Vie parallèle
Le jour de la mort de Jane Birkin

La vraie vie aux petites marges

Je lis ceci chez Alice et je m'y reconnais :  

"Comme mon quotidien est essentiellement routinier, il me faut trouver des variations. Sachant que mes trajets sont contraints sur leur plus grande partie, il me reste les extrémités."

Engloutie par le travail, je tente ainsi de sauver mes journées aux marges, sur les trajets, qui, j'ai cette chance, peuvent être vélotafés. Mais, comme l'amie blogueuse, je m'arrange pour découvrir de nouvelles bribes des villes que ma vie quotidienne m'amène à traverser et je l'avoue ça tombe bien, il se trouve que dans mon cas il s'agit essentiellement de Paris et de la petite couronne.

Si la circulation n'y était pas si dangereuse, et si les pistes cyclables, en immenses progrès depuis quelques années détenaient une véritable continuité (1), ça serait chaque fois une grande joie. Pour l'instant c'est encore une hyper-vigilance parsemée de moments de bonheur.

Ainsi, de la plupart de mes jours, qui sont travaillés (2), restera pour les identifier et qu'ils ne forment pas un magma mémoriel, tel crochet, telle découverte, tel nouvel itinéraire testé. Il faudrait que je prenne le temps de partager ces petites découvertes et explorations. Mais généralement, au retour, une douche, un vague dîner et puis quelques échanges avec les ami·e·s, les enfants, la famille élargie et après un minimum vital d'écriture, au lit. La force de rien d'autre.
Même si l'on me démontre arithmétiquement que la réforme des retraites était nécessaire, et parce que sans les modifications successives de lois j'aurais dû partir à taux plein à la fin de cette année et devrai finalement encore tenir le coup cinq ans et demi, je ne peux m'empêcher de penser que les reculeurs de retraites sont des voleurs de vie. Il en reste si peu de personnelle une fois ôté le boulot. Et si peu de forces lorsque l'on prend de l'âge, une fois nos heures accomplies.

L'autre consolation, c'est de croiser les jours où lui-même travaille, presque à chaque fois un ami qui se rend lui aussi sur son lieu de travail par le même chemin, mais en sens inverse, que j'emprunte pour rejoindre le mien. Ces instants coucou suisse me réconfortent au plus haut point, dans lesquels je m'efforce de voir un signe qu'une autre existence est possible, bien moins bornée de temps contraints. Et bien plus garnie de moments amicaux.

À part ça, rien à voir mais le ballet des hélicos (en préparation au défilé du 14 juillet I presume) c'était quelque chose, hier mardi et aussi aujourd'hui. Pas évident lorsque l'on est, pour le taf, beaucoup au téléphone et qu'ils passent et repassent. Pour autant j'ai raté le passage de la patrouille de France, lequel est bruyant pire, mais plus efficace à provoquer un début d'admiration (3).

(1) À l'heure actuelle, elles ont encore tendance à nous abandonner face aux carrefours dangereux dont les aménagements seraient plus coûteux.

(2) 11 heures aujourd'hui, quand même, en rattrapage d'une sortie plus tôt un autre jour en raison d'un rendez-vous médical.
J'ai en rentrant trouvé la force de remplir la feuille de soins (praticien d'un autre âge, chèque et feuille de soins) et tant qu'à faire l'ai fait au Ball Pentel, histoire d'être raccord.

(3) Le début seulement car si la prouesse technique fait rêver, un minimum de conscience écologique l'assèche assez vite.

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