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Quelque chose qui s'améliore

 

    Oh, enfin, des fédérations sportives, au moins celle d'athlé et celle de triathlon ont adopté les déclarations sur l'honneur pour les questions de santé, libérant enfin les médecins de la production de ces documents administratifs absurdes qu'étaient les certificats médicaux d'aptitude à la pratique de tel ou tel sport avec la sacro-sainte précision du "en compétition".

C'était peut-être bien pour une frange d'hommes qu'il convenait de protéger contre eux-mêmes mais globalement, dans la mesure où avant d'aller mal, et souvent juste avant, on va bien, ça n'évitait rien. Les médecins ne sont pas devins. D'ailleurs pour les devins eux-mêmes on peut avoir des doutes.

Alors désormais il faut regarder des petites vidéos qui nous disent Faites gaffe si votre palpitant palpite trop fort ou bizarrement, promettez-nous d'aller consulter à la moindre alerte votre médecin traitant, hydratez-vous, ayez moins de 60 ans (j'exagère), surveillez votre cholestérol, soyez progressifs dans vos entraînements. Puis cliquer sur des "je m'engage à" et des "j'ai bien compris".

Je suis contente de n'avoir plus besoin d'encombrer le planning chargé de notre médecin traitant à la rentrée.

Rubriques médicales, pendant qu'on y est, par ricochet de quelqu'un qui y aura peut-être accès (pas un coureur cycliste mais une personne souffrante), j'ai appris ce soir quelques informations sur l'EPO et le parcours de prescription.

J'avoue que je serais curieuse de savoir à quoi ressemble une période de vie normale, sans la fatigue aux semelles de plomb présente en permanence. Je n'ai connu cette sensation que lors de brèves séquences, payées cher en surcroît de fatigue suivant (car forcément, j'en ai à chaque fois profité pour agir, penser, créer, bouger, avancer d'un grand coup mes projets et quand la fatigue est revenue, elle était décuplée), entre autre vers la fin du premier confinement où pour la première fois j'ai pu pendant deux mois vivre à mon rythme, ce privilège.

Tout ça donne bien envie d'écrire À suivre, avec moins d'appréhension qu'à l'ordinaire des derniers temps.


Aujourd'hui j'ai appris

Aujourd'hui j'ai appris, grâce à La Souris, qui partageait un lien vers le blog Les Écumes, dont je sens que je vais devenir lectrice, j'y retrouve la moi de 2006, de 2013 et quelques autres sombres périodes où des personnes qui comptaient pour moi avaient foutu le camp, que praemolestia signifiait colère ressentie d'avance (1), mais en mieux écrit que je ne savais le faire en ces périodes de désarroi. 

Merci donc à La Souris et à Mathilde des Écumes.

 

(1) im Voraus empfundener Ärger en allemand.


Épuiser l'épuisement


    Bientôt 60 ans de vie avec la thalassémie (mineure), et donc 45 à 50 ans d'être impactée par la fatigue perpétuelle (1), alors je suis passée maître dans l'art d'épuiser l'épuisement.

Aujourd'hui j'avais congé, et c'était heureux car je n'aurais pas été en état de travailler. 

J'ai pu caler quand même la séance prévue de prépa-marathon, ça ne rigole pas, c'est dans moins d'un mois et je ne me sens pas prête, trop essorée par le boulot. Mais ensuite K.O. 
Ce n'est même pas moi qui me suis occupée des repas.

Pour autant, si j'ai beaucoup dormi, j'ai fait des activités qui peuvent s'accomplir sans effort physique, allongée. 
Ainsi, lire les blogs des ami·e·s, parcourir des infos dont certaines dont on se demande si on a le droit d'en rire parce que ça fait peur tout de même (un avion de chasse américain perdu lors d'un exercice (le pilote c'est éjecté quand il le fallait mais l'avion ou ce qu'il en reste demeure introuvable (2) ; une pétition circule en France pour être transmise au ministre de l'éducation nationale pour protester contre une loi ou un décret visant à encadrer l'éducation sexuelle à l'école, sauf qu'il s'agit d'une loi belge).

Je n'ai pas pu m'empêcher de rire, en voyant sur les réseaux une vidéo d'inondations majeures dans le sud de la France, avec des voitures emportées par les eaux comme de vulgaires canots pneumatiques et l'homme qui filme qui semble au téléphone en même temps et dit placidement "Là où je suis, ça va". J'ai cru entendre - voir mon fils et sa zénitude légendaire.
Ça n'empêche pas les pensées pour les victimes et j'espère en particuliers que les propriétaires des voitures concernées sont correctement assurés.

J'ai appris via Mentour Pilot un paquet de choses sur les atterrissages des avions de ligne quand la visibilité n'y est pas. Arrivée là après la rediffusion d'un décollage difficile d'un avion de Royal Air Maroc diffusée sur ce qu'il reste de Twitter, sur lequel bien des personnes se sont précipitées à commenter avant que d'autres ne rappellent les circonstances (que l'on ne voit pas à l'image, des turbulences issues d'un atterrissage quasi simultané sur une piste perpendiculaire) et j'ai commencé à suivre la chaîne Youtube d'un pilote pédagogue. 
Appris aussi qu'il y a des gens que ça amuse de se mettre au cul d'un avion qui décolle pour éprouver le jet blast (à Sint Marteen) et parfois ils meurent (car ils se retrouvent projetés contre des bordures ou murets en béton). Parfois j'ai l'impression de venir d'une autre planète, tant ce que font certains de mes congénères me semble incompréhensible. En plus sur la vidéo les personnes interrogées (à d'autres moments que celui de l'accident) semblent trouver ça drôle, amusant (3).

On est aussi allés tenter de piger pourquoi les tee-shirts vendus au magasin d'en face taillent si grands (- Ça doit être une boîte allemande, leur M c'est du XL. - À ce que je vois les dirigeants sont néerlandais. - Tout s'explique, ils sont tellement grands les Hollandais.).

Mais surtout j'ai regardé un documentaire de 1973 (ou peu s'en fout) sur la alors très jeune Olga Korbut et qui est à la fois magnifique sur le day to day work et serre le cœur quand on pense que leur entraîneur comme tant d'autre agissait en prédateur sexuel. 

Et j'ai réfléchi, grâce aux chroniques d'un chef op, ,sur les avantages et les inconvénients des décisions artistiques à prendre lors des tournages ou plutôt en post-prod. Car parfois un coin de mon cerveau est celui de la réalisatrice que j'aurais souhaité devenir si j'avais su à l'âge des décisions que ce métier existait (4).
Et puis, je lis "Hors saison" de Basile Mulciba et j'apprécie le calme en écoutant la pluie.

Last but not least j'ai appris how Greenwashing set Canada on fire.

 

(1) Enfant, j'étais souvent malade fortement pour ce qui chez les autres passait vite, mais je croyais tout simplement que les autres gens étaient fatigués comme moi, c'est à l'adoslescence et des moments de malaises ou d'en être au bord, et alors que j'étais sportive, que j'ai capté que quelque chose chez moi n'allait pas. Et le diagnostic n'a été établi qu'à mes 20 ans, à l'occasion d'une mononucléose qui m'avait donnée l'impression d'être au bout de ma vie. 

(2) S'il vous en dit et si vous avez accès à bluesky, vous pouvez partir de ce skeet et suivre les pistes. Si vous n'avez pas accès à bluesky vous pouvez tenter de laisser un commentaire, à l'heure où j'écris je dispose encore d'une invitation. 

(3) Pour autant je suis plutôt compréhensive, à condition de n'être pas leur mère, face aux gens qui se livrent à des exercices physiques périlleux (le plongeon de haut vol, le parkours, certaines acrobaties cyclistes), car je peux faire l'effort de comprendre le boost d'adrénaline, mais là, non, c'est trop stupide.

(4) On ne mesure plus à l'âge des internets d'à quel point on vivait dans des couches d'ignorances quant aux autres pans de la société lorsqu'on était d'un milieu modeste, même en aimant la culture. Je pensais, ado, que les acteurs se mettaient d'accord entre eux et avec les personnes qui tenaient les caméras, il a fallu que je quitte ma banlieue, étudiante (mais d'autre chose), et que je découvre les rétrospectives des ciné du quartier latin sur tel ou tel réalisateur pour comprendre qu'un métier existait et qui aurait pu m'aller. 
(en même temps no regrets, jamais mes parents n'auraient eu les moyens de me laisser essayer)

 


Faire un copier - coller de texte sur le téléfonino (un android)


    Parfois il y a des petites fonctionnalités qu'on ne parvient pas à mémoriser. Pour moi c'est celle-ci (entre autre) alors une fois pour toute je dépose ceci ici : 

 

Capture d’écran 2023-09-16 à 09.41.55

Au passage j'ai découvert que je pouvais en cours de SMS sélectionner une option qui me permet d'extraire du texte de ce que je vise avec la caméra. 
Certains progrès technologiques me fascinent.


Vue d'ici (la catastrophe)


    Il y a eu dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre un tremblement de terre au Maroc dont l'épicentre était dans la région de Marrakech et la magnitude de 7 sur l'échelle de Richter.
Comme bien des gens, je pense aujourd'hui aux personnes directement ou indirectement concernées, en particulier celles dont les vies n'étaient déjà pas faciles avant le séisme et qui le seront encore moins ensuite.

Ce n'est malheureusement pas la première fois qu'un fort séisme touche un pays relativement voisin, du moins de ceux dont nous connaissons des habitants. Ni la première fois depuis l'usage des internets.

Pour autant des éléments ont évolués dans la façon dont la catastrophe est perçue "vue d'ici".

- Je ne sais pas dire si j'ai reçu l'info hier soir avant de tomber dans le sommeil ou ce matin au réveil, ce qui est certain c'est que c'était par les réseaux sociaux suivis par un courriel "alerte" du Monde auxquels je suis abonnée.
Ce qui a changé : il y a quelques années j'aurais écrit "sur Twitter" et là je ne sais plus. Twitter, Mastodon ou Bluesky ?

- Les vidéos "en direct" du moment même sont souvent issues de caméras de surveillances ou de streamers interrompus dans leur partie. J'en ai vu passer une (via Tiktok) d'un gamer qui ne perdait pas son anglais malgré la panique qui l'envahissait. What the fuck ! dit-il même au pire moment. Au début il croit pendant une fraction de seconde que c'est son fauteuil d'ordi qui a un ennui.

- Ça a bougé au point de faire trébucher qui marchait. Je me suis souvenue du coup de vent à Deauville en juin 2022, qui m'avait poussée comme si c'était quelqu'un placé derrière moi qui avait tenté de me faire tomber. Cette brève expérience, bien plus légère que la leur m'a rendue toutefois capable d'imaginer ce qu'ont pu ressentir les personnes concernées. C'est comme d'avoir soudain à se battre contre un ennemi invisible.

- "Dis maman, je peux revoir la vidéo du tremblement de terre au Maroc ?" disait à sa mère un enfant (petite famille de 4 personnes), pas bien grand, que j'ai croisée en me rendant au forum des associations.  Heureusement la mère a décliné, et fermement. Seulement c'était se dire On en est là. Avec un sentiment ambivalent. L'enfant se sentait concerné par l'actualité. Mais en même temps, comme il était bien petit, est-ce que ça n'était pas un peu inquiétant, et qu'il ait déjà vu les images. Après, j'ai peut-être croisé un futur grand reporter, son ton était celui de quelqu'un qui veut apprendre et comprendre.
Je me souviens d'à quel point les informations quand j'avais son âge nous parvenaient au compte-goutte, toujours filtrées et par les médias, et par les contraintes horaires et par les adultes de l'entourage proche. J'ai des souvenirs d'entrouvrir la porte de la salle à manger pour entrapercevoir les infos télévisées quand quelque chose s'était produit et qu'on (ma mère essentiellement) ne voulait pas que je le sache. J'ai des souvenirs quand j'ai su lire, de piquer vite fait l'hebdomadaire auquel mon père était abonné (d'abord l'Express puis Le nouvel Observateur). Les enfants de maintenant, c'est Maman passe-moi ton téléphone je veux revoir la video (il y a quelque chose que j'aimerais comprendre).

- Les dérives complotistes immédiates (par exemple des vidéos signalant la présence d'ovnis). Comme si un tremblement de terre pouvait avoir une cause autre que naturelle, en l'absence de guerre nucléaire.
- Des réactions racistes et xénophobes exprimée sans la moindre retenue (OK c'était sur Twitter - X devenu un repaire de gens capables d'admirer Donald Trump, mais quand même), j'ai l'impression que même le plus raciste des Français esquinté par la guerre d'Algérie aurait à situation équivalente il y a 30 ou 40 exprimé à ses interlocuteurs ne serait-ce qu'une vague compassion. Là, certains essaient de fédérer sur une joie malsaine. Et ça n'est pas (ou peu) censuré. Et il y a des like.

- Les gens de grande notoriété sont désormais sommés de proposer leur aide, et rapidement. J'ai connu une époque où beaucoup le faisaient et certains s'arrangeaient pour le faire savoir, mais après-coup, et surtout on ne s'attendait pas spécialement à ce qu'une équipe de football s'exprime (par exemple), seuls les chefs d'états et hauts dignitaires religieux avaient cette obligation que l'on pouvait qualifier "du télégramme de soutien". Désormais doivent rendre des comptes celles et ceux qui n'en parlent pas.
Le footballeur portugais Ronaldo a eu la réaction parfaite et irréprochable : un hôtel dont il détient les parts mis immédiatement à disposition des personnes sans toit. S'il ne l'avait pas eue ça le lui aurait été reproché.

 

J'aurais tellement préférer n'avoir aucune raison d'écrire ce billet et causer à la place d'un beau samedi d'été, d'une après-midi de repos, de la belle soirée d'athlétisme ou de rugby retransmis de la veille, d'un président qui s'est fait huer et se demande probablement pourquoi (j'ai l'impression que l'entourage accentue le côté hors-sol ou qu'ils le sont tous, coupés des réalités des vies pas faciles des gens). Seulement j'ai une fois de plus l'impression qu'il faut noter pour plus tard, pour témoigner de ce que je peux observer. Et témoigner en passant de ma bien inutile compassion.

 

 

PS : Dans Ouest France les réponses d'un sismologue interviewé


Ponots

 

    Parfois au milieu de journées de boulot bien tassées, j'apprends un truc "inutile" qui me rappelle qu'il existe une vie au dehors, et que le monde n'est pas que moche, dangereux et agité.

Ainsi aujourd'hui : Les habitants du Puy-en-Velay s'appellent les Ponots.



Zombie land en déplacement


    Le phénomène n'est pas nouveau mais j'ai l'impression qu'à la fois il s'accentue et se déplace au nord de Paris d'Est vers l'Ouest. C'est déjà zombie land en tous cas de nuit. 

En rentrant d'une soirée d'amies libraires et lectrices et lecteurs, j'ai été abordée trois fois, un bonjour ferme d'un revendeur probable, ton commerçant (1), une femme au bout du rouleau (mais qui s'adressait en fait à la personne qui me précédait ; il n'en demeure pas moins qu'elle semblait perdue), et un homme "une p'tite pièce" qui était sous d'autres substances que l'alcool. Sans parler d'autres silhouettes entrevues, aux déplacements lents.

Je ne sais pas exactement ce qui circule, et je sors trop peu de nuit (depuis que je n'organise plus moi-même des soirées en librairie ou que je n'anime plus d'émission tardive de radio) pour avoir des points de comparaisons récents. Il n'empêche que c'est différent. Ou alors c'est une combinaison des effets de (post-)Covid et de came.

Je le note ici afin d'avoir une date de ma prise de conscience - peut-être tardive ou à l'inverse, qui sait, anticipée - d'une évolution. 
Pour l'instant ça ne fait pas peur, les êtres concernés sont davantage éteints que menaçants. Seulement ça contribue à mal augurer de la suite, globalement.

Nous nous sommes à trois entr-accompagnées sur une partie du trajet, la plus jeune d'entre nous choisissait délibérément et avec sagesse d'éviter la porte de La Chapelle.  

 

(1) Et puis je suis trop vieille pour que ça soit de la drague déplacée.

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La finitude de notre type de société


    C'est un billet d'Olivier Hodasava dans son Dreamlands qui m'a remis en mémoire le jour où j'ai compris que notre planète était en danger à plus court terme qu'on ne se le représentait. Lui parle de Las Vegas et ces maisons à perte de vue lui font se poser des questions sur les différences et les conformités, tandis que pour ma part il s'agissait de San José, en 1989, et nous étions invités chez des amis formidables, mais qui bossaient dur ce qui fait que nous avions de grands moments de nous balader dans le quartier ce que là-bas personne ne fai(sai)t jamais, les gens prennent leur voiture pour aller quelque part, punto basta.

Nous étions montés sur une petite colline (artificielle me semble-t-il un peu comme un terril en plat pays, mais en plus verdoyant) et la vue c'était ça : des pavillons des pavillons des pavillons et de loin en loin : une église, un terrain de sport et un mall (les hyper marchés). J'avais depuis l'adolescence une forte conscience écologique, donc qu'on était en train de détraquer le climat et de tout polluer et de rendre la planète pour nous autres humains bientôt inhabitable était une évidence pour moi, mais j'imaginais quelque chose comme "vers en 2100". 

Et puis du haut de cette petite butte, avec ces pavillons à perte de vue, un monde esclave de la voiture, un monde ou acheter vendre étaient devenu les principaux ressorts économiques sans trop de lien avec les nécessités premières (s'abriter, se nourrir, se soigner), je m'étais dit "On est foutu plus près" et c'était au sens que les ennuis collectifs étaient imminents. Qu'un fonctionnement de société qui menait à de tels paysages para-urbains était voué à l'échec et œuvrait à l'accélération de sa propre fin.

Souvent, je suis triste d'avoir eu raison (1).

(1) pour ceci et bien d'autres choses.