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Avec la PPG le moral remonte


    La tristesse est là, double et incontournable. Et c'est normal, les personnes récemment disparues de ce monde et dont l'absence définitive me peine, vont rester auprès de moi ainsi un moment, j'en ai hélas une déjà longue expérience ; même si chacune manque différemment.

Je parviens à assurer le boulot. Deux tickets un peu hors normes m'y aident, induisant des interventions longues et un presque un peu amusantes. Entre autre lorsqu'un ouvrage qui comportait "inventaires" dans son titre, nous a fait croire un temps à un enregistrement prévu en vue d'un inventaire alors qu'il s'agissait simplement de son titre.

Le joueur de pétanque vient me tenir compagnie pour le déjeuner ce qui me fait gagner un temps précieux (entre autre : il chauffe les plats et aussi me permet de ne pas me perdre, engloutie dans les appels, perdant la notion du temps). 
Je récupère un livre à la pick-up station. Un autre m'attendait dans la boîte à lettre et dans la rue Les contes de la mère l'Oye.

Motivée à fond, je suis parvenue pour la première fois de la saison à aller à l'entraînement de PPG. Un peu rude pour moi, que le rythme éprouve mais un bon travail de renforcement musculaire. Et qui me rappelait non sans nostalgie, les séances de Tabata que notre jeune entraîneur organisait durant les confinements. 
Grâce à cette heure d'effort physique joyeux (nous formions un bon petit groupe), j'ai pu retrouver en soirée un peu d'énergie.

Grâce soit rendue aux amies de l'internet qui ont su malgré la période sombre me faire éclater de rire. 

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J'écris depuis un moment en écoutant la pluie tomber. Ça aussi ça fait un bien fou. La pluie a trop manqué. Et c'est doux, les pluies régulières et calmes.

Au midi lorsque je suis allée chercher mon colis, il faisait un grand soleil venteux. Très venteux. L'esplanade du tribunal est assez spectaculaire dans ce cas.

Une amie bretonne pépiniériste est en week-end dès ce soir : conditions de travail trop dangereuses. La journée de boulot perdue sera rattrapée avec les heures sup inévitables au printemps. Le vent est une entité pourvue d'une conscience sociale, c'est peut-être pour ça que j'aime assez lorsqu'il souffle (du moins quand ça n'est pas trop risqué pour pas trop de gens ; le coup violent à Deauville, m'a marquée)


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Je m'apprêtais à écrire

    

    Hier soir je m'apprêtais à écrire sur une journée particulièrement fatigante même si pas trop pénible à vivre, beaucoup de densité, un vélotaf aller qui fut une sorte de duathlon marché car un pédalier de Vélib s'est décranté (je ne sais comment dire : la chaîne n'avait pas déraillé, mais le truc tournait grosso modo à vide et ce fut soudain) sous mon avancée ; j'ai dû le poser et marcher un moment avant d'en trouver un autre puis encore un autre, près de l'Élysée entre les gendarmes qui au matin gardaient le quartier ; une journée de boulot avec pour la première fois une heure sup' officielle (qui sera sans doute plutôt rattrapée que payée, mais n'empêche émanant d'une demande officielle - et légitime car il n'y aurait plus eu personne si nous n'étions pas restés - du chef) ; le midi un au revoir à un ami dont le déménagement était déjà alors que je m'étais dit "en avril m'ont-ils dit" comme si c'était dans un moment. 
À l'opposé, j'ai découvert à la fois que la soirée du cercle de lectures auquel j'appartiens, était dans une semaine (oh il me reste du temps) et qu'il y aurait un week-end de trois jours avec rien de prévu avant un déplacement puis le stade de triathlon. Ô miracle !

Bref, ma relation avec le temps qui aura toujours été qu'il m'en manque pour faire ce que je considère comme important alors que je dois en consacrer beaucoup au travail nourricier et aux charges administratives et autres activités incontournables malgré soi, ne s'arrange pas.

Le retour vélotaf avait été intéressant, par le chemin bidir de la porte de Vanves, arrières de l'école militaire et passage devant le Théâtre du Rond Point, dans un Paris faussement calme, au sens où les rues que je parcourais l'étaient mais alors des dizaines de cars de CRS s'alignaient dans l'avenue du Théâtre moteurs allumés, les poubelles dans de nombreux quartiers dont le XVIIème, s'entassaient, et devant le tribunal de Paris de celles-ci avaient visiblement été brûlées.

Je m'étais attelée à l'écriture d'une lettre de banque dès après le tardif dîner (il était 20:30 quand je suis rentrée), et c'est vers la fin de celle-ci alors que je commençais à jeter un œil sur les réseaux sociaux que sur Mastodon par Nasiviru j'ai appris la sombre nouvelle, Xanax la guerrière, aka @kinkybambou n'était plus. L'annonce officielle avait été faite par @Celinextenso sur Twitter. J'en sais gré à mes amies qui ont su prendre leur courage à deux mains pour transmettre l'info. 
Pour la première fois, une nouvelle me sera parvenue par le fediverse en premier et Twitter ensuite. Signe des temps ?

Ensuite, je me suis sentie trop triste pour trouver les mots. Et le beau livre que j'avais reçu ce jour-même (sur les banlieues entre architecture et sociologie) et ceux sur le rythme en course à pied (dont un que j'avais récupéré à la pick-up station du RER C) ne pouvaient pas faire grand-chose pour me consoler.


Au lendemain matin, ce mercredi, ça n'allait pas bien mieux. 
Il fallait aller travailler.
Je crois m'en être bien tirée, même s'il y a eu des baisses de régime, des moments de perdre le fil, inévitablement.

Soudain le temps est devenu très doux, 19°c, on aurait presque eu envie d'y voir un signe de quelque chose (mais de quoi ?). J'ai déjeuné dans le parc de la Vache Noire, d'une gaufre salée à emporter, j'avais besoin de calme. Les amies de Twitter était en train de s'organiser pour que les chats de @kinkybambou se retrouvent chez @Celinextenso et je pigeais soudain pourquoi elle s'était refusée à adopter "pas mon chat" (d'ailleurs elle l'écrivait).

Ça allait mieux après, comme de se dire Tout n'est pas perdu.
En parler, plus tard, avec Simone, m'aura fait du bien.

Constater que j'aurai prochainement des jours de congés (récupérations et RTT) m'a aussi aidée, c'était un peu pouvoir me dire, retiens tes larmes, tu auras un moment dans peu de temps, tu pourras paisiblement pleurer.

Et puis il y eu le bonheur d'un retour vélotaf merveilleux, en pull avec seulement le gilet orange de sécurité, pile à temps pour pouvoir traverser le jardin des Tuileries (à pied en poussant le vélo, car on ne peut y circuler vraiment). Le sentiment d'un immense privilège : vivre là, même si le quotidien est fait de labeur.

Alors dans ce jour de tristesse, j'aurai été heureuse, une heure, environ.

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Villa Adrienne, des grilles généralement fermées, vers Denfert, et ce soir, elles étaient ouvertes, car un homme passait.

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Ce ne fut pas trois mois mais trois ou quatre jours

    

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Il y a quelques jours @Kinkybambou touitait que c'était en train de mal tourner et que "soit la seule option thérapeutique qu’on peut encore [lui] filer fonctionne vite, soit… Ben y’a pas d’autre option et l’espérance de vie, c’est 3 mois.".
Prévenante, elle nous demandait de ne pas lui écrire car elle ne pourrait pas répondre.

J'étais ce même jour à l'enterrement d'une autre amie achevée par une autre variante de la même maladie, et je crois que même sans sa demande, déjà accaparée par un chagrin du même ordre, je n'aurais su lui écrire.

Et ce soir je n'ai pas les mots.

Je lis les échanges de mes ami·e·s sur Twitter et Mastodon, qui parviennent à les trouver. Nous étions autour de Xanax l guerrière aux chats une belle bande de gens doux à l'humour féroce. L'une d'entre nous écrit, "et puis qu'est-ce qu'on a ri" et voilà, oui.

Adieu l'amie 



 

 

 

 


Un vélotaf de retour absolument somptueux

                Un peu triste du passage à l'heure d'été, qui accroît ma fatigue, j'ai décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur et d'en profiter pour m'accorder, puisqu'il faisait jour, un vélotaf de retour dont les touristes rêveraient. J'en ai croisé d'ailleurs bien plus qu'en temps normal.

Pour la première fois, j'ai prêté attention aux noms des grands scientifiques d'antan qui étaient inscrits sur la Tour Eiffel vers le premier étage : Lavoisier, Chaptal, Dulong ...

Seul bémol, deux à trois passages peu fréquentables pour les vélos, du moins de façon raisonnablement sûre. Alors j'ai dû jouer les super-piétons, ce qui est le plus sûr mais coupe bien l'élan.

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Un petit bonheur supplémentaire eut lieu alors que j'arrivais et que les lumières de l'éclairage urbain se sont enclenchées à ce moment précis. Comme un salut.

À part ça, ce que les photos n'indiquent pas, c'est qu'il faisait frisquet (un peu moins de 10°c).


Période pierres meulières


    Je me souviens qu'enfant j'imaginais le fait d'habiter une de ses belles villas de pierres meulières comme on en voit tant dans la grande banlieue de Paris comme un summum d'accomplissement. 
Je n'ai jamais su pourquoi aucun autre type de maisons cossues n'obtenait grâce à mes yeux. Quant aux demeures encore plus grandes, manoirs et autres petits châteaux, c'était comme si d'entrée de jeu mon cerveau les considéraient inabordable. 

Je ne peux pas non plus dire que je rêvais d'en posséder une un jour, je crois que je me disais simplement quelque chose comme, les gens qui vivent dans ces grandes maisons en pierres meulières la vie leur a réussi.

Mon objectif dans la vie étant à l'époque de survivre au prochain rhume, je n'éprouvais ni ambition ni envie. Et quand à 13 ans j'ai eu une vocation de chercheuse en physique nucléaire et quantique (1), tout rêve terre-à-terre était mis de côté : je vivrais là où la recherche me conduirait. J'imaginais d'impersonnels campus universitaires et que je m'en foutrais (2).

Parfois enfants, et une fois adolescente, j'ai été invité à des anniversaires dans des maisons en pierres meulières. J'en avais un peu déduit que maison en pierres meulières signifiait père absent (de trop travailler, et parfois loin, tout le temps). 
Et qu'au fond ce que je trouvais beau c'était surtout les hauts grands arbres dans les jardins qui le plus souvent "allaient avec".

Voilà que ces souvenirs me sont revenus en mémoire lorsque le mois dernier j'ai participé à un heureux dimanche sportif collectif avec l'une de ces maisons pour camp de base et que quelques jours plus tard, j'ai été amenée à venir déposer des livres trop longtemps plus tôt empruntés, chez quelqu'un qui habitait une telle maison. À présent, me retrouver dans de telles maisons semble aller assez de soi, et les habitants n'y trouver rien d'extraordinaire.
Je suis sans doute une transfuge de classe accomplie qui trouve désormais tout naturel de les fréquenter (sourire amusé).

(mais mon sens de la propriété, lui, n'a pas suivi ; peut-on fondamentalement changer ?)

 

(1) laquelle n'a pas survécu à l'épreuve des classes prépa, je n'avais pas assez de cerveau ni assez de santé.

(2) Des dizaines d'années plus tard, quand j'ai vu les logements dans le film Proxima j'ai eu l'impression de retrouver ce que j'imaginais que ça serait.


Le dimanche une heure en moins

 

    Voilà donc revenu le moment du dimanche à l'heure volée. Nous sommes allé courir, un joli tour un peu exploratoire comme j'aime à le faire lorsque je n'ai pas de séance prédéfinie prévue.

Capture d’écran 2023-03-26 à 14.24.59Je me sentais sans énergie, toujours sous la coupe du deuil et de la nuit de fiesta bruyante que nous ont imposée nos voisins du dessous vendredi (1). Pour autant j'ai couru à allure 8'06'' du km et c'était moins très lent que je ne l'aurais cru.

Il faisait plutôt froid, même si pas du tout un froid hivernal (gants superflus, par exemple). Tee-shirt, thermique et coupe vent sans manche (car de la pluie était prévue, qui n'eut pas vraiment lieu), n'étaient pas un luxe. Pour le bas : corsaire.


J'ai repéré un parcours possible pour lorsque nous ne pourrons plus y aller en voiture (CritAir' 3, hélas).

Nous nous sommes fait plaisir en passant chez le traiteur sicilien, chez qui nous sommes des clients ravis, prêts à exploser notre budget alimentation, tellement ce qu'ils proposent est délicieux et cette famille sympathique.

Après-midi de repos (peu dormi, au fond) en regardant successivement le championnat de France des 10 km sur route à Houilles, sur un parcours très légèrement différent de celui de la corrida et Gent - Wevelgem hommes, avec une belle arrivée d'équipe et un geste élégant de Wout van Aert,  puis femmes avec Marlen Reusser très large devant mais qui a failli prendre un mauvais chemin sur la fin - c'est beaucoup moins bien balisé pour les femmes que pour les hommes, débrouillez-vous semble-t-on leur signifier - et une deuxième, Megan Jastrab, qui n'en revenait pas d'avoir gagné le sprint. 

Les cyclistes semblaient frigorifié·e·s.

Une pensée pour Antoine Demoitié mort sur cette même course il y a sept ans déjà, à cause d'une moto suiveuse (2).

J'ai lu un peu du deuxième ouvrage pour mardi, l'Attrape-Cœurs, et aussi dîné après Stade 2, ça faisait tard mais l'estomac n'avait pas encore acté le changement d'heure. 
L'exploit du jour est pour moi d'avoir effectué trois démarches administratives (en ligne) en soirée dont une concernant les impôts sans attendre la date limite. On a les fiertés que l'on peut.

 Quant au joueur de pétanque il était, après une ou deux parties, allé dépoter une urgence au boulot. Si les lois n'avaient pas changé déjà vers 2014, il serait retraité à l'heure qu'il est et nous n'aurions pas à nous soucier à nos âges de son avenir professionnel.

Une libraire que je connais a été arrêtée lors des manifestations de jeudi. Je me doute qu'elle ne faisait rien de mal, que simplement elle manifestait. Elle passera au tribunal demain (car elle a refusé le chantage de confier ses données personnelles contre être libérée tout de suite). On en est là.

Et c'est déjà lundi.

 

(1) J'ai dormi quand même mais sans doute bien plus tard que s'ils ne nous avaient pas imposé leur musique forte.
(2) Et bien sûr j'aurais dit 3 ou 4 ans. La pandémie semble avoir cousu bord à bord 2019 à 2023.



Une grande fatigue

 

    Sous l'effet d'un deuil et peut-être de l'âge, je m'aperçois que je deviens peu capable de suivre l'actualité, surtout qu'elle était, particulièrement aujourd'hui faite de violences, et plus particulièrement de violences répressives, puisqu'il y avait de grandes manifestation écologiques, contre la mise en place d'un dispositif de rétention de l'eau aberrant (1) pour ne parler que des questions de bon sens.

Alors aujourd'hui j'ai vaqué à mes occupations administratives et domestiques, tenté d'écluser un peu la fatigue, terminer une lecture pour le cercle de lecture dont je fais partie, et été à un entraînement de natation où j'ai subi un passage de grande fatigue (mais l'eau est sympa, elle nous porte). Et au soir j'ai lu les interventions des ami·e·s sur les différents réseaux, dont certains m'ont réconfortée par leur humour.


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Je devrais être en train de me battre pour nos retraites, mais n'en ai pas la force. Pas même celle de suivre de près ce qui se passe. 

 

(1) au lieu de la laisser en sous sol puis de la prélever on va la stocker dans de vastes bassin (histoire qu'elle s'évapore ?)


Les charmes orthographiques irrésistibles du français

 

    Les dictées spéciales virtuosités orthographiques ne m'ont jamais passionnée, l'enjeu étant souvent de connaître par cœur des tas de trucs (1), pour autant j'essaie de ne pas trop commettre de fautes, même si lorsque je l'utilise mon téléfonino s'amuse à m'en rajouter.
Alors quelle n'a pas été ma surprise ce soir, lorsqu'à la grâce d'un touite de La souris, Capture d’écran 2023-03-25 à 22.46.18

suivi d'un article du Figaro orthographe, j'ai à l'approche de ma soixantaine appris qu'une expression idiomatique courante ne s'écrivait pas comme je le croyais.

Ainsi sens dessus dessous ne s'écrit pas sans dessus dessous mais bien sens dessus dessous. 
Ça alors ! M'en voilà toute retournée. 

Dans quelle autre langue un locuteur natif peut-il à 60 ans encore découvrir au sein d'usages courant de telles subtilités ? 


(1) Le par cœur me rappelle irrésistiblement un passage très sarcastique et très drôle de Tom Sawyer au sujet des enfants qui apprenaient ainsi des quantités compétitives de versets pour l'école du dimanche, ce qui fait qu'au bout du compte à part les musiciens et chanteurs et leur partition et les acteurs et actrices et les longs monologues, je ne suis pas impressionnée. 

(2) Le joueur de pétanque proposait Sang dessus dessous (pour une scène de crime particulièrement saccagée j'imagine)


À côté et concernée

 

    Étrange journée où plus encore que lors d'autres je me sens à la fois concernée par les événements (plus jeune, plus disponible je serais allée manifester) et totalement en dehors, puisque clouée devant un ordinateur, à travailler.

Plus encore que d'autres jours, et comme j'étais en télétravail, je ne suis pas sortie de la journée, coupée de la ville et de ce qui s'y déroulait. Pas de temps morts ou très peu (organiser avec ma fille le fait qu'elle passe chez l'opticien pour moi en même temps que pour elle, afin que je n'aie pas à filer dès après la fin de mon temps travailler dans l'espoir d'arriver avant qu'ils ne ferment). La journée était particulière avec des dysfonctionnements généraux, lesquels n'étaient pas de notre fait (interruptions dans certaines connexions ? problèmes chez les hébergeurs ? ...). Beaucoup d'appels et d'interventions repoussées, puisque le problème général gênait pour traiter les problèmes particuliers.

Le pays semblait somme toute dans le même état, puisque les mouvements de grèves et manifestations faisaient passer le reste au second plan. Ce n'est que vers la pause déjeuner que j'ai pu brièvement m'informer, avant de m'accorder une sieste, qui est le grand avantage du télétravail (grignoter un truc vite fait puis dormir). Et puis au soir, une fois la connexion professionnelle raccrochée.

Les violences avaient été nombreuses, particulièrement de la part des forces de l'ordre que l'on voyait, sur des vidéos qui souvent se recoupaient, s'en prendre à des portions de cortèges calmes. Quant aux manifestants violents, il semblaient plutôt être laissés à leurs actions, souvent incendiaires en cette période où les déchets ne sont plus régulièrement ramassés. 

C'était un jour humide. Lorsque je suis sortie chercher à la piste ma trifonction nouvelle, il pleuvinait.
Les camarades effectuaient leurs exercices de PPG sur les marches, que je n'aurais pas su faire (je n'ai pas d'impulsions des pieds, ne peux que très peu sauter). 

Une mosquée étant sise dans l'étage supérieure du gymnase, des hommes sortaient munis de sacs plastiques blancs contenant quelques victuailles, car c'était le début du ramadan. Une mendiante qui s'était installée devant les grilles du stade se faisait déplacer par l'un d'eux, Ne restez pas là vous allez nous faire avoir des ennuis avec la mosquée. Elle a obtempéré.

J'étais trop triste et trop fatiguée du travail (et des nuits courtes, difficiles de se contenter de travailler puis rentrer dormir alors que la période est mouvementée) n'ai pas eu la force de pratiquer ne serait-ce qu'un brin de course à pied. J'ai fait une boucle par les maréchaux, zone aujourd'hui calme, et le parvis du tribunal de Paris, calme aussi.

Les nouvelles internationales (sujet à la une des actualités du jour chez Hugo décrypte) n'étaient guère plus rassurantes que nos violences issue de la politique méprisante et anti-démocratique menée. Je songeais aux façons de faire de Margaret Thatcher, que nous retrouvons en France aujourd'hui.

Pour me détendre, j'ai poursuivi ma quête d'un marathon où m'inscrire à l'automne. Bruges tient la corde. L'un des critères est : ce marathon laisse-t-il terminer les très lents ? Mon temps estimé en cas de succès pourrait être logiquement entre 5h16 et 5h37.

Je songeais depuis des heures à l'amie Jeannine que nous allons enterrer demain. Et mon cœur se serrait. Le joueur de pétanque l'avait croisée lors d'une assemblée associative récente et elle lui avait donné l'impression d'aller mieux. Il me l'avait dit, et j'y avais cru.

J'ai téléphoné à un moment donné à une vieille amie qui me manque, et perd le fil de nos conversations. Je ne souhaite pas perdre celui de notre amitié.

Peu avant minuit il s'est mis à vraiment pleuvoir. 


La mémoire des habits

 

    La pandémie et plus particulièrement l'enchaînement premier confinement (en Normandie pour nous) suivi derechef d'un nouveau job nouveau métier à apprendre sur le tas et fissa, en mode gros temps plein dans des conditions bizarres (les confinements suivants, et le Covid_19 qui faisait des ravages dans nos rangs), ont marqué un tournant dans le fonctionnement de ma mémoire. Comme s'il fallait effacer des rubriques anciennes pour faire de la place aux nouvelles données à ingurgiter, toute une partie du pan "mémoire des vêtements" semble avoir disparue. Ou du moins, je n'y ai plus accès.

Or j'étais jusqu'à présent une faible acheteuse d'habit, plutôt prompte à les user jusqu'à la corde. Et puis j'ai eu une période de travail dans le XVIème arrondissement de Paris lors de laquelle j'ai garni la garde-robe familiale de dépôts effectués par les très fortunés.
J'aime aussi en acheter lors de voyages : c'est un souvenir utile à (rap)porter et relativement léger. Sans parler des longues années durant lesquelles je souffrais du froid, intensément, et finissais toujours par acheter d'urgence quelques pulls.
Et de la partie contrainte de ma garde-robe : pour les différents emplois que j'ai occupés il me fallait des tenues différentes et pas trop portées.

Jusqu'à cette particulière année 2020, je pouvais dire pour chaque pièce d'habits à quelle période en quelle année à quel endroit à quelle occasion je l'avais acquise, j'avais cette mémoire, précise. 
Depuis, lorsque je m'habille comme souvent en Tombé de la pile, je récupère un vêtement et me demande, Tiens, d'où il sort celui-là ? Est-il à moi ? Est-ce un de l'époux posé par erreur de mon côté ? Un trop-petit du fiston (1) ? Un qui était chez mes parents (2) ?
Étrange conséquence que le Covid aura eu pour moi quand d'autres y laissent plutôt le goût et l'odorat.

Et puis ce matin c'est un polo qui a dégouliné du tas jusque dans mes mains et je me suis instantanément souvenue de la boutique de surplus de golf, coincée entre périph et pont de chemins de fer, que j'étais allée voir par curiosité un jour (à force de l'entrevoir lors de trajets) et où j'avais fait quelques emplettes. Elle a disparu, désormais et le petit bâtiment semblait promis à la démolition.
Peut-être que mon amnésie des habits est en train de passer ?

 

(1) Je m'habille volontiers en trop-petits du fiston qui les a laissés là lorsqu'il est parti s'installer en colocation et sont, comme souvent les vêtements d'hommes, pratiques, confortables, avec de grandes poches parfaites et de qualité.
(2) Comme j'étais seule pour faire le tri de leurs vêtements, je n'ai jeté que ceux dont les tissus étaient dégradés et gardé le reste, d'autant plus qu'il y avait aussi entreposés dans la maison, plus grande que nos logis respectifs, des "on le met plus, mais peut-être qu'un jour si donc on ne veut pas le jeter" que pour nous ils stockaient. Ce qui fait un paquet de frusques ou tenues jolies dont on ne sait plus trop quoi fut à qui.