25 minutes de retard, reconductibles
08 mars 2023
Je ne pouvais guère faire grève, bossant pour une PME ça n'aurait pas eu de sens et pénalisé que mon employeur et moi pour le non perçu correspondant au jour de grève.
Mais j'y serais bien allée, manifester, moi qui me demande à 59 ans comment je vais faire pour tenir bon jusqu'à 65 (qui est mon âge de départ si je souhaite partir sans décote). Pour autant, comme je ne pouvais pas, je ne m'étais pas renseignée sur le parcours.
J'aurais dû.
J'ai mis un temps fou à faire (à Vélib) mon trajet aller. D'une part car il n'était pas évident d'en trouver un fiable ils étaient tous en vadrouille, d'autre part car j'empruntais le bd Raspail lequel était en plein préparatifs avec des stands et des camions, on aurait cru un grand marché qui se préparait. Et nous nous sommes retrouvés quasiment face à un impressionnant 15 tonnes affrété par la CFDT, wow !
Au passage cette photo qui est une splendide apparence trompeuse (j'ai dû capter le seul instant de calme, entre deux feux rouges) ; preuve s'il en est qu'une photo ne prouve rien.
Alors 25 minutes de retard.
En repartant, je me doutais que j'avais intérêt à faire comme un crochet, ça n'étaient pas les itinéraires qui manquaient et puis peut-être aussi éviter l'Élysées. Ce que j'ai fait. J'espérais quand même pouvoir pour partie participer à mon entraînement de C.A.P.
Sauf que je suis arrivée à 19:25 bien tassées, ayant choisi de rouler prudemment et de faire parfois le super-piéton (1), face à une circulation bizarre (certaines rues bien vides et puis d'autres où ça partait dans tous les sens notamment avec des bus déroutés qui se suivaient en file indienne).
Bon, j'ai eu le plaisir de saluer les copains.
J'ai ensuite trouvé je ne sais où (j'étais rincée, la journée très intense de boulot, le cumul des tickets en retard, les deux trajets avec un niveau de danger supérieur à d'habitude, où ça n'est déjà pas hautement cool), l'énergie de me rendre à la rencontre avec Gaëlle Nohant qu'organisait l'Attrape-Cœurs. Je ne comptais pas sur le métro, je n'avais plus envie de circuler à vélo en hyper-attention alors j'ai marché (2).
Et je suis arrivée alors que 25 minutes de la rencontre étaient déjà passées.
Le retour à Vélib sous la pluie (Enfin ! La pluie ! Quel bonheur (même si c'était potentiellement dangereux)) fut rapide et simple, ça aura fait au moins un trajet agréable. Et mes habits de vélo de pluie sont assez magiques (marque indiquée par des amies cyclistes aguerries). Seulement le temps de prendre ensuite une vraie douche et de répondre à quelques messages il est déjà minuit passés de 25 minutes. Soit 25 minutes de retard par rapport à l'horaire que je tente de ne pas dépasser (3).
Au fond ce retard régulier aura été ma façon de mener une journée d'action. Et de protester contre une réforme injuste qui ne tient pas compte des réalités de la vie quotidienne en général et de la vie quotidienne au travail en particulier.
(1) descendre du vélo et marcher en le poussant.
(2) En réalité pris le tram (parce qu'il passait pile à ce moment-là) et marché.
(3) À mon âge le lendemain est trop dur si je ne respecte pas un minimum de sommeil.