Période pierres meulières
27 mars 2023
Je me souviens qu'enfant j'imaginais le fait d'habiter une de ses belles villas de pierres meulières comme on en voit tant dans la grande banlieue de Paris comme un summum d'accomplissement.
Je n'ai jamais su pourquoi aucun autre type de maisons cossues n'obtenait grâce à mes yeux. Quant aux demeures encore plus grandes, manoirs et autres petits châteaux, c'était comme si d'entrée de jeu mon cerveau les considéraient inabordable.
Je ne peux pas non plus dire que je rêvais d'en posséder une un jour, je crois que je me disais simplement quelque chose comme, les gens qui vivent dans ces grandes maisons en pierres meulières la vie leur a réussi.
Mon objectif dans la vie étant à l'époque de survivre au prochain rhume, je n'éprouvais ni ambition ni envie. Et quand à 13 ans j'ai eu une vocation de chercheuse en physique nucléaire et quantique (1), tout rêve terre-à-terre était mis de côté : je vivrais là où la recherche me conduirait. J'imaginais d'impersonnels campus universitaires et que je m'en foutrais (2).
Parfois enfants, et une fois adolescente, j'ai été invité à des anniversaires dans des maisons en pierres meulières. J'en avais un peu déduit que maison en pierres meulières signifiait père absent (de trop travailler, et parfois loin, tout le temps).
Et qu'au fond ce que je trouvais beau c'était surtout les hauts grands arbres dans les jardins qui le plus souvent "allaient avec".
Voilà que ces souvenirs me sont revenus en mémoire lorsque le mois dernier j'ai participé à un heureux dimanche sportif collectif avec l'une de ces maisons pour camp de base et que quelques jours plus tard, j'ai été amenée à venir déposer des livres trop longtemps plus tôt empruntés, chez quelqu'un qui habitait une telle maison. À présent, me retrouver dans de telles maisons semble aller assez de soi, et les habitants n'y trouver rien d'extraordinaire.
Je suis sans doute une transfuge de classe accomplie qui trouve désormais tout naturel de les fréquenter (sourire amusé).
(mais mon sens de la propriété, lui, n'a pas suivi ; peut-on fondamentalement changer ?)
(1) laquelle n'a pas survécu à l'épreuve des classes prépa, je n'avais pas assez de cerveau ni assez de santé.
(2) Des dizaines d'années plus tard, quand j'ai vu les logements dans le film Proxima j'ai eu l'impression de retrouver ce que j'imaginais que ça serait.