Ce pays que nous avons tant aimé
21 avril 2023
À la fin des années 80, pour cause de VSNE du Joueur de Pétanque (1), nous avons bien connu le Burkina Faso. Il y vivait et j'y allais aux moindres de mes congés.
Il y eu un coup d'État lequel me fit très peur (j'étais en France, lui sur place et les communications, qui n'étaient pas celles de maintenant, coupées).
Nous y avions des amis (2).
C'était un pays où régnait encore malnutrition et pauvreté mais à part dans les hautes sphères dirigeantes qui semblait en paix. Il y avait un festival international de cinéma, peu de corruption, un grand sens de l'accueil. Et, du moins en apparence (de notre point de vue d'extérieurs ?) pas de tensions inter-ethniques.
Nous y avons un peu voyagé. Et en avons rapporté des souvenirs et quelques photos discrètes (3).
Des souvenirs de slogans aussi.
"Les uns mangent, les autres regardent, ainsi naissent les révolutions".
Voilà que depuis plusieurs années le pays sombre dans le chaos, le djihadisme y faisant des ravages - j'ai le souvenir d'un pays d'une grande tolérance religieuse, et d'y avoir vu une cérémonie d'obsèques traditionnelle qui ne relevait ni du christianisme ni de l'islam -.
Récemment des étapes vers le pire semblent avoir été franchies et il n'y a plus de presse internationale sur place pour pouvoir témoigner, les journalistes étranger se font expulser et traiter d'espions.
Ce soir une lettre ouverte de Sophie Douce (4) à un ami burkinabé m'a serré le cœur.
Par manque de temps et de moyens financiers nous n'étions jamais retourné au Burkina Faso. À notre grand regret. À présent il est trop tard. Et ce pays témoigne d'à quel point une régression vers la violence et le chaos est toujours possible. Et peut prendre moins de temps qu'une vie. Nous avions connu un pays plein d'espoirs. On dirait qu'il n'existe déjà plus.
(1) Ce qui remplaçait le service national obligatoire pour les hommes qui ne voulaient pas être troufion ni manier des armes.
(2) Perdus de vue depuis. Et sans doute âgés à présent.
(3) Photographier dans la rue à un moment était interdit.
(4) Envoyée spéciale du Monde, et qui vient d'être expulsée.