étions montés sur une petite colline (artificielle me semble-t-il un peu comme un terril en plat pays, mais en plus verdoyant) et la vue c'était ça : des pavillons des pavillons des pavillons et de loin en loin : une église, un terrain de sport et un mall (les hyper marchés). J'avais depuis l'adolescence une forte conscience écologique, donc qu'on était en train de détraquer le climat et de tout polluer et de rendre la planète pour nous autres humains bientôt inhabitable était une évidence pour moi, mais j'imaginais quelque chose comme "vers en 2100".
Et puis du haut de cette petite butte, avec ces pavillons à perte de vue, un monde esclave de la voiture, un monde ou acheter vendre étaient devenu les principaux ressorts économiques sans trop de lien avec les nécessités premières (s'abriter, se nourrir, se soigner), je m'étais dit "On est foutu plus près" et c'était au sens que les ennuis collectifs étaient imminents. Qu'un fonctionnement de société qui menait à de tels paysages para-urbains était voué à l'échec et œuvrait à l'accélération de sa propre fin.
Souvent, je suis triste d'avoir eu raison (1).
(1) pour ceci et bien d'autres choses.