À côté et concernée
23 mars 2023
Étrange journée où plus encore que lors d'autres je me sens à la fois concernée par les événements (plus jeune, plus disponible je serais allée manifester) et totalement en dehors, puisque clouée devant un ordinateur, à travailler.
Plus encore que d'autres jours, et comme j'étais en télétravail, je ne suis pas sortie de la journée, coupée de la ville et de ce qui s'y déroulait. Pas de temps morts ou très peu (organiser avec ma fille le fait qu'elle passe chez l'opticien pour moi en même temps que pour elle, afin que je n'aie pas à filer dès après la fin de mon temps travailler dans l'espoir d'arriver avant qu'ils ne ferment). La journée était particulière avec des dysfonctionnements généraux, lesquels n'étaient pas de notre fait (interruptions dans certaines connexions ? problèmes chez les hébergeurs ? ...). Beaucoup d'appels et d'interventions repoussées, puisque le problème général gênait pour traiter les problèmes particuliers.
Le pays semblait somme toute dans le même état, puisque les mouvements de grèves et manifestations faisaient passer le reste au second plan. Ce n'est que vers la pause déjeuner que j'ai pu brièvement m'informer, avant de m'accorder une sieste, qui est le grand avantage du télétravail (grignoter un truc vite fait puis dormir). Et puis au soir, une fois la connexion professionnelle raccrochée.
Les violences avaient été nombreuses, particulièrement de la part des forces de l'ordre que l'on voyait, sur des vidéos qui souvent se recoupaient, s'en prendre à des portions de cortèges calmes. Quant aux manifestants violents, il semblaient plutôt être laissés à leurs actions, souvent incendiaires en cette période où les déchets ne sont plus régulièrement ramassés.
C'était un jour humide. Lorsque je suis sortie chercher à la piste ma trifonction nouvelle, il pleuvinait.
Les camarades effectuaient leurs exercices de PPG sur les marches, que je n'aurais pas su faire (je n'ai pas d'impulsions des pieds, ne peux que très peu sauter).
Une mosquée étant sise dans l'étage supérieure du gymnase, des hommes sortaient munis de sacs plastiques blancs contenant quelques victuailles, car c'était le début du ramadan. Une mendiante qui s'était installée devant les grilles du stade se faisait déplacer par l'un d'eux, Ne restez pas là vous allez nous faire avoir des ennuis avec la mosquée. Elle a obtempéré.
J'étais trop triste et trop fatiguée du travail (et des nuits courtes, difficiles de se contenter de travailler puis rentrer dormir alors que la période est mouvementée) n'ai pas eu la force de pratiquer ne serait-ce qu'un brin de course à pied. J'ai fait une boucle par les maréchaux, zone aujourd'hui calme, et le parvis du tribunal de Paris, calme aussi.
Les nouvelles internationales (sujet à la une des actualités du jour chez Hugo décrypte) n'étaient guère plus rassurantes que nos violences issue de la politique méprisante et anti-démocratique menée. Je songeais aux façons de faire de Margaret Thatcher, que nous retrouvons en France aujourd'hui.
Pour me détendre, j'ai poursuivi ma quête d'un marathon où m'inscrire à l'automne. Bruges tient la corde. L'un des critères est : ce marathon laisse-t-il terminer les très lents ? Mon temps estimé en cas de succès pourrait être logiquement entre 5h16 et 5h37.
Je songeais depuis des heures à l'amie Jeannine que nous allons enterrer demain. Et mon cœur se serrait. Le joueur de pétanque l'avait croisée lors d'une assemblée associative récente et elle lui avait donné l'impression d'aller mieux. Il me l'avait dit, et j'y avais cru.
J'ai téléphoné à un moment donné à une vieille amie qui me manque, et perd le fil de nos conversations. Je ne souhaite pas perdre celui de notre amitié.
Peu avant minuit il s'est mis à vraiment pleuvoir.