Paris des années 80
Les deux avantages du télétravail

Déphasée / épuisée


    Dans mon travail actuel je suis essentiellement au téléphone avec des clients en train de (tenter de) les dépanner de leurs tracas informatiques. Et quand je ne suis pas au téléphone, je suis en train de rechercher une solution, parfois nous sommes à plusieurs. Les journées font 8 heures avec une pause déjeuner d'une heure qui s'ajoute mais ne permet guère de faire plus que simplement déjeuner. Si je déjeune à la salle commune, je consulte parfois mes messages ou des fils d'infos sur mon téléfonino en mangeant. Quand nous déjeunons à plusieurs ou qu'il y a une conversation active, je jette rapidement un coup d'œil à mes messages, WhatsApp ou SMS perso, mais guère plus. Généralement je pars de chez moi à 08:15 et rentre à 20:15. 

Bref, il m'arrive parfois d'être douze heures sans la moindre info du monde extérieur.

Quand l'actualité est inquiétante, ça peut être un bien. Par exemple lorsque les troupes russes ont envahi une partie de l'Ukraine en février dernier ; je pouvais passer des journées engloutie dans les urgences de boulot sans pouvoir y penser.
Il y a l'inconvénient assorti : une fois rentrée, douchée, rassasiée, j'ouvre mon ordi perso et c'est toute l'horreur de 24 heures de ce monde brutal qui déboule, alors que je suis dans un épuisement qui accentue ma vulnérabilité et mon sentiment d'impuissance.

Cette semaine il se trouve qu'un problème général indépendant de nos services directs a accru le nombre d'appels puisque des clients appelaient en nous demandant s'ils étaient les seuls impactés ou si l'incident était général.

J'en ai ressenti une impression de jour + 1 au niveau de la fatigue. À tel point que lisant ce midi une brève qui relatait mercredi matin gare du nord, l'attaque de passants par un type muni d'une arme blanche, je n'ai pas capté qu'il s'agissait du jour même, j'ai cru qu'il s'agissait de la veille et passé le premier élan de compassion (partir bosser le matin et tomber sur un type qui vous poignarde juste parce que vous avez le malheur de croiser sa crise, c'est terrible ; sans compter que les gens qui ont un boulot précaire auront perdu et la santé et le boulot qu'ils avaient), je me suis dit que j'étais décidément bien déphasée pour n'en avoir pas entendu parler après plus d'une journée.

On en est là (et le monde de sa violence et moi de mon niveau de fatigue).

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